Contenu du sommaire
Revue | Politique Américaine |
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Numéro | no 29, 2017/1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Alexandra de Hoop Scheffer, François Vergniolle de Chantal p. 5-8
- Introduction : Le Parti républicain en 2016 : l'impossible renouveau ? - Sébastien Mort p. 9-21
- Au paroxysme de la polarisation : les paradoxes de la stratégie électorale du Parti républicain - Olivier Richomme p. 23-41 Face au délitement de la coalition Reagan en 2008 et confronté à une augmentation de l'électorat non blanc, le Parti républicain a fait le pari d'une stratégie électorale à court terme. Cette stratégie s'appuie sur une multiplication des lois visant à démobiliser l'électorat démocrate. Cette tactique est celle d'un parti qui pousse sa stratégie électorale à ses limites alors même qu'elle s'avère inadaptée à l'Amérique de demain et est, par conséquent, symptomatique de la crise que traverse le parti républicain.When the Reagan coalition disintegrated in 2008 and republicans were faced with a steadily increasing non-white electorate, the party opted for a short-term electoral strategy. This strategy championed laws designed to demobilize the Democratic electorate. This tactic is that of a party that is pushing an outdated electoral strategy to its limits and it is therefore another manifestation of the party's crisis.
- La dérégulation bancaire et financière et ses conséquences, ou les contradictions de l'héritage reaganien en matière économique - Yves-Marie Péréon p. 43-68 Pilier de la « Reaganomics », la dérégulation illustre la volonté de rupture avec une tradition remontant au New Deal. S'inscrivant dans la puissante rhétorique reaganienne du « moins d'État », elle a inspiré les politiques publiques mises en œuvre par les successeurs immédiats du 40e président. Mais la crise financière de 2007-2008, causée en partie par l'absence de surveillance des acteurs du marché, a contraint l'État fédéral à intervenir massivement pour éviter une crise systémique. Les leaders du GOP ont combattu le Dodd Frank Act de 2010, qui paraissait renouer avec la tradition rooseveltienne. Ils continuent à proclamer leur fidélité inconditionnelle à la politique de dérégulation, tout en dénonçant le coût des plans de sauvetage mis en œuvre par l'État-Léviathan de Washington.A cornerstone of « Reaganomics », deregulation was a deliberate break with a tradition going back to the New Deal era. Part and parcel of Reagan's powerful anti-government rhetoric, it inspired the policies conducted by his immediate successors. Yet the 2007-2008 financial crisis, resulting in part from a lack of supervision of market players, forced the federal government to step in massively in order to avoid a systemic crisis. The Republican leadership opposed the 2010 Dodd-Frank Act, which seemed to revive the Rooseveltian tradition. They keep proclaiming their uncritical allegiance to the policy of deregulation, while denouncing at the same time the cost of the bailout plans engineered by Washington's Big Government.
- « Je t'aime, moi non plus » : le Parti républicain et les Hispaniques au prisme des primaires de 2016 - Isabelle Vagnoux p. 69-92 C'est à Richard Nixon, président républicain natif de Californie, que l'on doit le recensement des personnes d'origine hispanique au plan national, dès 1970, ancrant ainsi la minorité dans le paysage statistique du pays et lui donnant une visibilité politique nouvelle. C'est un autre Républicain, George H. Bush, qui s'efforcera de les intégrer au sein du comité national du parti. Pourtant, l'histoire de la relation entre le Parti républicain et les Hispaniques est ponctuée de faux-pas, souvent agressifs, et de tensions multiples. Au sein d'une minorité en pleine expansion et très majoritairement démocrate, dont nous verrons les forces et les faiblesses, qui sont les Latinos républicains ou susceptibles de voter républicain ? Comment les primaires de 2016 qui ont vu s'affronter, pour la première fois de leur histoire, entre autres candidats, deux Hispaniques et un troisième « Latino de cœur », prennent-elles en compte l'élément latino ? Le vote des Latinos compte-t-il vraiment pour les candidats et pour le parti ? Quelle stratégie celui-ci a-t-il mise en place ? Telles sont les questions que cet article se propose d'aborder.A Republican and Californian President, Richard Nixon, fathered the introduction of a Hispanic-origin question into the US census as early as 1970. This decision gave the Hispanic minority statistical and political visibility. Another Republican, George H. W. Bush, sought to include Hispanics in the Republican National Committee. However, missteps, some of them quite aggressive, and tensions of all kinds plague the relationship between Republicans and Latinos. Among this constantly growing and mainly Democratic minority, whose assets and weaknesses we will briefly study, who are the Republicans or those likely to cast a Republican vote ? How did the 2016 primaries, which, for the first time ever, included two Latino candidates and one who strongly sympathizes with Latinos, take the Latino vote parameters into account ? Do Latinos' votes really count for Republican candidates and for the party ? What strategy has the GOP adopted ? These are some of the issues this article will seek to address.
- La lutte pour les droits des personnes LGBT et le Parti républicain - Phil Tiemeyer, Sébastien Mort p. 93-117 Depuis la fin des années soixante-dix, le mouvement pour les droits LGBT et la Droite Religieuse ont joué le rôle de « frères ennemis », permettant ainsi au GOP de se financer auprès des mouvements religieux tandis que les Démocrates font de même auprès des partisans des droits LGBT. Néanmoins, la défaite du GOP en 2012 et des décisions récentes de la Cour suprême en faveur des droits LGBT, complexifient la donne au sein du Parti républicain. De nos jours, ces enjeux menacent la coalition héritée de Reagan.Since the 1970s the LGBT rights movement and the Religious Right have served both major political parties as “perfect enemies,” by allowing the GOP to raise money from the Religious Right, while empowering the Democratic Party to do the same from LGBT rights advocates. Yet, after the GOP's defeat in the 2012 election and recent Supreme Court decisions expanding same-sex marriage rights, more diversity is evident in the GOP towards LGBT rights. Indeed, such issues now serve as a wedge threatening to pull the Reagan coalition apart.
- Le GOP et la politique étrangère : vers un nouvel isolationnisme ? - Frédéric Heurtebize p. 119-141 Le Parti républicain dispose d'ordinaire d'un avantage acquis auprès des électeurs sur les questions de politique étrangère. Plus enclin à un effort de défense soutenu, plus prompt à l'interventionnisme militaire et, surtout, plus intransigeant dans la défense de la souveraineté des États-Unis, il apparaît comme le meilleur garant de la sécurité nationale. En 2016, alors même que les questions internationales occupent une place importante, le GOP semble pourtant divisé. Si l'establishment reste fidèle à la ligne interventionniste qui domine depuis la présidence Eisenhower, le candidat investi prône un isolationnisme musclé qui fait fi de toute dimension idéaliste ou morale américaine.Since the late 1960s, the Republican Party has established issue ownership over foreign policy. The GOP has shown a propensity to support large defense budgets and military interventionism, and to staunchly assert American sovereignty. As a result, it has appeared as the best guarantor of national security, especially in troubled times. Though radical Islamic terrorism has made national security a front-burner issue in 2016, the Republicans are seemingly unable to capitalize on their advantage due to divisions over policy. If the party establishment still supports an interventionist foreign policy, an approach that has prevailed since the Eisenhower presidency, the nominee advocates a muscular isolationism that ignores the moral and idealistic dimension of US foreign policy.
- La révolution américaine dans les « guerres historiographiques » contemporaines aux États-Unis : quels défis pour l'historiographie conservatrice ? - Jasper Trautsch, Pauline Papa p. 143-176 Depuis que le Tea Party s'est approprié le nom du groupe de « Patriotes » ayant jeté des cargaisons de thé britannique dans le port de Boston en 1773 – se posant ainsi en défenseur de l'héritage révolutionnaire des États-Unis –, le débat autour du sens et de la portée de la révolution occupe une place centrale dans les « guerres historiographiques » aux États-Unis. En analysant les travaux de recherche et les interventions publiques de Gordon S. Wood – représentant traditionaliste dans l'actuelle « politisation de l'histoire » –, cet article a non seulement pour but d'identifier les points controversés de ce débat mais également d'exposer les problèmes auxquels se heurte l'historiographie conservatrice aux États-Unis. Dans un premier temps, nous exposerons les grandes lignes du récit historique de la révolution américaine que propose Wood. Puis, nous démontrerons que ses travaux de recherche, et plus particulièrement son apologie de la démocratie américaine, témoignent d'un élan nationaliste. Dans un troisième temps, nous contextualiserons sa trajectoire historique au sein des conflits historiographiques contemporains. Enfin, cet article expliquera pourquoi l'on ne peut pas qualifier la recherche de Wood de « conservatrice » en mettant en lumière les défis a priori insurmontables que pose une écriture conservatrice de l'histoire des États-Unis.Ever since the Tea Party Movement – claiming to defend America's revolutionary heritage – appropriated the name of the group of “Patriots” who dumped British tea into Boston harbor in 1773, the debate over the meaning and significance of the American Revolution has moved to the center stage of the “history wars” in the U.S. By analyzing the scholarship and public interventions of Gordon S. Wood – a protagonist from the more traditionalist side in today's “politics of history” – this article will not only identify the contentious issues among the participants of the debate but also expose the problems and obstacles a conservative historiography faces in the U.S. First, the general contours of Wood's historical narrative of the American Revolution will be sketched. Second, the nationalist impetus of his scholarship, particularly his uncritical celebration of American democracy, will be demonstrated. Third, his historical trajectory will be contextualized within America's current “history wars.” Finally, this article will explain why it is wrong to call Wood's scholarship “conservative,” exposing the seemingly insurmountable challenges of conservative history writing in the U.S.
- Compte-rendu d'ouvrages - p. 177-189