Contenu du sommaire : Liberté
Revue | L'Europe en formation |
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Numéro | no 381, automne 2016 |
Titre du numéro | Liberté |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Liberté
- Liberté ! - Hartmut Marhold p. 3-7
- The European “Area of Freedom, Security and Justice” : its evolution and three fundamental dilemmas - Hartmut Marhold p. 9-24 L'Union européenne promet d'offrir à ses citoyens un « espace de liberté (ainsi que de sécurité et de justice) » : l'article analyse l'émergence de cette politique commune, d'abord par un regard sur le processus historique qui a amené l'Union à intégrer, en 1999 à Amsterdam, des politiques parallèles comme « Schengen » et « Dublin ». L'accent, dans cette politique commune désormais intégrée, changeait plusieurs fois hésitait entre liberté et sécurité, donnait donnant lieu à la création d'une dizaine d'agences dont, entre autres, des institutions aussi importantes que « Frontex », récemment transformé en « Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes ». La politique de la « JLS » (justice-liberté-sécurité) souffre toutefois de trois dilemmes, qui sont caractéristiques pour l'UE en tant que telle : le premier concerne la relation entre une Union supposée garantir des frontières qui, elles, relèvent de la souveraineté des États ; le deuxième consiste en la balance toujours délicate entre liberté et sécurité ; enfin, le troisième oppose les valeurs de l'Union à des considérations d'intérêt et d'utilité.The European Union pretends to offer its citizens an “area of freedom (plus security and justice)” - the article examines the coming into existence of this policy field, reviewing the historical process, which led to an integration of different and until then uncoordinated initiatives like “Schengen” and “Dublin”, in Amsterdam 1999. The complex policies within this field shifted several times the emphasis from freedom to security back and forth, triggered several “action programmes” and approximately ten agencies, among them the so prominent ones as “Frontex”, recently transformed into a “European Border and Coast Guard”. The “AFSJ” is nonetheless victim of various dilemmas, which are characteristical as well for the EU in general: One concerns the relationship between a Union wide guarantee for safe borders and state sovereignty over these same borders; the second is the balance between freedom on the one hand and security on the other; and the third one relates to a value based approach versus interest or utility based policy.
- Intégration européenne et libertés économiques - Laurent Baechler p. 25-32 Le projet d'intégration européenne, dans sa dimension économique, est fondé sur les libertés économiques. Mais celles-ci ne peuvent s'exprimer pleinement qu'au prix de fortes contraintes imposées par les nécessités de la coopération européenne dans de nombreux domaines. Ce qui apparaît comme un paradoxe ne peut se résoudre qu'à condition que les citoyens adhèrent au projetThe project of European construction, in its economic dimension, is based on economic freedom. But economic freedom finds its expression thanks to constraints coming from the indispensable European cooperation in many domains. What appears as a paradox can only be resolved on condition that citizens embrace the European project.
- Le libéralisme économique : atouts et limites - Jean-Claude Vérez p. 33-42 Le libéralisme économique a évidemment des vertus parce qu'il crée des richesses, multiplie les échanges, suscite l'innovation. Il a aussi des limites : il peut conduire à des positions dominantes, s'accommoder des pauvretés et des inégalités. Le débat majeur consiste à trouver le mode de régulation adéquat pour éviter le tout marché ou le tout interventionnisme.Economic liberalism obviously has virtues because it creates wealth, multiplies exchanges, creates innovation. It also has limits: it can lead to dominant positions, accommodate poverty and inequality. The major debate is to find the appropriate mode of regulation to avoid any market or all interventionism.
- La société libérale européenne dans un monde multipolaire - Arnaud Leconte p. 43-53 En ce début du XXIe siècle la société libérale européenne est soumise à des tensions internes et externes (changement démographique et climatique, populisme, Brexit), qui remettent en cause le fait libéral dans ses fondements : l'indépendance de la société vis-à-vis du pouvoir et son autonomie. Or dans un monde multi-polaire où les États-Unis et la Chine ont choisi le Pacifique comme lieu d'affrontement pour établir leur règne de première puissance globale du XXIe siècle, l'Europe a une carte à jouer comme puissance libérale et de paix.Les quatre « libertés » de circulation des biens, des personnes, des capitaux et des services, considérées comme fondamentales par l'Union Européenne, établissent une Europe de l'Ancien Régime, au sens de Tocqueville, pour asseoir un monopole en matière juridique, économique et bien sûr de débat politique : la censure veille sur les esprits novateurs.La priorité est de renforcer les piliers de la société libérale. L'autonomie de l'Union Européenne et sa capacité à se projeter doivent se faire par la réforme de ses institutions et l'inversion des pouvoirs : la réduction du nombre des représentants des institutions à moins de cent membres directement élus, dont sept membres « stratèges » sont les représentants permanents du Conseil Européen sur un programme de gouvernance européenne en charge de l'épanouissement de la société libérale et des biens communs (accès au savoir, préservation des biens culturels et environnementaux, défense du territoire européen). L'inversion des pouvoirs doit s'appuyer sur de nouvelles libertés : L'Europe doit s'émanciper par un effort collectif permettant à chaque citoyen l'accès à un toit, aux soins et à une nutrition régulière et équilibrée, une nouvelle liberté l'« Europadomus ». Elle doit s'émanciper des sociétés multinationales contrôlant l'information et établir un internet de la connaissance et du savoir par la mise en relation et en perspective des travaux des scientifiques, artistes et philosophes du monde entier tout en leur assurant une rémunération équitable pour leur contribution au bien commun, une nouvelle liberté l'« Europasapiens ».Finalement, l'Europe ne peut se donner comme objectif le développement durable sans accorder à tous les êtres vivants une nouvelle reconnaissance juridique protective et ainsi déclarer les Droits de l'Homme, du Citoyen et des Espèces Vivantes. La disparition des animaux sauvages et autres invertébrés met en péril la biodiversité et la liberté pour les générations futures de vivre en harmonie avec la nature. La nouvelle liberté « Europavitae » laisse des espaces sans activités et sans présence humaine sur tout le territoire européen.At the beginning of the 21st century the European liberal society is subject to internal and external tensions (demographic and climate change, populism, Brexit), which call into question the liberal fact in its foundations: the independence of society from power and its autonomy. Now, in a multi-polar world where the United States and China have chosen the Pacific as a place of confrontation to establish their reign as the first global power of the 21st century, Europe has a card to play as a power of liberty and peacetime four'freedoms' of movement of goods, people, capital and services, which are considered fundamental by the European Union, establish a Europe of the “Ancien Regime”, in the sense of Tocqueville, in order to establish a legal, economic and of course political monopoly: censorship reigns over innovative minds. The priority is to strengthen the pillars of liberal society. The autonomy of the European Union and its capacity to project itself must be achieved through the reform of its institutions and the reversal of powers: the reduction of the number of representatives of the institutions to less than one hundred directly elected members, Strategists' are the permanent representatives of the European Council on a program of European governance in charge of the development of the liberal society and the common goods (access to knowledge, preservation of cultural and environmental properties, defense of the European territory). The inversion of powers must be founded on new freedoms:Europe must emancipate itself through a collective effort enabling every citizen to have access to a roof, care and regular and balanced nutrition, a new freedom of ‘Europadomus'. It must emancipate itself from the multinational corporations controlling information and establish an Internet of knowledge and knowledge by bringing together and in perspective the work of scientists, artists and philosophers from all over the world while providing them with equitable remuneration for their Contribution to the common good, a new freedom, the'Europasapiens'.Finally, Europe cannot set itself the objective of sustainable development without granting all living beings a new protective legal recognition and thus declare the Rights of Man, Citizen and Living Species. The disappearance of wild animals and other invertebrates jeopardizes biodiversity and the freedom for future generations to live in harmony with nature. The new'Europavitae' freedom leaves spaces without activity and human presence throughout Europe.
- La réflexion fédéraliste sur la liberté dans la revue personnaliste L'Ordre Nouveau et le contexte français des années 1930 - Christian Roy p. 55-63 Cette communication examine la façon dont s'est posée la question de la liberté dans la tradition intellectuelle que le CIFE hérita du groupe personnaliste Ordre Nouveau, fondé lui aussi par Alexandre Marc. Elle offre une synthèse des nombreuses références au terme « liberté » recensées dans sa revue L'Ordre Nouveau (1933-1938). Pour l'ON, « le problème de la défense des libertés se ramène en doctrine et en pratique au problème du fédéralisme », partant du principe « qu'il n'est de véritable communauté que là où des personnes et des groupes autonomes collaborent librement dans la diversité » (Robert Aron). Ce modèle est distingué d'un libéralisme qui peut très bien les « laisser sans défense contre les grands courants économiques et sociaux » au nom d'une liberté définie « comme le droit pour l'homme de faire tout ce qui n'est pas strictement interdit », alors qu'au sens personnaliste, la liberté n'est « valable que dans la mesure où l'homme y engage sa totale responsabilité » (Marc). Par une telle action militante, « l'Ordre Nouveau peut s'édifier ici et maintenant, parmi les ruines de l'ordre ancien », qu'il s'agisse « d'orienter l'exploitation des entreprises dans le sens de l'autonomie et de la liberté » ou « de créer, dans chaque commune, un groupe de résistance à l'étatisme et d'organisation de l'autonomie locale », voire de « commencer à constituer des communautés qui distribuent à leurs membres – et d'abord aux chômeurs – le minimum vital auquel tout homme a droit » (« Pour la liberté », octobre 1936). Préfigurant certains mouvements citoyens contemporains en vue d'une politique sociale post-industrielle, ce revenu de citoyenneté est en effet indissociable d'un régime fédératif, offrant à chaque personne et groupe les conditions de l'exercice de la liberté.This paper examines how the issue of freedom was framed in the intellectual tradition that the CIFE inherited from the Personalist movement Ordre Nouveau, also founded by Alexandre Marc. It synthesizes the many references to freedom in the latter's review L'Ordre Nouveau (1933-1938). For ON, “the problem of the defence of freedoms comes down in theory and practice to the problem of federalism”, proceeding from the principle “that there is true community only where persons and autonomous groups freely work together in their diversity.” (Robert Aron) This model is counterpoised to liberalism, which can just as well leave them “defenceless against massive economic and social trends” in the name of freedom defined as “man's right to do whatever is not strictly forbidden”, whereas in the Personnalist understanding, freedom is “only valid insofar as man stakes his full responsibility in it.” (Marc). Through such militant action, “a new order can be built here and now amidst the ruins of the old order”, be it “by running businesses in a way conducive to autonomy and freedom” or “by creating, in every commune, a group resisting statism and organizing local autonomy,” or even by “starting to constitute communities that distribute to their members – starting with the unemployed – the vital minimum to which every man is entitled.”(“Pour la liberté”, October 1936). Anticipating some contemporary citizen drives for a post-industrial social policy, this unconditional basic income is inseparable from a federative regime ensuring every person and group has access to the preconditions for the exercise of freedom.
Tribunes
- A Federalist Europe and Freedoms - Danica Vihinen p. 65-70
Études
- Reasons for Big “Blunders”—EU Policy towards Ukraine - Peter Schmidt p. 73-100 L'article fait ressortir trois erreurs principales envers l'Ukraine : non-observance des réactions potentielles par la Russie, absence d'une analyse profonde de la situation compliquée de l'Ukraine et pas de prise en considération envers la question des conséquences peut-être négatives pour l'UE par l'accord d'association. Trois explications sont données pour ces erreurs. L'article s'achève sur une proposition pour une nouvelle politique de l'UE envers l'Ukraine et la Russie.EU's policy towards the Ukraine contained three major flaws: It disregarded the warnings of possible harsh reactions by Russia, did not analyze carefully Ukraine's complicated domestic situation, and was quite insensitive towards the question of possible negative consequences the association agreement might have on the EU itself. Three explanations are provided to explain these flaws. The article ends with a policy proposal for a new approach in EU's approach towards the Ukraine and Russia.
- Brazil – European Union Partnership: from high expectations to limited results - Sebastian Santander, Miriam Gomes Saraiva p. 103-123 Depuis les années 1990, l'UE déploie une stratégie de rapprochement avec l'Amérique latine qui donne la priorité aux relations avec des groupes régionaux. De son côté le Brésil développait des relations avec l'UE à partir, notamment, du Mercosur. Ceci étant, lors de ces dernières années, l'UE a cherché à intensifier ses relations individuelles avec des pays dits “émergents”. Pour sa part, le Brésil a cherché à développer un canal de relations directes et régulières avec l'UE. Le présent article s'intéresse à comprendre ces différents changements stratégiques qui ont mené l'UE et le Brésil à développer leur “partenariat stratégique” ainsi qu'à faire une évaluation des résultats atteint par ce dernier.Since the ‘90s, the EU has deployed a comprehensive strategy towards Latin America that gives priority to relations with regional groups. During the same period Brazil's foreign policy pursued special relations with the EU taking into account Mercosur. Over the last years, the EU has been looking to intensify individual relations with ‘emerging powers'. For its part, Brazil has sought to forge direct and regular relations with the EU outside of the interregional channel. The aim of this article is to understand those strategic shifts that have led the EU and Brazil to develop a strategic partnership, and to make an assessment of the result achieved by the latter.
- Accords de libre-échange du XXIe siècle : une étude de l'AECG - Thierry Warin p. 125-154 Jusqu'à son vote au Parlement wallon, l'Accord économique et commercial global (AECG) passait souvent inaperçu (au moins dans les médias), caché derrière des accords qui semblaient plus importants pour l'Europe. Pourtant, il s'agit d'un texte particulièrement intéressant pour les prochains accords commerciaux européens. Il s'agit également d'un accord majeur pour le Canada. L'objet de cet article est de présenter les principes de l'AECG, notamment ses éléments qui en font qu'il ressemble davantage à un accord d'intégration économique qu'à un simple accord de première génération. La perspective canadienne soulignée ici permet de bien illustrer les principes de cet accord « multilatéral régional » qui permettent de qualifier l'AECG d'accord de deuxième génération.The Canada-European Union Comprehensive Economic and Trade Agreement often goes unnoticed, hidden behind agreements that seem more important to Europe. However, this is a particularly interesting text for future European trade agreements. It is also a major agreement for Canada. The purpose of this article is to present the principles of CETA, including its elements that make it look more like an economic integration agreement than a simple first generation agreement. The Canadian perspective highlighted here illustrates the principles of this ‘regional multilateral' agreement that qualify CETA as a second-generation agreement.
- Reasons for Big “Blunders”—EU Policy towards Ukraine - Peter Schmidt p. 73-100
In memoriam
- In memoriam Marc Heim - Claude Nigoul p. 157-160