Contenu du sommaire : Photographier la ville
Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 46, août 2016 |
Titre du numéro | Photographier la ville |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- L'historien, la ville, la photographie - Thierry Bonzon p. 5-8
- Les vues urbaines de Paris dans le fonds Albert-Kahn - Sophie Couëtoux p. 9-29 Paris occupe une place notable dans la collection d'autochromes et de films des Archives de la Planète, constituées par le banquier Albert Kahn au début du XXe siècle. La valeur historique de ce corpus est présentée, ainsi que ses principales spécificités et sa topographie. La complémentarité des deux procédés de prise de vue est développée au regard du territoire parisien, les propriétés de chaque technique contribuant à la vocation documentaire du projet de Kahn. Ce fonds exprime des problématiques urbaines de l'époque, telles que l'attention portée à l'esthétique du paysage et à l'amélioration de la circulation. Certains grands travaux d'urbanisme et les transformations de la ceinture de Paris sont relatés en images pendant plusieurs années.Paris holds a notable place in the collection of autochromes and films in the Archives of the Planet, an iconographic collection built up by banker Albert Kahn in the early twentieth century. This paper presents the historical value of this collection, as well as its main specific features and topography. The complementarity between the two image-capturing processes is examined in the context of the Paris region, as the properties of each technique contributed to the documentary objective of Kahn's project. This collection conveys the urban issues of the era, such as the attention paid to the aesthetics of the landscape and to improving traffic. A few of the major urban development projects and transformations of the Paris outskirts are narrated in images over a period of several years.
- Impossible quotidien ? Les photographies de Paris au XIXe siècle : Entre passé et projets - Manuel Charpy p. 31-64 Paris est au XIXe siècle la ville, avec Londres, la plus photographiée. Par centaines de milliers, plaques de verre puis films souples saisissent des instantanés de la vie parisienne. Las, ces images n'offrent qu'une faible documentation pour l'historien de la ville. C'est que les images commandées par les administrations et les réformateurs de la ville comme celles réalisées par les touristes et les amateurs reconduisent des traditions iconographiques existantes. C'est aussi que ces images ne cherchent par à capter le présent, voire l'élude avec soin : alors que les unes collectent les traces du passé, les autres cherchent à préfigurer la ville à venir. Au final, le quotidien et le monde contemporain surgissent par accident ou dans les marges, toujours quand il échappe au regard collectif.Paris was, along with London, the most photographed city of the nineteenth century. Photographic plates, and later photographic film, captured hundreds of thousands of scenes of Parisian life. Unfortunately, these images are a poor documentary source for historians of the city. This is because the images ordered by city administrations and urban reformers, as well as those taken by tourists and amateur photographers, carried on existing iconographic traditions. It is also because these images were not attempting to capture the present, and in some cases were careful to elude it: whereas some photographers collected the traces of the past, others were seeking to forecast the city of the future. All in all, everyday life and the contemporary world appeared in these photographs only by accident or on the margins, while always escaping a collective view.
- Photographie et mutations urbaines au XIXe siècle - Hélène Bocard p. 65-85 Cet article aborde le lien entre photographie et mutations urbaines au XIXe siècle à travers deux grands thèmes : la photographie comme témoignage de grands chantiers urbains (démolitions, constructions, percement ou élargissement de nouvelles voies) et la photographie comme outil de préservation de la mémoire d'un habitat ou d'un quartier appelé à disparaître. Dans la première partie, sont évoqués quelques exemples de grands chantiers de la deuxième moitié du siècle (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille) : le contexte de la commande, le photographe, la prise de vue, les sujets des clichés, les chantiers eux-mêmes, avec l'outillage et les hommes au travail, les constructions de nouveaux équipements, les aménagements réalisés. Dans la seconde partie, nous évoquons l'autre versant de ces mutations, à savoir la préservation par l'image des quartiers appelés à disparaître en partie ou totalement dans ces grandes opérations ; nous verrons comment les collectivités locales (parfois à l'incitation des sociétés historiques) eurent le souci de préserver par l'image la mémoire du bâti menacé ou sacrifié dans les grands travaux urbains ; aux exemples de Bordeaux, Lille et Marseille, s'ajoutent ceux de Limoges et du Mans.This paper addresses the link between photography and urban transformations in the nineteenth century through two major themes: photography as testimony of major urban construction projects (demolitions, building projects, constructions, creating new roadways or widening existing ones), and photography as a tool for preserving the memory of housing or neighbourhoods that are slated to disappear. The first part of this paper looks at a few examples of major construction projects from the second half of the century (in Bordeaux, Lille, Lyon and Marseille): the context behind the commission of photographic work, the photographer, the photo-taking, the subjects of photographs, the worksites themselves (including equipment and labourers), the construction of new facilities, and the completed developments. In the second part, we focus on the reverse side of these transformations, namely the preservation in images of neighbourhoods slated for partial or total destruction because of these major development projects. We will show how local authorities (sometimes at the behest of historical societies) were concerned about preserving the memory, through images, of buildings threatened or sacrificed in major urban building projects. In addition to the examples of Bordeaux, Lille and Marseille, we will also look at projects in Limoges and Le Mans.
- Girault de Prangey à Damas (1843-1844) : À la lumière des clichés conservés à la Bibliothèque nationale de France - Élodie Vigouroux p. 87-114 Dès son invention en 1839, les savants orientalistes, conscients de l'immense potentiel de ce medium s'emparent de la photographie. Un historien de l'architecture formé à la cette technique, Joseph-Philibert Girault de Prangey, se rend en Orient en 1843. Il visite Damas et les daguerréotypes qu'il rapporte sont les plus anciens clichés de la ville qui nous soient parvenus, six d'entre eux sont conservés à la Bibliothèque nationale de France. Ces images nous renseignent non seulement sur les centres d'intérêt du savant et sur les conditions de travail d'un photographe en Orient aux balbutiements de son art, mais elles nous fournissent également des éléments sur le paysage urbain et le contexte socio-politique damascènes, à l'aube des bouleversements qui accompagnèrent les Tanzimat.Just after photography was invented in 1839, Orientalist scholars realised the immense potential of this medium and began to use it. Joseph-Philibert Girault de Prangey, a historian of architecture trained in photographic technique, travelled to the Orient in 1843. He visited Damascus, and the daguerreotypes that he brought back are the earliest photographs of the city to survive. Six of these daguerreotypes are held in the National Library of France. These images teach us not only about Girault de Prangey's areas of interest and a photographer's working conditions in the Orient in the early days of photography. They also provide us with information about the urban landscape and the socio-political context of Damascus, at the dawn of the period of upheavals that accompanied the Tanzimât.
- La photographie archéologique comme source indirecte pour l'histoire urbaine : Rome à travers la collection Parker (1867-1879) - Jean-Philippe Garric p. 115-140 Deux décennies après les débuts de la photographie romaine, l'archéologue britannique John Henry Parker (1806-1884) entreprenait de faire réaliser par des photographes romains ce qui apparaît rétrospectivement comme le premier grand reportage photographique rendant compte dans sa globalité d'un territoire urbanisé. Comptant plus de 4 000 images prises entre 1855 et 1885, l'exemplaire de la collection Parker conservé par la bibliothèque de l'INHA, sert ici de point de départ, pour une réflexion sur l'usage de la photographie archéologique ou architecturale dans une perspective croisant histoire urbaine et histoire de la photographie. A partir de l'analyse d'une sélection de vues et de la mise en résonnance de certaines d'entre elles avec d'autres clichés de l'époque, il s'agit de montrer le potentiel de cette enquête portant sur le passé de la ville pour la connaissance de sa réalité contemporaine au cours de le seconde moitié du XIXe siècle, sans éluder les écueils méthodologiques d'une telle démarche.Two decades after the birth of Roman photography, British archaeologist John Henry Parker (1806-1884) commissioned Roman photographers to undertake what would become the first major photographic report covering an urbanised area in its totality. Comprising more than 4,000 images made between 1855 and 1885, the copy of the Parker Collection held by the INHA's Library is the starting point for thinking about the use of archaeological or architectural photography in a perspective that combines urban history and the history of photography. Based on an analysis of a selection of views, as well as a comparison with other photographs of the same period, the aim is to show the potential of this investigation of the city's past for knowledge about its contemporary reality during the second half of the nineteenth century, without ignoring the methodological shortfalls of such an approach.
Études
- La configuration de la police nocturne à Marseille au XVIIIe siècle : Entre garde bourgeoise et guet professionnel - Audrey Rosania p. 141-156 Alors que l'historiographie récente a mis en évidence, à l'échelle européenne, un processus de professionnalisation affectant au XVIIIe siècle les forces de police chargées de la garde urbaine, celles de la ville de Marseille étonnent par leur stabilité. En 1789, en dépit de multiples projets de réformes visant à introduire un guet professionnel, la surveillance nocturne repose toujours sur la garde bourgeoise héritée du Moyen-Âge. Cet immobilisme n'est cependant qu'apparent. Si aucune réforme ne transforme fondamentalement la garde, des modifications plus ponctuelles permettent à la municipalité de répondre aux enjeux nouveaux d'une ville en mutation. Un dispositif policier spécifique très empirique se construit au gré des besoins, témoignant de la dimension multiforme des polices modernes, dépendantes des contextes locaux.While recent historiography has highlighted a Europe-wide process of professionalization for urban police forces in the eighteenth century, the police of Marseille was surprisingly stable over this period. In 1789, despite many reform projects aimed at introducing a professional watch, night-time surveillance still relied on the garde bourgeoise (bourgeois guard), a legacy of the Middle Ages. However, this absence of change was merely superficial. While no reform transformed the guard entirely, more piecemeal changes enabled the municipality to meet the new challenges of an evolving city. A highly empirical specific police system was built gradually based on local needs, reflecting the multiple dimensions of modern police forces, dependent on local situations.
- Le discours politique de la caput regni portugaise (XIVe-XVe siècles) - Adelaide Millán da Costa p. 157-175 Cet article explore le discours politique véhiculé par Lisbonne, la capitale des communautés territoriales portugaises, dans sa relation institutionnelle avec la couronne. L'analyse de doléances spécifiques présentées aux assemblées d'états par Lisbonne, aux XIVe et XVe siècles, permet d'identifier et de catégoriser les arguments utilisés par la ville.This article explores the political discourse conveyed by Lisbon, the capital of the Portuguese territorial communities, in its institutional relationship with the Crown. An analysis of the specific grievances presented by Lisbon to the assemblies of the estates, in the fourteenth and fifteenth centuries, allows us to identify and categorise the arguments put forth by the city.
- La configuration de la police nocturne à Marseille au XVIIIe siècle : Entre garde bourgeoise et guet professionnel - Audrey Rosania p. 141-156
Note critique
- Des ré-usages du patrimoine - Laurence Gillot p. 177-179
Lectures
- Clément Alix et Frédéric Épaud (sous la direction de), La Construction en pan de bois au Moyen Age et à la Renaissance, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, 449 p. - Nathalie Pascarel
- La Maison de la culture de Firminy, ouvrage collectif, éd. La passe du vent, Vénissieux, coll. Patrimoine pour demain, 2013, nombreuses illustrations. - Richard Klein
- Judith Förstel (sous la direction de), Meaux patrimoine urbain, Paris, Somogy (Cahiers du Patrimoine – 104), 2013, 285 p. - Mickaël Wilmart
- Noémi Lévy-Aksu, Ordre et désordres dans l'Istanbul ottomane (1879-1909). De l'Etat au quartier, Paris, Karthala, 2013 - Nora Lafi
- Circulation des idées et des pratiques politiques. France et Italie (XIIIe-XVIe siècle), études réunies par Anne Lemonde et Ilaria Taddei, Rome, École française de Rome, 2013 - Laurent Baggioni
- Philippe Maffre, Construire Bordeaux au XVIIIe siècle Les frères Laclotte, architectes en société (1756-1793), Bordeaux, Société archéologique, collection « Mémoires », volume 7, 2013, 448 p., 263 ill. - Sylvain Schoonbaert
- Marc Saboya, Bordeaux L'architecture et son double, Bordeaux, éditions Le Festin, 2013, 128 p, ill. NB. - Sylvain Schoonbaert