Contenu du sommaire : Promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux, collectivités locales
Revue | Métropoles |
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Numéro | no 20, 2017 |
Titre du numéro | Promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux, collectivités locales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux, collectivités locales : Des acteurs aux frontières des marchés du logement - Loïc Bonneval, Julie Pollard
- Le logement social produit par les promoteurs immobiliers privés. L'émergence d'une coopération déséquilibrée entre bailleurs sociaux et promoteurs - Anne-Laure Jourdheuil Cet article interroge les partenariats qui se développent entre bailleurs sociaux et promoteurs immobiliers à l'occasion de la production de logements locatifs sociaux par ces derniers. Il propose d'observer les conséquences du développement de ce mode de production appelé « VEFA-HLM » qui ouvre une nouvelle scène de négociation entre bailleurs sociaux, promoteurs immobiliers et collectivités locales. Il analyse les reconfigurations des logiques d'acteurs à l'œuvre dans la production du logement et de la ville, dans le sens d'une incorporation grandissante des règles de marché.This article questions the partnership that develops between social landlords and private property developers during the production of social rental housing by the last. It suggests observing the consequences of the development of this mode of production called VEFA-HLM that opens a new negotiation stage between social landlords, private property developers and local authorities. It analyzes reconfiguration of actors' logics in the production of housing and the city, in the direction of a growing incorporation of market rules.
- Jouer des « frontières » pour produire le logement social. La péréquation lors de la construction d'opérations de logement mixtes dans le Bordelais - Matthieu Gimat L'activité de production de logements locatifs sociaux se trouve contrainte, particulièrement depuis le début des années 2010, par une augmentation des coûts de production et par une diminution des ressources à la disposition des organismes HLM. Ceux-ci recherchent en conséquence des marges de manœuvre financière nouvelles. Parmi les dispositifs envisagés, des formes de péréquation entre produits immobiliers sont mobilisées de façon croissante : elles consistent à utiliser, dans certains types d'opérations, les bénéfices produits par la réalisation de logements en accession à la propriété pour faciliter la production de logements locatifs sociaux. En rendant compte des stratégies mises en œuvre par des organismes HLM dans le Bordelais, ce texte montre que de telles péréquations sont rendues possibles, d'une part, par l'abaissement progressif des « frontières » entre filières de la production immobilière et, d'autre part, par la traduction opérationnelle de l'injonction à la mixité sociale. Il cherche de plus à établir le rôle central de la maîtrise de la plus-value foncière pour la production de logements locatifs sociaux.Building new social housing dwellings in France is getting harder: since the beginning of the 2010s, social housing organisations have to face rising production costs and cuts in public subsidies. They accordingly try to use new methods to create financial leeway. Amongst those methods, equalization between different real estate offerings have been set up: benefits produced by the selling of dwellings to homeowners are used to make it easier to fund new social housing dwellings. By showing how such methods are implemented by social housing organisations in the Bordeaux area, I demonstrate that they are made possible, on the one hand, by the fact that it is easier nowadays for social housing organisations and private developers to work together and, on the other hand, by the search for greater social diversity in new real estate developments. Moreover, I assess the significance of land-value capture for contemporary social housing production.
- Les redéploiements de l'intervention foncière publique locale dans deux agglomérations moyennes - Nicolas Persyn Cet article analyse les recompositions des interventions foncières communales et intercommunales en matière de production de logements entre 2002 et 2015. Nous observons l'évolution des choix effectués par les collectivités locales en ce qui concerne les espaces d'intervention, les types de logements concernés et les modalités d'intervention. Nous nous demandons dans quelle mesure ces changements correspondent à un positionnement nouveau des collectivités vis-à-vis des logiques marchandes de production de logements. A partir des cas de deux agglomérations moyennes, nous montrons que les interventions foncières des communes et EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) connaissent un double mouvement de diffusion aux petites communes et de recentrement au sein des tissus urbains, et que ces interventions s'orientent de plus en plus vers le logement social et collectif. Cela conduit à l'abandon progressif de certains segments, notamment la maison individuelle en extension urbaine, ce qui pose une question essentielle de maîtrise de la croissance. Nous montrons par ailleurs que les modes d'action foncière évoluent, dessinant un nouveau rapport des collectivités aux logiques marchandes de production de logements, sans pour autant qu'il soit possible de conclure uniquement à un renforcement des logiques marchandes, mais plutôt à une recomposition des rôles entre public et privé.This paper analyses the changes of the communal and multi-communal land policies for housing production between 2002 and 2015. We observe the evolution of local authorities' choices regarding the spaces of intervention, the types of housing concerned and the content of policies. We ask to what extent those changes refer to a new position of local authorities concerning market-oriented housing production logics. With two case studies of mid-sized agglomerations, we show that land policies interventions of municipalities and x²multi-municipal administrations are spreading to small municipalities and concentrating in the urban core at the same time, and that these interventions are more oriented in favour of collective and social housing. This leads to a decrease of public control over some part of the production, especially the single family houses. We also show that the content of local land policies changes; however, we can't conclude only to a reinforcement of marked-oriented public intervention, but rather to a reallocation of public and private roles in the city production.
- L'inversion des rôles ? Aménageurs, promoteurs immobiliers et pouvoirs publics dans la régulation des ZAC du Grand Lyon - Romain Maurice La production de la ville relève d'interactions multiples entre acteurs, ce qui brouille les limites entre actions publique et privée. Dans cet article, nous étudions les jeux d'acteurs dans le cadre d'un outil emblématique de l'aménagement en France, souvent associé à l'action publique, les Zones d'aménagement concerté (ZAC). Nous y montrons que l'évolution des processus urbanistiques et économiques depuis une vingtaine d'années tend à transformer la ZAC en un outil d'aménagement parmi d'autres dans « la coproduction des projets urbains ». Toutefois, la ZAC est aussi une bonne illustration du fait que l'intervention publique reste plus prégnante que ce qu'on pourrait a priori croire. En s'en donnant les moyens financiers et humains, c'est encore clairement le public qui y cadre les interactions entre acteurs. Nous montrons également que, loin de constituer uniquement une contrainte, l'établissement de règles du jeu relativement strictes mises en œuvre par les collectivités constitue aussi des opportunités pour les opérateurs fonciers et immobiliers. D'une part, ceci reflète l'aspiration des aménageurs et des promoteurs immobiliers, non pas à une dérèglementation et à une mise en concurrence la plus libre possible, mais à l'établissement de règles (de droit des sols, de prise en charge financière des opérations) clairement établies et stables. D'autre part, l'action publique se recompose plutôt qu'elle ne disparaît. Les logiques jusqu'alors principalement privées de gestion et de négociation ne proviennent pas uniquement des acteurs privés, mais aussi des collectivités locales elles-mêmes. L'action de ces dernières est désormais marquée par l'objectif central d'offrir des conditions favorables aux financements de tout ou partie des projets par des capitaux privés.Urban development arises from multiple interactions between stakeholders. What can be defined as public or private sector interventions is becoming complicated. In this article, we study the stakeholder's games happening in a particular French land development procedure, the “Zone d'aménagement concerté” (ZAC). The ZAC is a legal framework that allows the public sector to delimit an area for future development and to negotiate the program with the potential developers (either public or private). It is often defined as the main tool to drive public urban development projects. We show that the evolution of the legal national framework since about 20 years are lowering the characteristics of the ZAC, which becomes a tool among others for planning authorities to drive urban land developments. In order to drive developer's activity, local authorities can still have a strong power but they now also have to choose among many land policy tools. In a second part of this work, we demonstrate that a very proactive role of the planning authority and the establishment of strict (or even binding) financial and land use rules can be appreciated by land and real estate developers. First, this shows that private investors don't mainly ask for deregulation and for free market enforcement, but rather for clear and stable legal and financial frameworks. Secondly, the main role of French public planning authorities is changing. From a role of land developer, their main goal now is to offer the most favorable investments opportunities to target private developers' involvement in urban projects
- Produire la ville grâce aux opérateurs immobiliers : quel modèle pour l'aménagement privé en zone dense ? - Paul Citron Cet article traite du rôle des grands opérateurs immobiliers privés dans la production de la ville en zone dense, à travers la place qu'ils occupent sur le marché de l'aménagement. Fondé sur une observation participante de dix-huit mois auprès d'un de ces opérateurs, il décrit le modèle économique et organisationnel des projets urbains en zone dense orchestrés par le secteur privé. Les conclusions interrogent le modèle français de production de la ville dans les zones denses métropolitaines, entre nécessité d'investissement privé et de régulation publique.This article examines the transfer of rights and responsibilities from the public sector into that of the private sector through urban renewal and construction projects. The core research methodology was based on eighteen months of participant observation within the real estate developers' offices and work sites. It describes both the business and organizational planning of urban projects entirely funded by private capital. As the role of the private sector increases within that of the creation of public space in France, new questions are raised about the importance of public regulation within such large scale projects.
Varia
- De quoi la « ville inclusive » est-elle le nom ? Exploration d'un concept émergent à partir de discours scientifiques et opérationnels - Garance Clément, François Valegeas À partir des discours tenus lors d'une journée d'étude sur la « ville inclusive » mêlant chercheurs et acteurs opérationnels, cet article explore le sens d'une expression qui tend à se diffuser dans les milieux professionnels et scientifiques sans réel appui théorique. Le texte propose une analyse des processus de légitimation de ce terme et de la construction de son contenu référentiel. Les discours montrent que ce qui est présenté comme un concept est davantage un mot d'ordre de l'action, un outil de gestion et un moyen de rationaliser le projet urbain. Derrière son caractère consensuel, on peut aussi lire une tendance à invisibiliser les rapports de domination au sein de la ville et à proposer une vision de l'habiter centrée sur la rationalité économique et la satisfaction des désirs individuels. Cet article pointe enfin des questionnements sociologiques sur les rapports entre chercheurs et acteurs opérationnels dans un tel contexte. Les trajectoires et positions de chacun révèlent des rapports différents vis-à-vis de la réflexion et de l'action sur la ville.In this article, we investigate the various and unstable meanings of the notion of “inclusive city”, which seems to be increasingly used among urban professionals. We look at how this expression is gaining growing legitimacy and explore its theoretical content. Although we did not lead an extensive enquiry, we show that this expression spreads more as a slogan, a management tool and a way to rationalize urban projects than a proper scientific concept. The “inclusive city”, behind an apparent form of consensus, seems to euphemize processes of social domination within the city. It offers a vision of habitat centered on individual desires. We also point out sociological issues on where researchers and urban actors stand in this context. In this perspective, various social and professional backgrounds reveal different approaches on how to think and how to act on cities.
- De quoi la « ville inclusive » est-elle le nom ? Exploration d'un concept émergent à partir de discours scientifiques et opérationnels - Garance Clément, François Valegeas
Recensions
- Recension Aux marges de la ville, paysages, sociétés, représentations, Bouffier S., Brelot C-I, Menjot D. (dir.) - Séverine Bonnin-Oliveira
- Recension croisée de : Andrej Holm, Wir bleiben alle ! Gentrifizierung – Städtische Konflikte um Aufwertung und Verdrängung, - Thomas Chevallier
- Le changement radical et silencieux de paradigme sur le développement urbain face aux risques naturels - Sofia Guevara Viquez, Sylvain Rode, Mathilde Gralepois