Contenu du sommaire : Lectures
Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 29, décembre 2010 |
Titre du numéro | Lectures |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- D'une histoire en marge à l'histoire des marges : Les études urbaines sur la période prémoderne (XVIe-XIXe siècles) au Japon - Guillaume Carré p. 5-26 Dans les études historiques comme pour les autres domaines du savoir, l'ère Meiji a marqué au Japon une rupture à partir de laquelle les universitaires ont continuellement assimilé des apports occidentaux. Mais l'histoire urbaine japonaise, particulièrement florissante pour la période d'Edo (17e-19e siècles), ne se résume pas à une imitation de modèles venus d'Europe ou d'Amérique du nord, loin de là. Les courants qui ont illustré cette discipline ces dernières décennies sont aussi le produit de débats riches et complexes, à resituer dans le contexte d'une histoire sociale marxisante développée dans l'Après-guerre et de sa critique. L'article se propose donc de retracer les grandes lignes des évolutions de l'histoire urbaine japonaise à partir du début du 20e siècle, en insistant en particulier sur les résultats originaux obtenus depuis les années 1980 par Yoshida Nobuyuki et son entourage, un courant particulièrement soucieux d'analyses de l'espace urbain et à l'origine d'un profond renouvellement des problématiques de l'histoire sociale du Japon pré-moderne.From a Marginal History to the History of Margins Urban Studies in pre-Modern Japan Historians and other academics see in the Meiji era a drastic shift, and the starting point of a continuous assimilation of western elements by Japanese scholars. But the urban history of Japan, particularly flourishing during the Edo period (17th- 19th centuries) is far from limited to the imitation of European and North-American models. The various currents that have been predominant in the field for the past decades are also the fruit of rich and complex debates, to be considered within the context of a social history that, after the war, bears the mark of both Marxist theory and its critiques. This paper offers an overview of the evolution of the urban history of Japan, starting at the beginning of the 20th century. Emphasis will be put on the original results put forth, since the 1980s, by Yoshida Nobuyuki and his circle, who display particular interest in urban space, and who are at the origin of a fundamental renewal of the questions at the heart of the social history of pre-modern Japan.
- Un guerrier dans la ville : Obligations de service et sorties d'un samouraï en poste à Edo au XIXe siècle - Iwabuchi Reiji p. 27-66 Le système de la « résidence alternée » imposait à tous les grands seigneurs du pays (les daimyô) de se rendre régulièrement à la capitale shogounale d'Edo et d'y séjourner, pour faire la démonstration de leur soumission aux Tokugawa. Ces seigneurs devaient se faire accompagner d'une imposante suite de vassaux lors de ces voyages, et de ce fait, Edo contenait en permanence une importante population de guerriers venus de toutes les provinces du pays. Des préjugés tenaces entretiennent à propos de ces guerriers en poste à Edo, l'image de « provinciaux » peu dégourdis, mais aussi de viveurs profitant de leurs séjours dans la capitale du shogoun pour y prendre du bon temps. Grâce à l'analyse du journal d'un guerrier du fief de Shônai, Kanai Kuninosuke, qui se rendit à quatre reprises à Edo dans les années 1840 et 1850, l'article cherche à mieux décrire la réalité de l'activité de ce vassal de province dans cette cité, qu'il s'agisse de ses obligations de service ou de ses loisirs.A Warrior in the city : The Duties and Recreation of a Samurai stationed in Edo in the 19th century An « alternate residence » system had all lords (daimyô) required to regularly spend some time in the shogoun capital of Edo, so as to demonstrate their obedience to the Togukawa shogunate. An impressive suite of vassals were to accompany the lords, and Edo was thus continuously home to a significant population of warriors hailing from all the provinces of the country. The soldiers were often assumed to be dull provincials overindulging in the pleasures of the capital. Through the analysis of the diary of Shonai fief warrior Kanai Kuninosuke, who spent time in Edo on four occasions during the 1840s and 50s, this paper attempts to better describe the actual duties and leisure of a provincial vassal in the city.
- Coiffeurs et coiffeuses d'Edo et de Tokyo - Yokoyama Yuriko p. 67-98 Les coiffeurs de la ville d'Edo, en tant qu'exemple typique d'un métier en marge des statuts sociaux reconnus dans la société du temps des Tokugawa, ont attiré l'attention de la recherche japonaise en histoire urbaine. Cependant la situation de leurs homologues féminines reste bien moins connue, même si l'importance croissante de cette activité dans la vie quotidienne des femmes est attestée depuis la fin du 18e siècle. Ce n'est cependant qu'à l'ère Meiji que ces professionnelles de la coiffure pourront exercer leur métier en toute légalité, car le shogounat des Tokugawa trouvait inconvenant que des femmes gagnent leur vie de cette manière. L'étude des différences dans l'évolution des conditions d'exercice de la coiffure à Edo-Tokyo entre la fin du shogounat et les premières décennies de l'ère Meiji, permet alors de mieux comprendre comment la différence sexuelle put être l'un des facteurs à l'origine de différences importantes dans les pratiques et l'organisation du métier entre coiffeurs et coiffeuses.Male and Female Hairdressers of Edo and Tokyo The male hairdressers of the city of Edo offer a typical example of a trade that is at the margin of recognized social statuses in the days of the Tokugawa, and as such have drawn the attention of Japanese scholars of urban history. The condition of their female counterparts, however, is much less known, even though the increasing importance of the profession in the daily life of Japanese women is established since the late 18th century. Only with the Meiji era will haircare professionals be able to legally practice their trade, as the Tokugawa shogunate found it an improper livelihood for women. The study of differences in the evolution of the practice of haircare in Edo-Tokyo, between the end of the shogunate and the first decades of the Meiji era, allows for a better understanding of how gender could have factored in the significant dissimilarities in the practices and organization of the trade for male and females hairdressers.
- Edo au fil de l'eau - Nobuyuki Yoshida p. 99-128 Capitale des shogouns Tokugawa et plus grande cité de l'archipel japonais depuis le 17e siècle, Edo (Tokyo à partir de l'ère Meiji) avait été bâti en partie sur des terrains remblayés au fond d'une baie. Cette ville était donc un port maritime, mais aussi fluvial, de première importance, en raison notamment de ses besoins d'approvisionnement. Pourtant la situation portuaire d'Edo n'a jusqu'à présent que peu retenu l'attention des historiens, même si elle constitue un principe essentiel de structuration de l'espace de cette cité, sillonnée de canaux et de voies d'eau. Le but de l'article est donc, dans un premier temps, de caractériser les diverses fonctions portuaires de la ville et les espaces qui leur étaient dévolus, ainsi que les structures sociales et professionnelles, typiques, qui assuraient leur fonctionnement. L'examen de plusieurs secteurs d'Edo permettra ensuite de décrire les formes de micro-sociétés locales construites autour de l'activité des quais.Edo by the Water The capital of the Tokugawa shogoun and the largest city in the Japanese archipelago since the 17th century, Edo (Tokyo since the Meiji era) was built in part on grounds filled to expand the shoreline into the bay. A seaport, the city is also a major river port, in particular because of its supplies needs. Yet, Edo as a port has enjoyed little attention from historians. The location and port function of the city, where canals and waterways abound, are however essential to the structure of the urban space. This paper aims to describe the various port functions of the city and the space devoted to them, as well as the typical social and professional structures necessary to their operations. The study of several districts of Edo will then allow the description of the local types of micro-societies that developed around the piers.
- Vingt ans de réflexions sur la ville antique : Tendances historiographiques actuelles - introduction - Bernard Legras p. 129-131
- D'Uruk à Mari. : Recherches récentes sur la première révolution urbaine en Mésopotamie - Pascal Butterlin p. 133-159 Le propos de cet article est de faire un bilan des recherches récentes sur la première révolution urbaine, en s'appuyant sur deux sites emblématiques : Uruk puis Mari. La démarche ne se limite pas à l'analyse du bâti mais est élargie à celle des rapports entre ces villes et leur arrière pays, en combinant résultats des fouilles anciennes et résultats des recherches les plus récentes.Uruk and Mari : recent Researchs of the first urban Revolution in Mesopotamia The main purpose of this paper is to present recent results of urban studies about the first urban révolution : two case studies are particularly developed, Uruk and Mari. Building analysis and landscape analysis are the two principles tools used in tis study, based on old and latest field results.
- De l'archéologie à l'histoire sociale : Recherches récentes sur les villes de la chôra égyptienne (Basse époque pharaonique – période gréco-romaine) - Jean-Yves Carrez-Maratray p. 161-180 Le caractère fortement urbain de la civilisation égyptienne ancienne « pharaonique », longtemps ignoré ou contesté, est désormais reconnu. Les Grecs, d'ailleurs, ne s'y étaient pas trompés, qui appelaient « villes » (poleis) les innombrables agglomérations, grandes ou petites, dispersées le long de la vallée du Nil. Depuis 1980, environ, l'égyptologie s'est largement ouverte à l'archéologie urbaine et à la sociologie. Les recherches récentes se concentrent sur la naissance du fait urbain au prédynastique, sur les villes royales du Nouvel-Empire, en particulier dans le Delta (Avaris, Pi-Ramsès, Tjarou), et surtout sur l'urbanisme de l'Egypte dite tardive (Ier Millénaire avant notre ère, synthèse récente de François Leclère). Les études concernant cette dernière période ont mis en évidence la continuité, jusqu'à la fin de l'époque ptolémaïque (30 av. J.-C.), d'un modèle urbain centré autour de vastes « temenos », ces enceintes non pas défensives, comme on l'a longtemps cru, mais destinées aux activités sacerdotales (temples et « bâtiments à soubassement »). Une véritable rupture se produit au début de notre ère : en distinguant drastiquement les villages (kômai) des chefs-lieux (« métropoles de nomes »), le pouvoir romain a fait entrer les « grandes villes » dans l'ère de l'urbanisme et de la socialisation municipale. Ce champ de recherches, autrefois réservé aux seuls papyrologues (synthèse récente de Richard Alston), s'ouvre de plus en plus à l'archéologie, comme nous tentons de le faire dans nos fouilles de l'antique Péluse (Delta oriental, Sinaï Nord).From Archaeology to Social History : Recent Researches on Cities of the Egyptian Chôra (Late Pharaonic and Greco-Roman Periods) The strong urban character of the ancient Egyptian ‘‘pharaonic'' civilization has long been ignored or questioned but is nowadays acknowledged. Moreover, the Greeks recognized it when they called ‘‘cities'' (poleis) the innumerable built-up areas, big or small, scattered all along the Nile valley. From the eighties, Egyptology devoted itself to urban archaeology and social sciences. Recent researches concentrate upon the beginnings of the urban phenomenon during the predynastic period, upon royal settlements of the New Kingdom, particularly in the Delta (Avaris, Pi-Ramses, Tjaru), and especially upon urbanism during the socalled Late Period (Ist Millennium B.C., see François Leclère's recent book). Studies concerning this last era highlight the continuum, till the end of the Ptolemaic Period (30 B.C.), of a urban model based on huge ‘‘temenos'', not defensive enclosures, as was long thought, but walled areas devoted to priestly activities (temples and high-based buildings). A real break occur at the beginning of the current era : the Roman Power, when harshly distinguishing villages (kômai) from towns (‘‘nome metropoleis''), introduced the biggest settlements into the mood of urbanism and civilian socialization. Investigations on this subject have for long been private ground of papyrologists alone (see Richard Alston's recent works), but they open now, more and more, to archaeology, as we hope to do when excavating ancient Pelusium (Eastern Delta, North-Sinai).
- De la topographie urbaine à la métropole étendue : Tendances récentes de la recherche sur la Rome antique - Jean-Pierre Guilhembet p. 181-198 From Urban Topography to extended Metropolis : Recent Trends in Research on Ancient Rome This article insists on archaeological controversies and results which essentially concern the earliest centuries of Rome as well as the central area. The impact of ‘‘topographical revisionism'' is evoked on the basis of two specific issues, the Sacred Way and porticus Æmilia/Navalia. Recent trends in research seriously take ‘‘suburbium'' into account when studying ‘‘Urbs'', with the use of the concept of ‘‘extended metropolis''.
- Fabienne Chevallier, Le Paris moderne. Histoire des politiques d'hygiène (1855- 1898), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, 412 p. - François Loyer p. 199-201
- Matthieu Bréjon de Lavergnée, La Société de Saint-Vincent-de-Paul au XIXe siècle. Un fleuron du catholicisme social, Paris, Les Éditions du Cerf, « Histoire reli gieuse de la France », no 34, 2008, 713 p. - Paul Airiau p. 201-203
- Rosemary Wakeman, The heroic city, Paris 1945-1958, Chicago, The University of Chicago Press, 2009, 416 p. - Danielle Tartakowsky p. 203-204
- Brigitte Laîné, Juridiction consulaire 1563-1792. Tribunal de commerce 1792-1997. Guide des sources conservées au Archives de Paris, Paris, Direction des Services d'Archives de Paris, 2009, 404 p. - Joëlle Lenoir p. 204-206
- Arnaud Baubérot, Florence Bourillon (sous la direction de), Urbaphobie la détes tation de la ville aux XIXe et XXe siècles, CRHEC, Bordeaux, Éditions Bière, 2009, 352 p. - Dominique Hervier p. 206-207