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Revue Espace Populations Sociétés Mir@bel
Numéro no 3, 2017
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier Thématique : Mobilités et marchés du travail des espaces (trans)frontaliers : enjeux et impacts

    • Mobilités et marchés du travail des espaces (trans)frontaliers : enjeux et impacts - Philippe Gerber, Vincent Dautel accès libre
    • Déterminants individuels et territoriaux des navettes internes ou transfrontalières des actifs résidant en France - Isabelle Pigeron-Piroth, Marion Le Texier, Rachid Belkacem, Geoffrey Caruso accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article étudie les déterminants individuels et territoriaux des navettes transfrontalières de travail ayant lieu depuis la France vers les pays voisins. L'objectif est de déceler si le travail transfrontalier se distingue des autres navettes, notamment des navettes effectuées par les actifs en dehors de leur propre aire urbaine. Nous mobilisons les données du recensement de la population de 2013 au niveau individuel et caractérisons le territoire à l'échelle des communes afin de capter la relative polarisation des lieux de résidence au sein du système urbain national. Sur base de modèles logistiques multinomiaux appliqués à toute la France ou à la façade frontalière, nous trouvons que les facteurs liés au genre, à l'âge, à l'éducation, au type et au secteur d'emploi, ou encore à la localisation de la résidence par rapport aux pôles d'emplois, en France expliquent les navettes vers une autre aire urbaine française comme les navettes transfrontalières. Cependant, l'effet sur le travail frontalier est souvent plus intense que l'effet de sortie vers une autre aire urbaine. Après avoir contrôlé l'effet des différents pays de travail, nous identifions encore clairement un comportement différencié des migrants résidentiels (élastiques) aux frontières ainsi qu'un effet de la distance à la frontière et de la densité d'emplois à proximité, sur les navettes transfrontalières.
      This article focuses on the individual and territorial determinants of cross-border commuting from France to its neighbouring countries. We seek to identify whether cross-border commuting is a distinct form of commuting, especially whether it differs for an active resident from commuting outside his/her reference functional urban area. We use individual data from the 2013 census and characterize the territory at the municipal scale in order to capture the relative polarisation of residential places within the national urban system. From our multinomial logistic models applied to the whole France or the border fringe, we find that gender, age, education, type and sector of activity, as well as the location of the commune with respect to employment poles in France, explain similarly the commute of active individuals towards another urban area in France and across the border. However, the effect is more intensive for cross-border commuting. After controlling the impact of the different neighbouring countries, we still clearly identify a different behaviour from elastic migrants in border areas and an effect of the distance to the border and of the job density on the cross-border commutes.
    • L'impact territorial des pratiques des travailleurs frontaliers : les exemples contrastés des CA de Thionville et de Forbach - Fabien Gille, Benoit Scalvinoni accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au sein de la Grande Région, le nombre de travailleurs frontaliers, ces personnes qui travaillent dans un pays mais vivent dans un autre pays, est particulièrement élevé. L'importance de ce phénomène est due aux différences de dynamiques économiques, fiscales, de prestations sociales, en matière de prix de l'immobilier propres aux différents territoires composant la Grande Région. Cet article propose un éclairage singulier sur le travail frontalier par une approche interdisciplinaire associant l'économie, la sociologie et la géographie. Nous nous demanderons dans quelle mesure les pratiques quotidiennes des travailleurs frontaliers influencent le développement économique de leur territoire de résidence. Pour ce faire, nous mobiliserons les résultats issus d'une enquête de terrain s'intéressant à deux Communautés d'agglomération lorraines comptant une forte proportion de travailleurs frontaliers, Thionville frontalière avec le Luxembourg d'un côté, et Forbach frontalière avec l'Allemagne d'un autre côté. Nous montrerons que les individus ont un intérêt à traverser une frontière pour travailler, et que leurs communes de résidence cherchent à répondre à leurs besoins spécifiques, malgré la charge financière de cet objectif.
      The number of cross-border workers is high in the Greater Region. This phenomenon is due to dynamic differences (economic, fiscal, social benefits, property prices) that exist in this Region. This article offers a unique perspective on cross-border labour force with an interdisciplinary approach combining economics, sociology and geography. We will ask ourselves to what extent the daily practices of frontier workers influence the development of their territory of residence. We will mobilize the results of a field survey of two urban communities in Lorraine with a high proportion of cross-border workers. Thionville, border with Luxembourg and Forbach, border with Germany on the other side. We will demonstrate that cross-border work is interesting for people and their town of residence are trying to satisfy their specific needs even if this goal is expensive.
    • Dynamiques socio-spatiales des actifs lorrains au regard de la métropolisation transfrontalière luxembourgeoise - Jianyu Chen, Philippe Gerber, Thierry Ramadier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La majorité des recherches sur la métropolisation économique s'étant jusqu'alors concentrée sur les actifs « à forte valeur ajoutée » de part et d'autre des frontières, peu de place est laissée à l'analyse des catégories que le processus de métropolisation valorise moins et à la diversité des emplois au sein des marchés régionaux de main-d'œuvre. Or que ce soit par rapport aux cadres ou autres professions libérales, quelle est la place des catégories moins favorisées dans l'évolution de la métropolisation transfrontalière durant les dernières décennies ? Pour y répondre, nous étudions le cas des frontaliers de Lorraine qui participent massivement à la métropolisation de Luxembourg, tout en les comparant aux autres actifs lorrains travaillant en France. L'objectif de cet article est ainsi de rendre compte de l'évolution spatio-temporelle de ces principales classes sociales à partir des recensements français de population, depuis 1968 jusqu'à nos jours, ces bases de données étant à la fois comparables dans le temps et dans l'espace. Les résultats confirment une métropolisation transfrontalière luxembourgeoise, notamment depuis les années 1990, par l'augmentation substantielle de frontaliers qualifiés, tout en laissant également les classes moins qualifiées croître durant cette période : ainsi, la part des ouvriers lorrains travaillant au Luxembourg reste plus forte que celle des ouvriers lorrains non-frontaliers, encore en 2013. Par ailleurs, il existe des liens complexes entre les ségrégations sociales antérieures au phénomène de métropolisation et les ségrégations spécifiquement métropolitaines au niveau de l'organisation socio-spatiale du territoire considéré : par exemple, les centres urbains secondaires de l'aire métropolitaine française, comme Thionville ou Metz, ont un rôle de réservoir résidentiel des frontaliers les plus qualifiés surtout si par le passé ces agglomérations connaissaient déjà la présence de ce type de population active. Ces premiers résultats supposent à la fois de se pencher davantage sur la compréhension des conditions de ces trajectoires résidentielles, de même que sur les conditions sociales de l'activité professionnelle d'un côté comme de l'autre de la frontière.
      Since most of researches on economic metropolization have until then concentrated on "high added value" workers on both sides of the border, little place is left neither for analysis of the less valued categories in the process of metropolization, nor for the diversity of jobs within the regional labour markets. Yet, what is the position of less favoured social categories in the evolution of cross-border metropolis during last decades, when compared with managers or other liberal professions? To answer this question, a case study is carried out on the cross-border commuters in the Lorraine Region (France) who participate in great numbers in the metropolization of Luxembourg, by comparing them to those who work in France. The objective of this article is to give an account of the spatiotemporal evolution of main social classes among the cross-border commuters, based on the French population censuses. These databases are, from 1968 to the present day, comparable both in the time and space. The results confirm that a cross-border metropolis of Luxembourg is formed, notably since 1990s, by a substantial increase of highly qualified cross-border commuters, as well as by an augmentation of less qualified workforce during this period: thus, in the Region of Lorraine, even in 2013, the share of the cross-border working class (to Luxembourg) remains greater than it of the working class within France. Moreover, complex links exist in the phenomenon of metropolization between historical social segregations and the specific metropolitan segregations in terms of socio-spatial organisation of the territory in question: for example, the secondary urban centres of the French metropolitan area, such as Thionville or Metz, play a role of the residential reservoir for the most highly qualified cross-border commuters, especially when this type of workforce has already been observed in these agglomerations in the past. The first results assume to learn more about the conditions of different residential trajectories, meanwhile, the social status of different workforces on each side of the border.
    • Do cross-border workers cause unemployment in the host country? The case of Switzerland - Sylvain Weber, Giovanni Ferro Luzzi, José Ramirez accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le marché suisse du travail accueille traditionnellement de nombreux frontaliers : ils sont actuellement plus de 300 000, soit près de 7 % de la population active. L'acceptation sociale de ces travailleurs s'est toutefois détériorée au cours des dernières années. En utilisant des données trimestrielles sur la période 1996-2017, nous étudions l'affirmation selon laquelle les travailleurs frontaliers créent du chômage parmi la population locale, effectuant à la fois des analyses de séries chronologiques au niveau national et des analyses longitudinales au niveau cantonal. Nos résultats indiquent que la causalité va principalement du chômage vers les travailleurs frontaliers, ces derniers étant repoussés lorsque le chômage augmente. L'effet inverse, des travailleurs frontaliers vers le chômage, semble être plus faible, voire inexistant.
      Switzerland's labour market traditionally accommodates many cross-border workers: their number is currently above 300 000, corresponding to almost 7 % of the workforce. Social acceptance of such workers has however deteriorated over the last years, and questions arise over their potential adverse impacts on the local labour market. Using quarterly data over 1996-2017, we investigate the claim that border workers create unemployment among the local labour force, conducting both time-series analyses at the country-level and longitudinal analyses at the canton-level. Our findings indicate that causality runs mainly from unemployment to border workers, the latter being repelled when unemployment increases. The opposite effect, from border workers to unemployment appears to be weaker or even non-existent.
  • Varia

    • Reconfigurations spatiales et temporelles des réseaux personnels et du projet migratoire dans un contexte d'incertitude : le cas des Ukrainiens en Espagne - Renáta Hosnedlová accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse le projet migratoire des immigrés ukrainiens en Espagne dans un contexte d'incertitude économique et géopolitique comme un processus dynamique, en articulant les dimensions temporelles, spatiales et relationnelles. Plus précisément, les intentions résidentielles (rester, rentrer ou ré-émigrer) sont étudiées en relation avec l'évolution de l'ancrage relationnel, à la fois dans le pays d'origine, dans le pays d'accueil et dans d'autres pays. Les analyses sont basées sur une étude longitudinale réalisée en plusieurs vagues entre 2009 et 2016, en s'appuyant sur une méthodologie mixte. Une analyse quali-quantitative et visuelle du changement et/ou de la stabilité de la composition et de la structure des réseaux personnels a montré que le projet migratoire est très lié aux sentiments d'appartenance, dépendants à la fois de la configuration locale et transnationale des réseaux personnels. D'autre part, cette configuration de réseaux détermine l'impact des crises économiques et le conflit armé sur la planification du futur lieu de résidence.
      This article tackles the migration project of Ukrainian immigrants in Spain in a context of economic and geopolitical uncertainty as a dynamic process, articulating the temporal, spatial and relational dimensions. More specifically, the residential intentions (to stay, return or re-emigrate) are studied in relation to the evolution of relational anchoring both in the home country, in the host country and in other countries. The analyses are based on a longitudinal study conducted between 2009 and 2016, using a mixed methodology design. A quali-quantitative and visual analysis of the change and / or stability of the composition and structure of the personal networks has shown that the migration project is very much related to the sense of belonging, depending on both the local and transnational configuration of personal networks. Moreover, this network configuration determines the impact of economic crises and armed conflict on the planning of future place residence.
    • Le Programme de la Route Des Chefferies à Dschang : patrimonialisation, migrations et développement local dans les hautes terres de l'Ouest-Cameroun - Pierre Kamdem accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Implanté dans l'Ouest-Cameroun, le Programme de la Route Des Chefferies est un projet de patrimonialisation initié par les migrants internationaux s'appuyant sur des réseaux multisectoriels. Mobilisant autant en migration au titre de coopérations diverses (villes de Nantes, Dschang, Région Pays de Loire), qu'en pays de départ auprès d'acteurs variés, ces réseaux s'activent dans les champs sociopolitique, socioéconomique et socioculturel afin d'accompagner les inscriptions de migrants dans leurs localités d'origine par la participation au développement local, tout en revitalisant un système inhérent aux incantations identitaires en migration. Cependant, il pose aussi le problème de la pérennisation de ces chefferies, véritables spécificités territoriales de cette zone du pays parfois exhibées en migration, dont la présente muséification revêtirait une autre signification.
      Established in West Cameroon, the Program of the Road of Chiefdoms is an heritage making project initiated by international migrants with the support of multi-sector networks. Mobilising as much from migration through divers cooperation (towns of Nantes, Dschang, Région Pays de Loire), as from the countries of origin through various stakeholders, these networks are active in the socio-political, socio-economic and socio-cultural fields with an objective to accompany the insertion of migrants to their areas of origin by participating to the local development, and at the same time revitalizing a system inherent to the charms of the migratory identity. Nevertheless, there is also a problem of the perpetuation of these villages or chiefdoms, real territorial specificities of this zone in the Country sometimes exhibited in migration, therefore our current presentation will give a different significance.