Contenu du sommaire : Religion et éthique dans la pensée de Hermann Cohen
Revue | Revue de l'histoire des religions |
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Numéro | tome 221, n°4, 2004 |
Titre du numéro | Religion et éthique dans la pensée de Hermann Cohen |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Religion et éthique dans la pensée de Hermann Cohen. Note liminaire - Heinz Wismann p. 387-389
- Autour du concept de Noachide : religion et altérité chez Hermann Cohen - Pierre Bouretz p. 391-420 Centrée sur l'élaboration d'un système de la religion à partir des sources du judaïsme, la dernière pensée de Hermann Cohen repose sur le concept de fils de Noé. Avec lui, Cohen réfute la thèse de Spinoza sur la nature politique de la loi juive, montrant que non seulement elle préserve la pureté du monothéisme, mais pose les fondements du droit naturel moderne. Articulant après Maïmonide les notions d'étranger, de résident et de fils de Noé, la "Religion de la raison" construit un lien systématique entre les concept d'autrui et d'humanité universelle. Elle ouvre ainsi l'espace où s'inscriront de manières différentes Franz Rosenzweig, Leo Strauss ou Emmanuel Lévinas.Around the concept of Noachide : Religion and otherness according to Hermann Cohen Focused on the drawing up of a system of religion by the sources of judaism, Cohen's last philosophy is based on the concept of the Sons of Noah. With it, he disproves Spinoza's thesis about Jewish law's political nature. He shows that not only this law preserves the purity of monotheism, but also gives the foundation for modern natural right. Because Cohen, after Maimonides, builts an articulation between the notions of the stranger, the resident alien and the sons of Noah, "Religion of the Reason" promotes a systematic link between the concepts of the other man and the universal humanity. It opens the way for the philosophy of Rosenzweig, Strauss, or Levinas.
- La portée universelle du judaïsme chez Hermann Cohen - Peter A. Schmid p. 421-443 Le lien entre pensée philosophique et pensée juive chez Hermann Cohen se confond avec son concept de raison ou de rationalité. Dès ses premiers travaux, il s'attache à éprouver la dimension universaliste de la tradition juive. Or la rationalité du judaïsme réside, selon lui, dans l'idée d'une morale universelle, qui se manifeste avant tout dans la pensée messianique. Ce lien apparaît le plus clairement dans les écrits qui font converger le judaïsme et la philosophie kantienne dans l'horizon de la raison. Sous l'aspect de la philosophie pratique, cette convergence rejoint le projet politique de l'assimilation du judaïsme et de la culture allemande.The universalistic claim of Judaism in Hermann Cohen The link between philosophical reflexion an Jewish thought in Hermann Cohen is thoroughly determined by his concept of reason or rationality. Since his earlier works Cohen tries to show the universalistic dimension of Jewish tradition. Now the rationality of Judaism lies in its universal morality, which is inherent to the perspective of messianism. This appears clearly in those works where Cohen brings together Judaism and Kantian philosophy with regard to the idea of reason. In the field of practical philosophy such a convergency is part of the political project of assimilation between Judaism and German culture.
- La controverse sur l'antisémitisme : Cohen-Treitschke - Marc de Launay p. 445-458 La controverse sur l'antisémitisme dont, en 1881, l'historien Treitschke fut l'instigateur déclencha une réponse de 75 professeurs de l'Université de Berlin, Juifs et non-Juifs (dont Mommsen), ainsi que celle de H. Cohen. Treitschke mettait en cause la capacité des Juifs à s'assimiler ; on constate que les réponses furent presque unanimes à souligner non seulement que les Juifs étaient capables d'une telle assimilation, mais qu'ils étaient désireux de le faire. Néanmoins, les modalités de l'assimilation ne furent pas comprises de la même manière par tous. Cohen, refusant farouchement l'idée d'une conversion religieuse, situait le débat au plus profond, sans argumenter, comme on aurait pu s'y attendre, sur un plan juridique.The controversy about anti-Semitism : Cohen vs Treitschke The controversy about anti-Semitism of which, in 1881, the historian Treitschke was the instigator, triggered off an answer of seventy five professors at the Berlin University, Jews and non-Jews (including Mommsen), as H. Cohen's one. Treitschke questioned the Jewish hability to assimilate ; it is noted that the answers were almost unanimous in stressing that the Jews, were not only capable but also desirous of such an assimilation. Nevertheless, the modalities of assimilation were not understood in the same way by all of them : so, Cohen, heatedly refuting the idea of a religious conversion, set the debate in the very depths, without using, as it could be expected, juridic argumentation.
- Postface à la conférence sur le shabbat (1881) - Hermann Cohen p. 459-473 Ce texte fait suite à la conférence sur le shabbat, prononcée à Berlin en 1869 par Hermann Cohen, qui avait alors 27 ans. Il fut publié avec cette dernière en 1881 dans la revue "Der Zeitgeist" (Milwaukee), à l'instigation d'un ami de l'auteur, le rabbin Adolf Moses, directeur de ce périodique germano-américain. Cohen y développait l'idée de déplacer le shabbat au dimanche en insistant sur le fait que la signification essentielle du shabbat n'était pas tant à comprendre du point de vue d'un rituel fixé par la tradition talmudique et rabbinique, que plutôt, dans la perspective des lois du Lévitique concernant les esclaves : le shabbat devenait ainsi le symbole d'un judaïsme éclairé et universel, anticipant en quelque sorte sur le socialisme ; Cohen cherchait également une ouverture symbolique qui eût permis un accord avec les protestants tolérants. En 1912, il revint sur la position adoptée dans cette postface en déclarant qu'il ne la faisait plus sienne depuis longtemps. Dans une lettre du 3 mai 1881, il avait écrit : « Cette idée [transposer "le shabbat au dimanche"] n'a que la valeur d'un symptôme, celle d'une voix consciente de ne rencontrer aucun écho. » (N.d.T.)
Note critique
- Sur la « nature véritable » du mythe en Grèce ancienne (Notes critiques)* À propos de : Myth and Symbol I. Symbolic phenomena in ancient Greek culture. Papers from the first international symposium on symbolism at the University of Tromsoe, June 4-7, 1998. Edited by Synnove des Bouvrie, Bergen 2002, 332 p. - Claudine Leduc p. 475-500 Après la rupture épistémologique qu'introduisit la méthode structurale, les spécialistes des études mythiques sont confrontés à une nouvelle question, soulevée en France notamment par les travaux de Marcel Detienne et Claude Calame : le mythe a-t-il un statut ontologique ? Le colloque de Tromsoe "Myth and Symbol I", organisé par S. des Bouvrie, est d'autant plus intéressant qu'il réunit des spécialistes d'obédiences scientifiques traditionnellement opposées, les tenants de l'anthropologie française, plus ou moins marqués par le structuralisme et ses remises en question, et les tenants de l'anthropologie britannique, très dubitatifs vis-à-vis de ces types d'approche. Ces notes de lecture associent à un compte rendu du colloque quelques remarques personnelles sur les rapports qu'entretiennent, dans la Grèce archaïque et classique, ce que, par tradition et par convention, nous appelons mythe, la religion et la poésie.Myth's « veritable nature » in ancient Greece The structural method had introduced an epistemological break in myth studies and now specialists are confronted with a new issue raised in France particularly in the works of Marcel Detienne and Claude Calame : Has myth an ontological status ? The Tromsoe Conference, "Myth and Symbol I", organised by S. des Bouvrie, is all the more interesting as its brings together specialists that are traditionally opposed in their scientific approaches : the exponents of French anthropology, more or less steeped in structuralism and its questionings, and the exponents of British anthropology, who are very critical and doubtful about these types of approach. These reading notes include a review of the Conference as well as a few personal remarks concerning the relationships between what traditionally and conventionally is referred to as myth, religion and poetry in archaic and classical Greece.
- Sur la « nature véritable » du mythe en Grèce ancienne (Notes critiques)* À propos de : Myth and Symbol I. Symbolic phenomena in ancient Greek culture. Papers from the first international symposium on symbolism at the University of Tromsoe, June 4-7, 1998. Edited by Synnove des Bouvrie, Bergen 2002, 332 p. - Claudine Leduc p. 475-500