Contenu du sommaire : Les populations du monde indien - Populations of the Indian Countries
Revue | Espace Populations Sociétés |
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Numéro | no 2-3, 1997 |
Titre du numéro | Les populations du monde indien - Populations of the Indian Countries |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Résumés des articles - Abstracts of articles - p. 123-130
Éditorial
- Les populations du monde indien - Alain Vaguet p. 131-134
Articles
- La transition démographique en Inde - Jacques Véron p. 135-144 Bien que premier pays à avoir mis en place une politique de limitation des naissances, l'Inde a conservé pendant longtemps une fécondité élevée. Avec une fécondité du moment un peu supérieure à 3 enfants par femme, l'Union indienne se situe au voisinage de la fécondité moyenne à l'échelle du monde. La baisse de la fécondité se généralise - l'indice conjoncturel de fécondité diminue dans tous les Etats - mais les contrastes régionaux demeurent entre Inde du Nord et du Sud. Ils peuvent être très marqués : inférieure à 2 enfants par femme au Kerala, la fécondité avoisine 5 enfants par femme en Uttar Pradesh. L'inégale alphabétisation des femmes «explique» largement les disparités régionales.Demographic Transition in India. India was the first country to adopt a restrictive population policy but fertility remained for a long time at a high level. The total fertility rate is now a little bit higher than 3 children per woman, which is the fertility world average. The decline of the fertility affects all the states but sometimes important regional disparities remain between North and South of India. In Kerala the number of children per woman is less than 2 and in Uttar Pradesh close to 5. These contrasts between states are largely related to the level of alphabetisation of women.
- La géographie de la fécondité en Inde (1981-1991) - Christophe Z. Guilmoto p. 145-159 La fécondité est considérée dans cet article plus comme un phénomène social que comme un phénomène démographique. Les changements de comportement reproductif sont pour cette raison assimilés à une innovation sociale qui se propage le long de certains canaux culturels et sociaux. Du fait de cette diffusion irrégulière, la structure spatiale de la fécondité dans l'Inde contemporaine est devenue extrêmement hétérogène. Alors qu'en certaines régions, la fécondité est restée stable durant les vingt dernières années, les transformations ont été radicales ailleurs. Dans certaines zones, principalement en Inde du sud et le long de la côte occidentale, la fécondité ne tardera pas à atteindre des valeurs en dessous du niveau de remplacement.Geography of Fertility in India (1981-1991). Fertility is seen in this article more as a social process than as a demographic phenomenon. Changes in reproductive behaviour can be therefore linked to a social innovation mechanism spreading along certain social and cultural channels. As a result of this uneven diffusion, the geographical patterning of fertility in contemporary India has become extremely heterogeneous. Whereas in some regions fertility seems to have remained more or less stable over the last twenty years, changes have been profound in the rest of the country. In some areas, mostly in South India and along the West coast, fertility will even soon reach below-replacement levels.
- A geography of the sex ratio in India / Une géographie du sex-ratio en Inde - P. J. Atkins, J. G. Townsend, S. Raju, N. Kumar p. 161-171 Au recensement de 1991, l'Inde enregistrait 927 femmes pour 1000 hommes. Ce sex-ratio présente une des plus faibles proportions de femmes au monde. Notre article vise à expliquer ce déséquilibre à partir de recherches comparatives entre les régions, mais aussi à partir de comparaisons villes-campagnes et entre castes et ethnies.A Geography of the Sex Ratio in India. The 1991 Census of India found that for every 1000 males there were only 927 females. This sex ratio shows that the country has one of the lowest proportions of girls and women in its population in the world. The paper seeks to explain why and also broadens the discussion by investigating the male/female balance in different regions, between the city and the countryside, and among scheduled castes and tribus.
- Croissance urbaine et enracinement villageois en Inde - Frédéric Landy, Jean-Luc Racine p. 173-184 Que l'Inde abrite désormais 220 millions de citadins ne saurait occulter le caractère encore rural du pays, puisque ses campagnes abritent 74 % de la population. Plutôt que d'insister par trop sur l'exode rural en évoquant les modes indiens d'urbanisation, on s'attarde ici sur les autres stratégies de mobilité mises en oeuvre par les ruraux, ainsi que sur l'enracinement villageois qui garde sa force. On tente finalement de proposer quelques facteurs expliquatifs de la relative faiblesse de l'urbanisation, faiblesse qui est propre à bien des pays d'Asie.Urban Growth and Rural Mooring in India. Though India has now more than 220 million town-dwellers, 74 % of its population are yet rural. Rather than emphasizing rural exodus and Indian ways of urbanisation this article deals more with other strategies of mobility implemented by rural people and with village retention still in force. Finally some factors explaining the relative weakness of urbanisation are brought out thanks to a comparison with tropical Africa.
- Diversification des activités économiques en Inde rurale : des tendances contrastées - Hélène Guetat-Bernard p. 185-192 En considérant uniquement le nombre d'actifs ruraux qui dépendent de revenus non agricoles tirés d'une activité principale, l'Inde est, avec seulement un tiers des actifs concernés, l'un des pays d'Asie les moins bien placés. Cependant cette proportion ne traduit pas l'extrême hétérogénéité des situations locales et ne rend pas compte de l'importance de ce secteur d'emplois comme source de revenus secondaires. Les raisons à l'origine de cette diversification relative des activités rurales, qui débute dans les années 1970, sont controversées. Dynamiques de croissance ou phénomène de crise ? Les réponses ne sont pas généralisables à l'échelle de l'Inde, d'autant que, dans un même lieu, plusieurs dynamiques sont à l'oeuvre selon le type d'activité.Diversification of Economie Activities in Rural India : Contrasted Tendencies. If we only consider the number of rural workers who depend on non-agricultural income as a main activity, India is, with only one fifth of its rural workers concerned, one of the worst ranked Asian countries. But this proportion does not reflect either the diversity of the local situations, either the importance of this employment sector as a secondary source of income. The roots of this relative diversification of the rural activities, which began in the seventies, are much debated. Dynamics of growth or situation of crisis ? The answers cannot be applied generally to the whole India, and according to the type of activities, the dynamics are various depending on the rural areas.
- Indian Urbanisation and the Characteristics of Large Indian cities revealed in the 1991 Census / Urbanisation et caractéristiques majeures des grandes villes indiennes au recensement de 1991 - Graham P. Chapman, Pushpa Pathak p. 193-210 Cet article fait suite aux analyses de la croissance urbaine indienne dans les décennies 1961-71, 1971-81. Il porte sur les modalités de l'urbanisation relevées par le recensement de 1991. Celui-ci a, pour la première fois, fourni des données pour les 446 districts de l'Inde en distinguant leur partie urbaine de leur partie rurale, ainsi que pour les quelque 300 grandes villes de plus de 100 000 habitants. Grâce à cela, il a été possible d'établir des corrélations, non seulement entre les caractéristiques des 300 grandes villes, mais aussi entre ces villes et leur contexte local. Une des principales conclusions est qu'au delà des incontournables différences entre zones urbaines et rurales dans toutes les régions de l'Inde, les caractéristiques des villes, à de rares exceptions près, sont étroitement corrélées avec celles de leur environnement local, tant celui des campagnes, que celui des petites villes.Indian Urbanisation and the Characteristics of Large Indian Cities revealed in the 1991 Census This paper follows previous analyses of urban growth in India in the decades 1961-71, 1971-81, by examining the patterns of urbanisation revealed in the 1991 Census. For the first time data from the 1991 Census has been easily available for 446 districts in India for both rural and urban parts, as well as for the approximately 300 major cities with population over 100,000. Thus we have been able to investigate not only the correlations between them and their local district contexts. A major conclusion of the paper is that although there are undoubtedly great differences between urban and rural areas in any part of India, nationally the characteristics of cities are closely correlated with their local rural and small town contexts, with only a few exceptions.
- Ville indienne, ville hindoue ? Facteurs et processus de ségrégation spatiale - Odette Vaguet p. 211-223 Les villes indiennes sont à la fois expression des invariants d'un urbain universel et de la spécificité culturelle hindoue. En Inde, l'organisation socio-spatiale urbaine témoigne des inégalités visibles dans toute ville du Tiers Monde et les critères socio-économiques semblent battre en brèche les logiques traditionnelles. Néanmoins, la caste, pourtant abolie en Union indienne depuis 1950, conserve un rôle important dans l'organisation des villes, même si les quartiers récents sont de moins en moins mono-castes. Des exemples précis soulignent la complexité du phénomène, combinaison de traditions culturelles et de dynamiques économiques.Indian City, Hindu City ? Factors and Process of Spatial Segregation. Indian cities express both the invariants of universal urbanity and hindu cultural specificity. In India, as in any Third World city, urban socio-spatial organization shows disparities and socio-economic criteria seem to abolish traditional determinants. Nevertheless, the caste, prohibited in the country since 1950, has still got a role in cities' spatial pattern even though new areas are less caste homogeneous. Specific examples will point out the combination of cultural traditions and economic dynamics.
- Les «rurbains» de Delhi - Véronique Dupont p. 225-240 Le développement rapide de Delhi et de son aire métropolitaine offre des exemples éloquents d'intégration physique et/ou fonctionnelle entre espaces urbains et ruraux : l'établissement de quartiers résidentiels de haut standing dans les zones rurales périphériques ; la création d'une ville satellite par annexion des terres agricoles des villages existants ; la constitution par les migrants d'origine rurale d'espaces de vie incluant métropole et village natal, illustrée ici avec le cas des populations sans logis.The «Rurban Populations» of Delhi. The rapid development of Delhi and its metropolitan area provides meaningful examples of physical and/or functional integration between urban and rural spaces : the establishment of a posh residential neighbourhood in the rural fringes ; the creation of a satellite town by annexation of the agricultural lands of the existing villages ; the constitution by migrants from rural origin of life spaces including the metropolis and their native village, which is illustrated here with the case of the houseless population.
- Aux racines de l'urbanisation: les nouvelles petites villes d'Andhra Pradesh - Eric Leclerc p. 241-252 La crise urbaine focalise l'attention des chercheurs et des aménageurs sur les grandes métropoles. Ils considèrent, en s'appuyant sur les données du recensement, que corrélativement les petites villes déclinent. Les résultats de nos recherches en Andhra côtier montrent au contraire le dynamisme des petites villes et l'émergence de nouvelles villes qui, même si elles n'en ont pas officiellement le titre, sont en mesure d'animer leur arrière pays rural et de susciter des flux de main-d'oeuvre descendants.Roots of Urbanisation : the New Small Towns of Andhra Pradesh (Example from the Krishna Delta, South India). The urban crisis focuses much of the attention of researchers and planners on cities, they consider by reference to census data that small towns are decreasing. The results of our study in coastal Andra Pradesh reveal the growing importance of small towns, in sharp contrast with these evidences. Notwithstanding they do not have the title, new towns appear. They control their rural hinterland and improve going down labour commuting.
- La diffusion du VIH à Bombay - Emmanuel Eliot p. 253-264 Au sein de l'Asie, l'Union indienne apparaît comme l'un des Etats les plus contami nés par le Virus d'Immuno déficience Humaine (VIH). Les données sérologiques gouvernementales révèlent cependant un problème chronique de sous-enregistrement. Pour pallier ces lacunes, une collecte a été réalisée dans l'une des villes les plus touchées par l'épidémie : Bombay. L'étude à différentes échelles des informations recueillies traduit une inégalité de la diffusion du VIH dans les différents quartiers de la métropole. Des lieux «pathogènes» depuis des décennies semblent en effet avoir été les premiers contaminés par le virus. L'analyse intra-urbaine des quartiers de la prostitution (Kamathipura) reflète en outre une contamination des populations liée à l'accessibilité et à des facteurs culturels. Le gouvernement hindou extrémiste de l'Etat a, quant à lui, réagi par des pratiques ségrégatives vis-à-vis des populations infectées qui risquent d'engendrer de fortes tensions.The HIV Spatial Diffusion in Bombay. India seems to be one of the most infected states by the Human Immunodeficiency Vi rus (HIV) inside Asia. However, the government serological data reveal a problem of under-report. To overcome this lack of information, a sample has been collected in one of the most contaminated cities of the country : Bombay. The data study at different scales reflects disparities of HIV spread in the different areas of the metropolis. «Pathogenic» places for decades have first been infected. Moreover the intra-urban analysis of one of the red-light areas (Kamathipura) reveals a contamination of the population linked with accessibility as well as cultural factors. In view of this infection, the extremist Hindu government of the State has used segregative actions against infected people which might create important tensions in the future.
- L'émergence de nouveaux réseaux de soins en Inde. Hyderabad, un centre d'innovation - Florence Rihouey p. 265-278 Depuis le début des années quatre-vingt-dix, un nouveau type d'infrastructure de soins se développe dans les métropoles indiennes. La croissance non contrôlée des unités de soins privées, celle de la classe moyenne et le nouveau contexte économique et politique ont contribué à l'émergence d'un secteur privé de luxe. Selon leur stratégie et leur origine respectives, ces centres de soins ont adopté différentes logiques d'organisation et de diffusion spatiale. Le système hospitalier privé prend aujourd'hui le relais d'un secteur public à l'abandon ; une médecine à deux vitesses qui isole de plus en plus les populations économiquement les plus défavorisées.New Health-Care Networks Emergence in India. Hyderabad, a Centre of Innovation. Since the beginning of the nineties, a new type of health care facilities is spreading out in Indian cities. The uncontrolled private health centres growth, the milldle class one and the new economical and political context have conducted to the emergence of corporate hospitals. According to their own strategy and origin, these health centres have followed different types of spatial organization and spreading. The private system is serving as substitute for neglected public sector ; a two-way medicine that moves again lower incomes away from health care.
- La politique du nombre. Etat, statistiques et minorités en Inde (Karnataka) - Jackie Assayag p. 279-288 Depuis l'indépendance (1947), l'Inde exemplifîe comment s'est articulée l'exigence maintenue d'une égalité de droit avec la volonté d'en compenser le formalisme contre-productif par une justice distributive, et ce dans le cadre d'une société démocratique qui se caractérise par le pluralisme. C'est à cet objectif que répondent les State Minority Commissions, notamment celle du Karnataka qui a diligente un rapport sur les minorités en 1995. Ce qui fait l'intérêt mais aussi la faiblesse de ce rapport, dont on discute le modus operandi statistique, c'est d'avoir travaillé sur la base des catégories religieuses héritées des opérations de classement du colonialisme britannique, lui-même inspiré par l'orientalisme. Aujourd'hui ces conventions, c'est-à-dire les normes et les mesures qui en seront issues sont le fruit institutionnalisé de transactions entre tous les partenaires sociaux de l'Etat régional et central. La possibilité de mettre en place une Commission d'Etat pour les minorités dans un régime démocratique, passe donc finalement par la reconnaissance et l'acceptation des réalités et des conceptions locales de l'organisation sociale.Politics of Number. The State, Statistics and Minorities in India (Karnataka). Since its Independence (1947), India has shown by example how the demand for maintaining equal rights has been structured around the willingness to compensate counter productive of this formalism with distributive justice, and that within a democratic society characterized by pluralism. This is the objective of the State Minority Commissions especially that of Karnataka which has dispatched a report on the minorities in 1995. The statistical modus operandi of this report is discussed in this article. What is of interest but also the weakness of this report is that it is based on religious categories inherited from colonial British classification, which is itself inspired by orientalism. Today, these conventions, i.e., the norms and measures derived from them, are the institutionalized result of transactions among all the social partners of the regional State and the Center. The possibility of establishing a State Minority Commission in a democratic regime is thus through a recognition and acceptance of the realities and local conceptions of the social organisation.
- Les flux de réfugiés en Inde - Gilles Boquérat p. 289-300 L'Inde depuis cinquante ans a eu à de multiples reprises l'occasion d'accueillir sur son sol des réfugiés. La position gouvernementale à leur égard a évolué au fil du temps. Au lendemain de la Partition, l'accueil des populations hindoues et sikhs venant du Pakistan fut d'autant moins contesté que l'exode semblait stigmatiser les débordements auxquels conduisait inévitablement un Etat religieux par opposition au modèle laïc indien. A la fin des années cinquante les Tibétains réfugiés personnifiaient la perfidie de la Chine communiste dont les Indiens se sentaient également victimes. Par contre, c'est presque à contrecoeur que l'Inde accueillit les membres de la communauté indienne de Birmanie et du Sri Lanka. A partir du début des années soixante-dix, les réfugiés vont davantage être considérés comme un facteur potentiel de déstabilisation, que ce soit en aiguisant les tensions ethniques, en entrant en concurrence avec les populations locales pour l'accès à des produits de première nécessité ou à des infrastructures publiques, voire même en faisant peser des menaces sur le maintien de l'ordre public. Dès lors la politique gouvernementale, une fois les objectifs stratégiques imbriqués remplis, fut surtout d'oeuvrer au retour de ces réfugiés dans leur pays d'origine.The Flows of Refugees in India. During the last fifty years, India has on several occasions greeted refugees on its soil. The official stand with regard to these refugees has evolved with the passing years. After the Partition, displaced Hindu and Sikh populations from Pakistan welcomed since their exile seemed to emphasize the excesses inherent to a religious State in opposition to the Indian secular polity. At the end of the fifties, Tibetan refugees were the embodiment of Chinese perfidy of which India was also victim. On the other hand, India reluctantly rapatriated members of Indian communities in Burma and Sri Lanka. From the early seventies, refugees are more and more perceived as a destabilizing factor, with a potential for exacerbating internal ethnic conflicts, competing with indigeneous people for scarce resources, or even threatening the law and order. Consequently, the policy of the Indian government, once its strategic objectives have been fulfilled, is to work towards a satisfactory repatriation of the displaced populations in their native lands.
- La transition démographique en Inde - Jacques Véron p. 135-144
Dossier pédagogique
- Minorités défavorisées en Inde: Intouchables et Tribaux. Approche cartographique - Luc de Golbéry, A. Chappuis p. 301-325
- Informations scientifiques - p. 327-329