Contenu du sommaire : Lire les Pères au Moyen Âge
Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 91, no 1, 2007 |
Titre du numéro | Lire les Pères au Moyen Âge |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Centenaire - p. 3-4
- Lire les Pères au Moyen Âge : La réappropriation des Pères à l'époque médiévale. Présentation - Emmanuel Falque p. 5-6
Lire les pères au Moyen Âge
- La transmission des textes patristiques à l'époque carolingienne - Dominique Alibert p. 7-21 L'époque carolingienne est qualifiée de renaissance car il y eut alors une forte volonté de retourner aux textes antiques. Dans le présent article, après avoir précisé les conditions matérielles qui ont commandé la copie des écrits patristiques puis leur circulation dans le monde carolingien, on tente de mettre en lumière la fréquentation des Pères par les différents auteurs carolingiens. Mais, et c'est là le cœur de la question, les œuvres des Pères ne sont-elles pas employées par les clercs du ixe siècle comme autant d'arguments dans les différentes polémiques qui les mettent aux prises ? C'est ce qui justifierait leur copie.The Transmission of Patristic Texts During the Carolingian Period
The Carolingian period is called a renaissance ; indeed there was at the time a strong desire to return to ancient texts. In the present article, after having specified the material conditions that presided over the copying of patristic manuscripts as well as their circulation in the Carolingian world, we will endeavor to shed light upon the reading of the Fathers by the various Carolingian authors. Yet, and this is the heart of the question, were not the works of the Fathers employed by the clerics of the ninth century as so many arguments in the diverse polemics that put them in play ? It is this that would justify their being copied. - La sémantique propositionnelle in divinis chez Alain de Lille - Pedro Calixto p. 23-37 Cette étude a pour objectif de démontrer que chez Alain de Lille, la problématique de l'affirmation et de la négation in divinis n'est pas celle de la montée vers Dieu par l'abandon de toute créature. Chez Alain de Lille, la négation constitue l'élément qui permet de penser, au niveau du langage, la différence ontologique qui existe entre Dieu et le monde. Cela n'a été possible que grâce à la convergence de deux traditions : celle de Jean Scot Érigène et celle de Boèce. Parce qu'Alain de Lille approfondit la structure métaphorique du nom divin, il est alors à même de reposer d'une façon originale la problématique de la négation et de l'affirmation dans le discours théologique. Il n'est plus question chez lui de la possibilité ou non de discourir sur la divinité, il est davantage question de règles de sémantique, et donc d'herméneutique, convenant aux discours affirmatif et négatif sur la divinité.Propositional Semantics In Divinis in the Thought of Alan of Lille
This study has as its objective the demonstration that for Alan of Lille the problematic of affirmation and negation in divinis is not that of the ascent to God by the abandonment of all things created. For him, negation constitutes the element that allows for thought, at the level of language, about the ontological difference that exists between God and the world. This has only been made possible by the convergence of two traditions: that of John Scotus Erigena and that of Boethius. Because he deepens the metaphorical structure of the divine name, Alan of Lille is equipped to take up in an original fashion the problematic of negation and affirmation in theological discourse. For him it is no longer a question of the possibility or lack thereof of holding forth on the godhead ; it is rather a question of rules of semantics, and thus of hermeneutics, suitable for affirmative and negative discourse on the godhead. - L'usage des textes patristiques dans les controverses scolastiques - Alain Boureau p. 39-49 La diffusion, la lecture et l'emploi de la littérature patristique se multiplièrent dans les controverses scolastiques (XIIIe et XIVe siècles). Les entreprises de traductions, de collectes et de synthèse correspondirent à un usage argumentatif fort. En même temps, les évolutions de la pensée et des techniques intellectuelles conduisirent à considérer de plus près les contextes historiques des sources patristiques, l'intention des auteurs et donc à relativiser leur apport propre. La littérature patristique et le discours théologique prirent des parcours de plus en plus distincts et autonomes.The Usage of Patristic Texts in the Scholastic Controversies
The diffusion, reading and usage of patristic literature multiplied during the scholastic controversies (13th and 14th centuries). The undertakings of translation, collection and synthesis corresponded to a highly argumentative usage. At the same time, the evolution of thought and of intellectual techniques led to the closer consideration of the historical contexts of patristic sources and the authors' intentions, and thus to the relativizing of their proper contribution. Patristic literature and theological discourse followed increasingly distinct and autonomous courses. - Signification et efficacité : sur les prolongements médiévaux de la théorie augustinienne du signe - Irène Rosier-Catach p. 51-74 Le langage, la signification, la référence ont fait l'objet d'une grande attention au Moyen Âge, de la part des spécialistes des arts du langage. Pourtant, ils n'ont quasiment pas lu Augustin. Les théologiens, par contre, ont tiré grand profit des analyses augustiniennes. Henri de Gand a lu le De dialectica, en articulant autour de ce petit traité les autres textes d'Augustin portant sur le langage et les signes, afin d'élaborer une théorie du « langage vocal », préliminaire à toute réflexion sur les noms divins, l'ineffabilité, l'analogie ou la propriété des noms. Ces textes forment également le socle des analyses élaborées par les théologiens sur le « parler des anges ». Par ailleurs, les chapitres sur les signes sacramentels doivent à la pensée augustinienne une analyse du signe, tirée du De doctrina christiana. Les théologiens insistent sur le caractère doublement relationnel du signe : signe de quelque chose, signe pour quelqu'un. Le caractère intentionnel de la prononciation de la formule du baptême ou du mariage est traité à partir des opuscules consacrés au mensonge (De mendacio, Contra mendacium). L'analyse de la causalité sacramentelle, et particulièrement celle de la causalité conventionnelle fondée sur le pacte, se construit sur la notion augustinienne de consensus, repensée dans le cadre d'une réflexion sur les signes magiques par Guillaume d'Auvergne, mais également sur la théorie de la relation telle qu'elle est élaborée dans le De Trinitate. Roger Bacon, qui fut maître ès arts avant de devenir franciscain, saura lire ces analyses des théologiens, et, en articulant les sources augustiniennes avec les sources logico-grammaticales utilisées par les Artistae, produire une théorie générale des signes.Signification and Efficacy : Concerning the Medieval Outcomes of the Augustinian Theory of Signs
During the Middle Ages language, signification and reference attracted the keen attention of specialists in the arts of language. And yet, they hardly read Augustine. Theologians, on the other hand, drew great profit from Augustinian analyses. Henry of Ghent read the De dialectica, setting this small treatise within the framework of others of Augustine's texts having to do with language and signs, towards the end of elaborating a theory of “vocal language,” preliminary to any reflection upon the divine names, ineffability, analogy or the property of names. These texts also provide the footing for the theologians' analyses of the “speech of the angels.” What is more, the chapters on sacramental signs owe to Augustinian thought an analysis of signs drawn from the De doctrina christiana. The theologians insist upon the doubly relational character of signs: sign of something, sign for someone. The intentional character of the pronunciation of the formula of baptism or of marriage is dealt with on the basis of opuscules devoted to lying (De mendacio, Contra mendacium). The analysis of sacramental causality, and particularly that of conventional causality based upon a pact, is built upon the Augustinian notion of consensus, rethought within the setting of a reflection upon magical signs by William of Auvergne, yet also upon the theory of relation as it is elaborated in the De Trinitate. Roger Bacon, who was a master of arts before becoming a Franciscan, will be able to read these theologians' analyses, and, in linking the Augustinian sources to the logical-grammatical sources employed by the artistae, produce a general theory of signs. - Augustin et les théories de l'image au Moyen Âge - Olivier Boulnois p. 75-92 Augustin est le seul penseur antique à avoir rédigé un traité sur le concept d'image, la Question 74, où il démontre la possibilité d'une image (invisible) de l'invisible. Cette conception éclaire la réticence des Libri Carolini envers la théologie de l'icône, développée par le concile de Nicée II. La doctrine augustinienne de l'image mentale, associée au texte déchiffré, permet de comprendre la théorie médiévale de la méditation, et l'inflexion qu'elle subit en devenant « représentation » (Aelred de Reivaulx). Elle permet enfin de justifier la doctrine de la vision face à face, contre l'invisibilité de Dieu dans l'au-delà, définie par Denys et Jean Scot, qui sera condamnée en 1241.Augustine and the Theories of Images of the Middle Ages Augustine is the only ancient thinker to have drafted a treatise on the concept of images, Question 74, where he shows the possibility of an image (invisible) of the invisible. This conception sheds light upon the reticence of the Libri Carolini towards the theology of icons developed by the Second Council of Nicaea. The Augustinian doctrine of the mental image, associated with the deciphered text, makes it possible to understand the medieval theory of meditation, and the inflection it undergoes in becoming “representation” (Aelred de Reivaulx). It makes possible, finally, the justification of the face to face vision, as opposed to the invisibility of God in the hereafter, a position defined by Dionysius and John Scotus Erigena, to be condemned in 1241.
- Anselme de Cantorbéry : dernier des Pères ou premier des scolastiques ? : Les sources de l'argument - Emmanuel Falque p. 93-108 On interprète souvent l'argument d'Anselme comme s'il venait de nulle part. La quête minutieuse de ses sources (Cicéron, Sénèque, Plotin, Augustin, Boèce...) et de l'expérience dans laquelle il s'enracine (l'enfant du Val d'Aoste) fait voir en saint Anselme, non pas le dernier des Pères, ni le premier des scolastiques, mais une figure originale, capable de faire de la raison elle-même le lieu d'une expérience mystique.Anselm of Canterbury : Last of the Fathers or First of the Scholastics?
Anselm's argument is often interpreted as if it came out of nowhere. Thorough research upon its sources (Cicero, Seneca, Plotinus, Augustine, Boethius...) and the experience in which it takes root (the child of Valle d'Aosta) brings to view in St. Anselm, neither the last of the Fathers, nor the first of the scholastics, but an original figure, capable of making reason itself the place of mystical experience. - Les Pères dans l'exégèse médiévale de la Bible - Gilbert Dahan p. 109-127 Deux lignes caractérisent l'exégèse médiévale de la Bible : elle s'inscrit dans une tradition de réception de la Parole divine, elle considère sa lecture comme un progrès infini. Les Pères représentent le fondement de cette tradition exégétique. Peut-être plus, même : ayant aussi bénéficié de l'inspiration, ils font partie eux-mêmes d'une Écriture sacrée, qui dépasse le canon des textes bibliques. On étudie donc ici, notamment à travers un texte d'Henri de Gand, cette notion des Pères comme sacra Scriptura. Puis on note que certains ouvrages ont joué un rôle déterminant – aux Pères s'ajoutent des auteurs du haut Moyen Âge et même du XIIe siècle. L'une des manifestations les plus claires de cette présence est le commentaire anthologique, qui fleurit dans le haut Moyen Âge, mais se poursuit au moins jusqu'à la Catena aurea de Thomas d'Aquin. L'utilisation des Pères est multiple : on ne craint pas d'opposer leurs vues, notamment dans la questio, on recherche aussi dans leurs œuvres des traces des traductions anté-hiéronymiennes.The Fathers in Medieval Exegesis of the Bible
Two lines characterize medieval exegesis of the Bible: it falls within a tradition of reception of the divine Word ; it views its reading as an infinite progress. The Fathers represent the foundation of this exegetical tradition, and perhaps even more: having also benefited from divine inspiration, they themselves take part in a sacred Scripture which goes beyond the canon of biblical texts. So it is that we study here, notably by way of a text of Henry of Ghent, this notion of Fathers as sacra Scriptura. Then we note that certain works played a decisive role – to the Fathers are added authors of the early Middle Ages and even of the 12th century. One of the clearest manifestations of this presence is the anthological commentary, which flourishes in the early Middle Ages, yet continues at least until the Catena aurea of Thomas Aquinas. The usage of the Fathers is manifold. One is not afraid to oppose their views, notably in the questio, and in their works one searches for traces of pre-Jerominian translations. - L'autorité des Pères selon Thomas d'Aquin - Gilles Berceville p. 129-144 La catégorie moderne de « Pères » n'a pas d'équivalent exact chez Thomas. Le rapport de celui-ci aux auteurs publiquement reconnus par la Tradition, les Sancti, s'inscrit dans une conception très unifiée de la Tradition des vérités divines, la doctrina sacra. Retrouver cette perspective d'ensemble permet de comprendre que le commentaire révérenciel n'est pas chez Thomas une technique permettant de modifier le sens des « autorités », mais plutôt une attitude générale de respect à l'égard des « Saints » qui trouve une application particulièrement forte dans le cas de textes autorisés faisant difficulté.The Authority of the Fathers According to Thomas Aquinas
The modern category of “Fathers” has no exact equivalent in the thought of Thomas. His relationship to authors publicly recognized by the Tradition, the Sancti, falls within the Tradition's highly unified conception of divine truths, the Doctrina sacra. Recovering this unbroken perspective allows for understanding that the reverential commentary is not in Thomas a technique permitting the modification of the meaning of “authorities”, but rather a general attitude of respect regarding the “Saints” which finds a particularly strong application in the case of authorized texts presenting difficulties.
- La transmission des textes patristiques à l'époque carolingienne - Dominique Alibert p. 7-21
Bulletins
- Bulletin d'études juives et judéo-chrétiennes - Dominique Cerbelaud p. 145-167
- Bulletin de patrologie : Éditions, traductions, commentaires - Bernard Meunier p. 169-191
Recension des revues
- Recension des revues - p. 193-231
- Notices bibliographiques - p. 233-240