Contenu du sommaire : Migrations au Maghreb et au Moyen-Orient : le temps des révolutions / Numéro ouvert
Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | vol. 31, no 3, 2015 |
Titre du numéro | Migrations au Maghreb et au Moyen-Orient : le temps des révolutions / Numéro ouvert |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier thématique
- Éditorial - Delphine Pagès-El Karoui, Hassan Boubakri p. 7-15
- Migration et asile en Tunisie depuis 2011 : vers de nouvelles figures migratoires ? - Hassan Boubakri p. 17-39 La Tunisie, premier pays arabe à avoir connu un soulèvement populaire en 2011, est passée par une expérience migratoire que l'on peut qualifier d'inédite pour un pays traditionnel d'émigration. Avant 2011, le pays accueillait officiellement une centaine de réfugiés reconnus par le HCR et voyait quelques milliers de migrants irréguliers (Tunisiens et étrangers) partir ou transiter par son territoire pour traverser la mer en direction des côtes italiennes. Mais depuis 2011, le nombre d'étrangers fuyant les guerres civiles et l'instabilité dans leurs pays d'origine, ainsi que la pauvreté et le chômage, n'a cessé d'augmenter. Si les premières vagues d'exil ont pris fin en 2011, des centaines de milliers de ressortissants libyens continuent à entrer en Tunisie pour des séjours prolongés et renouvelés en raison de la reprise de la guerre civile depuis 2014 et la désorganisation des services publics. Le voisinage et la libre circulation des personnes entre les deux pays rend difficile la qualification de la présence des Libyens en Tunisie : sont-ils touristes ou réfugiés ? La guerre civile syrienne a également forcé quelques milliers de réfugiés, une infime minorité, à choisir la Tunisie comme pays d'asile ou de transit pour l'Europe. La Tunisie continue à abriter une immigration d'origine subsaharienne alimentée par les étudiants, les migrants économiques, mais aussi par les réfugiés fuyant les anciens et les nouveaux foyers de conflits sur le continent. Cet article traite de la manière dont ce pays accueille et gère ces différentes formes de migration.
Tunisia, the first Arab country to have known a popular uprising, went through a migratory experience that we can qualify as the “novel” for a traditional issuing country. Before 2011, it was home to no more than a hundred refugees, and saw some thousands irregular migrants (Tunisian and foreign) lifting or crossing through its territory to reach, by sea, the Italian coast. But since 2011, the number of foreigners fleeing civil wars and instability in their country of origin, but also poverty and unemployment, has been rising. If the first wave of exile ended in 2011, hundreds of thousands of Libyan nationals continue to enter Tunisia for extended stays and renewed due to the resumption of civil war since 2014 and the disruption of public services. The neighborhood and the free movement of persons between both countries make it difficult the qualification of the presence of Libyan nationals in Tunisia: are they tourists or refugees? Syrian civil war has also forced few thousands of refugees to reach Tunisia as country of asylum or to transit for Europe. Tunisia continues to be a destination of sub-Saharan immigration fueled by students, economic migrants, and also by refugees fleeing old and new homes of conflicts on the continent. The article examines the ways in which this country hosts and manages different forms of migration. - Voter ici et là-bas : les Tunisiens à l'étranger depuis 2011 - Thibaut Jaulin, Björn Nilsson p. 41-71 Cet article interroge deux dimensions de la relation entre migrations et révolutions arabes : la diffusion du droit de vote à distance en Tunisie et dans les pays arabes, avant et après 2011, et les dynamiques du vote tunisien à l'étranger depuis 2011. Il montre, tout d'abord, que l'adoption du droit de vote à distance a pour finalité de contribuer à la légitimité et à la stabilité des régimes en place dans un contexte de crise politique et que le taux de participation ne représente pas un instrument pertinent pour mesurer l'intérêt des migrants pour la politique de leur pays d'origine. Ensuite, cet article s'appuie sur une enquête originale auprès d'électeurs tunisiens en Île-de-France et sur une cartographie du vote tunisien à l'étranger. Il montre que les élections à distance mobilisent des migrants intégrés à leur pays de résidence et conservant de fortes relations avec leur pays d'origine. Il montre également que les préférences politiques des migrants reflètent la structuration de l'espace migratoire.
This paper explores two dimensions of the relation between migration and Arab Spring: the diffusion of external voting rights in Tunisia and in Arab countries before and after 2011, and the dynamics of the Tunisian electoral behaviour abroad since 2011. It shows, first of all, that the adoption of external voting rights aims to strengthen the legitimacy and stability of the current regimes in a context of political crisis, and that voter turnout does not represent a relevant instrument to measure the migrants' interest for the politics of their homeland. This paper further builds on an original survey among Tunisian voters in the region of Paris (Île-de-France) and on maps of the Tunisian electoral behaviour abroad. It shows that external elections mobilize migrants integrated in their host country and who maintain strong ties with their country of origin, and that the migrants' political preferences replicate the structuring of the transnational migration space. - De la crise humanitaire à la crise sécuritaire. Les dispositifs de contrôle des réfugiés syriens en Jordanie (2011-2015) - Myriam Ababsa p. 73-101 Avec près de 20 % de sa population formée de réfugiés syriens, la Jordanie est confrontée à de grands défis tant économiques que policiers. La pression que font peser les réfugiés sur les infrastructures scolaires et les services médicaux est telle que la crise humanitaire se transforme en crise politique sur le plan intérieur et en crise sécuritaire. Sous la pression de l'opinion publique et parce qu'elle a décidé de s'engager militairement dans le combat contre l'EI, la Jordanie a durci sa politique envers les réfugiés syriens en 2014. L'interdiction de travail est maintenue, des contrôles sont conduits et les conditions de résidence sont de plus en plus restrictives. Les réfugiés sont triés et certains refoulés, ce qui est contraire aux résolutions internationales. Le gouvernement tente de repeupler les trois camps de réfugiés en y dirigeant les Syriens sans papier. L'objectif de cet article est de présenter l'évolution de la politique de gestion jordanienne des réfugiés syriens depuis quatre ans, en mettant l'accent sur l'évolution des dispositifs de contrôle et des cadres légaux, sous la pression du contexte géopolitique de guerre contre les djihadistes.
With refugees constituting nearly 20% of its population, Jordan is confronted with serious economic and political challenges. So great is the strain the refugee community is putting on the education system and the health services in Jordan that the humanitarian crisis is now becoming a political issue on the domestic level and a security crisis. In response to increased public pressure and the decision to partake in airstrikes against the Islamic State, Jordan toughened its policy against Syrian refugees in 2014. Under this stricter policy, refugees continue to be forbidden to work and the conditions for attaining residence are becoming increasingly more restrictive. The aim of this article is to present the evolution of the management policy of the Jordanian government for refugees over the past four years. The article will analyse first and foremost the development of control measures and legal frameworks within the pressure of the geopolitical context of the war against jihadists. - Les Palestiniens et le conflit syrien. Parcours de réfugiés en quête d'asile au Sud-Liban - Kamel Doraï p. 103-120 Depuis 2011, le conflit syrien a donné naissance à l'un des mouvements de réfugiés les plus massifs au Moyen-Orient, depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme de nombreux Syriens, les réfugiés palestiniens de Syrie, ont fui les combats et se sont installés dans les pays frontaliers. Ce mouvement a été largement occulté par l'ampleur de la crise syrienne et la masse des 4 millions de réfugiés syriens. À partir de deux séries d'enquêtes réalisées dans les camps et groupements palestiniens autour de la ville de Tyr en 2013 et 2015, cet article a pour objectif de rendre compte de la diversité des expériences migratoires des Palestiniens de Syrie réfugiés au Liban et de montrer comment ils ont pu mobiliser des réseaux de solidarité qui se sont développés grâce aux mobilités transfrontalières et à la structuration de la diaspora palestinienne.
The Syrian conflict that began in 2011 has generated one of the most massive refugee
movements since the Second World War in the Middle East. Palestinian refugees in Syria, among the least discriminated group in terms of the treatment they may experience in other countries in the region, saw themselves sent back to their stateless status, without any protection and forced to seek asylum in neighbouring countries. This movement largely overshadowed by the magnitude of the Syrian crisis, triggered by the conflict in Syria since 2011, has reactivated solidarity networks that have developed through cross-border circulation and structured by the Palestinian Diaspora. Based on two series of interviews conducted in the Palestinian camps and gatherings around the city of Tyre in 2013 and 2015, this article aims to reflect the diversity of migratory experiences of Syrian Palestinians seeking asylum in Lebanon. - Migration et (contre)révolution dans le Golfe : politiques migratoires et politiques de l'emploi en Arabie saoudite - Hélène Thiollet p. 121-143 Alors que des révolutions politiques mettaient à mal les régimes autoritaires du Moyen-Orient, les monarchies du Golfe et, en particulier, l'Arabie saoudite, ont déployé à l'échelle nationale et internationale des politiques « contre-révolutionnaires ». Au-delà de la répression de l'opposition politique, l'Arabie saoudite se lance dans une campagne de réforme de l'immigration et de l'emploi qui a vocation à réduire les facteurs structurels de mécontentement économique et social de sa population et « prévenir » une révolution. Véritable ingénierie sociale, ces politiques s'inscrivent dans une tendance lourde de politisation de l'immigration depuis le début des années 1990 et de construction de la « menace migratoire » comme risque existentiel pour la pérennité de la nation saoudienne. On avance dans cet article l'idée qu'au-delà du changement de régime c'est bien le risque d'une « révolution sociale », selon les termes de Theda Skocpol, qui veut être évité en réaffirmant les rapports de classe entre étrangers et nationaux et la domination des seconds sur les premiers.
In the wake of the Arab springs, the Gulf monarchies and Saudi Arabia in particular have launched counter-revolutionary policies both at the domestic and international level. Beyond the repression of political opponents, Saudi Arabia initiated a series of reforms in the field of immigration and labour market policies. Their goal was to dismiss the socio-economic discontent of Saudis and to repent a potential uprising. The political engineering involved to shape institutions and behaviours is embedded is a long term trend of politicization of migration as a key existential threat for the country. We argue that beyond regime change, the risk of a “social revolution”, according to the terms of Theda Skocpol, is what looms ahead for Saudi policy makers. The reforms can therefore be understood as an effort to reinforce the class divisions between nationals and foreigners and the domination of the former on the latter. - Le « printemps arabe » : une révolution pour l'émigration égyptienne ? - Delphine Pagès-El Karoui p. 145-169 Cet article examine l'impact des révolutions arabes sur l'émigration égyptienne, selon les temporalités qui ont scandé la vie politique entre 2011 et 2015. Pendant cette période, sont apparus de nouveaux flux, motifs d'émigration (instabilité, insécurité) et pratiques transnationales (vote à distance). Le moment post-révolutionnaire s'est traduit par l'intensification des pratiques transnationales, par l'émergence ponctuelle d'un processus de diasporisation et, plus globalement, par une visibilité accrue des communautés égyptiennes à l'étranger. La force des connexions transnationales a réactivé les liens qu'entretenaient les migrants ou leurs descendants avec l'Égypte. L'émigration n'équivaut pas à une défection qui ferait disparaître toute loyauté : l'obligation morale de participer au développement de son pays a été le moteur de nombreux retours dans les premiers temps. Pour autant, le champ migratoire égyptien n'a pas été entièrement bouleversé par les révolutions arabes.
This article examines the impacts of Arab revolutions on Egyptian emigration, according to the diverse temporalities which have rythmed the political life of the country and the region between 2011 and 2015. New flows, new reasons for migration (instability, insecurity), new transnational practices (voting from abroad) have occurred. During the post-revolutionary period, transnational practices have gained momentum, a soon-aborted construction of a diaspora has emerged, and moreover, Egyptian communities abroad have become more visible. The strength of transnational connexions has reactivated links between migrants or their descendants with Egypt. Emigration doesn't mean an exit which makes disappear all sense of loyalty: the moral obligation to participate to the development of their country has fuelled the return of many migrants in the early days of the revolution. Nevertheless, the Egyptian migration field has not been totally shaken by Arab revolutions. - Participation politique des Égyptiens résidant en France : vers la construction d'une citoyenneté en migration ? - Célia Lamblin p. 171-185 Le processus révolutionnaire débuté en Égypte en janvier 2011 a fait émerger dans l'espace politique égyptien un nouvel acteur : l'électeur vivant à l'étranger. Cette note de recherche traite du vote à distance des Égyptiens installés en France. Elle se fonde sur une enquête réalisée à Paris et à Marseille, au cours de laquelle des observations et des entretiens ont été menés. L'hypothèse défendue est que l'intérêt des ressortissants égyptiens installés en France ne peut se mesurer par le nombre de votants aux élections. D'une part, l'étude des conditions techniques de vote à l'étranger dévoile l'ensemble des freins à l'exercice effectif du droit de vote. D'autre part, le travail qualitatif montre que les mobilisations électorales et les activités de rues ne se valent pas. Il n'existe pas une seule citoyenneté égyptienne, mais bien une pluralité de façons de se penser en politique : comme activiste, électeur et/ou militant, ces trois terminologies renvoyant à des modes d'agir parfois divergents.
The revolutionary process that began in Egypt in January 2011 has given rise to a new actor in Egyptian political space: the voter living abroad. This research note discusses remote voting Egyptians living in France. It is based on an ongoing field study conducted in Paris and Marseille, during which observations and interviews were conducted. The argument is defended that the interests of Egyptian nationals living in France cannot be measured by the number of voters in the elections. First, the study of technical voting conditions and devices established abroad reveals obstacles to effective exercising voting rights. However, this qualitative work shows that electoral mobilizations and political activities on the streets are not equal. There is not a unique Egyptian citizenship but a plurality of ways of thinking in politics: as activist, voter and/or militant, each terminology potentially referring to divergent ways of acting.
Varia
- Devenir autochtone quand on est « français d'origine étrangère » - Guillaume Etienne p. 187-208 Cet article étudie certaines façons dont les populations construisent l'autochtonie. À partir d'une étude ethnographique menée entre 2009 et 2013 dans un village du Berry, l'auteur met en lumière un contexte original de construction de l'autochtonie où les relations sociales font intervenir des Portugais, installés dans la région dans les années 1960, des « vieilles familles » du village et des habitants plus récemment établis. Il montre ainsi comment chacun de ces acteurs fait valoir, par différents procédés, une présence légitime et un sentiment d'ancrage au village à travers leur investissement dans un pèlerinage local.
This article is part of a study about the different ways populations build autochthony. Based on an ethnographic study led between 2009 and 2013 in a village in the Berry region, the author highlights an original situation of autochthony construction. In this context, Portuguese people who settled in the region in the 1960s, long-established families from the village, and more recently settled residents all interact socially. The author thus demonstrates how, through their commitment in a local pilgrimage and by using different methods, all of these protagonists assert their own rightful presence and a feeling of belonging to the village. - Émigration, colonisation et idéologie libérale en France (1840-1870) - Yves Charbit p. 209-230 Au milieu du XIXe siècle (1840-1870), les théories et les doctrines relatives à l'émigration sont indissociables de la question de la colonisation, en particulier dans les écrits des économistes libre-échangistes français, les meilleurs spécialistes de leur temps. L'article montre que pour analyser l'évolution des idées, il est indispensable de s'attacher au contexte historique et à deux faits majeurs, la conquête de l'Algérie et la rivalité impérialiste avec l'Angleterre. Sur le plan doctrinal, il en est résulté l'abandon du malthusianisme, jusqu'alors dominant, puisque la faible croissance démographique française ne présentait plus comme avant 1848 un danger pour la paix sociale et que le problème était au contraire l'insuffisance prévisible des ressources humaines nécessaires pour peupler l'empire colonial en plein essor.
In the middle of the 19th century (1840-1870), theories and doctrines on migration were intertwined with those on colonization, as is particularly clear in the writings of the French free-traders, the best specialists of their time. This paper shows that in ordre to analyze the evolution of their ideas, it is a crucial to take into account the historical context and notably the conquest of Algeria and the imperial rivalry with England. It follows that Malthusianism, up to then the dominant doctrine, was abandoned because the slow demographic growth was no longer a threat to social peace as was the case before 1848 while human resources were likely to be insufficient to people the rapidly expanding colonial empire. - Le regard des médecins topographes sur l'Algérie coloniale - Hugues Moussy p. 231-251 Dans la continuité d'un champ d'investigation sociologique et historique qui interroge le rôle de la science occidentale dans la colonisation, cet article vise à prolonger et approfondir le débat sur la place spécifique qu'y occupe la médecine. À travers l'étude d'une source, les topographies médicales, et dans un contexte historique et géographique précis, l'Algérie de la conquête (1830-1871), l'auteur souhaite montrer en quoi le médecin participe pleinement à l'effort colonial, non pas tant en s'appropriant les corps qu'en apportant une contribution décisive à l'appropriation de l'espace lui-même.
In the continuity of a sociological and historical research field which addresses the role of western science in colonization, this article extends the debate on the particular place of medicine. Through the study of a specific source, medical topographies, and within a precise historical and geographic context, the conquest of Algeria (1830-1871), the author demonstrates that physicians fully participate in the colonial effort, not so much through the appropriation of bodies, but more specifically through their decisive contribution to the appropriation of space itself. - Évolution de l'identité religieuse de femmes ouest-africaines au Québec au prisme de l'expérience migratoire - Diahara Traoré p. 253-273 La recherche présentée ici explore les diverses manières dont la migration et le changement religieux sont compris et construits par des femmes musulmanes d'origine ouest-africaine vivant dans la région de Montréal au Canada. La dynamique de migration et de changement religieux, ainsi que la conception de l'identité religieuse dans un contexte canadien de migration sont analysées à partir de récits de vie, d'observations participantes et d'entretiens, données issues d'un terrain ethnographique conduit entre 2008 et 2010. L'approche retenue par l'auteure considère que les récits rendent compte du sens donné par les acteurs à leur expérience migratoire et à son impact sur leur identité islamique. Elle montre ainsi que la relocalisation de l'islam a lieu tant sur le plan physique, que sur le plan narratif.
This article explores the ways in which migration and religious change are understood and constructed by Muslim women of West African origin living in the Montreal area. On the basis of ethnographic fieldwork conducted between 2008 and 2010, the author analyses four life narratives as well as data from participant observation and interviews in order to understand the dynamics of migration and religious change, and conceptions of an Islamic identity in a Canadian migration context. The author, in her analysis, approaches the narrative as providing meaning to the experience of migration and the relation to Islamic identity. She argues that a relocation of Islam takes place, not only on the physical plane, but also in narratives. - Enjeux de pouvoir, enjeux de reconnaissance ou l'ethnicisation de la Polonia - Julie Voldoire p. 275-295 Cet article entend analyser l'influence que la Polonia tente d'exercer sur les acteurs en charge des politiques migratoires en Europe autant que les logiques d'instrumentalisation dont elle fait l'objet. En prenant au sérieux la Polonia (diaspora polonaise), cette étude interroge les usages de cette terminologie qui est, pour les migrants et enfants de migrants polonais, un marqueur identitaire et un support à l'action. La Polonia devient alors un outil pour renouveler l'approche faite en sciences humaines et sociales de la catégorie de diaspora. Cet argumentaire repose sur l'investigation empirique de deux réseaux associatifs locaux : germano-polonais (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et franco-polonais (Nord-Pas-de-Calais). Il s'agit alors d'interroger le processus d'ethnicisation à l'œuvre tant pour ce qui concerne la construction identitaire du groupe que les politiques migratoires (politiques « du départ et du retour » et « d'accueil et d'intégration ») conduites à son endroit.
This article intends to analyse how Polonia attempts to influence the decision-makers responsible for migration policies in Europe on the one hand, and the logics used to instrumentalise the Polish diaspora on the other. By taking the polonia (the Polish diaspora) seriously this study questions how this terminology is used – a terminology that is both a marker of identity and a basis for action for Polish immigrants and their children. The Polonia then becomes a tool for renewing the ways in which the human and social sciences treat the diaspora category. This reasoning is based on the empirical investigation of two local associative networks: Germano-Polish (North Rhineland-Westphalia) and Franco-Polish (Nord-Pas-de-Calais). This means studying the ethnicisation process both from the point of view of how the group's identity is constructed and the migration policies the group is subject to – policies “of departure and return” and “of welcome and integration”. - Le rôle des Communautés autonomes dans le modèle contemporain d'intégration des immigrants en Espagne : variabilité de réalisation - Encarnación La Spina p. 297-322 Suite au Pacte européen sur l'immigration et l'asile de 2008, l'Espagne en tant que pays de destination, à l'instar d'autres pays européens, s'est attachée à élaborer son propre modèle d'intégration. Bien qu'il n'existe pas de contrat d'intégration obligatoire, la loi de 2009 relative à l'immigration et son décret d'application, adopté en 2011, ont conduit à la mise en place d'un système basé sur l'élaboration de rapports par les Communautés autonomes visant à mesurer « l'effort d'intégration » des immigrants. La portée de cet instrument administratif hétérogène peut être déterminante pour définir le degré d'intégration lors du renouvellement d'un titre de séjour et lors des demandes de regroupement familial, comme le démontrent les observations de terrain.
After the European Pact on Immigration and Asylum 2008, Spain as a destination country and like other European countries has been involved in defining its own public philosophy of integration. Although in Spain there is not a mandatory integration contract since Alien Act 2009 and the implementation rules adopted in 2011, it was decided to measure the integration by the regional reports namely effort's integration. The scope of this administrative tool without homogeneity may pave the way to an increased role of integration criteria for the renewal of the residence permit and family reunification, as demonstrated by field observations. - Maurizio Catani, anthropologue-ethnographe de l'émigration-immigration - Salvatore Palidda p. 323-340
- Devenir autochtone quand on est « français d'origine étrangère » - Guillaume Etienne p. 187-208
Notes de lecture
- Berriane Mohamed, Marocains de l'extérieur 2013 - Chadia Arab p. 341-345
- Misrahi-Barak Judith and Raynaud Claudine, Diasporas, Cultures of Mobility, “Race” , Vol. 1 Diasporas and Cultures of Migrations - Aurélie Condevaux, Mélanie Pénicaud p. 345-347
- Bredeloup Sylvie, Migrations d'aventures. Terrains africains - Constance De Gourcy p. 348-349
- Tarrius Alain et Bernet Olivier, Mondialisation criminelle. La frontière franco-espagnole de La Junquera à Perpignan. Rapport de Recherche - Adrien Doron p. 350-352
- Berthès Colette, L'exil et les barbelés - Luc Legoux p. 352-353
- Hanus Philippe et Teulières Laure, Vercors des mille chemins. Figures de l'étranger en temps de guerre - Ralph Schor p. 353-354