Contenu du sommaire : Histoire de la Sémantique

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.15, n°1, 1993
Titre du numéro Histoire de la Sémantique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Histoire de la Sémantique. Brigitte Nerlich [Dir.]

    • Articles
      • Avant-Propos : La sémantique historique au XIXe siècle, en Allemagne, en Angleterre et en France - Brigitte Nerlich p. 5-30 accès libre
      • La sémantique aux États-Unis : de Bloomfield au générativisme - W. Terrence Gordon p. 31-52 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La sémantique a été rayée du programme de recherche et d'enseignement linguistique aux Etats-Unis sous l'influence des néo-bloomfieldiens qui avaient mal compris les leçons du maître. Les effets de ce legs involontaire ont été équilibrés par Nida, Joos, Osgood, Weinreich, Goodenough et Lounsbury. Le générativisme, après avoir passé par plusieurs étapes, et malgré les réorientations qu'il continue à subir, reste lié, sous l'influence de Chomsky, au formalisme contre lequel il avait réagi au départ.
        Semantics was eliminated from linguistic research and teaching in the United States under the influence of neo-Bloomfieldians who misunderstood their mentor's teaching. The involuntary effects of this legacy were offset by Nida, Joos, Osgood, Weinreich, Good enough, and Lounsbury. Generative grammar, having passed through several phases, continues to take new directions, but under Chomsky's influence it remains rooted in the formalized approach to which it ostensibly reacted in its earliest phase.
      • The semantic foundations and implications of signific language gradations - H. Walter Schmitz p. 53-79 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        II est possible de découvrir dans l'histoire de la linguistique des conceptions du langage qui vont au-delà des conceptions bien-connues de la structure linguistique, sa description et son analyse ; ce sont ce qu'on appelle les théories de la « gradation linguistique », dans lesquelles les aspects sémantiques du langage occupent une place centrale. Afin de caractériser les arrière-fonds divers de telles théories, la première partie de cette recherche sera consacrée à la présentation des conceptions de J.H. Lambert, F. Tônnies et F. Waismann. On démontrera dans la deuxième partie que les gradations linguistiques analytiques ou synthétiques développées par Gerrit Mannoury, le théoricien le plus important dans le mouvement « signifique » aux Pays-Bas, sont apparentées à ces théories. Sa gradation analytique du langage se fonde sur l'observation que ce qu'on appelle les « actes linguistiques » sont liés à de degrees variés avec d'autres représentations et complexes de représentations. Beaucoup de noms propres sont par exemple associés avec des représentations non-auditives, d'autres, comme les termes mathématiques par exemple sont presque exclusivement associés avec des combinaisons de mots. La gradation synthétique du langage prend son départ à l'autre bout de la hiérarchie. Dans ce cas, on commence avec des termes qui appartiennent à des niveaux de langue analytiquement supérieurs pris comme « mots primitifs » choisis intentionnellement. De ces mots une terminologie artificielle est dérivée pour la psychologie individuelle par définition systématique, l'une étant dérivée de l'autre. Cette terminologie elle-même est élargie graduellement pour constituer enfin une terminologie pour une psychologie générale, pour la physique, la biologie et l'économie, etc. jusqu'à ce qu'on s'approche de très près de la langue naturelle. Tandis que les gradations analytiques du langage sont empiriques et orientées vers une sémantique de la communication, les gradations synthétiques sont extra-communicatives et logico-formalistes ; les fins et les domaines d'applications divergent donc largement.
        Looking at the history of linguistics, it is possible to discover over and above the more well-known conceptions of language, linguistic structure, description and analysis, so called < language-gradation-theories » which have gone almost unnoticed, and in which semantic aspects are central to the analysis of linguistic structure (Sprachaufbau). So as to characterize the different backgrounds and purposes of such theories, the first part of this investigation is devoted to the relevant reflections of J. H. Lambert, F. Tônnies, and F. Waisman. It is demonstrated in the second part that the analytic and synthetic gradations of language, developed by Gerrit Mannoury, the most important theoretician of the Dutch signifie movement, are related to these theories. His analytic language gradation is based on the observation that so called « linguistic acts » are associated to very different degrees with other representations or complexes of representations, such that many names of persons, for example, are mainly associated with non-auditive representations, others, and for example, mathematical terms almost exclusively with combinations of words. The synthetic gradation of language proceeds from the opposite end of the hierarchy. In this case, one starts from terms belonging to analytically higher language levels as intentionally chosen « basic words », from which an artificial terminology for the psychology of the individual is derived by means of systematic step by step definitions. This terminology is itself expanded step by step to form a terminology for general psychology, physics, biology, economics, etc., until a close connection with the natural language is achieved. Whereas analytical language gradations have a communication-semantic and empirical orientation, the synthetic ones prove to be extra-communicationa! and logico-formalistic ; purposes and areas of application diverge correspondingly.
      • Sprechhandlung und Sprachbedeutung in der Sprachpyschologie um 1930 - Clemens Knobloch, Stefan Schallenberger p. 81-109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le point de départ de cet article est le chapitre sur l'action dans l'Axiomatique de la science du langage de Karl Bûhler. Dans ce chapitre des filiations de pensée convergent pour donner une conception intéressante du langage comme action qui devrait être développée plus tard. En rendant explicite les influences des disciplines les plus diverses, auxquelles Y Axiomatique ne fait qu'allusion, on veut reconstruire le processus de construction d'une théorie, un processus qui mène à l'idée centrale qu'on ne peut comprendre le langage qu'en prenant comme point de départ la notion d"action' symbolique — qu'elle soit l'action directement pratique, la parole épanouie, ou bien la poésis dirigée vers une œuvre. Par cela-même cette conception s'oppose au principe intellectualiste de l'expression et à une pure théorie de la structure et les remplace par une idée dont il faut encore éprouver la portée.
        The starting point for this article is the 'action-chapter' in Karl Bûhler's Axiomatics for the science of language. In this chapter converge various ideas to form an interesting conception of language as action which would deserve to be further developed. In making explicit the influences from various disciplines, only hinted at in the Axiomatics, it is intended to reconstruct the process of theory formation, leading up to the central idea that a conception of language should be established in which 'action' functions as a higher order concept of symbolic action — be it as direct practical action, fully developed speech or work-oriented poesis. This conception, which still remains to be tested for its implications, stands therefore in opposition to the intellectualist principle of expression and a pure theory of structure.
      • Des deux côtés de la sémantique structurale : sémantique historique et sémantique cognitive - Dirk Geeraerts p. 111-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Si la Sémantique Cognitive constitue, d'un point de vue méthodologique, un retour à la position pré-structuraliste de la sémantique historique traditionnelle, le problème épistémologique de l'objectivité est la question de base de la sémantique lexicale contemporaine. La situation actuelle est alors caractérisée par une double tension. D'un côté, il y a une tension entre, d'une part, l'essai de rapprocher la sémantique d'orientation logique et la sémantique d'orientation cognitive par la formalisation de la dernière, et, d'autre part, l'aspect herméneutique de la Sémantique Cognitive qui se méfie d'une telle formalisation comme la marque d'un objectivisme scientiste. De l'autre côté, pour autant que cet aspect herméneutique est reconnu comme fondamental, il y a une tension entre la volonté herméneutique originaire de fidélité par rapport au texte, et la force séductrice d'un relativisme incontrôlé qui pourrait découler de la prise de conscience de l'historicité de toute position interprétative.
        From a methodological point of view, Cognitive Semantics can be considered a return to the position of the prestnicturalist tradition of diachronic semantics. If this is correct, the epistemological objectivity of semantic analysis becomes one of the major issues for contemporary lexical semantics, which then appears to be characterized by a double tension. First, there is a tension between the objectivist desire for formalisation that is the driving force of Cognitive Science, and the hermeneutic strand in Cognitive Semantics that opposes such objeclivist tendencies. Second, to the extent that the hermeneutic aspects of semantics are recognized, there is a tension between the original hermeneutic desire for faithful interpretations, and the danger of extreme relativism that could be derived from the recognition of the perspectival nature of all interpretative positions.
      • Réflexions sémantiques d'un romaniste : Léo Spitzer (1887-1960) sur le changement de sens - Heike Hülzer-Vogt p. 131-151 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Bien que Spitzer se soit occupé du langage — et en particulier du changement linguistique par l'usage commun de la parole ou par la manipulation artistique — , son œuvre restait pratiquement méconnue dans les cercles linguistiques des trois premières décennies de notre siècle. Il y a trois raisons à cela, notamment en ce qui concerne les réflexions de Spitzer sur la sémantique et sur la constitution du sens et ses changements : premièrement, il n'est pas facile de rassembler ses idées disséminées dans les textes les plus divers, quoique la structure générale de sa position soit exprimée dans ses Essays in Historical Semantics. Deuxièmement, comme Spitzer l'a observé lui-même, les linguistes de son temps négligeaient les aspects esthétiques et stylistiques du langage. Et troisièmement, le ton combatif de ses textes et la nature excentrique de ses jugements n'ont certainement pas augmenté la popularité de ses pensées. Mais la collaboration récente entre linguistique et histoire de la linguistique — concernant entre autres le changement sémantique — réclame une ré-appréciation de l'héritage de Spitzer. On peut caractériser sa conception du changement linguistique brièvement comme suit : il adhère à la tradition de la théorie du contexte, selon laquelle les significations dépendent de facteurs socio-culturels, mais également de motifs ou thèmes personnels (influencés par des structures biographiques), et d'actes volontaires ou spontanés (comme la dénomination par exemple). De plus Spitzer souligne la nature tout à fait fortuite de la signification «juste » ou « appropriée » d'un mot, pour laquelle — selon lui — il n'y a aucune justification.
        Although Spitzer investigated language, especially its change through ordinary language use or artistic manipulation, his work went almost unnoticed in the linguistic circles of the first three decades of this century. One can give three reasons for this situation, especially insofar as Spitzer's reflections on semantics, the allocation and the change of meaning are concerned : Firstly, it is not easy to assemble Spitzer's thoughts on these matters, as one has to glean them from widely different essays, although the general structure of his position is stated in the Essays in Historical Semantics. Secondly, Spitzer himself pointed out that the linguists of his time neglected the aesthetic and stylistic side of language. Thirdly, the pugnacious tone of his texts and the eccentricity of his judgments did not make it easy to appreciate his thoughts. But in the light of a closer collaboration between linguistics and the history of linguistics regarding phenomena such as semantic change, a reappraisal of Spitzer's heritage seems to be called for. His conception of language change can briefly be characterised as follows : he stands in the tradition of context-theory, according to which meanings are seen as dependent on socio- cultural factors, but also determined by biographically conditioned structures of motifs (in the sense of leitmotifs or themes) and by voluntary acts (e.g. in name- giving). He also stressed the accidental nature of the 'right' or appropriate meaning of a word, which to his mind cannot be justified in any way.
      • La sémantique cognitive. Éléments d'histoire et d'épistémologie - François Rastier p. 153-187 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Malgré la difficulté d'écrire l'histoire en cours, on peut présenter des éléments de périodisation, qui indiquent comment la sémantique cognitive est issue de l'Intelligence artificielle et de la psychologie cognitive (plutôt que . de la sémantique generative). Dans ces disciplines, la sémantique formelle a été contestée, au profit d'un mentalisme généralisé. La sémantique cognitive prend pour principe que le sens linguistique consiste en représentations ou processus mentaux, ce qui la conduit à s'absorber soit dans la psychologie, soit dans une
        Despite the fact that it is difficult to write the history of a field that is still developing, one can put forward some elements for a periodisation which indicates how cognitive semantics has emerged from Artificiel Intelligence and cognitive psychology (rather than from generative semantics). In these disciplines formal semantics has been contested and has been replaced by a general mentalism. Cognitive semantics is based on the principle that linguistic meaning consists in representations or mental processes, which led to it being aborbed either into psychology or into a spontaneous philosophy. In either case the fact of relating something linguistic with something mental has led to aporetical difficulties. The domain of space which is favoured by cognitive semantics offers an illustration hereof which sheds light on its links with transcendental esthetics.