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Annie Thébaud et France Lert : Absentéisme et santé : un débat entre disciplines. Le travail effectué par les chercheurs du GERSS (INSERM) illustre, à partir d'un thème d'actualité (Absentéisme et santé), la difficulté des l'approche pluridisciplinaire en sciences sociales. Si l'absence au travail peut être considérée a priori comme un objet à la fois socio-économique et épidémiologique, le problème est ici de savoir si l'épidémiologie, qui a pour objet l'étude des phénomènes de santé dans une population, peut prendre l'absentéisme pour instrument de mesure. Alors qu'Annie Thébaud et France Lert, à partir d'une analyse de la littérature sur l'absence au travail pour raison de santé, répondent par la négative, Marcel Goldberg et Annette Leclerc estiment pour leur part que la morbidité transparaît à travers l'absentéisme.

Sébastien Darbon et Alain Letourmy : La micro-économie des soins doit-elle nécessairement être d'inspiration néo-classique ? Le modèle néo-classique est aujourd'hui dominant dans les tentatives d'application économique des comportements des agents en matière de soins médicaux. L'examen approfondi de ses capacités à rendre compte du fonctionnement du système de soins montre que, même à la lumière de ses développements les plus récents (théorie de la demande de santé issue des travaux sur le capital humain, prise en compte des interdépendances entre l'offre et la demande à partir de la notion d'induction), ce modèle reste peu convaincant. Sébastien Darbon et Alain Letourmy examinent les raisons d'un tel échec et proposent d'orienter la réflexion vers le développement d'une micro-économie de la maladie et de la profession médicale, qui prendrait davantage en compte les spécificités du domaine étudié.

Antoinette Chauvenet : La loi et le corps. La notion de maladie, considérée comme une catégorie historique liée à un certain contexte socio-culturel, est soumise à d'importantes transformations, du fait notamment de la pénétration des sciences sociales et des sciences de l'homme dans le champ que définissait la maladie. L'éclatement de cette notion, estime Antoinette Chauvenet, traduit une mise en perspective culturelle du corps, de la personne et du rapport social. Alors que l'on assiste au déclin du Droit et de la loi juridique impersonnelle et générale au profit d'une extension des droits spéciaux, d'un droit statutaire et du droit réglementaire, on constate parallèlement une participation croissante des sciences sociales et des sciences de la vie à la définition de la loi. Quel est l'enjeu d'une telle évolution ? Quelle philosophie sociale, quelle idée de l'éthique et de la justice sont au fondement de cette position ? Quel statut la raison et la connaissance y acquièrent-elles ? Quelle idée de l'histoire et du sens véhicule-t-elle ?