Contenu du sommaire : Les conduites de consommation à l'adolescence
Revue | Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions |
---|---|
Numéro | vol. 11, 2005/3-4 |
Titre du numéro | Les conduites de consommation à l'adolescence |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Les conduites de consommation à l'adolescence - Michel Hautefeuille p. 5-8
Dossier thématique
- Adolescence et dépendance - Philippe Jeammet p. 9-30 L'accroissement actuel des états-limites, des pathologies narcissiques et des troubles du comportement à l'adolescence reflète des formes nouvelles d'expression d'organisations psychiques. Parce qu'elle est une période charnière, l'adolescence remet en cause le rapport narcissisme-relation objectale, dépendance-autonomie. Il y a de ce fait une fragilisation du monde psychique interne. Le rapport à la réalité externe s'en trouve modifié. On peut regarder d'un point de vue psychopathologique l'ensemble des troubles de l'adolescence sous l'angle de l'aménagement de la dépendance. Cette perspective n'est pas exclusive des autres approches psychopathologiques. La question de la maîtrise du lien et du contrôle de la distance aux objets y est centrale. La crainte majeure du moi adolescent est celle de la perte de ce contrôle et de la confrontation aux désirs passifs.There seems to be an increase in borderline cases, narcissistic personalities and behavioural disorders in adolescents. This reflects new aspects of psychopathology. Because it is a period of transition, adolescence puts into question the link between narcissism and objective relations, between dependence and autonomy. This creates a fragilisation of the psyche. Therefore the relation with the external reality is modified. All disorders during adolescence can thus be viewed from a psychopathological point of view as ways of re-organising this dependence. This point of view does not exclude other psychological approaches. Such issues as the link to, and the distance from, objects are primordial here. The main fear of the adolescent self is of losing control and facing passive desires.
- Les usages de produits psychoactifs des étudiants - François Beck, Stéphane Legleye, Philippe Guilbert, Patrick Peretti-Watel p. 31-51 En France, les usages de substances psychoactives des adolescents sont de mieux en mieux décrits par les enquêtes épidémiologiques, mais ceux des jeunes adultes restent relativement mal connus. À partir d'une enquête téléphonique en population générale (Baromètre Santé 2000), cet article explore ces usages parmi les étudiants âgés de 18 à 25 ans (n=580) et les compare à ceux des jeunes du même âge sortis du système scolaire (n=907). Une fois contrôlés les effets de l'âge et du sexe, les étudiants rapportent des usages d'alcool moins réguliers, mais des ivresses alcooliques plus fréquentes, des usages occasionnels de cannabis également plus fréquents. En revanche, parmi eux, le tabagisme et les signes de dépendance au tabac s'avèrent moins répandus que parmi les jeunes sortis du système scolaire. Aucune différence significative n'apparaît pour les autres drogues illicites. En outre, la différenciation sexuelle des usages apparaît nettement atténuée parmi les étudiants. D'autres recherches sont nécessaires pour mieux cerner les déterminants de ce profil d'usage étudiant, concernant aussi bien l'origine sociale que le mode de vie étudiant.In France, little is known about drug use among young adults. We have used data from a national telephone survey (Baromètre Santé 2000) to investigate drug use among students aged 18-25, with a comparison between college and high school students (n=580) and non-students (n=907). Once controlled for gender and age effects, students were less prone to report regular alcohol drinking, but more likely to report recent drunkenness and occasional cannabis use. Cigarette smoking and tobacco dependence were also significantly less frequent among students. We found no difference between students and non-students for other illicit drug use. Moreover, the gender gap usually observed for drug use was less pronounced among students. Further research is needed to investigate the determinants of this specific drug use profile, especially concerning social background and student lifestyle.
- La prise en charge des consommations de cannabis à l'adolescence - Olivier Phan p. 53-63 La consommation de cannabis et d'autres substances psychoactives par les adolescents est un phénomène avéré. Face à cette situation, il était important de développer des structures et des stratégies thérapeutiques adaptées au monde de l'adolescence. C'est ce qui est proposé au centre Émergence, une unité d'addictologie de l'adolescent et de l'adulte jeune de l'Institut mutualiste Montsouris. La prise en charge s'effectue sur trois niveaux : 1) Une équipe mobile dont l'objectif est de sensibiliser les adolescents aux problèmes des conduites addictives dans le cadre de programmes de prévention, et la formation d'intervenants jeunesses pour qu'eux-même puissent faire les premiers accueils ; 2) Une consultation spécialisée dans les conduites addictives qui travaillera avec l'adolescent sur quatre axes : les parents, l'adolescent, les relations intrafamiliales et l'environnement ; 3) Enfin, dans le cadre d'un travail bifocal, une double thérapie : l'une centrée sur la réalité externe de l'adolescent (ses possibilités, sa famille, ses pairs) et l'autre plutôt centrée sur la réalité interne (conflits inconscients).Cannabis and other drug use by teenagers is a fact. To confront this problem it is important to create new care units and to develop new therapeutic strategies adapted to the world of adolescence. The Emergence centre is one such place. It is a medical unit specialising in treating addiction among teenagers and young adults located at the Institut mutualiste Montsouris in Paris. This centre is made up of three units. The first unit is a mobile team whose goal is to raise teenagers'awareness of the problems that drug addiction may cause and implement drug prevention programmes with youth workers with a view that they may provide an initial form of care. The second team works to treat teenage addiction along four lines : the parents ; the teenager ; family relationship ; and the environment. The third level is what we called the bifocal therapy. Two therapists are in charge of the teenager : one dealing with the management of the external reality (their possibilities, family and peers), the other focusing mostly the internal reality (unconscious conflicts).
- Nouvelles consultations de Marmottan : apports théoriques, expériences cliniques - Dan Véléa p. 65-84 Les dernières années ont vu se développer de nouvelles consultations dans le champ des addictions. Dans ce contexte, l'hôpital Marmottan, centre de pointe dans le traitement des toxicomanes, a vu apparaître et a participé à la définition de nouveaux concepts dans le domaine des addictions sans drogues : jeu pathologique (Valleur), addiction à l'Internet (Véléa, Hautefeuille), dopage, addiction à l'exercice physique, addictions sexuelles. Des consultations spécifiques concernant l'usage de cannabis et les nouveaux modes d'usage sont maintenant offertes. D'autres concepts, comme le stress, l'alexithymie, l'empathie à travers les drogues de synthèse, trouvent leur place parmi ces nouvelles préoccupations cliniques.In recent years new practices have developed the field of addictions. The Marmottan hospital, a centre of reference in addiction care, has recognised and helped define new concepts in the addiction field – addictions without drugs – gambling (Valleur), Internet addiction (Velea, Hautefeuille), doping, sport addictions, sexual addictions. Likewise, specific practices concerning cannabis and new ways of drug use are presently offered. Other current concepts: stress, alexithymia, empathy research using synthesic drugs, find their place within these new clinical centres of interest.
- Le rôle de la recherche en sciences sociales dans les politiques de prévention - Michel Joubert p. 85-96 Les travaux de recherche (ethnographiques, sociologiques, psycho-sociologiques) sur les processus et les trajectoires d'usagers de produits illicites ont permis de mieux comprendre les combinaisons de facteurs conduisant à s'engager dans une conduite à risque, dans des expérimentations et des consommations problématiques de produits psychoactifs. Les équipes et les acteurs de prévention peuvent trouver dans ces connaissances matière à positionner des interventions, ressources et dispositifs pouvant modifier les déterminants contextuels et les dispositions individuelles présidant aux prises de risques.Research carried out by ethnographers, sociologists and psycho-sociologists on the processes and trajectories of illicit substance users have yielded a better understanding of the combinations of factors leading to the adoption of risk behaviour, then to experimentation and finally problematic use of psychoactive substances. This knowledge could help prevention teams and workers to design actions, resources and schemes able to modify the contextual determinants and individual dispositions that preside over risk taking behaviour.
- Danser avec les drogues : pop-musique, drogues et jeunesse britannique - Harry Shapiro, Anne Singer p. 97-111 Largement due à l'arrivée de l'ecstasy (Mdma) au Royaume-Uni, l'usage récréatif de drogues par les jeunes s'est fortement accru au cours des années 1990. Cette drogue alimenta une nouvelle sous-culture de la danse basée sur l'usage de stimulants, laquelle trouve ses racines dans les fêtes jazz/cocaïne en entrepôts des années 1920, puis dans la période Mod des années 1960, la période punk des années 1970, et enfin celle des « rave parties ». L'autre origine de la rave se trouve dans la tradition des festivals de musique en plein air qui débutèrent aux États-Unis dans les années 1960. En plus de nourrir le milieu rave, la consommation de cette substance relativement bénigne a facilité l'expérimentation d'autres substances comme l'amphétamine et le cannabis. Des scandales médiatiques et la répression policière ont mis fin aux raves en plein air et accru les contrôles dans les discothèques. Finalement, la culture rave a été récupérée par l'industrie du loisir, perdant ainsi sa particularité de fêtes discrètement organisées par les jeunes. Dans le même temps, les usages de drogues ont évolué, surtout en ce qui concerne l'usage de cocaïne.Due largely to the arrival of ecstasy (Mdma) in the UK, the nineties saw a dramatic rise in the incidence of recreational drug use among young people. The drug fuelled a new stimulant based dance culture which had its roots in the jazz/cocaine warehouse parties of the 1920s and followed a line through the Mod era (1960s) and punk (1970s) through to rave. The other strand of rave culture was the tradition of outdoor festivals which began in America in the 1960s. As well as fuelling rave culture, the use of this relatively benign drug encouraged experimentation with other drugs such as amphetamine and cannabis. Media outrage and enforcement action signalled the end of outdoor raves and increased control of the clubs. Ultimately rave culture became subsumed into the mainstream leisure industry, but is now on the wane as an aspect of discrete youth culture. At the same time, the drug scene is also changing, most significantly in the use of cocaine.
- Bibliographie thématique sur le cannabis - Clotilde Carrandié p. 113-120
- La recherche de sensations : quel traitement de l'émotion ? - Solange Carton p. 121-144 La psychopathologie accorde depuis une vingtaine d'année un regain d'intérêt au concept de recherche de sensations développé par Marvin Zuckerman : le considérant comme un trait de personnalité, il a consacré une quarantaine d'années à le définir et en examiner les corrélats psychologiques, biologiques, psychophysiologiques et génétiques. Si l'attention accrue portée à ces corrélats permet de soutenir l'hypothèse que la recherche de sensations constitue un facteur de risque commun au développement de conduites de dépendance et de prise de risque diverses, un examen approfondi laisse également apercevoir la diversité des acceptions du concept et des sens qui lui sont donnés selon les auteurs et leurs approches théorico-cliniques : recherche de sensations pour augmenter une activation corticale, recherche de sensations pour pallier un déficit d'activité catécholaminergique, accent porté sur sa dimension impulsive comme reflet d'un déficit de contrôle émotionnel ou encore, dans une perspective psychanalytique, évitement de l'affect. Elles témoignent de niveaux d'observation différents qui se reflètent dans des réalités cliniques hétérogènes. Le défaut de définition des expériences subjectives dans la recherche de sensations peut également ouvrir sur son investigation psychopathologique, avec une mise en regard de la régulation de l'expérience émotionnelle qu'elle est susceptible de représenter. L'objectif de cet article est de présenter une mise au point de l'évolution du concept dans ces multiples aspects et de son implication dans les conduites de consommation.During the last twenty years, increasing attention has been given to the sensation seeking concept developed by Marvin Zuckerman. He viewed it as a personality trait and studied its psychological, biological, psychophysiological and genetical correlates for forty years. His investigations have led to the hypothesis that sensation seeking is a risk factor shared by various drug-dependent or risk-taking behaviours. Different explanations underlie an array of results that relate sensation seeking to alcohol, tobacco and illegal drug use: cortical arousal seeking, low Mao and overreactive dopaminergic systems, general impulsive behaviour or, in an psychoanalytic perspective, defence against affects. These are multiple levels of observation that are visible in multiple clinical figures. Lack of definition of subjective experience in sensation seeking may also open on psychopathological investigations, focussing on emotional regulation that it may represent and provide. This paper addresses the concept evolution on these different levels and its role in psychoactive substance use.
- La mesure Min Risk Addictions : intérêts et limites - Éric Chagnard p. 145-157 Depuis décembre 2001, le tribunal de grande instance et le tribunal pour enfants de Paris ont recours à une nouvelle mesure d'orientation sociosanitaire, dite « Min Risk Addictions », destinée aux mineurs consommateurs de stupéfiants. Si elle incarne bien sûr une volonté politique (sociale et sanitaire), elle a surtout le mérite de provoquer une rencontre entre une population adolescente, connue pour peu consulter, et le système soignant exercé à la clinique de la non-demande. Ce dispositif, qui conserve une dimension expérimentale, est bien toléré par les intéressés et permet une action préventive, informative et/ou thérapeutique.Since December 2001, the French prosecutor's office and the Parisian court for children are resorting to a new sociosanitary oriented measure regarding young drug users under age 18, and called « Min Risk Addictions ». Although this measure undoubtedly expresses a strong political will, its main advantage is that it allows the meeting of adolescents (who often reject consulting) with a medical staff used to the « non-demanding » attitude. This plan, which still remains whatsoever experimental, is well accepted by youth and has a preventive, informative and, sometimes, a therapeutic action.
- Relation thérapeutique et « soins obligés » en toxicomanie - Anne Biadi-Imhof p. 159-178 Cet article propose d'étudier la dimension de contrainte dans la relation thérapeutique avec des patients toxicomanes en situation de « soins obligés ». Dans cette approche, la rencontre soignant-soigné est appréhendée comme un espace d'interactions entre quatre pôles – malade, soignant, maladie-société, outils thérapeutiques – activant un champ dialectique. Ce travail met en évidence quatre dynamiques spécifiques selon le pôle primairement actif dans la relation. 1) La contrainte est minimale lorsque l'usager de drogues, soit refuse les soins, soit au contraire les accepte et se responsabilise. C'est alors le « malade » qui est l'élément actif de l'échange. 2) La contrainte est ressentie comme une relation imposée par un tiers lorsque soignant et soigné ne font que se soumettre à l'obligation judiciaire. 3) La contrainte peut donner du sens au projet thérapeutique, lorsque les soignants s'en emparent pour reconstruire chez le malade un nouveau rapport à la loi. 4) La contrainte est maximale et peut rendre difficile voire impossible la relation thérapeutique lorsque la représentation de la délinquance domine l'échange soignant-soigné.This article deals with the compulsory dimension in the therapeutic relationship with drug-addicted patients submitted to « the obligation to submit to care ». In this perspective, the encounter between the care-giver and the care-taker is considered as a space of interactions between four poles: the sick person, the medical doctor, the sickness as defined by society, and therapeutic tools. These four poles constitute a dialectic field. This study points to four specific dynamics according to which of the four poles is dominant in the relationship. 1) The obligation is the weakest when the sick person either refuses care, or accepts it and feels responsible for it. The « sick person » is then the active element of the relationship. 2) The obligation is perceived as a relationship imposed by a third party when both the care-giver and the care-taker are mainly complying to a court sentence. 3) The obligation can provide meaning to the therapeutic project when medical doctors attempt to use it in order to build a new relationship between the patient and the authority. 4) The obligation is the strongest and can even make the therapeutic relationship difficult or impossible, when the interaction between the care-giver and the care-taker is dominated by the representation of delinquency.
- Pratiques médicales et usages de drogues : linéaments de la construction d'un champ - Jean-Bernard Wojciechowski p. 179-207 Les interactions entre pratiques médicales et usages de drogues sont révélatrices des contextes sociohistoriques et des rapports existants entre différents groupes professionnels (médecins, pharmaciens, magistrats…) et les usagers eux-mêmes. Le champ de la toxicomanie est traversé par des enjeux qui concernent l'élaboration et la définition « savante » du contrôle des usages (et des usagers) de produits stupéfiants. Le nouveau champ des « addictions », dont nous présentons les premiers linéaments, s'organise à partir d'une recomposition à l'intérieur du champ « scientifique » de la médecine (naissance d'une spécialité médicale : l'addictologie) et d'un redéploiement des alliances au sein du monde médical (médecine de ville/services hospitaliers, secteur libéral/secteur public, médecine générale/médecine spécialisée, champ clinique/champ de la recherche…) en relation avec les instances de régulation de l'État.The interactions that occur between medical practices and drug users are revealing of socioeconomic backgrounds and of the relationships that exist between various professional groups (doctors, pharmacists, magistrates, etc.) and the drug users themselves. The field of drug addiction is rife with conflicts about the « scientific » definition and implementation of illicit drug use (and drug users) controls. The new field of « addictions », which is outlined here, results from rearrangements within the « scientific » field of medicine (giving birth to a new medical speciality: addictology) and a redeployment of alliances within the medical sphere (GPs/hospitals, professionals/public service, general practice/specialised practice, clinical field/research field, etc.) in connection with the state's regulatory bodies.
- Adolescence et dépendance - Philippe Jeammet p. 9-30
À suivre…
- Le tour du monde en 500 sites de prévention : 3e épisode : l'Europe, de la Grèce à la Suisse - Anne Singer p. 227-256 Cet article fait suite à celui paru dans le numéro de Psychotropes (vol. 11, n° 1, 2005) qui couvrait les sites Internet d'une partie des pays d'Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, pays de Scandinavie et Espagne). Celui-ci couvre les sites du reste de l'Europe (Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suisse) et ceux des pays de l'Europe Centrale et Orientale. Notre numéro suivant couvrira, enfin, les sites français. Bien sûr, il s'agit là d'un voyage virtuel qui ne peut être exhaustif. De plus, fait à un moment donné l'espace-temps, certains sites mentionnés peuvent disparaître ou changer de contenu, comme d'autres apparaître… et notamment dans les pays de l'Est où le paysage Internet qui est en train de se dessiner fait encore l'objet de nombreux remaniements.This article follows the one published in the Psychotropes issue, vol. 11, n°1, 2005, which was covering websites from half of the European countries Germany, Austria, Belgium, Scandinavian countries, and Spain). This paper covers the websites from other European countries (Greece, Ireland, United Kingdom, Switzerland) and those from the Central and Eastern countries. Of course, this virtual tour cannot be exhaustive. Moreover, because it was done at a specific moment in space and time, some of the sites mentioned here may disappear, or change contents, and new sites may appear, and expecially those of the Eastern countries where the Internet landscape is subject to numerous changes.
- Le tour du monde en 500 sites de prévention : 3e épisode : l'Europe, de la Grèce à la Suisse - Anne Singer p. 227-256
Note de lecture
- Note de lecture - Pascal Hachet p. 257-260
Articles
- Les effets de la « question miracle » dans les textes de patients alcoolodépendants - Sylvie Petit p. 209-225 Les personnes alcoolodépendantes expriment peu d'émotion et de fantaisies dans leurs discours et textes écrits. Il n'y a pas d'implication dans des projets ou dans un futur possible. C'est à partir de cette constatation faisant partie du tableau clinique du patient alcoolique qu'a démarré cette étude. C'est dans le cadre d'ateliers d'écriture animés dans un hôpital de jour en service d'alcoologie que nous avons évalué les effets de la « question miracle » (technique utilisée en thérapie brève) quant à la perception de soi retransmise au travers des textes de patients alcoolodépendants. Deux groupes de textes ont été comparés : proposition de la « question miracle » et non-proposition de celle-ci. L'hypothèse d'une perception différente de soi suscitée par la « question miracle », révélée par une plus grande utilisation du « je » et de verbes actifs dans le discours, est validée. Mais celle d'une orientation vers le futur est plus nuancée. Des objectifs sont envisagés même si nous constatons que l'utilisation globale des verbes au futur reste minime. L'hypothèse de relations plus importantes avec l'entourage et moins centrée sur l'alcool est également validée. Cependant de nombreux biais méthodologiques ne nous permettent pas d'affirmer, ni de généraliser ces résultats. Cette recherche a été effectuée à partir de petits échantillons de patients alcoolodépendants. De plus, certains patients ont une facilité d'écriture et cette forme d'expression n'est pas si aisée pour tous les participants des ateliers d'écriture. La « question miracle » n'est pas thérapeutique en soi, mais elle pourrait bien être une fenêtre ouverte au changement, et pour les patients, et pour les thérapeutes.This project was developed in the context of writing workshops offered to alcoholic patients in a day centre. People addicted to alcohol express little emotion and imagination in their speech, and this can also be said on their writing. They cannot engage into the future or in any concrete projects. The « miracle question » (a brief therapy technique) used in those workshops gives patients the opportunity to imagine themselves in a miracle world where all of their problems would be solved. The aim of this research was to examine the impact of this technique on the self perception of patients. Would the written material produced by patients exposed to the « question » contain more « I » and active verbs than those not exposed ? Would they project themselves into the future, using more future tenses ? Would they engage with their environment ? The written material of two groups were tested, one subject to the « question », and a control group. They were observable differences between the two groups. More « I » and active verbs were used by patients exposed to the « question ». Those patients seem to project themselves into the future, but the difference with the control group is not clear cut, and future tense is not used in any noticeable way. Their relationship with their environment is also richer and less alcohol centred. Conclusion: The small sample size and the difference in writing abilities between patients may be counted as bias. However, if « the miracle question » cannot be considered therapeutic in itself, it could still be used as an opening leading to changes in patients – and in therapists.
- Les effets de la « question miracle » dans les textes de patients alcoolodépendants - Sylvie Petit p. 209-225