Contenu du sommaire : Femmes africaines et mobilisations collectives (années 1940-1970)
Revue | Le Mouvement social |
---|---|
Numéro | no 255, avril-juin 2016 |
Titre du numéro | Femmes africaines et mobilisations collectives (années 1940-1970) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Femmes africaines et mobilisations collectives (années 1940-1970)
- Relire les décolonisations d'Afrique francophone au prisme du genre - Emmanuelle Bouilly, Ophélie Rillon p. 3-16
- Macoucou à Pékin. L'arène internationale : une ressource politique pour les Africaines dans les années 1940-1950 - Pascale Barthélémy p. 17-33 Les luttes contre la domination coloniale dans les années 1940-1950 ont jusqu'ici été principalement analysées comme un face-à-face entre les métropoles et leurs colonies. Cet article propose un changement d'échelle et d'angle d'analyse, en s'intéressant à la manière dont des Africaines articulent les impératifs de libération nationale et l'internationalisme, utilisent l'arène internationale pour structurer leur lutte localement mais aussi pour contourner la domination masculine et faire face à la répression française. Il s'agit plus précisément de retracer l'histoire des contacts et des échanges entre des femmes d'Afrique occidentale française (Ivoiriennes, Sénégalaises, Maliennes entre autres) et la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF), créée en 1945 à Paris. Cette organisation encore mal connue fut la plus importante des structures féminines internationales en nombre de membres dans les années 1950. À partir d'archives coloniales, du bulletin mensuel de la FDIF et de témoignages publiés, l'article interroge l'écho que la FDIF a pu avoir auprès des Africaines et surtout l'utilisation qu'elles ont faite de leurs liens avec cette fédération pour s'organiser en sections féminines militantes, autonomes mais dépendantes des hommes du Rassemblement démocratique africain (RDA), principal parti d'opposition au pouvoir colonial à l'époque. La présence de ces femmes dans les congrès internationaux de la FDIF, leurs modes d'action, les références et valeurs auxquelles elles adhèrent sont ici décryptés selon une triple perspective d'histoire des femmes et du genre, d'histoire transnationale et d'histoire connectée.Macoucou in Beijing. The International Arena : A Political Resource for African Women in the 1940s and 1950sUntil now, the struggles against colonial domination in the 1940s and 1950s have primarily been analysed as a face-to-face confrontation between the metropoles and their colonies. This paper proposes a change in scale and analytical angle, by focusing on how African women combined the imperatives of national liberation and internationalism, and used the international arena to structure their local struggles, as well as to circumvent male domination and cope with repression by the French. More precisely, the aim is to trace the history of contacts and exchanges between women from French West Africa (women from Côte d'Ivoire, Senegal and Mali, among other countries) and the Women's International Democratic Federation (WIDF), founded in Paris in 1945. The WIDF is still not very well known, but it was the largest international women's organisation in the 1950s in terms of the number of members. Based on colonial archives, the WIDF's monthly newsletter and published testimonials, we investigate the influence that the WIDF may have had on African women and especially the use that they made of their ties with the federation in order to organise women's militant sections that were autonomous but dependent on the men of the Rassemblement démocratique africain (RDA), the African Democratic Assembly, which was the main opposition party to the colonial authorities at the time. This paper deciphers the presence of these women in the WIDF's international congresses, their modes of action, and the references and values that they adhered to. It applies a threefold perspective of the history of women and gender, transnational history and connected history.
- « J'aurais aimé être une bombe pour exploser ». Les militantes communistes algériennes entre assignations sexuées et subversions des rôles de genre (1944-1962) - Pierre-Jean Le Foll-Luciani p. 35-55 Dans la continuité de récents travaux sur l'histoire du genre en Algérie colonisée, cet article s'intéresse aux expériences des militantes communistes algériennes, depuis la création en 1944 de l'Union des femmes d'Algérie jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962. Le Parti communiste algérien et ses organisations féminines « de masse » constituent un terrain privilégié pour saisir la manière dont des militantes s'accommodent ou subvertissent les assignations de genre produites par différents acteurs sociaux. Mais leur étude permet aussi d'interroger l'articulation entre le militantisme et les rapports sociaux de sexe et de race spécifiques à la société coloniale algérienne. Le communisme est en effet le mouvement politique qui regroupe le plus de femmes en Algérie dans la décennie qui suit la Seconde Guerre mondiale, et il est le principal espace d'interactions politico-affectives entre hommes et femmes par-delà les barrières juridico-raciales de la société coloniale, ce qui entraîne dans ses rangs des problématiques différentes de celles que rencontrent les communistes en Europe.‘I Would Have Liked to Be a Bomb to Explode.' Algerian Women Communist Militants, between Assigned Gender Roles and Subversion of Gender Roles (1944-1962)Following on recent research about the history of gender in colonial Algeria, this article focuses on the experiences of Algerian women communist militants, from the creation of the Union des Femmes d'Algérie in 1944 until Algerian independence in 1962. The Algerian Communist Party and its ‘mass' women's organisations are an excellent field of study to understand how women militants adapted to or subverted the gender roles produced by various social actors. Yet studying these groups also enables us to investigate the interaction between activism and the specific gender and racial social relations in Colonial Algerian society. Communism was the political movement that grouped together the largest number of women in Algeria in the decade after the Second World War, and it was the main space for political and sentimental interactions between men and women outside the legal and racial barriers of colonial society. This created a different series of issues within the ranks of Algerian communists than the issues faced by communists in Europe.
- Le mouvement des chatouilleuses : genre et violence dans l'action politique à Mayotte (1966-1976) - Mamaye Idriss p. 57-70 Symbole du combat pour Mayotte française, la chatouille est un mode d'action collectif échafaudé par des femmes de l'île en 1966, en réaction au manque de respect de l'un des membres de l'autorité territoriale à leur égard. Renversant le rapport de domination habituel, ce mode d'action correspond à des actes de violence perpétrés par des femmes sur des hommes. Ces violences peuvent aussi être dirigées contre des femmes qui s'opposent à la ligne politique des « chatouilleuses », dont la protestation concerne le transfert du chef-lieu vers Moroni en Grande Comore et qui se retrouvent dans la défense de la départementalisation de Mayotte. Euphémisant, le terme de « chatouille » a contribué à occulter la violence des femmes mais aussi celle des hommes dont elles sont les alliées ; il est, par ailleurs, représentatif de l'action féminine des militants du Mouvement populaire mahorais, prenant la forme d'une mobilisation protestataire et répressive.The Chatouilleuses Movement : Gender and Violence in Political Action in Mayotte (1966-1976)A symbol of the fight for Mayotte to maintain its ties to France, tickle torture was a form of collective action invented by women from Mayotte in 1966 after one of the members of the territorial authorities showed them a lack of respect. Inversing the typical relationship of domination, tickle torture is an example of an act of violence perpetrated by women against men. This form of violence could also target women who were opposed to the political views of the ‘chatouilleuses' (ticklers), who were protesting against the transfer of the capital to Moroni on the island of Grande Comore and who were defending the conversion of Mayotte into a French département. As a euphemism, the term ‘tickling' contributed to covering up the violence perpetrated by these women and by the men that were their allies. It was also representative of the actions by women militants of the MPM (Mahoré People's Movement), which became a repressive protest movement.
- Mobilisations féminines au Cameroun français dans les années 1940-1950 : l'ordre du genre et l'ordre colonial fissurés - Rose Ndengue p. 71-85 Durant la décennie qui suit la Seconde Guerre mondiale, le Cameroun sous tutelle française, comme tous les territoires de l'Empire colonial français, connaît une effervescence sociale et politique. Celle-ci se traduit par des mobilisations de Camerounaises et une montée en puissance de revendications nationalistes, face à l'insuffisance des réformes politiques et sociales mises en place. Cet article examine la manière dont, en s'inscrivant dans un paysage politique majoritairement masculin, des Camerounaises essayent de faire entendre leur voix en s'organisant pour défendre leurs intérêts. L'analyse des ressorts sur lesquels reposent les mobilisations féminines au Cameroun, met en évidence la dualité qui régit la présence des femmes sur la scène publique dans le contexte colonial. Dans une certaine mesure, leur démarche se situe dans un prolongement de l'imaginaire social dominant, mettant en avant des valeurs domestiques pour justifier une intervention des femmes sur la scène politique. Mais les mobilisations féminines visent également la défense d'un agenda propre aux femmes, ainsi que l'émergence d'un nouvel imaginaire social régi par l'égalité des sexes.Women's Mobilisations in French Cameroon in the 1940s-1950s : The Gender Order and Colonial Order FracturedDuring the decade after the Second World War, French Cameroon – like all the territories in the French colonial empire – experienced a social and political effervescence. This was reflected in mobilisations by Cameroonian women and rising nationalist claims, faced with the insufficiency of the political and social reforms. This paper examines how, by becoming involved in a political landscape dominated by men, Cameroonian women attempted to make their voices heard by organising to defend their own interests. The analysis of the foundations of women's mobilisations in Cameroon casts light on the duality governing women's presence on the political scene in a colonial context. To a certain degree, their approach expanded on the dominant social imaginary, highlighting domestic values in order to justify women intervening on the political stage. However, women's mobilisations also aimed to defend a specific agenda for women, as well as the emergence of a new social imaginary governed by equality between the sexes.
- Quand les militantes de quartier « jouent les gros bras ». Genre et violences politiques au tournant de l'indépendance du Soudan français - Ophélie Rillon p. 87-101 Bien que la décolonisation de l'Afrique de l'ouest francophone soit considérée comme un processus « pacifique », en opposition aux guerres de libération nationale, elle a généré de nombreux conflits avec l'administration coloniale mais aussi entre les différentes organisations partisanes créées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans les colonies. En partant de l'exemple du Soudan français, actuel Mali, cet article analyse l'action de rue de femmes issues de milieux populaires (paysannes, « ménagères », commerçantes, « matrones ») et leur participation aux violences politiques de cette décennie. Interrogée sous l'angle du genre, la participation de ces femmes à des conflits violents dans l'espace urbain va à l'encontre des stéréotypes sexués. Ainsi, l'analyse des usages féminins de la rue permet d'envisager sous un autre jour les dichotomies entre les espaces publics et privés, les activités politiques et domestiques qui s'avèrent peu opérantes pour comprendre les formes de l'engagement féminin et leur passage à l'action collective. Aux antipodes de la féminité maternelle et pacifique prônée par les organisations de femmes instruites et par les leaders nationalistes, les femmes populaires dont il est ici question investissaient des rôles considérés comme virils car violents et provocants. Pour autant, la part prise par ces femmes dans les violences de rue doit-elle être interprétée comme une transgression, voire un brouillage des rôles de genre ? En quoi le rapport à la violence et les représentations accolées à la violence féminine pouvaient varier selon les classes sociales ? La division politique du travail militant relevait tout autant de catégories de genre, d'âge et de classe. En confiant aux femmes des milieux populaires les tâches de mobilisation, de recrutement, de propagande et de contrôle des points névralgiques de leurs quartiers, les organisations politiques les propulsaient à l'avant-poste de la confrontation. Une lecture sexuée des phénomènes de violence dans l'action collective, articulée à une analyse de l'imbrication des affrontements partisans dans la vie quotidienne de ces femmes, permet de restituer la complexité du processus de décolonisation dans le Soudan français.When Local Women Activists ‘Act Tough'. Gender and Political Violence at the Turn of Independence in French SudanAlthough the decolonisation of Francophone West Africa is regarded as a ‘peaceful' process, compared with the national liberation wars, it generated many conflicts with the colonial administration, as well as between the various partisan organisations created in the colonies just after the Second World War. Based on the example of French Sudan (present-day Mali), this article analyses the street action of women from working class backgrounds (farmers, ‘housewives', shopkeepers and traditional midwives or ‘matrones') and their participation in the political violence of the decade. Investigated from a gender perspective, these women's participation in violent urban conflicts went against gender stereotypes. Thus, an analysis of how women used the streets enables us to consider in a different light the dichotomies between public/private spaces ; political/domestic activities, as these prove to be not very useful for understanding the ways that women became engaged and their progression to collective action. Completely opposite to the maternal and peaceful femininity promoted by the organisations of educated women and by nationalist leaders, the working class women discussed in this article took on roles that were regarded as manly because they were violent and provocative. But should these women's participation in street violence be interpreted as a transgression, or even a muddling of gender roles ? How could the relationship with violence and the representations attached to women's violence vary according to social class ? The political division of activist work was also derived from gender, age and class categories. By giving working class women the tasks of mobilising, recruiting, propagandising and controlling crucial parts of their districts, the political organisations propelled them to the forefront of confrontation. A gendered interpretation of the phenomena of violence in collective action, interconnected with an analysis of the embedding of partisan confrontation in these women's daily lives, enables us to reconstruct the complexity of the decolonisation process in French Sudan.
- Les visages de l'émancipation : l'action des femmes messalistes durant la révolution algérienne - Nedjib Sidi Moussa p. 103-118 La révolution algérienne illustre un type particulier de révolution, le woman-in-the-family model, qui exclut ou marginalise les femmes des définitions et constructions de l'indépendance, de la libération et de la liberté. Cette catégorisation correspond très largement à l'idéologie en vigueur chez les partisans de Messali Hadj qui promeuvent, à travers leurs activités et leurs journaux, un féminisme différentialiste, ancré dans la tradition arabo-islamique et à dimension caritative. En réponse au déclenchement de la lutte armée et à une propagande colonialiste qui met en avant l'émancipation féminine, le contexte devient favorable à une redéfinition du rôle assigné aux Algériennes musulmanes. Ce phénomène, dont nous interrogeons les conditions d'émergence et la portée, se manifeste avec plus de vigueur dans l'émigration algérienne en France et trouve son cadre institutionnel dans l'éphémère syndicat messaliste, l'Union des syndicats de travailleurs algériens (USTA). Ces syndicalistes, préoccupées autant par l'émancipation féminine que l'indépendance nationale ou les revendications ouvrières, permettent au mouvement messaliste de présenter des visages acceptables par leurs interlocuteurs français et de se démarquer de son concurrent du Front de libération nationale (FLN).The Faces of Emancipation : The Action of Messalist Women during the Algerian Revolution
The Algerian revolution illustrates a particular type of revolution, the woman-in-the-family model, which excluded or marginalised women from the process of defining and building independence, liberation and freedom. This categorisation corresponded quite closely to the dominant ideology of Messali Hadj's partisans, whose activities and newspapers promoted a differentialist feminism, anchored in the Arabo-Islamic tradition and with a charitable dimension. In response to the outbreak of armed combat and colonialist propaganda that emphasised women's emancipation, the context became favourable to a redefinition of the role assigned to Muslim Algerian women. This phenomenon, which we will investigate in terms of the conditions for its emergence and its scope, was stronger among Algerian emigrants in France, and found its institutional framework in the short-lived Messalist union, the Union des syndicats de travailleurs algériens (USTA). These union members were just as preoccupied by women's emancipation as by national independence or workers' demands, and they enabled the Messalist movement to show faces that were acceptable for its French interlocutors and to distinguish itself from its rival, the National Liberation Front (FLN). - Fabrique du genre et sens national dans les organisations de jeunesse chrétienne au Cameroun (années 1940-1950) - Charlotte Walker-Said p. 119-135 Alors que la littérature scientifique relative à l'Afrique à la fin de l'Empire a tendance à se concentrer sur l'évolution des notions de citoyenneté et des revendications d'inclusion politique nationale dans les années d'après-guerre, le dynamisme et la large influence des Églises chrétiennes dans les territoires africains de la France, surtout au Cameroun, démontrent que les Africains ont aussi exprimé des solidarités avec des communautés situées tant au-dessus qu'au-dessous de l'État-nation. L'histoire du syndicalisme et de l'anticolonialisme politique en Afrique a jusqu'ici négligé les apports de la religion à la fabrication du sens national dans les dernières décennies de l'ère coloniale, et son point de vue a-religieux a échoué à percevoir la façon dont la religion a servi de médiation entre les coûts et les opportunités de la modernité politique et de la souveraineté nationale, sous-tendant de façon cruciale une vie culturelle foisonnante qui donna forme à différentes politiques de masse à la fin de l'Empire. Cet article démontre comment les Africaines au sein des Églises catholique et protestantes au Cameroun ont offert l'image d'une continuité sociale et culturelle dans une période de troubles économiques et politiques, et ont rendu lisible une plate-forme alternative d'expression des droits de l'Homme et de la libération nationale fondée sur celle des partis politiques anticolonialistes. Ce faisant, des Africaines pratiquantes, laïques ou consacrées, ont trouvé leur place dans le cours révolutionnaire du nationalisme en prônant la vision conservatrice d'une société éduquée et pieuse, garante de progrès moral et social, et de décolonisation spirituelle en plus de liberté politique.Gender Making and National Meaning in Young Christian Organisations in Cameroon (1940s-1950s)While scholarship on Africa at the end of empire has tended to focus on the evolution of notions of citizenship and demands for national political inclusion in the years following the end of the Second World War, the vibrancy and widespread influence of the Christian churches in France's African territories, particularly in Cameroon, demonstrates that Africans also expressed solidarities with communities both above and below the nation-state. The history of political anti-colonialism and syndicalism in Africa has heretofore neglected the contributions of religion to national meaning making in the last decades of colonial rule, and its secular focus has failed to perceive how religion mediated the costs and benefits of political modernity and national sovereignty, critically underpinning much cultural life that gave shape to various kinds of mass politics at the end of empire. This article demonstrates how African women in the Catholic and Protestant Churches in Cameroon presented an image of social and cultural continuity in the midst of political and economic disruption and articulated an alternative platform of human rights and national liberation from that of the anti-colonial political parties. In doing so, devout African women in laity and in consecrated orders inserted themselves into the revolutionary aspect of nationalism by promoting a conservative vision of pious, educated society that would ensure social and moral progress, not only political liberty.
Hommage
- Souvenirs et histoire, la traversée d'un siècle (1916-2016) - Rolande Trempé p. 137-159 Cet entretien entremêle quatre vies de 1916 à 2016. Un parcours professionnel : de fille d'ouvriers à professeur d'université. Une vie de femme : libre, hors des conventions, au service de la cause des femmes. Des engagements multiples : dans la Résistance, sans armes, au Parti communiste, sans discipline, à l'Union des femmes françaises, puis à la CGT, avec énergie. Une œuvre de grande historienne par l'écrit et par le film : sur les ouvriers, le travail, les femmes, le syndicalisme, Jaurès et donc la politique, les guerres, la Résistance. Cet entretien est suivi d'une filmographie et d'une audiographie.Over the course of a century : recollections and historical reflections (1916s-2016s)This interview details and connects four lives, from 1916 to 2016. A professional career : from being a daughter of two workers to being a university professor. A woman's life : free, beyond all conventions, actively supporting women's cause. Multiple commitments : in the French Resistance, without weapons, in the French Communist Party, without discipline, in the Union of French Women (UFF) then in the CGT, with energy. The works of a major historian, either in writing or in film : about workers, work and trade-unionism, about women, about Jaurès and thus politics, about wars, and the French Resistance. This interview is followed by a filmography and an audiography.
- Souvenirs et histoire, la traversée d'un siècle (1916-2016) - Rolande Trempé p. 137-159
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 161-194