Contenu du sommaire : Animer l'espace public ? Entre programmation urbaine et activation citoyenne
Revue | Ambiances |
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Numéro | 2017 |
Titre du numéro | Animer l'espace public ? Entre programmation urbaine et activation citoyenne |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Animer l'espace public ? Une question pluridisciplinaire de recherche - Pascale Pichon, Jean-Paul Thibaud La thématique de l'animation des espaces publics est au centre de ce dossier thématique de la revue Ambiances. Elle est interrogée à l'articulation des lieux et des temporalités qui mettent en scène une pluralité d'actions et d'acteurs. Les contributions qui composent ce dossier proviennent de disciplines différentes : architecture, art, sociologie, géographie, sciences politiques, et ouvrent le dialogue entre diverses situations et démarches d'enquête. La fabrique de la vie citadine en est ainsi éclairée, de même que les conséquences de cette « activation » de nos modes de vie, et ses incidences sur la qualité de la vie urbaine. Trois grandes lignes traversent ainsi l'ensemble des contributions, permettant de mettre à jour les enjeux d'une telle thématique. Premièrement, l'animation conduit à interroger la part socio-esthétique des expériences habitantes et des processus urbains à l'œuvre. Deuxièmement, l'animation nécessite d'être questionnée dans sa profondeur historique, anthropologique et phénoménologique. Troisièmement, l'animation procède d'enjeux politiques de toute première importance et réclame de porter un regard critique et attentif à ses effets.The animation of public spaces is the central theme of this special issue of the Ambiances journal. It deals with the articulation of places and temporalities that stages a plurality of actions and actors. The contributions that compose this issue come from different disciplines: architecture, art, sociology, geography, political science. It opens a dialogue between various situations and investigation procedures. The fabric of city life is thus enlightened, as are the consequences of this “activation” of our ways of life, and its impact on the quality of urban life. Three main lines cross all the contributions, making it possible to update the stakes of such a theme. First, the animation leads to questioning the socio-aesthetic part of the living experiences and urban processes at work. Secondly, animation needs to be questioned in its historical, anthropological and phenomenological depth. Thirdly, the animation is based on political issues of the utmost importance and calls for a critical and attentive look at its effects.
- De la machine de la fête baroque à la performance urbaine : éphémère éternel - Alessandra Cirafici L'article interroge l'origine historique du phénomène connu sous le nom d'« architecture éphémère » qui, ayant commencé à se développer à l'époque de la Rome baroque du Bernin, a modelé son expression caractéristique dans la culture et le langage qui ont fait la grandeur de la saison du baroque napolitain grâce à des personnalités telles que Cosimo Fanzago, Ferdinando Sanfelice, Domenico Antonio Vaccaro. Dans ce cadre, notre réflexion portant sur l'importance que la « machine de la fête baroque » a revêtu dans le développement urbain de la ville, la définition de l'espace collectif et la naissance de l'idée même de « place », nous amènera à élargir l'horizon de notre étude sur le spectre de l'architecture, pour réfléchir à la force de renouveau et de persuasion que le « provisoire » est en mesure d'engendrer dans la vie des villes ainsi qu'au rôle que l'« éphémère » – en tant que catégorie pour ainsi dire anthropologique – a joué et continue de jouer dans le développement et dans la définition de l'espace urbain. L'analyse du cas d'étude représenté par l'espace urbain du Largo di Palazzo offrira quelques clés de lecture à propos de la déclinaison du concept d'« éphémère » dans le développement urbain, transposables à partir de l'expérience de la ville de Naples toute entière.The contribution aims to investigate the historical origins of the phenomenon defined as “ephemeral architecture” that was first developed in the baroque Rome of Bernini and found its own expressive nature in the culture and language that made the Neapolitan baroque great, through the likes of Cosimo Fanzago, Ferdinando San Felice and Domenico Antonio Vaccaro. However, starting from a study of the significance that the macchina della festa barocca had on the urban development of the city, in defining the collective spaces and on the founding of the idea of the piazza, it will be possible to consider in a more general sense the power of renewal and persuasion that the provisional is capable of promoting in the life of cities over time, as well as on the role that the ephemeral, intended as an anthropological category, has had and continues to have on the development and definition of the concept of an urban space that is defined and measured through its rituals of use, its performances, the deep sense of wonder, amazement and participation that the ephemeral brings with it.
- Traverser la ville ininterrompue : sentir et se figurer à l'aveugle. À propos de Walk, Hands, Eyes (a city) de Myriam Lefkowitz - Julie Perrin Dans Walk, Hands, Eyes (a city), l'artiste chorégraphique Myriam Lefkowitz propose à un seul spectateur à la fois une balade urbaine silencieuse, les yeux fermés. Cet article examine la dimension spatiale, imaginaire, sensorielle et kinesthésique de l'expérience artistique, pour interroger la façon dont les savoirs sensibles propres à la danse contemporaine invitent à parcourir et considérer la ville autrement.In Walk, Hands, Eyes (a city), choreographer Myriam Lefkowitz invites a spectator to walk in an urban environment, in silence and with eyes closed. This article looks at the spatial, imaginary, sensory and kinaesthetic dimensions of the artistic experience, to question the way sensory knowledge specific to contemporary dance leads people to wander in and consider a city differently.
- L'entrepreneurialisme urbain comme mode d'animation : l'espace public madrilène disputé - Valentin Clavé-Mercier Cet article vise à questionner l'entrepreneurialisme urbain comme mode d'animation hégémonique de l'espace public en observant la réalité quotidienne, sociale, politique et matérielle de deux places publiques du centre-ville de Madrid : la plaza del Dos de Mayo et la plaza Luna. Étudiant les pratiques spontanées et ritualisées, légales et a-légales ou illégales, politisées et quotidiennes, cet article met en évidence les conflits existants autour de l'animation entrepreneuriale de l'espace public. Grâce à l'analyse de plusieurs sens du lieu, construits et expérimentés par les divers groupes étudiés, l'auteur ébauche ici les contours d'une confrontation ayant pour objet la re-signification des places publiques en question. Sont exposées tout d'abord les différentes dynamiques entrepreneuriales présentes sur le territoire étudié et liées à la gestion de l'espace public, interrogeant les objectifs qui les motivent. Il s'agira ensuite de reconstruire les sens du lieu existants autour des deux places étudiées, exposant ainsi des imaginaires urbains confrontés et diverses formes de contestation du mode d'animation entrepreneurial. Finalement, cet article rend compte des conséquences du développement exponentiel de pratiques entrepreneuriales présentes sur deux places publiques madrilènes, ainsi que des enjeux qu'elles représentent pour l'urbanité, la gouvernance et la vie urbaine du centre-ville de la capitale espagnole.This paper questions the urban entrepreneurialism as a hegemonic mode of animating public space. It does so by observing the daily social, political and material reality of two public squares in downtown Madrid: Plaza del Dos de Mayo and Plaza Luna. On the basis of a study of spontaneous and ritualised practices, legal, a-legal or illegal and political or daily ones, this paper highlights the existing conflicts relating to entrepreneurial animation of public space. Building on the analysis of several senses of place constructed and experienced by the groups that were studied, I sketch the outlines of efforts aimed at re-signification of these public squares. First, I describe different entrepreneurial dynamics that can be observed in the studied territory and linked to public space management. I also question their basic goals. Then, I reconstruct the senses of place that exist for the two public squares. This process allows the unveiling of opposed urban imaginaries and several ways in which the entrepreneurial mode of animation is contested. Finally, this paper addresses the consequences of exponential development by entrepreneurial dynamics in these two public squares, but also the stakes they represent for Madrid downtown urban renewal, governance and urban life.
- La mémoire partagée de « la vie de café » dans les quartiers populaires centraux d'immigration1 - Catherine Gauthier Étudiant la mémoire de l'immigration dans les quartiers populaires des centres anciens de Saint Etienne, Catherine Gauthier, accompagnée de la photographe Sandrine Binoux, saisit ambiances et portraits dans les cafés cosmopolites de cinq quartiers. Il en résulte un film photographique de 35 minutes, retraçant souvenirs et ambiances actuelles de ces établissements. L'article montre comment la rue, l'usine, la vie migratoire les ont façonnés, puis comment leur activité déborde à son tour sur l'espace public par une animation très spontanée. D'abord ressource urbaine pour les primo-arrivants, les cafés peuvent devenir aujourd'hui des emblèmes de la mémoire locale. Enquête et film permettent de visiter l'histoire des centralités commerciales en déclin et de rendre compte des traces encore vivantes d'une culture vernaculaire de la mixité socio-culturelle.Studying immigrants' memories in the popular districts of downtown old Saint-Etienne, Catherine Gauthier, sociologist, and Sandrine Binoux, photographer, capture atmospheres and portraits in the cosmopolitan cafés of five districts. This has resulted in a 35-minute film, retracing memories and present atmospheres of these establishments. The article shows how the street, the factory, and migratory life have shaped them, and then how their activity flows over into the public space very spontaneously. Initially an urban resource for newcomers, today the cafés can become an emblem of local memory. The research and the film allow us to visit the history of the declining commercial central locations, and to chart the traces of a vernacular culture of socio-cultural diversity.
- Walking and standing in Athinas Street: Encountering pedestrian life in Athens' historical centre - Dimitra Kanellopoulou Au cours des trois dernières décennies le centre d'Athènes a fait l'objet de nombreux projets de piétonisation. Ils sont la manifestation de l'évolution de l'image et des fonctions des espaces publics autour de la colline de l'Acropole. Les autorités locales ont favorisé au fil des ans l'outil de la piétonisation comme un moyen de renforcement du profil touristico-culturel de la capitale grecque. Entourée des rues exposées à une forte activité touristique et commerciale, la rue Athinas se trouve, depuis 2009, à l'épicentre d'un débat sur des futures piétonnisations. A l'encontre d'un discours dominant sur la nécessité d'un geste « fort » afin de stimuler la vie publique au centre d'Athènes, l'article a comme objectif d'alimenter la discussion autour des formes et de la mise en œuvre de la vie sociale dans l'espace public qui ne dépendent pas de l'aménagement ou de programmation évènementielle. En observant de près des itinéraires routiniers des marcheurs, dans la rue Athinas, l'étude cherche à révéler le processus à travers lequel la vie publique prend forme grâce aux diverses postures et manières d'être dans la rue associées aux limites perméables des activités. L'auteur, qui adopte une perspective de planification urbaine et d'enquête ethnographique, vise à contribuer au débat actuel en Europe portant sur la transformation des espaces publics métropolitains via la promotion de la marche à pied et des mobilités douces. La pluralité de la marche repose, dans le cas de la rue Athinas, sur une diversité de pratiques, de trajectoires et de profils de marcheurs qui contribuent tous à l'animation du lieu et à la fabrication d'une identité locale propre.Over the last three decades the centre of Athens has been the site of numerous pedestrianisation projects, transforming the image and function of Athenian public space within a four square kilometre zone around Acropolis Hill. Local authorities largely promote pedestrianisation as a means of boosting the cultural tourist profile of the Greek capital. Surrounded by streets that are replete with tourist and commercial activities, Athinas Street has been the focus of discussions on future pedestrianisation since 2009. In the context of a growing debate on the need of radical gestures in order to stimulate life in public space, the paper aims to stimulate discussion about the forms and triggers of animation of street life that do not depend on traditional planning or event management. By means of close observation of walkers' itineraries, the study seeks to reveal the ways in which street life flourishes within a blend of pedestrians' different types of presence in public associated with the permeable boundaries between private and public space usage. The author, who takes an urban planning and ethnographic perspective, aims to contribute to the current growing debate in Europe on the transformation of public space through the promotion of environments that promote walking. The article suggests that the enlivening of public space thrives in Athinas Street thanks to a heterogeneous walkscape characterised by a diversity of practices, trajectories and profiles of walkers, all of whom contribute to enlivening the place and creating a local identity.
- Sonic territorialisation in motion. Reporting from the homeless occupation of public space in Grenoble - Nicola Di Croce L'exploration de la dimension politique de l'environnement sonore dans l'espace public nous amène à nous focaliser sur les acteurs marginaux de la société et sur leur territorialisation sonore. Grâce à une méthodologie de recherche urbaine/sonore nous cherchons à répondre aux questions suivantes : quelles sont les traces sonores qui mettent en évidence les conflits sociaux ? Est-ce possible de parler de marginalité sociale ou d'identifier des pratiques quotidiennes qui affectent l'espace public et sonore ? Une étude de cas effectuée à Grenoble, de mai à juillet 2015, nous offre l'occasion de réfléchir plus profondément à l'utilisation de l'espace public, au rôle des acteurs marginaux et à leurs pratiques quotidiennes qui donnent sans cesse forme à l'environnement sonore urbain. Le thème de « l'altérité » devient en conséquence crucial : l'occupation des espaces publics par les sans-abri montre comment les conflits sociaux peuvent émerger très facilement dans une gamme d'expressions introduites par un « étranger » de l'espace urbain ; comment son langage se superpose, se mêle, provoque et écrase les pratiques quotidiennes des « autres » citoyens : chiens qui aboient, cris contre eux, plaintes et prières contribuent à une forte territorialisation sonore où la marginalité se manifeste de façon encore plus évidente dans l'espace public. Ces traces nous aident dans la recherche de création d'espaces sonores alternatifs.This research explores the political dimension of sonic environments within public space, with special attention on marginal stakeholders and their sonic behaviour. The aim is to investigate how public policies can relate to issues around the sonic environment and, more generally, how institutions can deal with social conflicts originated by a plurality of sonic perceptions. In order to do so, the paper presents the outcomes of field research developed in Grenoble in 2015, focusing on the “sonic deterritorialisation” of groups of homeless people in the inner city. The case study shows how certain kinds of everyday practices shape and affect sonic and public space and, in particular, the way in which sonic traces reveal social conflict. Homeless people's occupation of public space often involves a sonic challenge to the status quo, which pits marginal stakeholders, citizens, and city users against one another – reflecting the necessity to establish new forms of coexistence. “Sonic marginality” is thus the consequence of a lack of understanding. It constitutes a ground upon which a new sonic acknowledgment of “otherness” might develop, and points up the necessary role of sonic studies in better implementing political awareness, and to propose innovative resolutions for social conflict.
- Danse, la cité. Infiltration chorégraphique d'une place publique - Léna Massiani Danse, la cité est une action artistique urbaine qui interroge la relation entre les habitants d'un quartier et une place publique. C'est donc en leur présence qu'elle s'élabore. Ceux-ci sont invités à observer leur environnement quotidiennement traversé, ils sont invités à l'éprouver par un geste expérimental, pour enfin l'investir grâce à une performance dansée. La recherche qui a été mise en œuvre avec les habitants est issue de l'observation sensible que tous les participants ont réalisé au préalable. Celle-ci utilise les caractéristiques du chorégraphique comme un moyen d'identifier l'effet d'un espace sur le corps. En filigrane, le projet ouvre la voie d'une démarche singulière : lire et comprendre l'espace urbain par le corps sensible.Danse, la cité is an artistic urban act which aims to highlight the relationship between the inhabitants of a neighbourhood and a public area. They are invited to look at their environment, feel it with experimental gestures, in order to move in this place thanks to a site-specific dance performance. The process used with the inhabitants comes from sensory observation, previously undertaken by the whole team, which takes the choreographic characteristics as a way to identify the side effects of an area on the body. This project opens a path to reading and understanding the urban space through the sensing body.