Contenu du sommaire : Restaurations autoritaires ?
Revue | Politique africaine |
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Numéro | no 146, 2017/2 |
Titre du numéro | Restaurations autoritaires ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le Dossier : Restaurations autoritaires ?
- Des lendemains qui déchantent ? Pour une sociologie des moments de restauration - Amin Allal, Marie Vannetzel p. 5-28
- Quand l'élection (re)devient un plébiscite : La restauration autoritaire à l'aune du leadership politique en Égypte - Assia Boutaleb p. 29-48 Plaidant pour une complexification du récit actuel sur le retour à l'ordre ancien en Égypte, cet article se propose d'envisager la restauration autoritaire à l'aune de la question du leadership politique. Pour ce faire, il analyse l'élection présidentielle de 2014 et, plus largement, l'histoire de la fabrique égyptienne du leadership politique. Ce choix est motivé, d'une part, par le fait que cette élection est considérée, par tous les commentateurs, comme l'illustration exemplaire du retour à l'ordre ancien où un militaire (re)prend les rênes du pays. D'autre part, parce que l'élection est le moment de certification et de construction du leadership : celui durant lequel il est disputé, explicité, mis en récit, mais aussi attribué. Nous montrerons, à travers la prise en compte de l'histoire sur le long et le moyen terme de la fabrique du leadership, et l'analyse de la dimension narrative mise en avant durant la campagne électorale, que la restauration autoritaire ne signifie ni la simple duplication des recettes passées, ni la reproduction d'une forme de leadership.This article analyzes the authoritarian restoration through political leadership in Egypt. We focus on the presidential election of 2014 and more broadly on the history of Egyptian political leadership making. Our motivation for focusing on the 2014 election is twofold. On the one hand, it is considered by all the commentators as a paradigmatic illustration of the ancient regime restoration. On the other hand, it is a key moment in any leadership building: the one during which it is disputed, elucidated, put into narrative and also assigned. Our point of view introduces complexity in the analysis of authoritarian restoration: we argue that, contrary to what might be thought at first glance, this restoration is not a mere return to the previous leadership recipes.
- La restauration autoritaire au prisme des instruments de propagande. Le cas de l'agence Tunis Afrique Presse (TAP) - Enrique Klaus p. 49-71 Cette étude de cas se saisit de manière critique de la question de la restauration autoritaire à travers un prisme inédit, celui de l'agence de presse responsable de la production et de la diffusion de la propagande de l'ancien régime en Tunisie, l'agence Tunis Afrique Presse (TAP). À travers cet objet, elle montre qu'un tel phénomène est le produit d'un processus erratique dynamisé par des logiques contradictoires, voire paradoxales, héritées du passé mais aussi produites des contingences et des opportunités qu'offre la conjoncture fluide dans laquelle elle se trouve enchâssée. Après un court détour historique sur l'évolution de cette institution médiatique sous l'ancien régime, l'article se focalise sur la « logique de situation » et son enchaînement séquentiel qui mène à la restauration, notamment la situation révolutionnaire telle que celle-ci a été vécue au sein de la TAP et la période post-Ben Ali.This case study grabs the question of authoritarian restoration through an unusual angle: the news agency which was responsible for the production and the broadcasting of the former regime's propaganda, the Tunis Afrique Presse (TAP) agency. Through this specific object, it accounts for the fact that authoritarian restoration is an erratic process which is nourished by contradictory – if not paradoxical – logics, both inherited from the past and produced by the contingencies and the opportunities fostered by the fluid conjuncture in which it is embedded. After a short historical account of this media institution under the former regime, the article focuses on the “logics of situation” and their sequential occurring which led to the restoration, in particular the revolutionary situation as it was pervasive within the TAP agency, and the post-Ben Ali period, by insisting on the peculiar modalities of the authoritarian restoration within the news agency.
- De la fin des manifestations à la faim de manifester : revendications publiques, rémanence autoritaire et procès de la démocratie au Cameroun - Jean-Marcellin Manga, Alexandre Rodrigue Mbassi p. 73-97 Près de trente ans après la période dite d'« ouverture démocratique » et les soubresauts qui l'ont marquée, l'on sait, grâce à de nombreux travaux, de quelle manière le régime de M. Biya a réussi à conserver la main et à mettre fin aux illusions de changement nourries par ses adversaires politiques. En revanche, l'on est très peu renseigné sur la façon dont les groupes protestataires se sont (ré)adaptés à ces lendemains qui déchantent. En prenant comme entrée les manifestations publiques, cette réflexion interroge sur ce que le retour à l'ordre, après la conjoncture critique des « années de braise », introduit comme déplacements dans les pratiques de cette catégorie d'acteurs. Elle tente, précisément, de montrer par quels moyens, en dépit de la censure administrative et de la répression policière qui pèsent sur eux, les groupes manifestants arrivent à se « débrouiller » dans un contexte fortement contraint où la rue apparaît in fine comme un espace politique contrôlé.About thirty years after the period considered as the “entry into democracy” and its relevant issues, many research works enabled to understand the way Biya's regime has successfully maintained its reign and disillusioned its political opponents about a possible political change. However, there is less evidence about the way protesting groups (re-)adapted to this hopeless future. Starting with public demonstrations, after the terrible crisis which went on for many “difficult years”, this article questions to what types of changes the subsequent return to order leads, among these political actors. Specifically, it aims to demonstrate how, despite the existing administrative censorship and police repression pinning them down, protesting groups still manage in an overly restrictive context, where street movements occur in a controlled political arena.
- La répression des autres : mobilisations et démobilisations dans les universités égyptiennes au lendemain du 3 juillet 2013 - Farah Ramzy p. 99-124 Cet article construit une histoire parallèle de la contestation étudiante égyptienne après 2013. Outre la remise en question de la lecture dominante, selon laquelle les universités ne seraient que le dernier « champ de bataille » dans la guerre entre les Frères musulmans (FM) et le régime d'Al-Sissi, il examine les ressorts de l'action de groupes étudiants qui sont en concurrence avec les FM tout en s'opposant aux pratiques répressives du régime. L'historicité du mouvement étudiant et le renouveau de ses mobilisations après le soulèvement du 25 janvier 2011 permettent de saisir le processus de constitution de ce « milieu étudiant contestataire non-FM » afin de comprendre, par la suite, comment ces acteurs construisent des possibilités d'action collective à partir des effets induits par la répression de leurs rivaux.This study aims to present a parallel reading of student contestation in Egyptian universities in the aftermaths of July 2013. It goes beyond the dominant lens of the conflict between the Muslim brotherhood students and the new military backed regime. The historicity of the Egyptian student movement and the renewal of student mobilizations after the 2011 uprising will be our entry points to examine the process of constitution of a contentious student milieu that competes with the Muslim brotherhood's students. We will then proceed to examine how, after 2013, the non-MB actors managed to construct lines of collective action and frames of mobilization based on the consequences of the repression targeting primarily their rivals.
Recherches
- Ceci n'est pas un sorcier. De l'effet Magritte en sorcellerie - Jean-Pierre Warnier p. 125-141 Depuis les années 1990, la sorcellerie en Afrique fait l'objet d'une déferlante de publications. Ne donne-t-elle pas une caution universitaire à ce qu'elle prétend déconstruire ? Parle-t-on de discours génériques sur la sorcellerie ? D'histoires de seconde main colportées à l'envi ? Ou de crises paroxystiques empiriquement saisissables ? La confusion qui règne n'exige-t-elle pas débat et clarification tant du point de vue scientifique que déontologique ?Since the 1990s, witchcraft in Africa has produced an editorial tsunami, which this article critically interrogates. Doesn't this flow of publications bestow a scholarly legitimacy upon what it intends to deconstruct? Does it rely on generic discourses about witchcraft? On second-hand stories spread at will? On empirically observable paroxystic crises? Doesn't such a confusion call for debate and clarification both from a deontological and a scientific point of view?
- Esclavage et réparations. Construction d'un problème public (1998-2001) - Johann Michel p. 143-164 La présente contribution vise à analyser les conditions qui ont rendu possible la construction, entre 1998 et 2001, en France métropolitaine et ultramarine, du problème public des réparations de l'esclavage. Les commémorations du 150e anniversaire de l'abolition offrent une opportunité inédite à des entrepreneurs de mémoire pour problématiser et publiciser autrement la mémoire de l'esclavage et de la traite africaine et transatlantique. Il ne s'agit plus de glorifier la grandeur de la République française qui a libéré les esclaves de leurs chaînes. Il s'agit désormais de penser les conditions qui permettront de réparer les préjudices subis par les victimes de l'esclavage et par leurs descendants. L'article s'attarde à la fois sur les acteurs collectifs à l'initiative de ce processus, sur les espaces de certification et de labélisation, sur les instruments mobilisés qui ont contribué à construire le problème public des réparations.The present contribution analyzes the conditions that made possible the construction of the issue of reparations for the prejudices suffered by slaves in metropolitan and overseas France as a public problem (1998-2001). The commemoration of the 150th anniversary of the abolition of slavery offered an opportunity for memory entrepreneurs to further problematize and publicize the memory of slavery and the African and transatlantic slave trade. Rather than glorifying the greatness of the French Republic which freed the slaves from their chains, the debates now evolved around the conditions under which “reparations” for the prejudices suffered by the victims of slavery and their descendants would be thinkable. The article focuses on the collective actors who initiated the process, on the certification and labeling spaces, as well as on the instruments mobilized that contributed to the construction of reparations as a public problem.
- Ceci n'est pas un sorcier. De l'effet Magritte en sorcellerie - Jean-Pierre Warnier p. 125-141
Conjoncture
- L'Afrique contre la Cour pénale internationale ? Éléments de sociogenèse sur les possibles de la justice internationale - Sara Dezalay p. 165-182 « C'est notre continent, pas le vôtre ! » Cet article s'interroge sur le divorce annoncé entre la Cour pénale internationale (CPI) et les États africains. À rebours de débats idéologiques – entre néo-colonialisme et universel –, il suggère des pistes pour penser la sociogénèse du présent – et, partant, des possibles – de la justice pénale internationale. Il ouvre plusieurs « boîtes noires » permettant d'opérer un déplacement du regard : des politiques symboliques du champ du droit pénal international vers les conditions structurelles permettant d'expliquer son institutionnalisation, en particulier dans son rapport à l'Afrique.“This is our continent, not yours!” This article explores the apparent and on-going backlash of African states against the International Criminal Court (ICC). Beyond ideological debates – opposing neo-colonialism to universalism – it suggests hypotheses to reflect on the sociogenesis of the present, and with it, of the futures of international criminal justice. It opens a number of “black boxes” to shift the gaze from the symbolic politics of international criminal justice, towards the structural conditions that help explain its institutionalization, in particular in relation to the African continent.
- L'Afrique contre la Cour pénale internationale ? Éléments de sociogenèse sur les possibles de la justice internationale - Sara Dezalay p. 165-182
Lectures
- Revue des livres - p. 183-200