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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol. 30, no 3, septembre 2012 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Corps souffrant, corps malade : La réception des plaintes lombalgiques en médecine générale - Hélène Desfontaines p. 5-23 La consultation en médecine générale est un des lieux de mise en visibilité du corps souffrant et de sa possible construction médicale en tant que corps malade. Les principales tâches du travail de catégorisation des états de santé sont, en effet, pour partie le produit d'une interaction entre médecin et patient. La classique tension entre contrôle profane et contrôle professionnel sur la définition de la maladie et, plus largement, de la santé, s'avère alors particulièrement heuristique dans le cas d'une pathologie sans substrat anatomique comme le mal de dos. La mise à l'épreuve factuelle de cette tension permet ainsi de rendre compte du travail entrepris par le médecin pour que le corps souffrant devienne ou ne devienne pas un corps malade.Suffering body, ill body
Consulting a general practitioner is one of the ways suffering becomes visible and can be medically defined as sickness. The principle tasks of medical work, diagnosis and prescription, which participate in this transformation, are partly the result of the interaction between doctor and patient. The classic tension between “lay people” and professionals in the definition of sickness turns out to be heuristic in the context of pathology without anatomical foundation as is the case with back pain. Evidence-based testing of this tension enables a study of the doctor's work to make a suffering body becoming or not becoming a sick body. - Corps tiraillé, nerfs coincés, vertèbres déplacées : les enjeux diagnostiques du mal de dos : Commentaire - Aline Sarradon-Eck p. 25-32
- Entre médicalisation et dépathologisation : la trajectoire incertaine de la question trans - Thomas Bujon, Christine Dourlens p. 33-58 La question trans, longtemps marginalisée et confinée dans des cercles de spécialistes, est aujourd'hui au cœur de débats publics très vifs. Les enjeux cognitifs occupent une place centrale dans ces controverses qui opposent principalement médecins et militants du mouvement transgenre autour de la désignation de la transsexualité en tant que pathologie. Dans des lieux très divers, les protagonistes défendent leurs points de vue et font valoir leur expertise à propos du diagnostic psychiatrique, de la prise en charge médicale, de l'accès aux soins ou des droits des personnes. Ils s'affrontent parfois de manière radicale, ajournant ainsi toute tentative d'administration politique du problème. Écartelée entre médicalisation et dépathologisation, lestée de lourds enjeux — tels que ceux relatifs à la distinction de genres ou au rôle social de la médecine — la question trans connaît une trajectoire très incertaine dont cet article se propose de décrire les lignes de fuite et les bifurcations.Between medicalization and depathologization: the unsettled path of the trans issue
The trans issue, long marginalized and confined to groups of specialists, is today the subject of vigorous public debates. Focusing on the cognitive aspects, and opposing mainly doctors and activists of the transgender movement, controversies concern the definition of transsexuality as a pathology. In many different arenas, supporters defend their points of view and assert their expertise on psychiatric diagnosis, medical treatment, and access to health care or human rights. Confrontations are sometimes uncompromising, ruling out any attempts at political management of the problem. This article addresses the unsettled path of the trans issue as it is torn between medicalization and depathologization, and burdened by high stakes related to gender distinction, or to the social role of medicine. - Médicalisation et dépathologisation des identités trans : le poids des facteurs sociaux et économiques : Commentaire - Alain Giami p. 59-69
- Positivisme et dépendance : les usages socioculturels du médicament chez les médecins généralistes français - Anne Vega p. 71-102 Réalisée par entretiens et/ou par observations de consultations d'une trentaine de médecins généralistes, cette étude souligne l'importance des facteurs non cliniques intervenant dans les motivations à prescrire des médicaments. Elle confirme l'existence de plusieurs tendances culturelles favorables à des cumuls de produits dans les ordonnances, dont les formations médicales et l'organisation des soins en France sont le reflet. Concernant les différents niveaux de prescription, l'étude montre l'importance des fatigues professionnelles, mais aussi des motivations initiales de chaque prescripteur à être devenu médecin, y compris en secteur salarié. Cela permet de nuancer notamment l'impact du paiement à l'acte et des « pressions » des patients sur les ordonnances.Optimism and dependencies: the socio-cultural uses of drugs by French general practitioners
Drawing upon semi-directive interviews and observations of medical consultations by approximately thirty general practitioners, this study highlights the importance of non-clinical factors influencing decisions to prescribe drugs. It confirms the existence of several cultural tendencies which favour the accumulation of products on prescriptions, and which mirror the medical training and the way in which healthcare is organised. Regarding the different levels of prescription, the study demonstrates not only the impact of professional fatigue, but also of the initial motivations that drove the general practitioners to become doctors, including in the salaried sector. In particular, this study helps to nuance the effect of the “fee for service” mode of pricing of medical activities, and the pressure supposedly exerted by patients on prescriptions. - À propos de la signification « médicale » d'une prescription : Commentaire - Anne-Chantal Hardy p. 103-114
- La sociologie face aux controverses médicales : Réponse au commentaire de Michel de Lorgeril intitulé : « Quelle est la validité (médicale et scientifique) de la prescription diététique anticholestérol ? », 2012, Sciences Sociales et Santé, 30, 2, 61-66 - Tristan Fournier p. 115-119