Contenu du sommaire : Incertitudes italiennes

Revue Politix Mir@bel
Numéro vol 8, no 30, 1995
Titre du numéro Incertitudes italiennes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Incertitudes italiennes

    • Éditorial - p. 1 accès libre
    • Comment expliquer la crise italienne ? - Paul Ginsborg p. 5-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comment expliquer la crise Italienne ? Paul Ginsborg [5-231. Contre les analyses qui font de la crise italienne des années 1992-1994 le résultat d'un effondrement inéluctable d'un système de pouvoir qui aurait porté en lui-même les germes de sa propre décadence, l'article propose une interprétation historique de cette crise en retraçant la séquence spécifique d'événements qui la précèdent et dont elle apparaît comme l'aboutissement. La crise n'est pas, selon ce point de vue, le fait d'un processus historique homogène ; elle procède plutôt de la conjonction d'éléments très divers (crise des finances publiques, mobilisation de la magistrature contre la corruption, affaiblissement du sens civique et individualisme croissant dont la Lega et Força Italia se sont fait les expressions politiques, échec de la gauche à proposer un projet politique de changement) qui oblige à une recomposition politique et culturelle de l'Italie, dont il faut noter cependant qu'elle s'opère dans un cadre démocratique et, ne mettant pas en cause les fondements de l'Etat, ne peut être considérée comme un processus révolutionnaire proprement dit.
      Explaining Italy's Crlsls. Paul Ginsborg [5-23]. Against analysis that consider Italy's 1992-94 crisis as the resuit of the inescapable breakdown of a system of power that contained in itself the seeds of its decadence, this article proposes an historical explanation for this crisis. It retraces a specific sequence of events that precede the crisis. From this perspective, the crisis is not the result of an homogeneous historical process, but proceeds from the conjunction of very different elements (public finance's crisis, judges' mobilization against corruption, weakening of the civic sense, increasing individualism politically expressed by Lega and Forza Italia, the failure of the left in proposing a changing political project) that require a political and cultural recomposition of Italy which is happening in a democratic framework and, since it does not challenge the foundations of the State, should not be considered as revolutionnary process.
    • Le double visage de la Démocratie chrétienne - Percy Allum p. 24-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le double visage de la Démocratie chrétienne. Percy Allum [24-44]. Cet article s'attache à décrire l'organisation de la Démocratie chétienne italienne et à analyser les systèmes de pouvoir locaux sur lesquels elle s'est appuyée dans le Nord et le Sud de l'Italie. La thèse principale est que la DC s'est constituée en parti de notables dans le Sud et en parti de masse dans le Nord. Elle s'est transformée par la suite (du fait de la réorganisation du parti par Fanfani dans les années cinquante, des effets du concile de Vatican II dans les années soixante) en un «consortium de machines politiques» qui a couvert tout le territoire national. La deuxième partie de l'article décrit, sur la base d'une documentation empirique provenant de l'examen de deux cas-limites (Naples et Vicenze), les divers mécanismes qui ont assuré le pouvoir de la DC (clientélisme, rôle des associations catholiques, etc.) ainsi que leurs évolutions, insistant plus particulièrement sur le développement de la corruption à l'intérieur des «machines politiques territoriales».
      The Double Face of the Christian Democrat Party. Percy Allum [24-44]. This article discusses the organization of the Christian Democrat Party and its local power system in North and South Italy. Its main thesis is that for a series of historical and socio-economic reasons, it was constituted two types of party (a party of notables in the South and a mass party in the North), held together ideologically by a generic anti-Communism. Moreover, as a result of a succession of crucual developments (Fanfani's party reorganization inl950s; Vatican II in 1960s), it was converted into a « syndicate of political machines » covering the whole country. The second part of the article documents, on the basis of empirical material coming from two extreme, but opposing, cases (Naples and Vicenza), the various mechanisms employed in the two periods (1950/60s and 1970/80s) to ensure the party's power.
    • La destinée de la «subculture rouge» dans le Centre-Nord de l'Italie - Mario Caciagli p. 45-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La destinée de la «subculture rouge» dans le Centre-Nord de l'Italie. Mario Caciagli [45-60]. La subculture rouge, née à la fin du siècle dernier dans le Centre-Nord de l'Italie et reformulée depuis le fascisme à l'intérieur du Parti communiste italien qui a su attirer vers lui les masses rurales, était déjà en crise dans les années quatre-vingt. La disparition du PCI et de l'URSS ont menacé de la voir être totalement anéantie. Cependant, la formation d'un gouvernement de droite sous l'égide de Silvio Berlusconi, avec la participation d'Alleanza nazionale (héritier du Mouvement social italien) a réactivé des éléments importants de cette subculture, l'antifascisme et l'anticentralisme, en lui donnant une force nouvelle. La destinée de la subculture rouge est alors suspendue, au moins pendant la durée de la turbulente transition italienne.
      The Destiny of the Red Subculture In the Centre-North of Italy. Mario Caciagli [45-60]. The red subculture, which was born at the end of the last century in the Centre-North and refounded after the Fascism about the leadership of the PCI and with the contribution of the masses of the , was already in crisis in the 80. The disappearance of the PCI and the URSS seemed to be the finishing shock. The formation ot the rightwing-gouvernment with the participation of the MSI-AN has rewacked two important elements or the subculture, antifascism and anticentralism, giving new energy. The destiny of the red subculture is as postponed as long will be the turbulent italian transition.
    • Les hommes politiques d'affaires. Partis politiques et corruption - Donatella Della Porta p. 61-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les hommes politiques d'affaires. Partis politiques et corruption. Donatella Délia Porta [61-751]. En s'appuyant sur la nombreuse documentation que mettent depuis peu à la disposition des chercheurs les enquêtes de la magistrature sur la corruption politique en Italie, l'auteur démontre que, au moins à partir des années quatre-vingt, les «échanges corrompus» ont transformé aussi bien la structure organisative des partis dominants (notamment la DC et le PSI) que leurs principales fonctions politiques. La croissance des activités politiques «occultes» (financement par les pots-de-vin, clientélisme et colonisation des institutions publiques, etc.) ont influé sur les modes de sélection du personnel politique (apparition des «affairistes» politiques), ont affaibli certaines fonctions essentielles des partis politiques (constitution des identités collectives, définition des choix publics selon les critères de l'intérêt général). Les logiques de la décision publique ont ainsi relevé beaucoup plus de la politique «invisible» que de la politique «visible», phénomène qui peut expliquer la crise de légitimité actuelle des partis «historiques» en Italie.
      Political Parties and Corruption. Donatella Délia Porta [61-75]. Based on the (recently available to researchers) large documentation produced by judges' inquiries on political corruption in Italy, the author shows that, at least from the eighties, the «corrupt exchanges» have transformed the organizational structure of political parties (especially DC and PSI) as well as their major political functions. The development of secret political activities have influenced the ways the political personnel is selected, weakened some of political parties main functions. The logics of political decision have therefore resulted more from «invisible» politics than from «visible» politics. This phenomenon may explain the current legitimacy crisis of Italy's «historical parties.
    • Magistrature et classe politique. Au-delà les urgences de la crise italienne - Franco Cazzola , Massimo Morisi p. 76-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Magistrature et classe politique. Au-delà les urgences de la crise italienne. Franco Cazzola et Massimo Morisi [76-891] La magistrature a joué un rôle fondamental dans le déclenchement de la crise italienne, contribuant à délégitimer la classe politique traditionnelle. Les auteurs montrent que le rôle politique qu'elle a ainsi assumé n'est en rien nouveau ni conjoncturel. S'appuyant sur une analyse de la fonction judiciaire dans les systèmes de régulation des États modernes, ils montrent que la magistrature y participe, au moins autant que les institutions proprement politiques, à la définition et à la distribution des valeurs et des ressources sociales. La magistrature peut ainsi opposer à la légitimité représentative des élus une légitimité fondée sur la légalité, dont elle se présente comme le principal garant. L'analyse des demandes d'autorisation d'enquête, adressées par les juges au Parlement dans le but de lever l'immunité des élus sur lesquels ils veulent enquêter, permet d'illustrer et de corroborer cette thèse. La crise des années quatre-vingt-dix en Italie n'a donc fait que manifester avec plus d'ampleur qu'auparavant les conséquences de la «politisation» de la magistrature, qui est inscrite dans les logiques mêmes de la fonction qu'elle remplit au sein des systèmes sociaux complexes.
      The Judiciary and the Political Class. Beyond the Exigencies of the Italian Crisis. Franco Cazzola and Massimo Morisi [76-891- The judiciary has played a key role in triggering the Italian crisis. It has contribued to this by delegitiming the traditional political class. The authors show that the political role it has assumed is neither now nor just a resuk of current circumstances. Their analysis takes as its starting point the regulatory function of the judiciary in the modem state. They show that the judiciary has played just as much a part in shaping and disseminating values and ressources as the other political institutions. It can set itself up against the legitimacy of elected representatives, by basing its own legitimacy on the rule of the law and presenting itself as the law's sole guarantor. The way in wich the judges have demanded from representatives' immunity illustrates and corroborates the authors' thesis. The crisis in Italy in the 1990's only goes to show, to an even greater extent than before, the consequences of the politicisation of the judiciary. This stems from the logic of the very functions that the judiciary fulfils at the heart of complex social systems.
    • Les difficultés du consociativisme - Alessandro Pizzorno p. 91-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les difficultés du consociativisme. Alessandro Pizzorno [90-112]. A partir des années soixante-dix, la vie politique italienne a été caractérisée par un dualisme fondamental entre la politique «manifeste» (oppositions idéologiques, conflits entre des projets de société) et la politique «cachée» (consociativisme, arrangements entre les partis de majorité et les partis d'opposition pour définir les décisions législatives et se partager les ressources publiques). Les logiques de la seconde ont progressivement pris le dessus sur celles de la première, généralisant un rapport consumériste à la politique, tant de la part des élus que des électeurs. C'est certainement dans un tel dualisme qu'il faut rechercher les causes principales de la délégitimation des partis et de la crise des institutions dans l'Italie contemporaine.
      The Difflculties of Consociativism. Alessandro Pizzorno [90-112]. From the seventies, Italian politics has been characterized by a fundamental dualism between «¦manifest» politics (ideological oppositions, conflicts between projects of society) and «hidden» politics (consociativism, agreements between government and opposition parties in order to define legislative decisions and share political ressources). The logics of the latter have progessively become more important than those of the former, generalizing a consumerist relationship to politics - for representatives as well as voters. It is certainly in this dualism that one has to look for the main reasons for parties' delegitimization and the institutionnal crisis in contemporary Italy.
    • Un faux «tremblement de terre». Les élections politiques des 27 et 28 mars 1994 - Ilvo Diamanti , Renato Mannheimer p. 113-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un faux «tremblement de terre». Les élections politiques des 27 et 28 mars 1994 en Italie. Ilvo Diamanti et Renato Mannheimer [113-126]. Les élections législatives de mars 1994 ont marqué la fin de la «première République» italienne et consacré l'écroulement des partis traditionnels, remplacées au gouvernement par des formations nouvelles comme la Lega ou Forza Italia. Certains y ont vu un «tremblement de terre» politique, la manifestation d'un retournement sans précédent des opinions des électeurs. Cette interprétation n'est pas tenable. Plus que les transformations de la «demande», ce sont les modifications de l'«offre» politique qui permettent d'interpréter les résultats de ces élections : du fait de la crise des partis «historiques», le marché électoral italien est devenu concurrentiel, centré sur les personnalités des candidats plutôt que sur les programmes politiques, permettant aux «entrepreneurs» qui ont réussi à s'identifier à la «nouveauté» de capter un électorat plus mobile, plus indépendant des partis et, par là, plus disponible pour une offre politique diversifiée.
      A False «Earthquake». Political Elections of 27 and 28 March 1994 In Italy. Ilvo Diamanti and Renato Mannheimer [113-126]. The legislative elections of March 1994 have marked the end of Italy's «first Republic» and the break down of traditional parties, replaced in government by new formations such as Lega or Forza Italia. Some have seen a political «earthquake», the expression of an unprecedented reversal of voters' opinion. This interpretation is not acceptable. More than the transformation of the «demand», this is the changing political «supply» that make possible to understand these electoral results : because of «historical» parties' crisis, the Italian electoral market has become competitive, centered on candidates' personalities instead of political platforms, allowing «entrepreneurs» that have succeeded in identifying to the new situation to attract a more mobile electorate, more independent from the parties, and therefore, more ready for a diversified political supply.
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  • Revue des Revues - p. 219-228 accès libre
  • Lettre ouverte. Réservoir profs - p. 229-230 accès libre
  • RÉSUMÉS - ABSTRACTS - p. 231-233 accès libre