Contenu du sommaire : Les mutations démographiques en Europe centrale et orientale - Population Transformations in Central and Eastern Euraope

Cet article dresse un état des lieux de l'évolution démographique en Europe centrale et dans les Etats issus de l'ex-URSS depuis les changements politiques et socio-économiques. Il tente ensuite de répondre à deux questions : ces chocs constituent-ils le prolongement de tendances antérieures aux changements ? Témoignent-ils de la diffusion irrésistible d'un modèle ouest-européen ? En d'autres termes, s'agit-il ou non d'un mouvement d'ensemble largement indépendant de la conjoncture sociale ? Les observations présentées suggèrent que les chocs démographiques en Europe de l'Est illustrent l'impact démographique de la transition vers l'économie de marché. En même temps, ils révèlent des faiblesses structurelles anciennes, bien connues, comme dans le cas de la mortalité.

La fin des régimes socialistes et la transition vers une économie de marché, dans ce qu'il était convenu de dénommer les Pays de l'Est, se traduisent presque partout par une accélération de la baisse de l'indicateur conjoncturel de fécondité, même si, parfois, comme dans l'ancienne Tchécoslovaquie, la fécondité a enregistré une embellie très provisoire. C'est dans l'ex-R.D.A. et en Roumanie que cette influence a été, pour des raisons différentes (chute du Mur pour la première, et libéralisation de l'avortement pour la seconde), la plus spectaculaire. Les causes de ces baisses de fécondité, qui touchent plus particulièrement les âges de forte fécondité et les premières naissances, sont mal connues, même si la crise consécutive à la disparition du Comecon et à la restructuration économique, la montée du chômage et la réduction des budgets sociaux ne peuvent qu'exercer une influence dépressive. Les populations de ces pays sont confrontées, non seulement à une crise d'adaptation à une société nouvelle, mais à une véritable révolution culturelle : le modèle familial est- européen spécifique se heurtant aux nouvelles exigences économiques.

Les changements démographiques de la période transitionnelle en Pologne. L'article est une présentation des pronostics démographiques établis pour la Pologne des années 1996-2020, sur la base des changements intervenus depuis 1989. Ils comprennent des changements de structures démographiques et une différenciation régionale de ces changements.

La République tchèque n'a pas connu l'augmentation de la mortalité observée dans d'autres anciens pays communistes pendant la période de transition. Au contraire, depuis 1991, le déclin s'est intensifié. Un changement favorable a été observé pour les adultes et les personnes âgées, le second étant dû à la diminution de la mortalité par maladies de l'appareil circulatoire. L'amélioration du nombre d'hommes survivants a été particulièrement importante en comparaison des mauvaises tendances de leur mortalité. Ainsi, l'augmentation de l'espérance de vie à la naissance entre 1989 et 1996 a été de 2,26 ans pour les hommes et de 1,86 an pour les femmes. A elle seule, la baisse de la mortalité due aux maladies de l'appareil circulatoire est responsable d'une augmentation de l'espérance de vie 1,05 an pour les hommes et 0,98 an pour les femmes ; de même celle due aux crises cardiaques l'est respectivement pour 0,65 et 0,32 an. L'analyse de la mortalité selon le statut matrimonial, à l'aide d'une méthode de standardisation indirecte montre que les différences liées à ce facteur sont plus importantes pour les hommes que pour les femmes. Les indices de mortalité les plus faibles ont été observés pour les personnes mariées alors que les hommes divorcés et les femmes célibataires ont les plus faibles probabilités de survie. Dans la période 1985-1996 les différences de mortalité selon le statut matrimonial ont augmenté fortement à cause du déclin de la mortalité des personnes mariées. Par contre, l'étude des perspectives régionales montre une tendance au maintien des disparités spatiales ; les indices de mortalité les plus élevés sont toujours observés dans le nord-ouest de la Bohème ce qui contraste avec les taux les plus faibles que l'on rencontre dans le sud-est de la Moravie et l'est et le sud-est de la Bohème.

La mobilité résidentielle en Hongrie de 1985 à 1996 L'article porte sur les changements de la migration résidentielle définitive en Hongrie et met principalement l'accent sur ses différences régionales et sa structure hiérarchique. Il opère une comparaison entre la situation antérieure au renversement de régime politique de 1989 et celle qui a suivi. Les flux de migrations définitives sont observés à partir d'une division en sept régions et trois catégories de communes. Ce choix permet d'étudier les changements des mouvements intercommunaux survenus au cours de la période en «amont», en «aval» ou «horizontalement». L'analyse démontre que, bien que l'intensité des migrations définitives ait légèrement décru après 1989, leur répartition spatiale a été profondément modifiée. Ces changements se caractérisent par une déconcentration régionale et une décentralisation hiérarchique des mouvements résidentiels. L'expansion accélérée de la suburbanisation de Budapest est le principal facteur de ce processus.

La République de Carélie subit, depuis la chute du communisme, une crise démographique parallèle à celle de la Russie, caractérisée par une brusque modification des indicateurs transversaux de la dynamique démographique (fécondité, mortalité, nuptialité...). Elle se traduit par un accroissement des disparités internes à l'échelle des «rayons» mais aussi par une modification des facteurs de la fécondité comme de la mortalité. Alors qu'avant la transition les différences correspondaient globalement à une opposition ville-campagne, elles sont plus complexes actuellement et on peut entrevoir de nouvelles variables explicatives comme la dimension ethnique ou la dimension spatiale (proximité de la frontière finlandaise, éloignement de la capitale Petrozavodsk...).

Croissance urbaine et modèles migratoires à Prague au temps du communisme et dans la période de transition Cet article présente le rôle des migrations dans le développement de l'agglomération pragoise depuis la fin du XIXe siècle en insistant sur la période récente. Avec la chute du communisme, la nature des mouvements migratoires s'est modifiée. En distinguant trois auréoles radio-concentriques nommées « ville-centre », « Prague communiste », et « auréole périurbaine », on observait, avant 1989, une convergence des mouvements de la ville-centre et de l'auréole périurbaine vers la Prague communiste. Actuellement les mouvements ont changé de nature et on observe une déconcentration de l'agglomération, l'auréole périurbaine recevant des populations, souvent aisées, des deux autres parties de la ville.

Le développement de la population hongroise et son habitat en Slovaquie Depuis que les Hongrois de Slovaquie sont devenus une minorité en 1918-1920, leur nombre, leur répartition et la taille de la région qu'ils habitent ont beaucoup changé. Les événements dramatiques de l'histoire de ce siècle en sont la cause essentielle. Cet article donne une vue d'ensemble et insiste sur leurs impacts spécifiques sur la taille et la distribution spatiale de la minorité hongroise. Il analyse ensuite le caractère hongrois de la région qu'ils peuplent associé à l'existence d'un « habitat hongrois ». Puis il propose une réflexion sur l'impact des politiques mises en œuvre sur la taille et l'habitat de cette minorité hongroise.

Le rassemblement géographique des Allemands ethniques (Aussiedler) : une chance d'intégration ? L'expérience d'un projet modèle dans le Brandebourg. Au début de l'immigration de masse d'Allemands ethniques (Aussiedler) en provenance de l'Union Soviétique, seuls les Lander occidentaux de l'Allemagne ont été confrontés en nombre avec eux. Depuis le début des années 90, les Lander orientaux ont commencé à en accueillir et, en tant qu'autorités locales, ont été confrontés au problème de leur prise en charge. Avec en arrière-plan des difficultés financières, l'intégration sociale des Aussiedler s'est avérée difficile, d'autant plus qu'elle devait se faire dans un contexte de montée générale de la xénophobie. Aussi, seuls quelques concepts nouveaux d'intégration sociale ont pu être développés pendant les années suivantes. L'un d'eux était fondé sur l'idée d'arriver à l'intégration de cette minorité grâce à la concentration spatiale de ses implantations. Cet article expose, dans un premier temps, une présentation rapide de la situation légale, politique et sociale des Aussiedler vivant au Brandebourg. Puis, il dégage les premiers résultats d'une recherche de terrain sur les effets économiques et sociaux d'un projet d'implantation des Aussiedler dans une petite ville située à 80 kilomètres au sud de Berlin. Il donne une description de leur situation économique et sociale difficile, dans une région où le taux de chômage est supérieur à 20%, et plus particulièrement de leur insertion et de leurs contacts avec les Allemands autochtones et avec d'autres groupes d'Aussiedler. Il analyse également les structures sociales à l'intérieur de cette implantation et fait apparaître les signes d'un grand isolement et des tendances au repli dans des cercles sans aucun contact avec l'extérieur. Enfin l'article présente en conclusion la perception par les Aussiedler des avantages et des inconvénients du projet.