Contenu du sommaire : Genre et violences de guerre au Moyen-Orient
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 103, hiver 2017 |
Titre du numéro | Genre et violences de guerre au Moyen-Orient |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Genre et violences de guerre dans les conflits actuels du Moyen-Orient - Valérie Pouzol p. 9-13
- Acts of Annihilation, The role of gender in the commission of the crime of genocide - Sareta Ashraph p. 15-29 Analysis of the Islamic State's attack on the Yazidis have largely focussed on the sexual enslavement of women and girls, but the barbarous gender-based assaults on women as well as men are an integral part of the group's campaign of genocide to eradicate a religious minority. This article explores the essential role that gender plays in the planning and commission of the crime of genocide. By examining the genocides that have been committied in the twentieth century – against the Armenians, the European Jewry, the Rwandan Tutsis, and the Bosnian Muslims, it seeks to illuminates the interplay between gender and genocide and how this affects how genocides are conceived and carried out for maximum destructive effect on the victim group.
- Conflits, « Crise » et femmes réfugiées en Europe - Jane Freedman p. 31-39 Les femmes sont de plus en plus nombreuses parmi les réfugiés qui tentent de rejoindre l'Europe pendant la « crise » actuelle. Cet article analysera les insécurités et les violences spécifiques aux femmes réfugiées. Insécurités qui sont souvent les conséquences directes des politiques européennes de « sécurité » et de fermeture des frontières. En se basant sur des entretiens et des observations dans différents endroits sur les routes migratoires, nous analyserons les expériences des hommes et des femmes réfugiés, en montrant les impacts différenciés des politiques migratoires et des représentations genrées et racialisées des réfugiés.
- Fragmentation de l'Irak et droits des femmes : mobilisations des féministes et de la société civile - Zahra Ali p. 41-52 A travers une approche intersectionnelle et historique, cet article explore la dimension genrée de la fragmentation ethno-confessionnelle du contexte irakien actuel, en portant une attention particulière aux dynamiques sociales et politiques liées aux femmes et au genre depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Il s'agit d'analyser les tentatives de confessionnalisation du régime des droits personnels, déterminant notamment les droits des femmes, à l'initiative des partis chiites islamistes conservateurs arrivés au pouvoir en 2003. Cet article souhaite aussi explorer les mobilisations des féministes irakiennes depuis 2003, plus particulièrement l'impact de leur « ONGisation » sur la nature de leurs revendications. En outre cet article propose une analyse imbriquée des questions de genre et de nation portant une réflexion sur le rôle de la violence militarisée dans l'évolution des représentations et pratiques genrées. Enfin, soucieux de garder une note favorable, cet article présente les mobilisations récentes des féministes et de la société civile irakienne autour des questions d'égalité sociale, économique, ethno-confessionnelle et politique.
- Le genre dans l'« Intifada des couteaux » : l'évolution de la place des femmes dans la lutte armée palestinienne - Élisabeth Marteu p. 53-63 Depuis l'automne 2015, les espaces israélo-palestiniens sont traversés par une vague inédite de violences anti-israéliennes, le plus souvent individuelles, spontanées et non politisées. De nombreuses jeunes femmes, parfois mineures, ont pris part à des attaques au couteau, qui ont relancé les débats tant académiques que politiques sur le genre de la violence armée en Palestine. L'analyse de l'évolution de la participation des femmes à la lutte nationale palestinienne permet de souligner la singularité des dernières attaques que beaucoup qualifient aujourd'hui de suicides. A la portée de tous-tes, elles ne dépendent plus d'un encadrement logistique masculin et collectif. Elles traduisent l'usage indifférencié par les femmes et les hommes d'armes équivalentes pour exprimer leur frustration tant personnelle que nationale.
- S'organiser au maquis comme à la ville : Les femmes kurdes au Comité des révolutionnaires du Kurdistan Iranien (Komala) et au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) - Sarah Guillemet p. 65-79 Si les bataillons de femmes kurdes en armes ont fait la une des médias internationaux depuis la prise de Kobanê en 2014 par Daesh, cette forme d'organisation politique militarisée n'a pas été un acquis automatique au sein des organisations kurdes. Cet article propose ainsi d'étudier l'organisation en non-mixité des combattantes kurdes comme un outil de subjectivation politique. Il revient d'abord sur l'articulation progressive des rapports sociaux de sexe aux projets politiques révolutionnaires de deux partis de guérilla kurdes, le Komala et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Il présente ensuite l'évolution des systèmes d'organisation des genres au sein de ces deux partis, au regard des pratiques des combattantes depuis le début des luttes armées. Puis, il montre comment l'organisation en non-mixité des femmes kurdes a permis le passage d'une sororité combattante à une sororité résistante, redéfinissant les subjectivités, et les formes et espaces d'engagements tant dans la lutte armée que dans les mouvements civils.
- Les femmes dans la littérature et la pensée djihadiste - Nelly Lahoud p. 81-87 L'entretien avec Nelly Lahoud, spécialiste du djihadisme à l'International Institute for Strategic Studies, permet de revenir sur le sujet d'actualité de la place des femmes dans la littérature et l'idéologie djihadiste. En détaillant comment Al-Qaïda et Daech ont théorisé et réglementé les rapports sociaux de sexe dans leurs mouvements, elle met en lumière des contradictions idéologiques et pratiques à l'appui d'une lecture ségréguée des rapports femmes-hommes.
- Résistances des mouvements féministes en Turquie face à la violence extrême de guerre (des années 1980 à aujourd'hui) - Pinar Selek p. 89-99 L'examen de l'histoire du mouvement féministe en Turquie procure maintes opportunités de comprendre que la contestation n'est pas seulement déterminée par le contexte politique. Comment les mouvements contestataires, malgré la répression, co-construisent les contextes pour résister ? En 1980, un nouveau cycle de contestation est né et a entraîné plusieurs innovations dans la construction du répertoire de l'espace militant en Turquie et dans les modalités d'organisation et d'action. Le mouvement féministe a joué un rôle déterminant dans ce processus en s'attaquant aux différents aspects de la domination masculine.
- Israéliennes et Palestiniennes pour la paix : un éternel recommencement ? - Valérie Pouzol p. 101-116 Dans l'histoire du conflit israélo-palestinien, les femmes sont régulièrement intervenues pour dire leur opposition à la guerre et faire entendre leurs voix dans le difficile processus de construction de la paix. Elles ont occupé le terrain de la contestation, sans pour autant parvenir à s'imposer lors des négociations officielles internationales. Ces groupes ont mis au point des techniques de résistance non-violente et produit des discours qui donnent de l'oppression une définition large reliant l'oppression nationale à l'oppression sociale, ethnique ou sexuelle. Ces groupes de femmes se sont renouvelés régulièrement et, depuis 2014, le groupe des Women Wage Peace ne cesse de monter en puissance. Par certains aspects, il s'inscrit dans la continuité des luttes de femmes mais en même temps renouvelle singulièrement le répertoire militant. Il parvient à mobiliser des effectifs importants tout en déclenchant de nombreuses critiques.
- Que la terre te soit légère, Fadwa - Serge Airoldi p. 117-123 Le 17 août dernier, la comédienne et poétesse Fadwa Souleimane s'éteignait à l'âge de 45 ans, à Paris. Cette figure de la révolution syrienne, exilée en France en 2012 a payé au prix fort son engagement contre le régime d'Assad et contre toutes les formes de violence et d'idéologies mortifères qui ont abattu son pays et son peuple.
- Écrire : une forme de résistance à la violence politique et à la violence de guerre - Pinar Selek p. 125-130
Variations
- Le sheikh Yousef al-Qaradâwî et l'islam du « juste milieu » : Jalons critiques - Amin Elias p. 133-155 Imprégné par le parcours militant du fondateur des Frères musulmans Hassan al-Bannâ, le sheikhYousef al-Qaradâwî représente l'une des figures islamistes les plus controversées au monde. Ikhwaniste de toujours, Qaradâwî se présente en tant que le défenseur d'un islam « parfait et absolu », un islam qui « existe en soi » et qui constitue un « projet de civilisation global ». En effet Qaradâwî voudrait se dresser contre une tendance voulant redonner à l'islam sa dimension historique. Persuadé par l'idée du déterminisme de la solution islamique et de la nécessité d'établir un magistère indépendant de l'institution traditionnelle islamique, représentée par al-Azhar, et soutenu par le pouvoir qatari, Qaradâwî œuvre depuis les années soixante-dix afin de créer et de consolider l'Union internationale des savants musulmans (UISM) en tant que représentation magistérielle d'un islâm wasat (islam du juste milieu) capable de maintenir l'équilibre entre la « raison » et la « tradition », entre « le monde d'ici-bas » et le « monde de l'au-delà) et de s'engager dans la voie de la « modération » et de la « justice ». C'est ainsi, que l'islam, selon Qaradâwî serait capable de jouer non seulement le rôle d'intermédiaire entre la divinité et les êtres humains mais aussi de jouer un rôle civilisateur parmi les êtres humains et de représenter pour les hommes un « idéal de civilisation » ; un idéal qui va dans le contresens de l'idéal de civilisation que propose le modèle laïque occidental.
- ‘Ndrangheta et autres mafias italiennes : des influences culturelles balkaniques ? - Kolë Gjeloshaj Hysaj p. 157-171 Les organisations criminelles italiennes de type mafieux sont le produit de la culture, de l'histoire et des conditions économiques des lieux et des personnes qui les habitent. Parmi celles-ci, on retrouve les italiens d'origine albanaises (arbëresh) et grecques (locuteur du griko), émigrés dans la péninsule italienne particulièrement depuis la fin du moyen-âge. C'est dans les régions méridionales italiennes berceaux des plus puissantes et traditionnelles des mafias, qu'ils ont préservé de la manière la plus prégnante leurs cultures et langues. Les références explicites ou implicites à celles-ci, et à l'implication de personnes issues de ces groupes de population dans le contexte des mafias italiennes sont récurrentes. C'est particulièrement le cas, pour la ‘Ndrangheta en Calabre qui est réputée être actuellement l'organisation criminelle italienne la plus puissante.
- Le sheikh Yousef al-Qaradâwî et l'islam du « juste milieu » : Jalons critiques - Amin Elias p. 133-155
- Notes de lecture - p. 174-190