Contenu du sommaire : Les mises en récit de la mine dans le Pacifique
Revue | Journal de la Société des Océanistes |
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Numéro | no 138-139, 2014 |
Titre du numéro | Les mises en récit de la mine dans le Pacifique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les mises en récit de la mine dans le Pacifique
- Histoire et histoires. Politique et poétique des récits miniers dans le Pacifique Sud - Eddy Banaré, Pierre-Yves Le Meur p. 5-22
- Mining narratives and multiple geographies in Papua New Guinea: Ok Tedi, the emerald cave and Lost Tribes - Dan Jorgensen p. 23-36 L'exploitation minière en Papouasie Nouvelle-Guinée a vu émerger de nombreuses histoires des origines, servant souvent à justifier des revendications locales quant au droit foncier et aux bénéfices relatifs à des projets précis. Bien qu'une large part de ces récits et mythes ait une fonction clairement instrumentale, cette dernière interprétation ne peut rendre compte de tous les éléments constitutifs de ces histoires. Dans cet article, l'auteur décrit une histoire des origines récente, qui a émergé dans le contexte de la mine Ok Tedi. Il replace cette histoire dans le contexte de la mythologie traditionnelle, d'un système de relations sociales régionales en évolution, et des discours évangéliques qui circulent dans la zone. Il défend l'idée que ce récit doit être interprété comme une tentative d'articuler une posture locale avec les géographies multiples qui relient exploitation minière et christianisme, selon des échelles qui varient du régional au global.Mining in Papua New Guinea has been accompanied by an efflorescence of origin tales that often serve as justifications for local claims to land rights or benefits arising from specific projects. While many of these narratives or myths have a clear instrumental function, there are many other elements of these tales that cannot be accounted for in these terms. In this article the author describes a recent origin story that emerged around the Ok Tedi mine, and places it in the context of traditional mythology, a changing system of regional relations, and circulating evangelical discourses. He argues that the story is best interpreted as an attempt to articulate a local position in relation to multiple geographies in which mining and Christianity are linked across scales ranging from the regional to the global.
- Agency and the « Avatar » narrative at the Porgera gold mine, Papua New Guinea - John Burton p. 37-52 La mine d'or de Porgera en Papouasie Nouvelle-Guinée est l'objet de dissensions dans la communauté de développement international. Les anthropologues comptent parmi les chercheurs qui ont enquêté sur les relations mine-communauté depuis 1981, en tant que doctorants, chefs de projets de recherches, évaluateurs indépendants des impacts sociaux, ou membres du comité de surveillance externe. Récemment, dans une revue de premier plan, C. Coumans, militante d'une ong opposée à la mine, a accusé les anthropologues impliqués dans les études d'impact de légitimer les intérêts commerciaux de la compagnie minière, tout en « restant muets » face aux dommages environnementaux et aux violations des droits humains. Cet article montre la diversité des « récits miniers » portant sur Porgera et examine en particulier le portrait de la mine proposé par Coumans, qualifié de récit Avatar, d'après le film éponyme. Les éléments de preuve rassemblés permettent de rejeter ses arguments.The Porgera gold mine in Papua New Guinea is a subject of contention in the international development community. Anthropologists are among a range of scholars who have investigated community-mine relations since 1981, as solo postgraduate students, as leaders of university research teams, as members of social impact assessment teams, and as members of an oversight body. Recently, in a leading journal, the ngo activist Catherine Coumans accused the anthropologists who have taken on advisory or impact assessment roles of lending legitimacy to the commercial interests of the mining company, while ‘remaining silent' about environmental damage and human rights abuses. This paper looks at the various accounts of Porgera in terms of ‘narratives' of mining, leading to a close examination of the Coumans' portrayal of the mine through the lens of an Avatar narrative, after the film of this name. The paper presents evidence to reject the arguments of Coumans.
- «The time of money»: property and sovereignty as alternative narratives of land and value near the Ramu NiCo mining project (Madang, PNG) - James Leach p. 53-62 Deux motifs narratifs émergent actuellement au sujet de la relation à la terre dans l'arrière-pays Rai (province de Madang, Papouasie Nouvelle-Guinée). Des sentiments de perte d'un côté et d'opportunité de l'autre révèlent des soucis plus profonds quant au mode de vie et à la souveraineté sur la terre. Sous la pression de la grande industrie extractive, le régime foncier coutumier, qui était la condition de relations constitutives et génératives avec la terre, se mue en relation de propriété et de contrôle sur la terre. Cet article rend compte de récits qui font des lieux des participants animés et créatifs dans les relations entre personnes ou qui sont associés à la mine, où ils sont vus comme la propriété d'individus, gouvernée par l'État.Two narrative themes are apparent around the relation to land in the Rai Coast hinterland of Madang Province, PNG at present. Senses of loss on the one hand, and of opportunity on the other, reveal deeper concerns over sovereignty over land and lifestyle. Under pressure from large-scale extractive industry, customary tenure is changing from the condition for constitutive and generative relations with land to a relation of property and control over land. This paper reports on narratives in which places figure as animate, creative participants in relationships between people, and those associated with the mine in which it is seen as the property of individuals, regulated by the state.
- Mining narratives, the revival of «clans» and other changes in Wampar social imaginaries: A case study from Papua New Guinea - Doris Bacalzo, Bettina Beer, Tobias Schwoerer p. 63-76 La perspective de l'exploitation minière, dans un contexte des pressions politico-juridiques sur les communautés locales pour qu'elles s'alignent sur les visions bureaucratiques des compagnies minières et de l'État, et les mises en récit sur les avenirs des communautés, génèrent des processus de redéfinition des frontières sociales. Les changements ne résultent pas seulement des discours émanant de l'État ou des firmes, mais aussi des mises en récits locales et nationales portant sur les bénéfices de l'exploitation minière pour les «propriétaires terriens» reconnus. Parmi les Wampar de png les récits qui circulent interagissent avec les spécificités locales et l'avenir envisagé passe ainsi par la résurrection des groupes inclusifs nommés sagaseg comme base des Incorporated Land Groups (ilg). Cependant, la constitution des ilg s'est révélée sensible aux particularités des relations de parenté, incluant des liens issus de mariages interethniques, ce qui a permis la préservation d'une socialité mise en avant par les Wampar.?The prospect of mineral resource exploitation, in the context of legal-political pressures on local communities to comply with the bureaucratic visions of mining companies and the state, and the narrative construction of community futures, invariably sets in motion processes of social boundary-making. Outcomes are driven not only by discourses originating in the state or the mining companies, but also in local and national narratives about the financial benefits from mining for legally recognised ??«??landowners??»??. Among the Wampar of Papua New Guinea, circulating narratives about mining interplay with and are informed by local social specificities to produce imagined futures that involve the revival of encompassing groups called ?sagaseg? as a basis for Incorporated Land Groups (??ilg??s). Yet, the creation of ??ilg??s is sensitive to the particularities of kin relations, including those emerging out of interethnic marriages, thus preserving the long-standing Wampar emphasis on inclusive sociality.?
- Local experiences with mining royalties, company and the state in the Solomon Islands - Gordon Leua Nanau p. 77-92 Les débats sur le développement se sont intéressés aux royalties, rentes et autres bénéfices matériels issues des opérations minières. Ces bénéfices sont importants pour toutes les parties prenantes mais le premier accord minier aux îles Salomon n'a accordé qu'un pourcentage minime du revenu brut de l'or et de l'argent produits sous forme de rente minière aux propriétaires de la terre. Les questions qui m'ont amené à m'intéresser à la mine Gold Ridge et aux communautés riveraines en 2007 et 2010 sont : (i) les royalties minières peuvent-elles être des vecteurs durables de l'amélioration des modes de subsistance des populations ? (ii) Quelle a été l'influence du paiement de royalties, de droits sur les permis et de rentes minières sur les modes de vie des populations locales des îles Salomon ? (iii) Dans quelle mesure les accords miniers et les tribunaux protègent-ils ou non le capital social local et l'environnement ? Les données analysées dans cet article permettent de discuter des processus de négociation des accords miniers, des mouvements et réinstallations des populations, du mode de subsistance et des opportunités en termes de genre offertes par la mine et du rôle de l'Etat face au secteur minier. En outre, l'article répond aux trois questions posées ci-dessus et évalue la durabilité des royalties minières et les rôles et procédures de l'Etat moderne dans le secteur minier aux îles Salomon.Royalties, rents and other material benefits from mining ventures have been of interest to development discussions. These benefits are important to all stakeholders but the first mining agreement in the Solomon Islands only accommodated a tiny percentage of the gross value of gold and silver produced as the mining lease to landowning groups. The questions that led me to the Gold Ridge mine and surrounding communities on Guadalcanal in 2007 and 2010 are: (i) Can royalties from the mine be sustainable agents to improve people's livelihoods? (ii) To what extent have royalty payments, licence fees and rents from mines impacted on local Solomon Islanders' lives? (iii) How do mining agreements and courts of law do or do not safeguard local social capital and the environment? In analysing the data, the processes of negotiating mining agreements; movement and resettlement of people; livelihood and gendered opportunities offered by the mine; and the state's role in the mine are discussed in this paper. Moreover, the paper responds to the three questions above and assesses the sustainability of mining royalties and the role of the modern state and processes in the Solomon Islands mining sector.
- The mining policy of the Philippines and «resource nationalism» towards nation-building - Minerva Chaloping-March p. 93-106 Cet article examine l'adéquation de la loi minière de 1995 aux aspirations de la représentation citoyenne, dont les gouvernements locaux. Cette loi fournit le cadre régulateur et institutionnel pour l'accueil de grands projets pour financer le budget de l'État. Elle offre aussi des mécanismes garantissant la consultation des communautés, le renforcement des pouvoirs des gouvernements locaux, le respect des communautés autochtones et un partage équitable des bénéfices. Mais le gouvernement national – avec l'industrie minière du pays – s'est concentré sur les investissements étrangers aux dépens d'une redistribution équitable. Des gouvernements locaux ont interdit le démarrage de gros projets miniers ou l'extraction à ciel ouvert. Ces actions, incluant la promulgation de lois locales, expriment un nationalisme des ressources «infranational» ancré dans la localité et le lien au territoire et opposé au gouvernement national en matière de gouvernance des ressources.This paper looks at the extent to which the Mining Act of 1995 responds to the aspirations of citizen constituencies such as local governments. The law provides the regulatory and institutional framework for the operation of large-scale mining in the hope that substantial foreign capital is brought into government coffers. The law also provides for mechanisms to ensure community consultation, local government empowerment, concern for the indigenous communities, and equitable benefits sharing. However, the national government – with the country's minerals industry – has focused on foreign investments at the expense of equity and benefit allocations for local communities. Several local governments have blocked the entry of large-scale mining or forbidden open pit mining. Such action, including new local legislations, manifests sub-national resource nationalism that is founded on locality and affinity to homeland, and confronts the national government in matters of resource governance.
- Nauru Phosphate History and the Resource Curse Narrative - Nancy J. Pollock p. 107-120 L'expérience nauruane des ressources maudites qui découle de l'exploitation du phosphate constitue un cas emblématique de prévention du développement. Nauru a été acclamé dans la presse du début du XXe siècle comme un exemple de «petites île» devenue «riche» grâce à l'exploitation minière. Le minerai à haute teneur en phosphate qui couvrait les quatre cinquièmes de l'île était considéré dans le reste du monde comme une ressource lucrative à extraire, en particulier pour fertiliser les prairies australiennes et néo-zélandaises. Le développement de Nauru a mal été interprété, sur la base des richesses distribuées aux habitants, alors que l'essentiel des profits miniers revenait en réalité aux opérateurs miniers. Le commerce du phosphate a rapporté beaucoup plus à l'agriculture australienne qu'aux propriétaires nauruans de la ressource en question. Et cet enrichissement très relatif a eu pour conséquence la destruction progressive de la surface de la petite île de Nauru, empêchant tout développement, qu'il soit économique ou humain.?Nauruans' experiences of a resource curse from mining phosphate stands, as a case study of retarded development. Nauru was much adulated in the press in the early ??xx??th?????century as an example of a ??«s??mall island??»?? that became ??«??wealthy??»?? through mining. The high grade phosphate that covered four fifths of the island was considered by outsiders as a very lucrative resource that had to be mined, particularly as fertilizer to enhance the pastures of Australia and New Zealand. The development of Nauru has been misinterpreted by attributions of wealth to Nauruans when most of the profits from mining accrued to the mining agencies. Sales of phosphate yielded far greater development to Australian agriculture than to Nauruan owners of the resource. Meanwhile the small island surface of Nauru underwent gradual destruction of its interior retarding any developments, economic or humanitarian.?
- Phosphate mining and the relocation of the Banabans to northern Fiji in 1945: Lessons for climate change-forced displacement - Julia B. Edwards p. 121-136 À la fin du XIXe siècle, l'île du Pacifique central Banaba était encore inconnue et « non revendiquée ». Tout allait changer pour les 450 habitants quand en1900, on découvrit qu'une pierre déposée au bureau de Sydney de la Compagnie des phosphates du Pacifique insulaire était quasi exclusivement composée de phosphate de haute qualité. Son origine identifiée, l'extraction commença et la croissance de l'activité fut rapide. La petite île se transforma en un site majeur d'exploitation du phosphate avec pour conséquence rapide de rendre Banaba inhabitable. Les autorités coloniales élaborèrent un plan pour reloger la communauté insulaire. Cet article analyse les décisions, les événements et les processus qui ont conduit à la réinstallation des habitants de Banaba sur l'île de Rabi, aux Fidji, en 1945. Les correspondances et documents coloniaux originaux sont examinés et les membres clés de la communauté des anciens de Banaba, basés à Suva et Rabi, consultés. Un parallèle est établi avec les réinstallations forcées dues au changement climatique actuel et des enseignements sont tirés qui pourront aider à organiser les déplacements de communautés liés au changement climatique. Parmi eux, on note la nécessité d'une planification post-réinstallation sur le long terme, incluant la création de modes et moyens de subsistance et un appui continu fourni par les agences extérieures aux groupes déplacés.At the end of the XIXth Century, Banaba was an unknown, and then ‘unclaimed', island in the central Pacific; however, all was soon to change for its 450 residents. In 1900, a rock propping open a Sydney-office door of the Pacific Islands Phosphate Company was found to consist almost entirely of high-grade phosphate. It was soon traced back to the island; mining activity commenced shortly after and the operation quickly grew. The tiny island was transformed into a major phosphate-mining settlement. With continued mineral extraction it became apparent that Banaba would, in time, become uninhabitable and plans were devised by colonial authorities to relocate the island community to an alternative home. This article examines the decisions, events and processes that led to the relocation of the Banabans to Rabi Island, Fiji in 1945. Original colonial documents and correspondence are examined and key members of the elderly Banaban community, based in Suva and Rabi, consulted. Parallels with contemporary relocations, associated with climate change, are given and learnings presented that will aid future climate-induced community relocations. Lessons to take forward are the need for long-term, post-relocation planning, including the creation of livelihoods, and on-going support by external agencies for those displaced.
- Naissance de l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie et au-delà, à l'interface des trajectoires industrielles, impériales et coloniales (1875-1914) - Yann Bencivengo p. 137-150 Le nickel est longtemps demeuré un métal marginal utilisé pour la fabrication d'objets de luxe. L'industrie du nickel démarre avec la découverte des gisements de la Nouvelle-Calédonie en 1875. Elle se développe grâce à la mise au point des aciers au nickel qui a lieu en pleine course aux armements. Dès lors trois récits se mêlent: le récit global d'une branche industrielle qui s'établit à l'échelle mondiale durant les trente années qui précèdent la Première Guerre mondiale, celui des enjeux qu'elle représente pour les grandes firmes, les nations et leurs rivalités impériales, et enfin le récit minier calédonien qui se déploie dans le cadre de la colonisation.?Nickel?? ??has long remained?? ??a?? ??marginal?? ??metal used?? ??in the manufacture of?? ??luxury goods.?? ??The nickel industry?? ??starts?? ??with the discovery of?? ??deposits in?? ??New Caledonia?? ??in 1875.?? ??The industry takes advantage of the development?? ??of nickel steels?? ??which combines with arms race.?? ??Therefore,?? ??three?? ??stories?? ??are intertwined??: the global ??story of?? ??an industrial sector?? ??that becomes established?? ??worldwide?? ??during the thirty?? ??years preceding the?? ??First World War??; the ??challenges?? ??it represents for?? ??large firms??, nations and ??their?? ??imperial rivalries??; ??and finally, the?? ??Caledonian mining?? his??tory,?? ??which unfolds?? ??in the context of?? ??colonization?.
- Représentations littéraires des paysages miniers en Nouvelle-Calédonie : regards coloniaux et vécus kanak - Eddy Banaré p. 151-164 Montagnes ravinées, minéraliers et usines sont, depuis la fin du XIXe siècle, autant de motifs décrits pour évoquer la Nouvelle-Calédonie. Des récits ont aussi inscrit l'exploitation minière dans l'imaginaire de Nouvelle-Calédonie. L'élaboration des discours sur la mine en Nouvelle-Calédonie a relevé, dès les années 1880, d'une question de maintien de la domination coloniale. Il s'agissait alors d'améliorer l'image de la Nouvelle-Calédonie en tant que colonie française. Différents types de discours ont ainsi participé à la construction d'un imaginaire de la mine en Nouvelle-Calédonie. La singularité de ces discours littéraires est de rendre visible l'irruption de la mine dans l'imaginaire kanak dont l'interprétation est essentielle pour saisir les enjeux contemporains locaux.Since the end of the 19th century, dramatic mountains, ore carriers and factories have been among the images that represent New Caledonia. In addition to the landscape, various narratives and stories have etched the mining industry into the imagery of New Caledonia. From the 1880s, the development of discourse on mining in New Caledonia responded to the need to preserve colonial domination. In order to maintain this domination, the image of New Caledonia as a French colony needed to be improved. Different types of discourse contributed towards constructing a picture of mining in New Caledonia. Literary discourse has a unique ability to unfold the emergence of mining in the Kanak imagination, the interpretation of which is essential to the understanding of contemporary issues in the area.
- La mine comme site artistique: un projet de Land Art en province Sud, Nouvelle-Calédonie. Témoignage et réflexion esthétique - Florence Giuliani p. 165-174 Dans le récit d'une recherche esthétique à partir de la commande d'une œuvre de type Land Art par la province Sud de Nouvelle-Calédonie, pour un terrain de mine orpheline, Florence Giuliani, artiste plasticienne travaillant depuis une vingtaine d'années en Nouvelle-Calédonie, retrace les différentes étapes d'un projet qui a vu sa réalisation inaugurée le 20 décembre 2013, sur le site du mont Goumba sur la commune du Mont-Dore.Sculptor and installation artist, Florence Giuliani – who has been working in New Caledonia for over 20 years – provides an account of an aesthetic investigation she undertook for a project commissioned by South Province, New Caledonia. The author discusses the different development stages of a Land Art project, launched on 20 December 2013, located on an abandoned mining site on Mount Goumba (Mount-Dore).
Hors dossier
- Les métaphores de la séduction dans les journaux des marins français à Tahiti en avril 1768 - Anaïs de Haas p. 175-182 Lors du voyage de Bougainville autour du monde, plusieurs marins ont tenu des journaux de bord, qui sont particulièrement prolixes pour décrire l'escale à Tahiti. Pour raconter l'étrange accueil que leur ont fait les Tahitiens, les marins utilisent des métaphores relevant alternativement de la Bible, de la mythologie grecque ou des topos libertins. Cet article propose une analyse de ces différents réseaux métaphoriques, des modalités selon lesquelles ils s'articulent, des phénomènes sémiotiques qui les motivent et de ce qu'ils révèlent sur la pratique gnoséologique bien particulière du « voyage de découverte ».During the circumnavigation of Bougainville, several navigators were writting logbooks, which are particulary descriptive of the stopover they made in the island of Tahiti. To describe the strange way in which they were welcomed by the Tahitians, the navigators were using metaphors linked alternatively with the Bible, the Greek mythology or the libertine topos. This article aims to analyse these different metaphorical networks, the ways they are organised, the semiotical phenomenons that cause them, and what they reveal about the particular knowledge practice of the « discovery journeys ».
- Bien manger la langue ou l'art de « troper » le non-dit en fagauvea (Ouvéa, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie) - Alexandre Djoupa p. 183-194 La notion de trope empruntée à C.C. Dumarsais est ici abordée sous l'angle du rapport étroit qui relie certaines figures aux non-dits qui conditionnent leur genèse et leur mode de production. En fagauvea, la notion de tabou a une telle importance dans la vie quotidienne qu'elle est souvent à l'origine de formes d'expression verbale ou non verbale, de tropes ingénieux, pour les contourner ou y déroger..The notion of trope borrowed from C.
C. Dumarsais is here discussed from the perspective of the close relationship that connects certain figures of speech to unsaid which determine their origin and mode of production. In West Uvean language, the taboo concept is so important in everyday life it lies often at the root of forms of verbal or nonverbal expression, clever tropes, which allow speakers to bypass or waive it. - L'humanité en gestation : figures polynésiennes d'une autochtonie inachevée - Bruno Saura p. 195-208 Les mythes polynésiens d'apparition des premiers humains offrent une grande part à la terre?: matière dont ils sont faits, ou lieu de leur émergence. Certains tâtonnements jalonnent néanmoins le cheminement de cette naissance. Cette étude porte sur des mythes de la Polynésie orientale relatifs à des êtres inachevés, restés comme en gestation dans le ventre de la terre. S'ils se distinguent de mythes de la Polynésie occidentale voyant des humains primordiaux issus de vers, eux-mêmes nés d'une plante, tous posent une continuité fondamentale entre la terre, les végétaux et les premiers humains. Une même idée implicite les unit, celle de la souplesse, de l'informe, analysée par Claude Lévi-Strauss dans La potière jalouse. Une autre caractéristique des êtres chtoniens de la Polynésie de l'Est a trait aux difficultés de leurs femmes à enfanter. Se heurtant à la question de la reproduction du Même ou de l'Autre, l'autochtonie première apparaît donc comme synonyme d'origine mais aussi d'archaïsme.Polynesian myths relating the birth of the first human creatures give an important role to the earth, either as their material substance or the place of their emergence. Through trials and progressive stages appears an accomplished humanity, as in some myths of Eastern Polynesia bearing the images of unachieved creatures still hidden in the land's womb. They differ from myths of Western Polynesia in which the first human beings come from worms, themselves born from a creeping plant. Both kinds of myths are united by the same asserted continuity between soil, plants and human beings. A subjacent idea is the flexibility and formless materiality of primordial substances, as analyzed by Claude Lévi-Strauss. Another characteristic of these first unachieved creatures is their failure to give birth without dying. Thus, dealing with the difficulty of the reproduction of the Same or the Other, Autochthony, in myths, appears to be synonymous with origin but also with archaism.
- Cultural and cognitive aspects of string figure-making in the Trobriand Islands - Éric Vandendriessche p. 209-224 L'activité communément appelée «jeux de ficelle» est pratiquée de longue date dans diverses sociétés, particulièrement dans celles dites de tradition orale. Elle consiste à appliquer à une boucle de ficelle une succession d'opérations effectuées avec les doigts, mais aussi parfois avec l'aide des dents ou des pieds, pour obtenir une figure finale. Cet article présente certains aspects culturels et cognitifs de cette pratique chez des Trobriandais de Papouasie Nouvelle-Guinée. Plusieurs sources ethnographiques suggèrent que les jeux de ficelle y sont (ou étaient) sujets à des prescriptions et se voient (voyaient) reconnaître une efficacité rituelle en lien avec la fertilité des jardins notamment. Au-delà du divertissement, ces jeux trobriandais, qui s'accompagnent souvent d'un récitatif, permettent de parler de sexualité et sont des supports de mémoire rappelant certaines règles sociales, des histoires populaires ou des événements particuliers.The practice of string figure-making has long been carried out in many societies, and particularly in those of oral tradition. It consists in producing geometrical forms with a loop of string, using mostly the fingers, and sometimes the wrists, the mouth or the feet. This article deals with some of this practice's cultural and cognitive aspects in the Trobriand Islands, Papua New Guinea. Various ethnographical sources suggest that string figures are (or were) subject to ritual prescriptions, and performed for their ritual efficacy in relation to the fertility of gardens. Besides being a popular recreational activity, often accompanied by a recitative, string figure-making in the Trobriands can also be seen as a specific way to talk about sexuality, and as a memory support to remind people of social obligations or of particular stories or events.
- Les métaphores de la séduction dans les journaux des marins français à Tahiti en avril 1768 - Anaïs de Haas p. 175-182
Miscellanées
- Éléments sur la collection Moriceau - Gilles Bounoure p. 225-232
- Plumes and Pearshells. Art of the New-Guinea Highlands : Exposition à l'Art Gallery of New South Wales (10 mai -10 août 2014) - Philippe Peltier p. 233-235
Comptes rendus de lecture
- Compte rendu de Twelve days at Nuku Hiva. Russian Encounters and Mutiny in the South Pacific, de Elena Govor - Marie-Noëlle Ottino-Garanger p. 237-239
- Compte rendu de Nukuoro. Sculptures from Micronesia de Christian Kaufmann and Oliver Wick (eds) - Gilles Bounoure p. 239-242
- Compte rendu de Hommes et plantes de Maré (îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie) de Nicolas Lormée, Pierre Cabalion et Édouard Saikue Hnawia - Isabelle Leblic p. 242-243
- Compte rendu de Melanesia. Art and Encounter, de Lissant Bolton et al. - Gilles Bounoure p. 243-244
- Compte rendu de Objets d'art et art de l'objet en Océanie, de Dominique Barbe et al. (éds) - Gilles Bounoure p. 244-246
- Compte rendu de Charles Ratton. L'invention des arts « primitifs » de Philippe Dagen et Maureen Murphy - Gilles Bounoure p. 246-249
- Compte rendu de Chiefs and Governors. Art and Power in Fiji de Anita Herle et Lucie Careau (eds) - Gilles Bounoure p. 249-250
- Compte rendu de Paroles d'autochtone. Entretien avec le sénateur Richard Ari'ihau Tuheiava, de Serge Massau - Isabelle Leblic p. 250-253
- Compte rendu de Sociologie comparée du cannibalisme et Les mangeurs d'autres, de Georges Guille-Escuret - Gilles Bounoure p. 253-258
- Compte rendu de Des sociétés dans l'État : anthropologie et situations postcoloniales en Mélanésie, d'Érice Wittersheim - Benoît Carteron p. 258-261
- Compte rendu de Surréalisme et arts primitifs. Un air de famille, de Christophe Flubacher (éd.) - Gilles Bounoure p. 261-265
- Compte rendu de Des cocotiers, des ignames et des hommes. Un terrain ethnologique au Vanuatu, de Virginie Lanouguère-Bruneau - Denis Monnerie p. 265-267
- Compte rendu de Buveurs de kava, de Patricia Siméoni et Vincent Lebot - Marc Tabani p. 267-269
- Compte rendu de Art de l'archipel Bismarck, de Kevin Conru (éd.) - Gilles Bounoure p. 269-272
- Compte rendu de Kanak. L'art est une parole, de Roger Boulay et Emmanuel Kasarhérou (éds) - Gilles Bounoure p. 272-274
Actualités de SdO
- In memoriam Régine van den Broek d'Obrenan (1909-2014) - Christian Coiffier p. 275-276
- Assemblée générale 2014 : bilan exercice 2013 - p. 277-280
- Cinéma des Océanistes et Conférences de la SdO - p. 281