Contenu du sommaire : Les camps de réfugiés palestiniens au Proche-Orient : un provisoire qui dure
Revue | A contrario |
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Numéro | no 23, 2016/2 |
Titre du numéro | Les camps de réfugiés palestiniens au Proche-Orient : un provisoire qui dure |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Introduction
- Entre exception et ordinaire - Luigi Achilli, Lucas Oesch p. 3-16
Articles
- Des espaces d'ambiguïté : les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie - Luigi Achilli, Lucas Oesch p. 17-36 À travers une analyse des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie, cet article montre que, afin de rendre compte de la multi-dimensionnalité qui caractérise l'expérience des réfugiés dans les camps, il est nécessaire de s'intéresser aux processus complexes par lesquels ces espaces deviennent des lieux « exceptionnels », mais aussi « ordinaires ». Le fonctionnement des camps en tant qu' « espaces d'ambiguïté » est ainsi le concept qui permet le mieux de saisir leur nature. En Jordanie, c'est le caractère ambigu des camps de réfugiés palestiniens qui permet de garantir une forme de stabilité politique. Afin de mettre en évidence cette ambiguïté, après avoir étudié son origine et sa mise en place, les auteurs analysent sa spatialisation dans les camps, en s'intéressant à la gestion de ces lieux. Il montre que la re-production de cette ambiguïté est le fait des acteurs en charge des camps, ainsi que des réfugiés eux-mêmes.This article looks at the evolution of Palestinian refugee camps in Jordan. To understand the complexity of refugees' experience, it is necessary to move beyond the discussion of whether refugee camps are « spaces of exception » or « ordinary spaces », and examine how exceptionality and ordinariness are dimensions ultimately interconnected in the camp. The authors argue here that the concept of « spaces of ambiguity » is the analytical category best suited to grasp the complex nature of refugee camps and the crucial role that they have played to the very political stability of Jordan. To show this, the article will explore the institution of this ambiguity, its spatialisation and its re-production within the camps. It will do so by looking at the management of camps and the main actors involved.
- Les récits de la condition palestinienne dans les tours guidés des camps de réfugiés : quels enseignements sur le gouvernement des Palestiniens au Liban ? - Sergio Bianchi p. 37-55 En analysant les « tours guidés » des camps de réfugiés palestiniens au Liban, cet article identifie trois phénomènes caractérisant ces évènements : l'emprise des bailleurs de fonds, la fragmentation du pouvoir de représentation des Palestiniens au niveau local et les résistances à l'exercice de ce pouvoir mises en place par les réfugiés eux-mêmes. L'analyse de ces phénomènes révèle que la reconnaissance octroyée au récit de la condition palestinienne dans le cadre des tours guidés n'est que partielle. En effet, le degré d'acceptation de cette représentation varie grandement, d'une part, parmi l'audience à qui s'adresse ce récit, et d'autre part, parmi les individus représentés dans le même récit. Cette reconnaissance partielle est une manifestation concrète, de même qu'une des causes, de la crise de légitimité expérimentée par certaines institutions représentant les Palestiniens au Liban, telles que les ONG palestiniennes et l'UNRWA.By looking at the interactions that unfold during the « guided tours » of Palestinian refugee camps in Lebanon, this article identifies three major phenomena shaping these events : the influence of international donors, the fragmentation of the power of representing the Palestinian community at the local level, and the resistance against these representations by the refugees. The analysis of these phenomena reveals the boundaries of the recognition granted to the narration of the Palestinian condition through camp tours. As a matter of fact, the acceptance degree displayed by the audiences targeted by this narration, on the one hand, and by the individuals represented in it, on the other hand, varies to a large extent. Thus, this limited recognition is at the same time the concrete manifestation and one of the causes of the crisis of legitimacy experienced by the institutions that claims to speak on behalf of Palestinians in Lebanon, such as the Palestinian NGOs and UNRWA.
- Repenser le politique dans le camp de Chatila : l'expérience des Ahali - Hala C. Abou Zaki p. 57-75 Cet article s'intéresse à l'ancrage des camps de réfugiés palestiniens au Liban dans leur environnement sociopolitique, qui est à la fois palestinien et libanais. Il se centre sur l'expérience du comité des habitants du camp de Chatila (lajnat ahālī mukhayyam shātīlā)élu en mai 2005 par la population palestinienne du camp. La formation de ce comité s'est tenue dans une conjoncture politique spécifique, soit après le décès du responsable du comité populaire du camp et le retrait syrien du Liban en 2005. Malgré l'amélioration de certains services dans le camp, le nouveau comité n'est pas parvenu à s'installer dans la durée. À partir de l'expérience des Ahali, il s'agit de montrer comment le camp est investi par une multitude de pouvoirs qui coexistent et luttent pour l'autorité du camp. Dans un tel contexte, les tentatives d'auto-organisation peinent à émerger.This article deals with the integration of Palestinian refugee camps in Lebanon in their Lebanese and Palestinian sociopolitical environment. It focuses on the experience of the committee of Shatila camp's residents (lajnat ahālī mukhayyam shātīlā) that was elected in May 2005 by the Palestinian camp population. The committee was formed in a specific political context – after the death of the head of the popular committee of the camp and the Syrian withdrawal from Lebanon in 2005. Despite the improvement of some services in the camp, the new committee was eventually short-lived. The Ahali experience shows how the camp is penetrated by multiple authorities that coexist and compete for power, a struggle that ultimately limits popular agency and possibilities of self-organization.
- L'informalité comme porte de sortie : construction et reconstruction de l'extension du camp de Nahr el-Bared - Rana Hassan p. 77-95 Cet article explore les stratégies adoptées par les réfugiés palestiniens au Liban, afin de trouver des moyens alternatifs pour accéder à un logement sur le territoire libanais, en contournant les lois qui les marginalisent. En prenant comme étude de cas l'extension du camp de réfugiés de Nahr el-Bared, l'article analyse le système informel de développement des espaces de regroupement palestiniens, et montre que ce système fournissait de facto aux habitants une importante sécurité du logement jusqu'à la guerre dans le camp en 2007. En examinant ensuite les enjeux de la reconstruction de Nahr el-Bared, et les obstacles auxquels celle-ci s'est trouvée confrontée, l'article met aussi en évidence l'importance d'étudier les espaces de regroupement palestiniens dans ce processus. A priori, ils sont en effet plus vulnérables que les camps en temps de conflit, étant donné les stratégies et les politiques discriminatoires de l'État libanais à leur encontre, ainsi que l'absence de soutien politique destiné à ces regroupements, et l'intervention limitée de l'UNRWA au-delà des camps officiels.This paper explores the strategies adopted by the Palestinian refugees in Lebanon in order to find alternative ways to access housing in Lebanon, bypassing the marginalizing laws. Taking as a case study the extensions of the Nahr el-Bared refugee camp, the article analyses the informal development system of this Palestinian gathering, and argues that this system provided the inhabitants with a relatively high de-facto security of tenure until the 2007 war in the camp. Looking into the quandary of the post war reconstruction of Nahr el-Bared and the obstacles it faced, the article highlights also the importance of studying Palestinian informal gatherings. In times of conflict these settlements display a higher vulnerability vis-à-vis refugee camps due to the discriminative strategies and policies adopted by the Lebanese State, their lack of political backing, and the limited involvement of UNRWA outside official camps.
- Cartographie des disparités sociales au sein des camps de réfugiés palestiniens et des quartiers informels d'Amman - Myriam Ababsa p. 97-121 Cet article cherche à montrer si les spécificités administratives, politiques et symboliques des camps palestiniens de Jordanie se traduisent en termes morphologiques et sociologiques. À partir d'une cartographie fine de ces espaces, il pose la question de savoir si l'intégration physique des camps dans le tissu urbain s'est accompagnée d'une homogénéisation des caractéristiques sociales de leurs habitants. Les camps se démarquent peu socialement du reste des quartiers d'habitat informel qui les entourent et avec lesquels les habitants ont des relations familiales, de travail et de commerce. Toutefois, quoique peu distinguables de la gangue de misère qui les entoure, ils demeurent des espaces exceptionnels du fait du fort symbole politique qu'ils revêtent. Les camps symbolisent la non-résolution du conflit israélo-palestinien et la responsabilité de la communauté internationale.This article aims to investigate whether the administrative, political and symbolic specificities of Palestinian refugee camps in Jordan have an impact in morphological and sociological terms. Through a mapping of these areas, it asks whether the physical integration of the camps into the urban fabric has been accompanied by the social homogenization of their inhabitants. From a social point of view, much binds the camps to the surrounding informal areas, such as working, trade and kinship relationships. However, although not distinguishable for their shared pattern of misery, camps remain exceptional spaces due to their strong political symbolism. Camps witness the failure to resolve the Israeli-Palestinian conflict and the responsibility of the international community.
- Des espaces d'ambiguïté : les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie - Luigi Achilli, Lucas Oesch p. 17-36
Cahier de lectures
- Introduction - Daniel Meier p. 123-124
- Comptes rendus - p. 124-145