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Revue Sciences Sociales et Santé Mir@bel
Numéro vol. 24, no 2, juin 2006
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La « médecine défensive » : critique d'un concept à succès - Janine Barbot, Emmanuelle Fillion p. 5-33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé. On assiste, depuis plusieurs années, à une montée des débats publics autour de la judiciarisation des soins. De nombreux commentateurs invoquent une « dérive à l'américaine » pour désigner les dangers que cette judiciarisation ferait courir à notre système de santé. Toutefois, les conséquences de l'intervention de la justice sur les pratiques médicales restent très peu explorées par les sciences sociales en France. Cet article a pour objectifs de réinterroger le concept de « médecine défensive » qui irrigue bon nombre de travaux américains portant sur l'impact des procès sur les comportements des médecins et qui rencontre aujourd'hui un certain succès en France, de construire une approche qui permette de dépasser les limites de ces travaux, et de mettre en œuvre une enquête et d'en évaluer les résultats. Cette enquête a été menée sur deux terrains : la clinique de l'hémophilie et de l'anesthésie-réanimation. Au sein de ces univers contrastés, tant par leur taille, leur mode d'exposition aux procès et leur histoire politique, nous analysons les dynamiques par lesquelles les professionnels de santé ont été confrontés aux procès et y ont réagi, à la fois individuellement et collectivement.
    « Defensive medicine »: critique of a successful concept The recent years have seen increased public debate regarding medical malpractice litigation. Many commentators talk about the dangers to our health System of drifting into an American-style of litigation. Consequences of legal intervention on medical practices in France have not been examined yet to any great extent in the field of social sciences. The aims of this article are to re-examine the concept of « defensive medicine », a concept that appears in numerous American works on how litigation affects the behaviour of doctors, and which is now gaining ground in France, to develop an approach that will allow us to take these works a step further, and to analyse the results of our study on the subject. The study has been carried out in two sectors: haemophilia and anaesthesia-intensive care. Within these two areas, which differ in size, exposure to litigation and political history, we analyse the dynamics through which healthcare professionals have been faced with legal action and how they have reacted individually and collectively.
  • Responsabilité médicale : de quoi s'agit-il exactement ? (Commentaire) - Dominique Thouvenin p. 35-42 accès libre
  • Pourquoi et comment en parler ? Dialogue conjugal autour de l'annonce de la séropositivité dans des couples sérodiscordants à Abidjan (Côte d'Ivoire) - Annick Tijou Traoré p. 43-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé. Des femmes abidjanaises séropositives participant à un projet de recherche sur la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant bénéficient d'une prise en charge et d'un suivi médical durant deux ans. Dans ce cadre, elles sont, entre autres, incitées à dialoguer avec leur partenaire sur leur statut VIH+. Mais que signifie dialoguer avec son conjoint ? Le dialogue conjugal est un thème largement mobilisé dans les études sur la gestion du VIH. Pourtant, il est rarement pris en compte comme objet d'étude spécifique par l'anthropologie. Son caractère heuristique apparaît lorsqu'on s'intéresse au dialogue dans ses liens avec la gestion du VIH au sein du couple. Cet article s'attache à comprendre, avec l'expérience de couples sérodiscordants, ce que recouvre le dialogue conjugal à travers l'annonce de la séropositivité au conjoint et son processus de construction.
    Why and how to talk about it? Couple dialogue around HIV-infection disclosure within serodiscordant couples in Abidjan (Ivory Coast) In Abidjan, HIV-infected women participating in a research programme on the prevention of mother-to-child transmission of HIV are provided with medical care and follow-up for a two-year period. In this context, these women are, in particular, encouraged to dialogue with their partner about their HIV status. But what does dialoguing with one's partner mean? Dialogue within a couple is largely discussed within HIV management studies. However, anthropologists have rarely considered this dialogue as a specific research subject. When one takes into aecount how the dialogue can affect HIV management within the couple, its heuristic aspect appears. This article aims at understanding the different dimensions of couple dialogue among serodiscordant couples, and more specifically HIV-infection disclosure to the partner and the process of construction of this dialogue.
  • Le stigmate de la séropositivité dans la vie conjugale des couples sérodiscordants (Commentaire) - Christophe Giraud p. 69-74 accès libre
  • Pourquoi les médecins généralistes n'observent-ils pas les recommandations de bonnes pratiques cliniques ? L'exemple du diabète de type 2 - Janine Bachimont, Joël Cogneau, Alain Letourmy p. 75-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé. En 1999, l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé a élaboré un guide de recommandations de bonnes pratiques cliniques concernant le suivi du diabète de type 2. Depuis cette date, la CNAMTS constate que ces recommandations ne sont pas scrupuleusement suivies par les médecins généralistes. Notre article part de l'interro- gation suivante : pourquoi les médecins généralistes ne respectent-ils pas les recommandations ? Nous montrons que si les médecins ont bien connaissance de leur existence, en revanche ils disent avoir des difficultés à les appliquer scrupuleusement car elles répondent mal à leurs besoins en pratique quotidienne. Les recommandations mettent en avant des actes techniques codifiés, alors que la pratique en médecine générale, dans le suivi global du patient, privilégie la prescription de médicaments et la dimension relationnelle. Par ailleurs, elles ne prennent pas en compte les caractéristiques propres de cette population de patients dans la situation de consultation. Les interactions entre le médecin et le patient sont essentielles, et les médecins sont contraints d'ajuster leurs prescriptions, ce qui induit une hétérogénéité des pratiques.
    Why general practitioners do not respect recommendations for good clinical practices? The case of non insulin dependent diabetes mellitus In 1999, the National Agency for Accreditation and Evaluation in Health (ANAES) produced a set of recommendations for good clinical practices in the follow up of non insulin dependent diabetes mellitus. Since this date, the French national health fund (CNAMTS) observed that these recommendations were not strictly respected by general practitioners. This research tries to explain why general practitioners do not respect the guidelines. The survey shows that doctors do know the recommendations. However they declare to have difficulties to apply them strictly, because guidelines do not meet their needs in daily practice. At first, guidelines are specific, whereas general practitioners' comprehensive approach of patients makes them prescribe preferentially drugs and focus on the quality of the relation with their clients. Secondly, guidelines do not take into considération the personal features of these diabetic patients. The interaction between doctor and patient is determinant, and doctors are obliged to adjust their prescriptions, which induces heterogeneous styles of practice.
  • Les recommandations de bonnes pratiques comme objet heuristique pour la sociologie de la médecine (Commentaire) - Patrick Castel p. 105-112 accès libre
  • Notes de lecture

  • La rédaction a reçu - p. 123 accès libre