Contenu du sommaire : Penser les révolutions arabes
Revue | Astérion |
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Numéro | no 14, 2016 |
Titre du numéro | Penser les révolutions arabes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Révolutions arabes et théologie politique - Makram Abbès
- Les révolutions arabes : avènement de nouveaux acteurs - Farhad Khosrokhavar Cet article est consacré à l'étude des acteurs des révolutions arabes, principalement en Tunisie et en Égypte. Soulignant les convergences et les divergences entre les deux cas, il distingue les types d'acteurs (séculier/religieux) qui ont apparu à partir de 2011, mais s'attache aussi à analyser leur rapport à la violence réelle ou symbolique. Il en restitue parallèlement les spécificités en étudiant le positionnement des acteurs institutionnels (police, justice) vis-à-vis des acteurs civils ainsi que leur attitude à l'égard des changements majeurs survenus dans les deux pays.This article is devoted to the study of the Arab revolutions actors, especially in Tunisia and Egypt. Highlighting the similarities and differences between the two cases, it draws attention to the differences between two types of social actors (secular/religious) that appeared in 2011. It also seeks to analyze their relation to real or symbolic violence and thus restores their specific aspects by studying the positioning of institutions (police, justice) facing the civilian actors and their attitude to major changes in both countries.
- La première révolution du XXIe siècle ? - Réda Benkirane En se détournant des analyses purement politiques du processus révolutionnaire, l'article propose de le lire sous l'angle philosophique des possibles ontologiques et historiques qu'il a ouvert aux peuples arabes. L'événement est pensé comme une thérapie collective susceptible, à terme, d'emporter dans son sillage les formes archaïques de l'existence, et d'assurer une sortie de la religion matérialiste et dogmatique caractérisant l'offre théologique à l'heure actuelle. Ce changement sera le fait des jeunes générations, instruites mais révoltées, qui finiront bien, d'ici dix à quinze ans, par accéder au pouvoir politique et économique dans le monde arabe, même si leur rôle politique après les révolutions a été limité par le retour de l'autoritarisme ou l'arrivée au pouvoir de l'islamisme.Turning away from a purely political analysis of the revolutionary process, the article proposes a philosophical reading that focuses on ontological and historical potential it opened to the Arab peoples. The revolutionary event is conceived as a collective term therapy that may carry in its wake the archaic forms of life, and put an end to materialistic religion and dogmatic theology characterizing the situation at present. This change will be the fact of the younger generation, educated but rebellious, who will come to political and economic power in ten to fifteen years in the Arab world, even if their political role after the revolutions was limited by the return to authoritarianism or by the Islamists came to power.
- Mobilisations politiques dans le monde arabe et nouvelle affirmation de la citoyenneté - Benoît Challand Ce travail s'intéresse principalement aux liens entre la société et l'État dans le monde arabe avant et après les révolutions, et aborde l'impact que ces dernières ont eu à la fois sur les acteurs individuels et sur les nouvelles pratiques de la citoyenneté. Deux notions, celles de présentisme et d'intersectionnalité, sont mobilisées pour comprendre les nouvelles configurations qui déterminent les rapports horizontaux entre les citoyens et, verticaux, des citoyens avec la sphère du pouvoir. Cette analyse débouche sur l'inscription du processus révolutionnaire dans le long terme, et remonte à la période de la Nahda (Renaissance arabe) pour montrer la solidarité entre certaines dynamiques intellectuelles et politiques initiées à cette période. D'où, à la fin du travail, la tentative d'établir une nouvelle périodisation qui permettrait de lire autrement l'histoire du monde arabe contemporain.This article analyzes the links between state and society in the Arab world, before and after the 2011 uprisings. It sheds light on the impacts that these revolts have had both at the individual and collective levels, generating a renewed sense of citizenship. Two concepts, presentism and intersectionality, are used to stress and explain new constellations that were present in all initial revolts of 2011 and which generated new horizontal links among usually segmented portions of the population and vertical linkages between citizens and the state. The article concludes with an inscription of these revolutionary practices in a longer perspective: By pointing to references made in 2011 to literary and political innovations of the Nahda period (Arab Renaissance in the early 20th century), the article suggests a re-reading of contemporary Arab history that breaks with the view of distinct cultural areas, reconnecting the “West” with the Middle East.
- La Syrie entre révolutions et ingérences - Akram Kachee, Jérôme Maucourant Parti de la discussion de certaines lectures de la révolution syrienne qui la rabaissent à une simple émeute ou l'abordent à travers le prisme du religieux, ce travail montre comment les événements survenus en 2011 dans les différents territoires de ce pays ont eu pour but l'émancipation individuelle et collective, et qu'un tel élan vers la liberté et la dignité ne peut être objectivement décrit qu'à travers la catégorie de la « révolution ». L'article s'attarde sur la vision du politique dans le monde arabe telle qu'elle se reflète dans quelques travaux d'historiens, de sociologues ou de politistes, mais insiste sur l'approche de Michel Seurat (L'État de barbarie) qui mobilise des paradigmes comme le clanisme et le confessionnalisme pour approcher la société syrienne, et qui est encore à l'œuvre dans l'analyse de la phase historique que traverse actuellement ce pays.Based on readings of the Syrian revolution which undermines as a simple riot or viewed it through the religious prism, this work shows how the 2011 events in the different territories of this country have aimed the individual and collective emancipation, and that such an impulse towards freedom and dignity can be objectively described as through the category of “revolution”. The article focuses on the vision of politics in the Arab world as reflected in some work of historians, sociologists or political scientists, but focuses on the approach of Michel Seurat (specially his book, L'État de barbarie) mobilizing paradigms such as tribalism and sectarianism to approach the Syrian society. This point of view is still at work in the analysis of the historical phase that this country is going through.
Varia
- Ce qu'atteint l'expérience du vouloir : Hume, Locke, Malebranche - Sophie Bergont À partir de l'analyse d'un extrait de l'Enquête sur l'entendement humain (septième section, première partie), cet article confronte les conceptions humienne, lockienne et malebranchienne de l'expérience du pouvoir de vouloir. Il montre comment un certain nombre d'arguments directement repris à l'occasionnalisme malebranchien, sont dirigés par Hume contre la thèse lockienne d'une genèse de l'idée de pouvoir dans l'expérience réflexive de la causalité volontaire, et avance que ces constats textuels mettent en lumière l'existence d'une divergence majeure, interne à l'empirisme, quant à la portée de l'expérience que nous faisons du pouvoir de notre volonté.Starting from an excerpt of An Enquiry Concerning Human Understanding (section 7, part I), this article compares the conceptions that Hume, Locke and Malebranche uphold regarding the experience we have of the power of our will. It stresses how Hume reproduces some arguments directly taken from Malebranche's occasionalism in order to criticize the Lockean thesis according to which our idea of power derives from our reflection on the causality of the will. It then argues that this textual evidence reveals the existence of a major divergence, within the confines of empiricism, regarding the extent of the experience we have of our will.
- Machiavel et les « arts de la paix » - Nathanaël Monier-Dana Les « arts de la paix » tels que décrits par Machiavel dans les Discours sur la première décade de Tite-Live posent question. S'il est naturel de vouloir y voir un art de la diplomatie et les opposer à l'art de la guerre, la réalité est différente. Toujours éclairés par les contextes dans lesquels ils sont pris, « les arts de la paix » sont intrinsèquement liés au concept de religion. Dans le chapitre 19 du livre I que cet article étudie spécifiquement, ils prennent place – à travers les exemples des Romains, des Hébreux et des Ottomans – au cœur même du cadre conceptuel machiavélien. La présente contribution tente de montrer qu'en évoluant entre paix et guerre, entre faiblesse et vertu, entre ruine et splendeur des dynasties, les « arts de la paix » subliment ces tensions internes tout en proposant ultimement un moyen de les assumer. Dès lors, que sont-ils réellement et en quoi permettent-ils de penser le lien difficile entre la paix intérieure et la guerre extérieure dans la pensée de Machiavel ?The “arts of peace”, as described in Machiavelli's Discourses on the first Decade of Titus Livius, raise questions. Though wanting to identify them as the art of diplomacy and oppose them to the art of war is only natural, the reality is quite different. Constantly informed by the contexts from which they are extracted, the “arts of peace” are intrinsically tied to the concept of religion. In chapter 19 of book I, which is specifically studied in this paper, they lie –through the examples of the Romans, the Hebrews and of the Ottomans– at the very core of Machiavelli's conceptual framework. This paper attempts to show that these “arts of peace” –by evolving between peace and war, weakness and virtue, dynasties' downfall and glory– sublimate these internal tensions while providing with a way to recognize them. Therefore, what are they exactly and how do they enable the understanding of the complex relationship between internal peace and external war in Machiavelli's thought?
- Ce qu'atteint l'expérience du vouloir : Hume, Locke, Malebranche - Sophie Bergont
Lectures et discussions
- Gianvito Brindisi, Potere e giudizio. Giurisdizione e veridizione nella genealogia di Michel Foucault - Dante Fedele
- Philippe Danino, Le meilleur ou le vrai. Spinoza et l'idée de philosophie - Julie Henry
- Francesco Guicciardini, Consolatoria, Accusatoria et Defensoria - Hélène Miesse
- Blaise Bachofen, Bruno Bernardi, André Charrak et Florent Guénard (éd.), Philosophie de Rousseau - Lætitia Simonetta
- Al-Māwardī, De l'éthique du prince et du gouvernement de l'État - Michel Senellart