Contenu du sommaire : L'État, objet d'histoire

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 134, 2017
Titre du numéro L'État, objet d'histoire
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet, Jérôme Lamy p. 5-8 accès libre
  • DOSSIER

    • L'État dans tous ses états. Esquisse de définition - Jérôme Lamy, Arnaud Saint-Martin p. 11-20 accès libre
    • Les chemins de l'État antique : l'exemple des royaumes hellénistiques - Laurent Capdetrey p. 21-40 accès libre avec résumé
      Cette contribution propose une réflexion sur la pertinence de la notion d'État pour aborder et pour décrire les royaumes hellénistiques (IIIe-Ier siècles avant notre ère). Bien que l'« État » ne soit jamais pensé par les acteurs de cette période, le pouvoir royal n'est jamais réductible à une expression strictement personnelle et patrimoniale, ni à une conception exclusivement fondée sur la performance et sur l'interaction. L'existence d'appareils d'État puissants, la mise en œuvre de processus d'arraisonnement du territoire et d'articulation des souverainetés offraient une armature essentielle à l'inscription de la domination dans la durée, à la transformation de l'imperium en souveraineté royale, source de légitimité non seulement du pouvoir du roi, mais aussi des entités politiques qui lui étaient soumises. Pour comprendre ces phénomènes, il faut savoir dépasser la conception de l'État royal simplement spoliateur pour souligner, au contraire, ce qui était la condition d'une domination durable : les stratégies d'entretien, de protection et de préservation du territoire.
    • L'État à la lettre - Jérémie Ferrer-Bartomeu p. 41-63 accès libre avec résumé
      Dans le passage problématique du moment politique renaissant à l'ère baroque, des administrateurs d'un genre nouveau contribuèrent, par leur expertise et leur capacité d'innovation technique et politique, à saturer de leur présence et de leur savoir-faire les secrétariats de la monarchie française. Ils créèrent ainsi, à l'échelle de leurs parentèles, des réflexes et des pratiques communes dans l'effectuation des décisions souveraines, jetant les bases d'un habitus de serviteur du roi, d'une langue et d'une science d'État. Autonomes dans un système aux normes qu'ils contribuèrent à inventer, prébureaucrates consacrés au service et aux volontés du prince, ils lièrent leur ascension à la montée en puissance de l'administration royale. Le moment politique des années 1560-1610 est une crise, au sens plein du terme : on passe d'un compromis politique à un autre, d'une architecture politique centrée sur la personne du souverain, veillant au fragile équilibre entre les cours et les communautés, à une autre configuration, où l'exaltation de la majesté royale de la nouvelle dynastie Bourbon est la principale charge de secrétaires et de conseillers puissants, dans l'immédiat entourage du souverain.
    • Des économies très politiques. - Émilien Ruiz p. 65-85 accès libre avec résumé
      La France aurait toujours compté trop de fonctionnaires. Mais au fil des XIXe et XXe siècles, la dénonciation du nombre des agents de l'État a de plus en plus reposé sur des argumentations budgétaires : pour redresser les finances publiques et mieux rémunérer ses agents, il fallait réduire le volume de la fonction publique. Or, sans nier l'importance que les enjeux budgétaires peuvent parfois revêtir, cet article propose de faire un pas de côté et de prendre en considération les soubassements politiques des appels aux économies. L'objectif est ici de saisir les transformations de la perception de l'État que révèlent les mutations de la dénonciation du nombre de ses agents. Deux moments seront privilégiés : celui de l'avènement de la IIIe République et celui des deux après-guerres mondiales. Paradoxalement, à travers la permanence des dénonciations du nombre des fonctionnaires, l'examen de ces deux moments révèle une acceptation progressive du développement de l'État dans la France contemporaine.
    • L'État et la science - Jérôme Lamy p. 87-111 accès libre avec résumé
      Il est possible de caractériser le régime régulatoire organisant les rapports entre l'État et les sciences requises à son service par la mobilisation du droit, la professionnalisation des acteurs impliqués, l'édification d'une bureaucratie dédiée ainsi qu'un réseau de valeurs sur lesquelles reposent toutes les actions entreprises. Pour définir historiquement ce régime régulatoire, cet article envisage, pour la France, trois grandes époques qui singularisent des configurations spécifiques du rapport savoir/pouvoir. Du XVIe au XVIIIe siècle, la construction de l'État absolutiste moderne se fonde sur une politique des frontières, des cadastres et des sous-sols qui recourt à la géographie, la cartographie et la géologie pour asseoir sa légitimité. À partir de la fin du XVIIIe siècle et jusqu'aux années 1870, la biopolitique vise à maîtriser et contrôler les populations, leur état sanitaire et leurs intentions politiques. Enfin, depuis la IIIe République, la recherche d'une sécurité complète sur les choses et les hommes justifie une politique de la norme fixée par des indications scientifiques et techniques.
  • CHANTIERS

    • Le « Festival mondial des arts nègres » de Dakar (1966) : un jalon important de l'histoire du panafricanisme - Chloé Maurel p. 115-136 avec résumé
      En 1966, le Sénégal, sous l'impulsion de son président Léopold Sédar Senghor, organise un événement culturel d'ampleur internationale, qui illustre le dynamisme du mouvement panafricain et la volonté d'affirmation des nouveaux États indépendants d'Afrique : le Festival mondial des arts nègres, qui réunit artistes, intellectuels et penseurs noirs de plusieurs continents. Ce festival est l'un des lieux où s'organise l'aspiration du peuple noir à une véritable indépendance culturelle. Il est aussi un reflet des tensions de guerre froide et on y perçoit également en filigrane les rapports postcoloniaux. Cette date restera dans les mémoires comme un jalon important de l'affirmation de la fierté panafricaine.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Décentrer le regard : l'histoire populaire des luttes et des résistances - Michelle Zancarini-Fournel, Anne Jollet p. 155-173 accès libre avec résumé
      Michelle Zancarini-Fournel, professeur émérite à l'université Claude-Bernard Lyon-I, est une historienne, chercheuse, profondément aussi une formatrice, comme on le sent à la lecture de ses ouvrages et de cet entretien. Son intérêt pour le croisement entre histoire ouvrière et histoire du genre s'est manifesté notamment dans sa thèse, dirigée par Yves Lequin et publiée dans une version largement remaniée en 1993, avec Mathilde Dubesset, Parcours de femmes : réalités et représentations, Saint-Étienne (1880-1950). Les problématiques contemporaines des migrations, du syndicalisme et des luttes sociales et politiques ont organisé son parcours de recherche. Elle a depuis beaucoup travaillé à rendre les femmes et leurs activités diverses visibles en se souciant toujours d'insérer cette histoire dans une histoire sociale que l'on pourrait dire « globale », analysant les rapports de genre dans la diversité des processus de domination. Elle vient de publier, en 2016, l'ouvrage important, la somme, une histoire « de la France », assumant par son titre un point de vue de lecture : « Des luttes et des rêves ». Cette dimension de choix assumé, renforcée par le sous-titre « Une histoire populaire » nous a, comme beaucoup d'autres, interpellés et nous a incités à interroger Michelle Zancarini-Fournel sur son projet. Les dominations, les rapports de forces, les révoltes, les reconstructions populaires des forces politiques structurent en effet l'argumentation de façon neuve. L'ampleur du livre, la réaffirmation d'une histoire critique qu'il exprime nous ont passionnés et nous avons eu envie d'en savoir plus sur les choix effectués par l'auteure.
  • LIVRES LUS

  • UN CERTAIN REGARD

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