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Revue | Revue de l'histoire des religions |
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Numéro | tome 217, n°4, 2000 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Antoine Guillaumont (1915-2000) - Charles Amiel p. 667-668
- Le héros des Alpes (Polybe III, 47, 6-48, 12) : Mercure Alètès - Éric Foulon p. 669-688 Polybe critique les historiens qui, prisonniers de leurs mensonges et de leurs contradictions, représentent Hannibal comme un chef exceptionnel, inimitable, mais entreprenant inconsidérément la traversée des Alpes et ne trouvant son salut que dans l'intervention de quelque héros. La plupart des savants modernes ne se demandent même pas si une divinité spéciale se cache derrière le terme générique de « héros ». Quelques-uns quand même identifient le « héros » à l'Hercule punique. En fait, un réexamen de la question permet de conclure qu'il s'agit du Mercure Alètès punique.The Hero of the Alps (Polybius III, 47, 6-48, 12) : Mercury Aletes Polybius criticizes the historians who, prisoners of their lies and contradictions, represent Hannibal as an exceptional and inimitable chief, but undertaking thoughtlessly to cross the Alps and finding safety in some hero's intervention. Most of modern scholars do not even wonder whether a special divinity is hidden the generic term of « hero » or not. Some of them, nevertheless, identify the hero with the punic Hercules. In fact, by revisiting the question, it is permitted to conclude that the hero is the punic Mercury Aletes.
- Jérusalem ville sainte ? La perspective maïmonidienne - Gad Freudenthal p. 689-705 Dans la philosophie de Maïmonide, le rapport au sacré ne saurait avoir un aspect matériel. Aussi, la notion d'un lieu saint, ou d'une ville sainte, pourtant ancrée dans le judaïsme, semble problématique : Maïmonide s'oppose à des conceptions selon lesquelles certains lieux sont intrinsèquement saints. Pour lui, la sainteté de toute chose est liée à l'observation des commandements divins et la sainteté du Temple de Jérusalem est due au fait qu'il fut construit sur injonction divine. Par ailleurs, Jérusalem a été choisie comme l'emplacement du Temple parce que ce fut le lieu où se sont déroulés des moments privilégiés de contact entre Dieu et l'homme (juif et non-juif).Jerusalem, A Holy Place? Maimonides' Stance. In Maimonides' philosophy, the relationship to the holy is devoid of any material aspect. Therefore, the notion of a holy place, or a holy city, although entrenched in Judaism, seems problematical within the Maimonidean framework. Maimonides rejects frames of thought in which some places rather than others are intrinsically holy. Rather, for Maimonides the holiness of a thing is directly related to the observance of the divine commandments. Specifically, the Temple in Jerusalem is holy by virtue of its having been constructed on divine injunction. Jerusalem has been chosen as the site for the construction of the Temple because at this spot some important moments of communication between God and man (Jewish and non-Jewish) had taken place.
- Le baptême du roi « païen » dans les épopées de la Croisade - John Tolan p. 707-731 Pourquoi les textes médiévaux à propos des croisades présentent-ils les adversaires musulmans comme des païens idolâtres ? Kerbogha, atabeg de Mossoul mis en déroute devant Antioche en juin 1098, devient, chez les chroniqueurs occidentaux, Corbaran, roi païen qui maudit ses idoles quand celles-ci ne lui procurent pas la victoire. La "Chrétienté Corbaran" va plus loin : Corbaran se convertit au christianisme, détruit les idoles qu'il avait adorées et livre bataille contre son suzerain, le « Calife de la Païenté ». À la fin du XIIIe siècle, malgré l'échec de chaque croisade, on rêve encore de convertir un puissant ennemi. L'histoire, semble-t-il, se répète, d'où l'importance de présenter ces ennemis musulmans comme des païens, susceptibles de se convertir à leur tour et - tels de nouveaux Constantins - de venir au secours de la chrétienté.The Baptism of a Pagan King in the Epics of the Crusades Why do medieval crusade epics and chronicles portray Muslim adversaries as pagan idolaters ? Kerbogha, atabeg of Mosul, was routed outside of Antioch in June 1098. Western chroniclers present him as Corbaran, a pagan king who curses his idols for failing to secure victory for him. The "Chrétienté Corbaran" goes further : it has him convert to Christianity, destroy the idols he once worshiped, and fight his former suzerain, the « Caliph of Paganism ». At the end of the thirteenth century, in spite of the failure of the crusades, the anonymous poet dreams of converting a powerful enemy. History, it seems, repeats itself : Muslim rulers are cast in the familiar guise of pagan kings who (as potential new Constantines) might convert and come to the aid of an embattled Christendom.
- Crocodiles et saints du Nil : du talisman au miracle - Catherine Mayeur-Jaouen p. 733-760 Les crocodiles occupent une place singulière dans l'histoire des mentalités en Egypte. Pour expliquer la rareté des crocodiles en Basse-Egypte, voyageurs européens et arabes racontaient, depuis le XIIe siècle au moins, la légende d'un talisman enfoui, lié au passé pharaonique de l'Egypte, qui permettait de neutraliser l'animal redouté. Il s'agissait là de la recréation du groupe, bien connu de l'Egypte ptolémaïque, d'Horus aux crocodiles. Avec le christianisme, puis l'islam, entrèrent en scène les saints égyptiens, souvent dompteurs de crocodiles. Ce miracle vint remplacer, mais jamais absolument, la légende du talisman. Depuis la fin du XIXe siècle, la modernité a eu raison du crocodile, renvoyé désormais au folklore.Crocodiles and Saints of the Nile : From Talisman to Miracle The place of crocodiles in the history of mentalities in Egypt is singular indeed. To explain why crocodiles were so rare in Lower Egypt, European and Arab travellers had, since the twelfth century if not before, evoked the legend of a buried talisman, linking back to the days of the Pharaohs, which favoured the neutralisation of the feared beast. This was clearly recreating Horus with the crocodiles, well-known in Ptolemaic Egypt. With Christianity and then Islam came the era of the Egyptian saints, who were often crocodile tamers. This was a miracle that replaced the legend of the talisman but did not efface it entirely. Since the end of the 19th century, modernity has triumphed over the crocodile, henceforth relegated to folklore.
Comptes rendus
- C. Vielle. Le mytho-cycle héroïque dans l'aire indo-européenne. Correspondances et transformations helléno-aryennes - Bernard Sergent p. 761-765
- Mythes grecs au figuré de l'Antiquité au baroque, sous la direction de S. Georgoudi et J.-P. Vernant - Claudine Leduc p. 765-773
- M. Baumgartner. L'Église en Occident des origines aux réformes du XVIe siècle - Michel Zimmermann p. 773-776
- R. A. Lambin. Le voile des femmes. Un inventaire historique, social et psychologique - Mohammed Hocine Benkheira p. 777-780
- Sanctity and Secularity During the Modernist Period. Six Perspectives on Hagiography Around 1900, édité par L. Barmann et C. J. T. Talar - François Laplanche p. 781-782
- M. Fédou (s.j.), Regards asiatiques sur le Christ - André Padoux p. 782-784
- Livres reçus - p. 785-788