Contenu du sommaire : Temps et systèmes

Nous définissons la personnalité individuelle à partir d'une perspective relationnelle, en insistant sur l'importance du temps à trois niveaux : l'expérience relationnelle accumulée, l'intersection entre l'individu et ses systèmes d'appartenance, la famille d'origine. Nous appliquons le même critère à une réflexion sur la psychopathologie, que nous illustrons avec un exemple de dépression majeure présentée par une personne âgée, mettant tout particulièrement en évidence son lien manifeste avec le cycle de vie.

Nous abordons ici une réflexion sur la manière dont interagissent les temps individuels et les temps familiaux. Quelques vignettes cliniques illustreront le propos.

Tout système connaît une dynamique orientée par la circularité et la linéarité. La circularité permet de maintenir un équilibre dans le système tandis que la linéarité inscrit le système dans une certaine durée au cours de laquelle s'opèrent des changements. L'expérience subjective du temps nous permet d'examiner le rythme, le déploiement du temps entre passé, présent et avenir ainsi que la durée et le sens du temps, dès lors que nous portons attention à l'histoire des événements vécus.Dans cet article, chaque dimension est examinée, ainsi que la spécificité des interventions thérapeutiques qui peuvent en résulter. Elles-mêmes s'inscrivent dans une temporalité qui leur est spécifique.

Cet article tente d'éclaircir les processus liés à la reconnaissance en psychothérapie, en particulier la manière dont ces processus constituent une expérience correctrice en psychothérapie systémique. Sont abordés les aspects théoriques de l'acte de reconnaissance sur le plan philosophique et social, ainsi que dans la psychologie interpersonnelle.La deuxième partie illustre, à la faveur de plusieurs situations cliniques dont une plus exhaustive, l'application pratique en psychothérapie systémique de l'acte de reconnaissance, avec ses répercussions sur les relations familiales et la suite du processus thérapeutique.

L'article aborde les recompositions familiales sous l'angle des étapes du cycle de vie familiale. Cette approche permet de mettre en évidence la complexité des mécanismes d'affiliation, de désaffiliation et de deuil, qui peuvent émerger dans et entre les divers systèmes et sous-systèmes impliqués. La prise en compte de cette dimension diachronique et évolutive éclaire d'un regard nouveau la vulnérabilité qui caractérise nombre de familles recomposées (conflits de loyauté, coalitions, oppositions entre systèmes/sous-systèmes, délitement de liens, ruptures...) et ouvre à de nouvelles pistes thérapeutiques.

Les auteurs comparent quelques courants de l'approche systémique qui leur sont familiers, sous l'angle de leur rapport au temps. Ils se réfèrent à la phénoménologie – courant philosophique et psychothérapeutique qui, de façon centrale, a soulevé la question de la temporalité – et indiquent en quel sens la pensée systémique pourrait s'en inspirer. La phénoménologie insiste prioritairement sur l'ouverture d'un horizon d'avenir. Cette direction de sens nous aide à dépasser la querelle entre les tenants de l'ici et maintenant, avec leur mise à l'écart de la dimension de l'histoire et de ses enjeux existentiels, et les historicistes acharnés qui prédisent mécaniquement la psychopathologie de leurs patients sur la base de leur histoire interpersonnelle passée. Les auteurs rendent en cela hommage à Luigi Onnis, qui a élaboré – notamment pour les troubles psychosomatiques – une nouvelle façon de travailler la temporalité en souffrance des patients et de leurs familles, réinsufflant l'espérance dans le futur de la vie là où cette dernière s'avère menacée ou bloquée. Un tel travail suppose un engagement du thérapeute qui ne vise pas à fuir la souffrance par le biais de recettes techniques, mais accueille les patients dans leur situation éprouvée et, avec eux, sur la base d'une alliance empathique, comprenne et expérimente en quoi leur avenir s'est figé et pourrait se ré-ouvrir.

Les familles d'enfant avec autisme se vivent souvent comme coupées du monde, repliées sur elles. Tout se passe comme si le temps s'était arrêté. La vie entière de la famille semble s'organiser en fonction et autour des troubles d'un de ses enfants, et souvent, la place des frères et sœurs s'en trouve bouleversée. L'enfant avec autisme se développe lui-même en dehors des repères fixés par le temps social, ce qui a fréquemment des répercussions sur la mise en œuvre de sa scolarité. L'auteur, au travers de vignettes cliniques, propose d'exposer les outils qu'elle utilise pour soutenir enfant, parents et fratrie, et permettre leur réinscription dans une temporalité sociale et temporelle.

Cette réflexion s'inscrit entre une pratique professionnelle de psychologue clinicien et une recherche doctorale en psychopathologie sur les deuils familiaux chez des patients dépendants de l'alcool. Nous abordons ici le pathique3 du deuil compliqué à travers le discours et l'histoire de vie d'hommes et de femmes alcooliques rencontrés en cure désintoxication alcoolique. Nos remarques portent sur certaines caractéristiques cliniques et psychopathologiques telles que la présence de l'absent, la situation traumatique de deuil, la dimension transgénérationnelle du deuil, le temps figé du deuil et la capacité d'investir l'être cher mort en nostalgie. Aborder la question du pathique du deuil constitue « un enjeu décisif » pour le patient alcoolique. Une telle rencontre se déploie dans le télescopage de deux temporalités : celle, suspendue, du deuil compliqué à l'origine de conduites d'éthylisation et celle, ramassée, d'un dispositif de soins particulier, celui de la cure de désintoxication. C'est le lien du patient à deux système, familial et soignant, qui s'y trouve engagé.

Aux urgences, la valse du temps se joue sur plusieurs rythmes : temps médical, temps individuel, temps familial, temps institutionnel... Le système patient va se retrouver à la croisée de ces temps.

À travers le vécu de patients souffrant d'un état de stress post-traumatique et en particulier de la thérapie d'un soldat de 27 ans, cet article montre combien le caractère effractant et désorganisant de l'expérience traumatique peut modifier la perception du temps, voire arrêter le temps, en un moment suspendu où la répétition et la reviviscence des événements tiennent lieu de vie. L'approche globale d'une thérapie centrée sur le patient et l'approche systémique qui renforce son entourage proche sont ici développées et illustrées.

Entité tutélaire permettant l'édification des mythes et des rituels d'élaboration du psychisme, la famille, par son organisation et son fonctionnement, est susceptible de favoriser des modalités transactionnelles traumatiques l'affectant comme système. L'observation a porté sur deux cas cliniques. Cet article prend appui sur des entretiens cliniques. Il nous permet d'insister sur le fait qu'au regard de la nature des « percepts » et des contenus du « dasein » attachés au vécu familial, les membres du système familial peuvent être diversement affectés par le traumatisme, souvent associé à des troubles connexes. Dans le contexte des transactions péniblement vécues et particulièrement libidinalisées, l'analyse a mis en évidence une vulnérabilité accrue aux troubles délirants dans un contexte patriarcal très rigide, où les mythes et rituels qui organisent les transactions familiales deviennent pathogènes.

À travers la présentation d'expériences de formation sur trois continents (Afrique, Europe et Orient), l'auteure nous propose d'examiner les métaphores et les sculptures comme outils permettant de créer un temps différent, propice à l'apprentissage et à la découverte de zones inexplorées de l'histoire du stagiaire ainsi qu'à la mise en lien de celle-ci avec sa pratique de thérapeute. En travaillant sur l'image des couples parentaux des stagiaires en formation, ces liens permettent de mettre en lumière leurs fragilités en tant que thérapeute, ce qu'ils ont reçu de leur famille d'origine et le mythe familial. L'auteure repositionne ces notions dans les cultures d'appartenance pour souligner les différences et les similitudes.

Temps de l'animal et temps humain présentent de grandes ressemblances qui sont abordées au regard des périodes de vulnérabilité et du temps de la consultation. C'est la façon dont ce temps peut prendre fin qui marque la plus grande différence.

L'accélération de nos vies quotidiennes, dans un monde hyperconnecté, met notre rythme de vie sous la pression de l'urgence. Le but de cet article est d'explorer le lien entre rythme de vie et rythmes du vivant à la lumière de cette accélération.

Après avoir proposé une définition et présenté un bref historique du concept de l'empathie, l'auteur évoque les apports scientifiques qui actuellement enrichissent le domaine l'empathie : les travaux issus de la psychologie du développement, qui accordent en particulier de l'importance à l'intersubjectivité, et les apports des neurosciences à propos de la fonction des neurones miroirs. Il ressort que l'empathie est une construction relationnelle qui implique une dimension intersubjective avec des bases émotionnelles et affectives (bien avant une base cognitive) s'exprimant au travers de langages implicites et en particulier corporels.Ces caractéristiques relationnelles de l'empathie s'intègrent parfaitement à la psychothérapie systémique relationnelle laquelle reconnaît la pertinence de la relation intersubjective ; de plus, elle accorde une grande importance à l'utilisation thérapeutique des langages analogiques afin de favoriser les échanges émotionnels entre thérapeutes et familles.Nous décrirons un cas clinique où l'activation de l'empathie au sein d'une famille et entre elle et le thérapeute est favorisée par l'usage de la méthode analogique des Sculptures du Temps Familial.En fin de l'article, nous discuterons également des risques de la surévaluation de l'empathie, en particulier lorsqu'elle est considérée comme un facteur qui, en soi, peut produire un changement.