Contenu du sommaire : Quand les Sud investissent dans les sud

Revue Autrepart Mir@bel
Numéro no 76, 2015
Titre du numéro Quand les Sud investissent dans les sud
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Quand les entreprises du Sud investissent au Sud : un basculement aux contours encore indistincts - Géraud Magrin, Évelyne Mesclier, Alain Piveteau p. 3-28 accès libre
  • Les investissements arabes du Golfe au Maghreb et au Moyen-Orient, vecteurs d'une intégration régionale ? - Armelle Choplin, Leïla Vignal p. 29-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article interroge l'impact des investissements directs des pays du Golfe sur le processus d'intégration régionale au Maghreb et au Moyen-Orient. La plupart des pays arabes du sud de la Méditerranée ont engagé des politiques d'ouverture et de libéralisation économiques et d'attraction des IDE depuis les années 1990. Pendant cette période, les investissements directs des pays du Golfe dans cette région ont connu une forte croissance. Nous postulons que ces IDE participent de formes de régionalisation d'une partie de l'économie du Golfe, et sont vecteurs de formes nouvelles d'intégration régionale. Notre analyse repose sur un travail de traitements de données statistiques, effectués à partir de la base de données Anima, conjuguées à un travail plus qualitatif de recueil d'informations sur le terrain. L'hypothèse sera discutée en présentant le tropisme du Golfe pour les investissements Sud-Sud au Maghreb et au Machrek, puis en rendant compte des évolutions qui font des pays arabes récipiendaires un nouveau front pionnier pour les investissements des groupes du Golfe. En analysant les principaux types d'investissement, les secteurs visés et acteurs concernés, nous conclurons sur les modalités spécifiques que prend l'externalisation d'une partie de l'économie du Golfe, qui tend à dessiner une nouvelle géographie régionale discontinue et spatialement sélective.
    Arab investment from the Gulf countries in Maghreb and the Middle East, vectors of regional integration ?
    This article aims at analysing the impact of foreign direct investment from the Gulf countries in the Middle East and North Africa on regionalisation. Most Arab countries on the South of the Mediterranean engaged in market opening and economic liberalisation policies in the 1990s. Meanwhile, direct investment from the Gulf countries in the region grew strongly. We argue that FDI are a form of regionalisation of the Gulf economy and are important vectors of new forms of regional integration. We combine a quantitative analysis of Anima Investment network database on FDI in the southern Mediterranean and a qualitative approach based on fieldwork. We then discuss the tropism of the Gulf for South-South investment in Maghreb and Machreq, and the changes turning the recipient Arab countries into a new pioneer front for the investments of groups from the Gulf. Focusing on investment projects, sectors, and stakeholders, we conclude on the specific modalities of outsourcing of part of the Gulf's economy, which draw a new discontinuous and spatially selective regional geography.
  • South Africa in African agriculture : Investment models and their dynamics towards a structured conquest - Ward Anseeuw, Mathieu Boche p. 49-66 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le capital agraire et entrepreneurial de l'Afrique du Sud investit aujourd'hui dans l'agriculture de 28 pays africains, à travers les exportations de ses agriculteurs, son agroindustrie en amont et en aval, et son expertise technique et de gestion. Ces investissements sont souvent soutenus par le gouvernement sud-africain, à travers des traités bilatéraux d'investissement et des accords commerciaux préférentiels. Cet article présente, sur la base d'un travail empirique approfondi, différents modèles selon lesquels l'Afrique du Sud est en train de conquérir le secteur agricole sur le continent, faisant valoir qu'il n'y a pas de « modèle sud-africain unique ». Il évalue également la dynamique et l'évolution de ces investissements, en précisant le nombre élevé des échecs, leur besoin de s'intégrer verticalement et la manière dont une dynamique plus organisée se structure actuellement. Bien qu'il semble que la présence sud-africaine sur le continent soit là pour durer, l'article remet en question ses implications réelles globales pour la transformation agraire de l'Afrique.
    South Africa's agrarian and corporate capital presently invest in agriculture in 28 African countries, through the export of its farmers, upstream and downstream agribusiness, and technical and managerial expertise. These investments are often supported by the South African government, through bilateral investment treaties and preferential trade agreements. Based on extensive empirical work, the paper presents different models according to which South Africa is conquering the agricultural sector on the continent, arguing that there is no “single South African model”. It also assesses the dynamics and evolution of these investments, detailing their high number of failures, their need to integrate vertically and how a more organised momentum is presently structuring. Although it seems that South African presence on the continent is there to endure, the paper questions its broad and effective implications for Africa's agrarian transformation.
  • L'agriculture uruguayenne face aux investisseurs sud-américains - Alejandro Saravia, Martine Guibert, Pedro Arbeletche, Maëlle Gédouin, Luc Capdevila, Hermes Morales, Jean-François Tourrand p. 67-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis le début du troisième millénaire, l'Uruguay connaît un développement soutenu des investissements sud-américains aussi bien dans la production agricole que dans la transformation agroalimentaire. Les facteurs de l'installation de ces acteurs venus, principalement, d'Argentine et du Brésil sont analysés ainsi que les impacts, marquants, sur l'utilisation du sol, l'organisation des filières, les structures de production, la gouvernance de l'agriculture et la société rurale dans son ensemble.
    The Uruguayan agriculture and South-American investment
    Since the beginning of the millennium, Uruguay has seen steady growth in South-American in investments both in agricultural production and food processing. This article analyzes the reasons for the installation of actors from neighboring countries (especially Argentina and Brazil). It also analyses its main impacts on land use, supply chains, farm management, agricultural governance and on rural society as a whole.
  • Les interventions chinoises en Côte d'Ivoire : aide, investissements et migrants-investisseurs - Xavier Auregan p. 89-108 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir d'une étude de cas en Côte d'Ivoire, cet article décrit et analyse les flux et stocks d'aide et d'investissements chinois en Afrique. De la reconnaissance bilatérale de 1983 jusqu'à fin 2014, les relations sino-ivoiriennes se sont développées, faisant de la Chine l'un des plus importants bailleurs et investisseurs de la Côte d'Ivoire, et de l'État chinois un acteur central, sinon exclusif, de cette relation. À Abidjan, la capitale économique ivoirienne, les migrants ressortissants chinois investissent à titre privé.
    Aid, investment and migrant-investors : Chinese involvement in Ivory Coast
    This paper describes and analyses Chinese involvement in Africa through a case study of aid and direct investment flows and stocks in Ivory Coast. Between the bilateral recognition in 1983 and the end of 2014, the relations between the two countries have developed. In the process, China has become one of the most important donors and investors in Ivory Coast, and the Chinese State a central, though nonexclusive, actor of the relationship. In Abidjan, the economic capital of Ivory Coast, Chinese migrant residents invest privately.
  • Coopération et investissement brésiliens au Mozambique : une complémentarité contestée - Isabela Nogueira, Ossi Ollinaho p. 109-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Tandis qu'il devenait le plus grand investisseur étranger au Mozambique, le Brésil a établi ces dernières années plusieurs programmes de développement sous l'égide de la coopération Sud-Sud. L'objectif de cet article est d'exposer, de manière empirique, la complémentarité entre la coopération brésilienne au développement et ses investissements privés dans les secteurs de l'exploitation minière, de l'agriculture et des infrastructures dans le couloir de Nacala dans le nord du Mozambique. L'auteur soutient que des programmes tels que ProSAVANA, conçus pour faciliter les investissements des entreprises en offrant une base technologique et institutionnelle, sont marqués par une approche libérale du développement, approche qui a tendance à renforcer le modèle de croissance extractiviste de l'économie mozambicaine. La société civile du Mozambique et du Brésil s'est opposée à une telle approche et fait pression pour établir une appropriation démocratique d'initiatives de développement.
    Brazilian cooperation and investments in Mozambique : a contested complementarity
    While it became the largest foreign investor in Mozambique, Brazil disseminated several development programs under the umbrella of South-South cooperation in recent years. The objective of this article is to empirically expose the intersections that are taking place between Brazilian development cooperation and its corporate investments in the mining, infrastructure and agricultural sectors in the Nacala Corridor, Northern Mozambique. The author argues that programs like ProSAVANA, designed to offer the technological and institutional basis to facilitate corporate investments, are marked by a liberal modernisation approach to development that tends to reinforce the extractivist growth pattern of Mozambican economy. Civil society from both Mozambique and Brazil has opposed to this approach, and has been pressuring for a democratic appropriation of development initiatives.
  • Bajaj en Égypte ou la diffusion discrète de l'autorickshaw en Afrique - Yann Philippe Tastevin p. 127-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Moyen de transport populaire en Inde, le rickshaw à moteur part, au tournant du xxi e siècle, à la conquête du monde. En Égypte, le succès commercial de la technologie indienne montre de manière exemplaire comment à l'axe nord-sud des importations s'ajoutent des flux d'investissement et de technologie entre l'Inde et le continent africain, à l'insu des constructeurs qui dominent la filière automobile. Partant de l'exemple de Bajaj, leader indien aujourd'hui de taille mondiale sur le marché des deux et trois roues, nous proposons d'explorer dans une perspective ethnographique une configuration qui, entre Inde et Égypte, inclut à la fois des individus et des dispositifs industriels. De l'importation à la distribution du véhicule, de l'échange rentable de pièces détachées à sa mécanique, de la filière égyptienne à son extension en Afrique, il s'agira d'analyser les pratiques et la stratégie d'une firme du Sud en voie de multinationalisation.
    Bajaj in Egypt or thee discreet propagation of autorickshaw in Africa
    Popular means of transportation in India, autorickshaw has undertaken, at the turn of the xxi
    st century, to conquer the world. In Egypt, the commercial success of the Indian technology shows in an exemplary way how investment and technology flows between India and Africa take place, in addition to the North-South flows of imports, ignored by the manufacturers dominating the automobile sector. Based on the case of Bajaj, Indian leader of world dimension on the two- and three-wheelers markets, we explore in an ethnographic perspective a configuration which, between India and Egypt, includes both individuals and industrial systems. From the importation to the retailing of the vehicle and the profitable exchange of some of its spare parts, from Egypt to the rest of Africa, this paper aims at analysing the strategy and practices of an enterprise from the South that is becoming multinational.
  • L'Argentine à la croisée des investissements énergétiques et miniers Sud-Sud - Marie Forget, Silvina Carrizo p. 147-159 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir des années 1990, des entreprises originaires d'Amérique du Sud – Argentine, Brésil et Chili en particulier – ont multiplié et diversifié leurs investissements et leurs alliances dans la région. Les réformes politico-économiques ont ouvert les frontières de pays jusque là plus rivaux que complémentaires, générant de nouvelles possibilités de développement des marchés régionaux. Parmi les principales entreprises internationalisées figurent celles qui exploitent les ressources naturelles nombreuses, principalement les énergies et les minéraux. Certaines de ces entreprises sont publiques, d'autres mixtes ou privées, d'autres encore sont d'anciennes entreprises publiques privatisées. Leurs investissements s'appuient sur les institutions régionales et sur les gouvernements. Dans un rapport de dépendance mutuelle, les entreprises et les États développent le secteur de l'énergie et les grandes infrastructures, facteurs clés d'une cohésion socio-économique et territoriale qui se dessine progressivement à l'échelle régionale.
    Argentina at the crossroads of energy and mining investment
    Since the 1990s, companies from South America companies –Argentina, Brazil and Chile in particular – have multiplied and diversified their investments and alliances in the region. Political and economic reforms have opened the borders have opened of countries more rival than complementaries, generating new opportunities to develop regional markets. Among the major internationalized firms, many exploit natural resources – especially minerals and energy. Some of these companies are public, others mixed or private, while others yet are privatized former state enterprises. Their investments rely on regional institutions and Governments. Through mutual dependence, companies and governments develop the energy sector and large infrastructure, key factors for the socioeconomic and territorial cohesion that emerges at the regional scale.
  • Les acteurs touristiques mauriciens à la conquête de nouveaux Suds - Hélène Pébarthe-Désiré p. 161-181 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Des pays émergents de dimension modeste peuvent appuyer leur développement sur le tourisme en se tournant vers les autres Suds, tout en restant fortement liés à un Nord. C'est ce que montre l'exemple du secteur touristique mauricien. L'île Maurice, indépendante depuis 1968, a évolué par l'extraversion tout en garantissant aux acteurs mauriciens une place importante dans la diversification économique, notamment dans le tourisme, qui est devenu l'élément clé d'une économie qui développe de manière croissante les activités tertiaires. Reposant sur les acteurs locaux, le développement de l'île est endogène grâce à la coopération dans la durée entre État et opérateurs privés. L'île a su aussi accueillir les investisseurs touristiques étrangers – européens et de la région d'abord, puis asiatiques et américains – et exporter, par ses groupes hôteliers, des capitaux et du savoir-faire dans les îles de sa région. Il apparaît que l'ouverture associée à un développement endogène constitue une solution probante pour un petit pays du sud dans le contexte actuel. La mondialisation du tourisme s'accompagne d'une concentration des acteurs du secteur et d'un déplacement du centre de gravité touristique mondial vers l'Asie. C'est un défi à relever pour le modèle mauricien.
    Mauritian tourism stakeholders to the conquest of the global South
    Small emerging countries can rely on tourism for their development and turn to other developing countries while remaining strongly related to a developed country. This is the case of Mauritius.
    Independent since 1968, the island has taken an extroverted development path while ensuring that local actors played major role in economic diversification, particularly in tourism. The sector has become the key element of an economy that evolves towards tertiary activities. Relying on local actors, development in Mauritius is endogenous thanks to a continuous cooperation between the state and private operators. The country has also welcomed foreign investors in tourism – European and from the region in the beginning, Asian and American later – while Mauritian hotel groups exported their capital and expertise to the islands of the region. It appears that the opening, associated with an endogenous development, is an appropriate solution for a small country in the current context. The globalisation of tourism is accompanied by a concentration of the actors in the sector and moves global tourism's centre of gravity towards Asia. This is a challenge for the Mauritian model.