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Revue Le Moyen Age Mir@bel
Numéro tome 109, no 3, 2003
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Enjeux d'un travail de réécriture : les incipits du Pèlerinage de Vie humaine de Guillaume de Digulleville et leurs remaniements ultérieurs - Fabienne Pomel p. 457-471 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Guillaume de Digulleville (1355), le clerc d'Angers (mise en prose en 1465) puis le moine de Clairvaux (remaniement en vers, vers 1500) réécrivent tour à tour le Pèlerinage de Vie humaine. Les incipits permettent d'analyser notamment le mode de transmission et de représentation du texte. Si l'auto-réécriture apparaît comme reniement et rachat, les réécritures ultérieures tentent de réactualiser le texte ou inversement de le rétablir dans son état d'origine. L'élimination du dispositif oral chez Guillaume témoigne du passage à une réception individuelle et silencieuse qui favorise une lecture fragmentée. Sa réécriture repose sur un réemploi partiel de la première version, tandis que le passage du vers à la prose consacre un travail syntaxique et lexical. La position du moine de Clairvaux est intéressante en ce qu'elle défend le texte en vers contre la prose « dépravée » et la seconde version contre la première.
    Guillaume de Digulleville (1355), the Angers cleric (who rewrote the work in prose in 1465), and the Clairvaux monk (who revised it in verse around 1500) both rewrote the P?lerinage de Vie Humaine. The incipits enable us to analyze the way the text was transmitted and represented. While self-rewriting seems to be a disavowal or a form of redemption, later rewritings attempt either to update the text or to restore it to its original state. The removal of the oral aspect in Guillaume's version indicates a move toward an individualized and silent reception, which promotes a fragmented way of reading. His rewriting makes partial re-use of the first version, while the shift from verse to prose involves lexical and syntactical work. The Clairvaux monk's position is interesting in that he defends the text in verse against the "depraved" prose, and thus the first version as opposed to the second.
  • Barbarie et hérésie dans l'œuvre de saint Ambroise de Milan (374-397) - Catherine Lheureux-Godbille p. 473-492 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Ambroise, haut fonctionnaire devenu évêque de Milan en 374, a vécu à une époque charnière dans l'histoire de l'Empire chrétien : dans le contexte troublé des premières invasions germaniques et de la catastrophique bataille d'Andrinople, Ambroise, qui était l'évêque d'une des plus importantes cités de l'Empire, a joué un rôle prépondérant dans la reconquête nicéenne de l'Occident et dans la transformation de la politique religieuse de l'empereur, de la tolérance en vigueur sous Valentinien Ier et Gratien à l'interdiction stricte des cultes païens et à l'imposition d'un catholicisme d'État sous Théodose. Ce sont ces processus d'influence et de lutte entre les différents partis religieux et l'utilisation par les uns et les autres de l'actualité politique et militaire qu'il est possible de suivre à travers les œuvres d'Ambroise de Milan, patriote romain et chrétien militant.
    Ambrosius, a senior civil servant who became bishop of Milan in 374, lived in a transitional age in the history of the Christian Empire : in the disturbed context of the first Germanic invasions and of the disastrous battle at Andrinopolis, Ambrosius, who was the bishop of one of the most important cities in the Empire, played a major part in imposing the Nicean creed on the West and transforming the emperor's religious policy, from a position of tolerance as under Valentinian I and Gratian to a strict prohibition of pagan cults and the enforcement of state Catholicism under Theodosius. Thanks to the works of Ambrosius of Milan, Roman patriot and Christian activist, we can trace such power struggles between various religious factions as well as how these tried to use the military and political situation to their benefits.
  • Paysage imaginaire et spatialisation du bonheur chez Walther Von der Vogelweide - Claire Rozier p. 493-528 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans l'œuvre lyrique du « Minnesänger » allemand Walther von der Vogelweide (fin XIIe, début XIIIe siècle), le paysage apparaît en tant que représentation, une représentation véhiculée certes par la tradition, mais réinterprétée par le poète au fil de son œuvre sous des formes multiples et revêtues de fonctions et de sens différents. Le premier point à souligner est qu'en aucun cas ces représentations ne correspondent à une description de la réalité. Mis à part un poème, où le poète est campé face à la nature comme s'il figurait sur un tableau et se livre, à l'occasion de la contemplation de ce qu'il voit, à la méditation philosophique, l'œuvre n'atteste aucun poème où l'évocation du paysage ne soit pas celle d'un paysage imaginaire ou emblématique. Ainsi la notion de « paysage » est-elle rattachée au bonheur et au malheur, révélés tour à tour par des lexèmes, des images, des comparaisons et des métaphores qui se font l'instrument d'un idiolecte parfois ludique et souvent révélateur. La révélation consiste en l'occurrence en une opposition entre verticalité et horizontalité vues à travers le prisme des valeurs prônées par le poète. Sont évoqués des moments heureux, vécus dans la lumière de l'extase amoureuse et analogues, parfois, à des paradis artificiels ou encore des moments de malheur, à travers de sombres accents d'effacement et de mort.
    In the lyrical work of the German Minnesänger Walther von der Vogelweide (late 12th, early 13th century), landscape functions as a representation, which may be inscribed in a long-standing tradition but is re-interpreted by the poet and given a variety of functions and meanings. In no way do these representations describe reality. Save in one poem where the poet stands before nature as he would before a painting, and engages in philosophical speculation as he beholds the scenery, his work features no instance of anything but an imaginary or symbolic landscape. Thus the very idea of a landscape is linked to either bliss or woe, as they are disclosed by lexemes, imagery, comparisons and metaphors, all implements of an idiolect which is at times playful and often revealing. Revelation should be read as an opposition between vertical and horizontal themes, as seen through the prism of the virtues extolled by the poet. Blissful times are conjured up, swathed in the light of ecstatic love, at times reminiscent of an artificial paradise, or woeful days captured in bleak tones of demise and death.
  • La description de l'Égypte au XIVe siècle par les pèlerins et les voyageurs occidentaux - Aryeh Graboïs p. 529-543 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les pèlerins occidentaux qui ont visite l'Égypte au XIVe siècle dans le cadre de leur pèlerinage en Terre sainte, ont consigne leurs impressions de ce pays exotique, frappés par ses caractères physiques, par sa flore et sa faune comme par ses habitants et leurs mœurs. Tout en soulignant l'importance des traditions paléochrétiennes dans les environs du Caire, tel le séjour de la Sainte Famille à Babylone-Fustat, concrétisé par les anciennes églises, réputées, tout comme les sites du lieu et le miraculeux jardin de la Meterie, ils ont décrit d'une manière assez réaliste le pays du Nil et ses conditions. Outre certaines vues fantaisistes, telles des pyramides considérées comme les « greniers de Joseph », leurs descriptions proposent un tableau assez précis du pays, de sa société et du gouvernement mameluk.
    "Some of the Western pilgrims who visited Egypt in the fourteenth century on their pilgrimage to the Holy Land wrote down their impressions of this exotic place; they were struck by its physical features, its flora and fauna, as well as by its inhabitants and the way they lived. While underlining the significance of paleochristian traditions around Cairo, such as the Holy Family's stay at Babylone-Fustat, which are supported by the concrete evidence of famous ancient churches and other various sites, among which the miraculous garden of Meterie, they provide a fairly realistic description of the Nile country and its circumstances. Apart from some fanciful opinions, such as the idea that the pyramids were Joseph's granaries, their descriptions provide a rather accurate portrait of the country, its society, and the Mameluk government."
  • « Pour sa gloire et sa postérité ». Remarques sur la souveraineté princière dans l'Italie du XVe siècle - Laurent Bolard p. 545-561 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans leur quête du prince idéal que le duc d'Urbino, Federico di Montefeltro, incarna sans doute plus que tout autre, les penseurs italiens du XVe siècle forgèrent l'image d'un prince à la fois homme de guerre et homme de lettres, celles-ci, s'épanouissant dans la paix, devant l'emporter sur celle-là. Mais au-delà de cet idéal, l'instabilité que connut l'Italie dans ce siècle exigeait de la part de ces princes un surcroît de légitimité qui selon les situations politiques s'appuyait soit sur la vertu, soit sur le lignage. Fait nouveau, les souverains firent désormais appel aux œuvres d'art pour asseoir et illustrer tant cette légitimité que leur rêve d'idéal, comme pour construire leur mythe. Les peintures et plus encore l'architecture y contribuèrent largement. Ce mécénat, éminemment politique sinon de propagande, apparaît comme le signe tangible d'une évolution politique qui, tout en accordant à l'art une place prééminente, l'assujettit de plus en plus au pouvoir.
    In their quest for an ideal prince–probably embodied by the Duke of Urbino, Federico di Montefeltro, more than any other–fifteenth-century Italian thinkers fashioned the image of a prince who would be both a man of war and a man of letters. They favored the latter, which required peace in order to thrive. But beyond this ideal, the instability experienced in Italy during the century required that the princes have greater legitimacy, which, depending on the political context, relied on virtue or on lineage. A new development led to these princes using works of art (painting, and architecture even more) to buttress and illustrate both their legitimacy and their ideal, as though they were constructing their own myths. This highly political patronage, verging on propaganda, was the tangible sign of a political evolution, which, as it gave art greater status, also enforced political control over it.
  • Une réussite : les moines du Der, 673-1790 - p. 563-566 accès libre
  • Autour du Roman de Thèbes. À propos de quelques ouvrages récents - Aimé Petit p. 567-574 accès libre
  • Milan, ville exceptionnelle au XIIIe siècle ? À propos d'un ouvrage récent - Pierre Racine p. 575-582 accès libre
  • Comptes rendus - p. 603-691 accès libre