Contenu du sommaire : Phonologie du français contemporain : usages, variations, structures

Revue Langue française Mir@bel
Numéro no 169, mars 2011
Titre du numéro Phonologie du français contemporain : usages, variations, structures
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La phonologie du français et les corpus - Bernard Laks p. 3-17 accès libre
  • Le conditionnement lexical de l'élision des liquides en contexte post-consonantique final - Elissa Pustka p. 19-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article expose, s'appuyant sur une base empirique large (33 heures de corpus PFC), à quel point le comportement des liquides post-consonantiques finales est conditionné par le lexique, et cela de manière comparable dans des variétés régionales très différentes (français méridional, antillais et parisien). Le taux d'élision de la liquide est, en effet, minimal dans le cas de entre, autour de la moyenne pour être, notre et autre(s), et maximal pour par exemple, peut-être et par contre. Cela s'explique non par la fréquence de ces mots dans la parole, comme des études antérieures le suggèrent, mais par la fréquence d'apparition du mot en question dans les différents contextes prosodiques, qui, eux, sont liés à des facteurs morphosyntaxiques : plus un mot se trouve dans un contexte de forte cohésion morphosyntaxique et prosodique, plus la liquide sera maintenue – et l'inverse.
    Lexical conditioning of liquid deletion in post-consonantal wordfinal context. The paper investigates, on the basis of a large empirical data set (33 hours from the PFC corpus), to what extent the behavior of postconsonantal final liquids is conditioned by the lexicon, in a comparable manner for very different regional varieties (Southern, Antillean and Parisian French). Results show that the elision rate of the liquid is minimal in the case of entre, approximately average for être, notre and autre(s) and maximal for par exemple, peut-être and par contre. This cannot be explained by the frequency of these words in the usage, as suggested by previous studies, but by the frequency of occurrence of the word in question in the different prosodic contexts, which, on their part, are closely tied to morphosyntactic factors : the more a word appears in a context of strong morphosyntactic and prosodic cohesion, the more the liquid will be maintained –and the opposite.
  • Ch(e) va : Schwa français en syllabe initiale - Twan Geerts p. 39-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article, partant d'une nouvelle définition du schwa en français, propose d'abord un aperçu des analyses existantes des alternances schwa/zéro en syllabe initiale de mot et de phrase. Ces données sont ensuite comparées à celles du corpus Phonologie du Français Contemporain (PFC), plus particulièrement à celles des points d'enquête de Brécey, Brunoy, Dijon, Paris Centre et Treize-Vents. Parmi les différents facteurs évoqués par les analyses précédentes, ce n'est pas tant le statut morphologique que la possibilité de réaliser les consonnes avoisinantes qui détermine l'effacement du e muet. Par contre, l'effet de cette contrainte est difficilement perceptible à cause de la variation libre à laquelle est sujet le schwa dans cette position.
    Ch(e) va : French Schwa in the Initial Syllable. This paper, departing from a new definition of French schwa, first discusses existing analyses of schwa/zero alternations in word and phrase initial syllables. These are then confronted with the corpus Phonologie du Français Contemporain (PFC), particularly with the points d'enquête Brécey, Brunoy, Dijon, Paris Centre and Treize-Vents. Among the various factors mentioned in earlier analyses, it is not the morphological status but rather the possibility of realizing the surrounding consonants that determines deletion of mute e. On the other hand, the effect of this constraint is hard to perceive because of the free variation that influences schwa in this position.
  • La recherche de régularités distributionnelles pour la catégorisation du schwa en français - Helene N. Andreassen p. 55-78 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Malgré un accord prévalent dans la littérature sur l'autonomie du schwa, nous envisagerons ici, en fonction de trois types de données, une analyse plus minimaliste avec le schwa comme variante du /œ/. Des données tirées de jugements montrent des tendances distributionnelles avant tout au niveau de la structure morphologique, renforcées par des données de production. Cependant, suite à l'examen du langage adressé à l'enfant – avec un taux d'absence du schwa légèrement différent – nous proposerons que la distribution à laquelle est exposé l'enfant n'est pas identique à celle de la langue cible adulte, ce qui pourrait avoir des implications pour la catégorisation du schwa.
    The search for distributional regularities for the categorisation of schwa in French. Despite the general consensus on the autonomy of schwa, we discuss, in light of three types of data, a more minimalist analysis with schwa as a variant of /œ/. Judgment data reveal distributional tendencies in particular with regard to morphological structure, further strengthened by production data. However, based on a study of child-directed speech –with a slightly different rate of schwa absence– we propose that the distribution to which the child is exposed is not identical to the one in the adult target language, which could have implications for the categorisation of schwa.
  • La liaison en français et la théorie de l'optimalité - Julien Eychenne p. 79-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article offre une analyse non représentationnelle de la liaison en français dans le cadre de la théorie de l'optimalité, un cadre grammatical utilisant des contraintes. Nous proposons que les consonnes de liaison soient traitées comme des consonnes à exponence morphologique spécifique qui sont ciblées par des contraintes lexicales co-indexées. Cette analyse offre une synthèse des approches qui ont été proposées jusqu'alors en reconnaissant le statut exceptionnel et idiosyncrasique des consonnes de liaison sans recourir à la problématique notion de flottance. Nous exploitons également un corpus de sept enquêtes issues du projet PFC : nous montrons l'importance relative de la taille du mot, sa catégorie grammaticale, sa fréquence, l'âge des locuteurs et le registre dans la réalisation de la liaison.
    French Liaison and Optimality Theory. This paper offers a non-representational analysis of French liaison within the framework of Optimality Theory. It is claimed that liaison consonants should be represented in the lexicon as consonants whose morphological exponence is specific. These consonants are targeted by co-indexed lexical constraints. This analysis captures the exceptional status of liaison consonants without making use of the problematic notion of ‘floating consonant'. This analysis is supported by a corpus of 7 surveys from the PFC programme : the relative influence of word size, part-of-speech, frequency, age and register in the realization of liaison is discussed and illustrated.
  • Que savons-nous de la liaison aujourd'hui ? - Jacques Durand, Bernard Laks, Basilio Calderone, Atanas Tchobanov p. 103-135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La thèse doctorale de Sanford Schane (1965) a lancé une longue tradition de travaux où la liaison est envisagée premièrement comme une question essentiellement phonologique, deuxièmement comme le résultat passif du non effacement de segments sous-jacents, troisièmement comme facilement explicable si on a recours aux outils théoriques pertinents (traits, frontières, règles ou contraintes, par exemple). Dans cet article, nous présentons une autre méthodologie pour étudier la liaison fondée sur le programme PFC (Phonologie du Français Contemporain : usages, variétés et structures). Nous soutenons qu'une base empirique plus adéquate fournit une image différente de la liaison comme un phénomène multi-factoriel et multi-niveaux largement influencé par des effets de fréquence. Nous présentons un ensemble de résultats allant de l'enchaînement au rôle de l'âge, du niveau d'études, du sexe ou de la localisation géographique.
    What do we know about French liaison today ? Sanford Schane's 1965 thesis inaugurated a long tradition of work wherein liaison is envisaged firstly as an essentially phonological question, secondly as the passive result of the non deletion of underlying segments, thirdly as easily explicable if the right theoretical tools are used (be they distinctive features, boundaries, rules or constraints). In this article, we present an alternative methodology for the study of liaison followed within the PFC programme (Phonologie du Français Contemporain : usages, variétés et structure). We argue that a better empirical basis yields a different picture of liaison as a multifactorial and multilevel phenomenon highly sensitive to frequency effects. We present a number of results ranging from “enchaînement” to the influence of sociostylistic factors such as age, education, gender or geographical location.
  • Schwa et position initiale revisités : l'éclairage de la prosodie en phonologie du français contemporain - Anne Lacheret, Chantal Lyche, Atanas Tchobanov p. 137-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Selon l'hypothèse qui sous-tend notre travail, une perspective lexicaliste est largement insuffisante pour modéliser la variation du schwa en position initiale, celle-ci relevant tout autant de contraintes postlexicales, intonosyntaxiques, voire discursives. Nous abordons la variabilité du schwa sous l'angle fonctionnel et proposons qu'un schwa maintenu dans un site potentiel de chute remplira la même fonction que l'accent : une syllabe avec schwa sera perçue comme proéminente dans le discours, elle émergera comme une figure sur un fond. Il s'ensuit que, toute chose égale par ailleurs, le schwa se maintient lorsqu'il contribue à des marquages linguistiques spécifiques, mais également informationnels et discursifs. À partir d'un codage prosodique et de requêtes croisées, nous analysons quatre points d'enquête de la base PFC (Phonologie du Français Contemporain, http://www.projet-pfc.net/) qui confirment nos hypothèses de départ tout en nous invitant à les préciser.
    Schwa and initial position revisited in Contemporary French : the lighting of prosody. The main hypothesis underlying this paper contends that a pure lexical perspective fails to properly model schwa variation in initial position, that schwa variation must be considered in a postlexical, intonosyntactic or discursive perspective. We propose a functional approach to schwa variation and more specifically, we claim that a schwa maintained in a potential deletion site fulfills the same function as stress : a syllable with schwa is perceived as prominent in the discourse, its presence singles out the schwa bearing syllable. That syllable then appears as a figure emerging from its background. It follows that schwa is maintained when it contributes not only to linguistic, but also to informational and discursive markings. On the basis of a specific prosodic coding and cross-searches, we analyze four survey points of the PFC database. This analysis corroborates our first hypotheses while requiring a few adjustments.