Contenu du sommaire : Aménagement urbain et transition post-keynésienne
Revue | Métropoles |
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Numéro | no 4, 2008 |
Titre du numéro | Aménagement urbain et transition post-keynésienne |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Aménagement urbain et post-keynésianisme - Alain Weber
- L'aménagement urbain et territorial, entre post-keynésianisme et néo-keynésianisme - Philippe Genestier, Bernard Jouve, Paul Boino
- Le logement social au temps du néolibéralisme - Xavier Desjardins L'article postule que le néolibéralisme, qui se développe en Europe occidentale depuis le milieu des années 1970, constitue moins une sanction pour le logement social qu'il n'impose d'en infléchir la fonction. Pour appuyer cette thèse, nous suivons Michel Foucault, en définissant le néolibéralisme, non comme un retrait de l'action publique face au marché, comme un libéralisme plus « dur », mais comme une nouvelle manière de composer l'économique et le politique. En effet, le néolibéralisme nécessite le recours à la puissance publique, non plus pour faciliter le bon fonctionnement du marché ou en compenser les défaillances, mais pour construire un cadre propice à la concurrence. Aussi, l'action publique n'a-t-elle plus pour but de redistribuer les richesses et de créer une société de semblable mais de retenir les individus comme les territoires dans le registre de l' « égale inégalité » qui fait qu'il y a concurrence précisément parce qu'il n'y a pas exclusion. Le logement social prend toute sa place au sein de ces politiques de lutte contre l'exclusion : il vise de moins en moins à récompenser l'implication dans le monde du travail, comme au temps des Trente Glorieuses, mais devient, de plus en plus, un outil de la lutte contre l'exclusion. Cette inflexion nous semble expliquer les mutations des politiques de logement social dans les pays européens qui avaient connu un fort développement de leur parc de logement des années 1950 aux années 1970, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark ou encore la Suède.In this article, the author takes it as axiomatic that, with the influence of neoliberal theories on urban policies since the 1970's, the role played by social housing has evolved rather than decreased. This opinion is based on Michel Foucault's definition of neoliberal theory as a new partition between politics and economics rather than a weakening of public action. The article then explains how public action is needed to the application of neoliberal theory in order to create favourable conditions for market competition. To create such conditions implies to keep people and territories in a situation of “equal inequality”, because market forces can't operate in an exclusive society. Thus, social housing is now used to tackle exclusion, whereas during the post World-War II years of economic prosperity, it was considered as a supplementary income provided to thank workers for their contribution to society. The influence of neoliberal theory seems to the author a useful element if one wants to understand the evolution of housing policies in countries such as Great Britain, France, Germany, Belgium, The Netherlands, Denmark and Sweden.
- Les coalitions dans l'analyse des politiques urbaines post-keynésiennes - Rémi Dormois Cet article analyse la formation de coalitions d'acteurs dans les politiques de régénération urbaine de trois villes européennes : Gênes en Italie, Saint-Etienne en France et Sheffield en Grande Bretagne. Les résultats présentés proviennent d'une recherche financée par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) dans le cadre du programme : Renouveler l'urbain au nom de la mixité. Un état commenté de la littérature se rapportant au rôle des coalitions dans l'action publique est développé dans la première partie. En particulier, nous précisons quels sont les apports théoriques et méthodologiques qui découlent, de notre point de vue, de la mobilisation de la théorie des régimes urbains. Dans une seconde partie, nous discutons les résultats tirés de notre recherche sur la composition et le rôle des coalitions dans les politiques de régénération urbaine avec ceux établis par d'autres chercheurs au sujet des politiques urbaines en place dans les villes américaines ou britanniques. Nous pointons leur degré d'inter-sectorialité moins affirmé avec notamment une faible participation des acteurs sociaux et nous soulignons une situation de coexistences de plusieurs coalitions d'acteurs agissant sur différents types de territoires de régénération urbaine (quartiers d'habitat social, quartiers mixtes avec des potentialités de valorisation,…). Enfin dans une troisième partie, nous montrerons que la mise en place des politiques de régénération urbaine répond à des enjeux économiques, sociaux mais aussi à des enjeux de production d'action collective dans un contexte de pluralisation des systèmes de décision. Nous verrons aussi que ce dernier objectif n'est que partiellement atteint dans la mesure où le design et le contenu de ces politiques laissent peu de place aux habitants et à l'innovation dans les modalités d'action.In this article, we study the formation of coalitions in urban regeneration projects implemented in Genova (Italy), Sheffield (Great Britain) and Saint-Etienne (France). The results discussed in this article are based on a research funded by the French Ministery for the Sustainable Development. The first part deals with a review of recent literature concerning the role of coalitions in the urban policies. We underline the benefit – for theory and methodology issues – that can be retired by the use of the Urban Regime Theory in the analysis of coalitions. In a second part we compare our results and existing works about the composition and the role of coalitions in urban policies. We show that coalitions existing in urban regeneration policies are less cross-sectoral – with the weakness of social actors – than coalitions studied in American and English cities. We underline also that existing several coalitions in parallel acting in different types of urban renewal areas (social housing settlement, mixed neighborhood with high potentiality of valorization). In the last part, we insist on the role attempted of urban regeneration projects to structure a local collective action capacity. These projects are not set up only to respond at economic and social issues but also to find a solution at the governmentability crisis of cities with the fragmentation of decision arenas. But this objective is partially achieved because inhabitants and other social actors don't take part directly at the design of this projects.
- Réflexion autour des nouveaux instruments de la production urbaine : vers la fin du modèle keynésien?1 - Yann Ferguson L'intégration progressive d'un raisonnement en termes d'incertitude interroge les modèles keynésiens et fordistes. Elle consacre une appréhension contingente des problèmes suivant des catégories de pensée à construire localement. Est alors élaboré un ensemble d'instruments destinés à proposer aux décideurs des scènes de négociation privilégiant une approche collective des enjeux et problèmes. Ce texte présente une analyse empirique du processus d'instrumentation opéré lors d'un grand projet urbain en cours sur l'agglomération toulousaine. Il y questionne l'effectivité de la rupture avec le keynésianisme annoncée par plusieurs auteurs anglo-saxons à l'origine d'un programme de recherche sur les nouveaux instruments de l'action publique.The progessive integration of a thought process framed in terms of uncertainty seriously challenges the models of both Keynes and Ford. It is dedicated to a contingency approach to problems, according to thought categories constructed locally. A set of mechanisms is thus elaborated in order to propose various negotiation scenarios to decision makers. These favor a collective approach to risks and problems. This text presents an empirical analysis of the process of instrumentation in a large urban development taking place today in the Toulouse area. It questions the effectiveness of the break with keynesianism announced by several Anglo-Saxon authors who originated a research program about the new tools of public action.
- Politiques d'équipements sportifs et évolution post-industrielle en région stéphanoise - Stéphane Merle En parallèle de la construction socio-politique d'un modèle sportif français reposant sur un effort global en faveur des pratiques sportives (depuis la masse jusqu'à l'élite), le développement sportif des années 1960-1970 est fortement marqué par l'empreinte keynésienne et fonctionnaliste. L'Etat construit en masse des équipements de base (stade, gymnase, piscine) et ce maillage rationalisé concerne la région stéphanoise comme l'ensemble du territoire national. Depuis les années 1980, les grandes logiques de production d'équipements sportifs sont secouées par deux processus : l'un politique et global, la décentralisation, l'autre socioéconomique et local, la désindustrialisation (avec effacement du soutien des grandes entreprises industrielles au développement des sports). Ce double déficit de financement provoque un net ralentissement dans la construction d'équipements sportifs, sans véritable keynésianisme des collectivités locales, d'autant plus que l'aménagement sportif peine à prendre en considération les évolutions sociologiques de la pratique sportive (pratique libre de pleine nature ou en ville : jogging, VTT, roller …). Pour autant, dans cette transition post-industrielle et post-keynésienne, les équipements sportifs ne sont pas négligés : ils sont d'un type nouveau, plus spécialisés et relevant d'un côté bien souvent de logiques politiques d'instrumentalisation, d'un autre côté de logiques marchandes (pour le sport de haut niveau). Dans ce dernier cas, l'action publique en faveur des sports est questionnée, voire remise en cause, par de puissants acteurs privés, ce que montre bien l'évolution des aménagements dans et autour du stade Geoffroy Guichard.In parallel of socio-politic construction of french sports model wich rest on an effort in favour of sports (from mass to elite), the sports development in sixites and seventies is greatly marked by the keynesian stamp. The state build many basic amenities (stadium, gymnasium, swimming-pool), for Saint-Etienne region and the whole national territory. Since the eighties, the great logics of sports amenities production are shaked by two processes : the one political and overall, the decentralisation, the other socio-economic and local, the desindustrialisation (with decreasing of support of great industrial firms to sports development). This double deficit of finance cause one definite slower in the construction of sports amenities, without a real keynesianism of local authorities, all the more since sports amnity takes in short consideration sociologic evolutions of sports (free practice in nature or in the city : jogging, mountain bike, roller …). In this post-industrial and post-keynesian transition, sports amenities are note disregarded : they are from a new type, more specialized and they are a matter for, quite often, politic rouandabout logics and marketing logics (for high level sports). In this last case, public action in favour of sports is questionned, or even challenged, by powerful private actors, wici is well showed by the evolution of amenities in and around G. Guichard stadium.
- Les politiques urbaines en Tunisie - Mustapha Ben Letaief En Tunisie, l'action publique en matière d'aménagement urbain connaît des mutations sensibles dans un contexte qu'on pourrait assimiler aux transitions post-keynésiennes. En effet, en 1994, la population urbaine tunisienne représentait 5,4 millions soit 61% de l'ensemble de la population. En 2015, les villes tunisiennes regrouperaient 68,5% de la population totale environ. Cette croissance urbaine consommera l'équivalent de la moitié de l'espace urbain existant au milieu des années quatre-vingt-dix. Ainsi, les villes tunisiennes doivent faire face à des besoins nouveaux en matières d'aménagement de terrains urbains, de constructions de logements, d'infrastructure et d'équipement. En même temps, depuis le milieu des années quatre-vingts, face aux difficultés budgétaires engendrées par la rétraction de ses ressources, la crise du modèle keynésien de gestion publique étroitement lié à un certain fordisme périphérique et le retour en force des logiques libérales préconisant la réhabilitation des mécanismes de régulation par marché, le désengagement de l'Etat et la redistribution des rôles entre secteur public et initiative privée, l'Etat tunisien a adopté une politique d'ajustement libéral et d'ouverture économique impliquant une insertion dans le mouvement de globalisation. La question de la politique urbaine s'inscrit, désormais, dans cette logique et se décline en une politique dite de mise à niveau des villes tunisiennes tout en cherchant un certain désengagement de l'Etat. La conjugaison de ces trois phénomènes, de forte croissance urbaine, de désengagement et d'insertion dans la globalisation économique a engendré une mutation des modes de gouvernance urbaine et des logiques qui les régissent et qui s'avèrent contradictoires et difficilement conciliables conjuguant culture autoritaire, démarche partenariale et faible décentralisation. Ce texte tente de dégager les lignes de force, les contradictions et les perspectives de l'action publique dans une période de transition post-keynésienne dans un pays dit « émergent ».
- Néolibéraliser la ville fordiste - Vincent Béal, Max Rousseau L'objectif de cet article est de montrer que le post-keynésianisme des politiques urbaines britanniques s'apparente à un processus de néolibéralisation. Ce processus a affecté sous différentes formes les gouvernements urbains britanniques, des années 1980 à aujourd'hui. Nous postulons que la recomposition de l'action de l'État central en direction des villes s'est divisée en deux grandes phases de « roll-back » puis de « roll-out ». Nous montrons que ces orientations des politiques post-keynésiennes influent, au niveau urbain, sur la manière de gouverner comme sur le contenu des agendas locaux. Pour ce faire, notre étude s'appuie sur l'histoire récente de deux grandes villes proches, archétypales du compromis keynésiano-fordiste : Sheffield et Manchester.This article aims at showing that post-keynesianism in British urban politics can be described as a neoliberalisation process which influences local government since the early eighties. We consider that the restructuring of the State and of the central/local relationships should be divided in two main sequences (“roll-back”, then “roll-out”). We will observe how these evolutions of the urban politics have been impacting the contents of both urban political agendas and governance. In order to do this, this paper is based on the recent history of two old industrial cities : Manchester and Sheffield.
Débats - Idées
- Une autre ville pour une autre vie. Henri Lefebvre et les situationnistes - Philippe Simay L'un des traits distinctifs du mouvement situationniste est de s'être constamment préoccupé de la question urbaine. Conçue comme l'espace de production de la société du spectacle mais aussi comme un terrain de lutte et d'expérimentation, la ville a représenté pour ce mouvement estudiantin, proche d'Henri Lefebvre, le lieu d'une réinvention radicale de la vie quotidienne. Cet article revient sur la critique situationniste de l'urbanisme de l'après-guerre ainsi que sur les pratiques auxquelles elle a donné lieu (détournement, dérive, cartes psychogéographiques, construction de situations éphémères). Celles-ci peuvent être regardées comme la première expression d'un « droit à la ville », tel que l'entendait Lefebvre. Reste à savoir si le groupe de Guy Debord souhaitait véritablement « changer la ville pour changer la vie » ou si la ville n'était que le théâtre d'une révolution à venir.One of the distinctive traits of the situationist movement is its constant preoccupation with the urban issue. For this student movement close to Henri Lefebvre, the city has been thought of as a choice generic location for the production of the Society of the Spectacle, but also as a test ground for struggle and experimentation – the place where a radical reinvention of daily life can occur. This paper goes back to the situationist critique of post-war urbanism, as well as the behaviors and practices it has given birth to (misappropriation, drifts in meaning, psychogeographic maps, the construct of short-lived situations). These can be seen as the first expression of a « right to the city », in the sense Lefebvre originally meant it have. However, it is still unknown whether Guy Debord's group really wished to « change city-life to change life itself », or if to them the city was merely a theater for the enactment of a revolution to come.
- Une autre ville pour une autre vie. Henri Lefebvre et les situationnistes - Philippe Simay
Recensions
- Stephen Graham Ed., Cities, War, and Terrorism - H.V. Savitch