Contenu du sommaire : Les nouveaux outils de la diplomatie au XXe siècle
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 121, janvier-mars 2005 |
Titre du numéro | Les nouveaux outils de la diplomatie au XXe siècle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les nouveaux outils de la diplomatie au XXe siècle
- Introduction - Antoine Fleury et Georges-Henri Soutou p. 3
- Jacques Seydoux et la diplomatie économique dans la France de l'après-guerre - Stanislas Jeannesson p. 9 Jacques Seydoux et la diplomatie économique dans la France de l'après-guerre. La création en 1919 de la sous-direction des relations commerciales, dirigée par Jacques Seydoux, répond à la volonté du Quai d'Orsay de mieux prendre en compte les facteurs économiques et de s'ouvrir plus largement à la pratique de la diplomatie multilatérale. Dès l'origine, Seydoux fait de la résolution pratique de la question des réparations, considérée comme un problème économique et non politique ou financier, la condition de la reconstruction de l'ensemble de l'Europe, sans en exclure l'Allemagne. Le plan qu'il élabore à l'automne 1920 et qu'il présente avec succès aux Alliés et aux Allemands lors de la conférence des experts de Bruxelles, en décembre, veut développer les réparations en nature pour mettre en place une réelle collaboration économique franco-allemande. Mais il était encore trop tôt, deux ans après l'armistice, pour que les gouvernements et les opinions publiques acceptent de raisonner en ces termes.Jacques Seydoux et la diplomatie économique dans la France de l'après-guerre
With creating the sous-direction des relations commerciales in 1919, the French ministry of Foreign Affairs wants to take better notice of economic considerations and to be better suited to the practise of multilateral diplomacy. For Seydoux, finding a practical answer to the question of the reparations, considered as an economic problem, and not a political or a financial one, is the condition of the reconstruction of the whole Europe, without excluding Germany. His project, formed in autumn 1920 and explained to the Allied and German experts with success at the Brussels conference in December, is based on the increase of the reparations in kind, to set up a real economic collaboration between France and Germany. But only two years after the armistice, the governments and the public opinions did not accept to discuss this way. - La place financière suisse en tant qu'instrument de la politique étrangère helvétique - Marc Perrenoud p. 25 La place financière suisse en tant qu'instrument de la politique étrangère helvétique. Au cours de la Première Guerre mondiale et de l'entre-deux-guerres, la place financière suisse gagne en autonomie et en importance, ce qui a des effets sur la politique étrangère de la Confédération. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la défense des intérêts privés à l'étranger et la préservation des capacités du système bancaire occupent une part croissante dans les activités des diplomates suisses. Afin d'obtenir des concessions de l'étranger, les négociateurs suisses peuvent utiliser les prestations financières. Les crédits extérieurs, souvent financés par les institutions étatiques, sont ainsi des instruments que les autorités suisses manient pour que la France fasse des concessions profitables à l'économie suisse, pour que l'Axe modère ses exigences et afin que les Anglo-Saxons tiennent compte des spécificités de la Suisse.La place financière suisse en tant qu'instrument de la politique étrangère helvétique
During and after the First World War, the Swiss financial place became more autonomous and important, which had some effects on the foreign policy of the Confederation. During the World War II, defending the private interests abroad and safeguarding the capacities of the banking system were an increasing part of the activities of the Swiss diplomats. In order to get concessions from abroad, the Swiss negotiators could use the financial services. Thus, external credits, often financed by state institutions, were instruments the Swiss authorities used in order to get concessions by France for the Swiss economy, to moderate the claims of the Axis and for the Anglo-Saxons to take into account the specificities of Switzerland. - L'émergence d'un outil diplomatique : les services culturels français de New York (1944-1963) - Laurence Saint-Gilles p. 43 L'émergence d'un outil diplomatique : les services culturels français de New York (1944-1963)Après 1944, les objectifs de la politique culturelle de la France n'étaient pas seulement de propager sa culture à l'étranger, mais de servir l'image de la France à l'étranger, en particulier aux États-Unis où une amitié était indispensable pour sa reconstruction et pour sa sécurité. Les dommages causés par la Seconde Guerre mondiale ne sont pas seulement matériels, la défaite, l'occupation et la collaboration ont profondément altéré son prestige à l'étranger. Dans sa restauration, les relations culturelles jouent un rôle décisif pour créer une opinion de nouveau favorable à la France dans la population américaine, qui permet alors au gouvernement américain de contribuer à la reconstruction de la France.L'émergence d'un outil diplomatique : les services culturels français de New York (1944-1963)After 1944, France's cultural policy's objectives were not only to spread French culture abroad but also to render service to the image of France abroad, in particular to the United States whose friendship was indispensable to its rebuilding of France and to its safety. The damage caused by the Second World War had not only been material damage ; the defeat, the occupation and the collaboration had deeply undermined France's prestige abraod. In its restoration the cultural relations played a decisive role to create an again favorable opinion of France in the opinion of American people ; when the American government might contribute to France's recovery.
- L'atome, l'espace et les molécules : la coopération scientifique interalliée comme nouvel outil de la diplomatie helvétique (1951-1969) - Bruno Strasser et Frédéric Joye p. 59 L'atome, l'espace et les molécules : la coopération scientifique internationale comme nouvel outil de la diplomatie helvétique (1951-1969)La politique étrangère de la Suisse pendant l'après-guerre est dominée par le couple « neutralité et solidarité ». Nous montrons comment la coopération scientifique internationale s'est insérée dans cette conception et a intégré la panoplie des outils de la politique étrangère helvétique, aux côtés de la coopération culturelle, sociale ou humanitaire. Nous examinons en particulier le rôle de la Suisse dans la création de trois organisations internationales de recherche scientifique : l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) en 1953, l'Organisation européenne de la recherche spatiale (ESRO) en 1961 et la Conférence européenne de biologie moléculaire (EMBC) en 1969. La Suisse a réussi à dépolitiser et démilitariser ces institutions afin de les rendre conformes à sa conception de la neutralité et de mettre la coopération scientifique internationale au service de sa politique étrangère durant la guerre froide.L'atome, l'espace et les molécules : la coopération scientifique internationale comme nouvel outil de la diplomatie helvétique (1951-1969)In the post-war period, Swiss foreign policy was dominated by the pair of concepts « neutrality and solidarity ». We show how international scientific cooperation was integrated into Swiss foreign policy, along with cultural, social and humanitarian cooperation. We examine in particular the role of Switzerland in the creation of three international organizations devoted to scientific research : The European Organization for Nuclear Research (CERN) in 1953, the European Space Research Organization (ESRO) in 1961, and the European Molecular Biology Conference (EMBC) in 1969. Switzerland succeeded in « depoliticizing » and « demilitarizing » these institutions in order to bring them in conformity with its neutrality policy and in integrating international scientific cooperation to Swiss foreign policy during the Cold war.
- La diplomatie humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge - Marion Harroff-Tavel p. 73 La diplomatie humanitaire du comité international de la Croix-Rouge. La diplomatie humanitaire du CICR est une stratégie d'influence, dans un but humanitaire, mise en œuvre dans un réseau de relations suivies, bilatérales ou multilatérales, officielles ou informelles, avec les protagonistes de conflits armés et avec d'autres États, acteurs non étatiques ou membres de la société civile. Quelle est la spécificité du CICR en tant que sujet de droit international ? Quelle est la particularité de sa diplomatie humanitaire par rapport à la diplomatie étatique ? Comment ses délégués la conduisent-elle ? Après cette entrée en matière, l'auteur aborde les défis que l'évolution de la situation mondiale pose au CICR et la façon dont il y répond, qu'il s'agisse de l'évolution du rôle et du comportement des différents acteurs de la scène internationale, du choix par certains États d'une approche intégrée du politique, du militaire et de l'humanitaire ou encore de la révolution technologique de l'information.La diplomatie humanitaire du comité international de la Croix-Rouge
The ICRC's humanitarian diplomacy is a strategy for influencing the parties to armed conflict and other States, non-State actors and members of civil society. Its purpose is purely humanitarian and it is carried out through a network of sustained relationships – bilateral and multilateral, official and informal. The author begins by describing the ICRC's specific features as a subject of international law and what is different about its humanitarian diplomacy (and the manner in which its delegates conduct it) when compared with the diplomacy of States. She then depicts the challenges with which our changing world is presenting the ICRC – the shifting roles and conduct of the various actors on the international stage ; the decision by some States to adopt an integrated approach in the political, military and humanitarian spheres ; the information-technology revolution – and what the organization is doing to meet those challenges. - L'Europe gère les Balkans. La responsabilité finale reste au Concert des puissances - Francine Boidevaix p. 91 L'Europe gère les Balkans. Les Balkans de l'Ouest sont une zone d'action prioritaire pour l'Union européenne. La PESC et la PESD se forgent, depuis 2000, dans cette région dont la stabilité est essentielle pour les 25. L'UE utilise tous ses moyens, politiques, financiers, humanitaires et, depuis peu, militaires. Mais la responsabilité finale reste au Concert des puissances, donc au Groupe de contact. Créé en 1994, il réunit l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Fédération de Russie (et, depuis 1996, l'Italie) dont le consensus fut nécessaire pour imposer les accords de Dayton. Ce « Concert européen » a acquis une légitimité vis-à-vis de l'UE et de l'ONU avec lesquelles il travaille en coordination étroite. Il intervient pour définir ou imposer une politique lors d'une crise. Le Groupe de contact est très actif actuellement au Kosovo, la région la plus dangereuse pour la stabilité de l'ensemble des Balkans de l'Ouest.L'Europe gère les Balkans. The Western Balkans are a priority zone for the EU. The ES and the ESDP forge themselves, since 2000, in this region whose stability is essential for the 25. The EU uses all its means, pollitical, financial, humanitarian et since recently, military. But the final responsability is that of the concert of powers, thus of the Contact Group. Created in 1994, it brought together Germany, France, Great Britain, the United States and Russia (since 1996, Italy) so as to impose the Dayton Accords. This « European Concert » has acquired a legitimity towards the EU and the UN with whom it works in a tight relationship. It intervenes to define or impose a policy at the time of a crisis. The Contact Group is presently very active in Kosovo, the most dangerous region for the stability of the Western Balkans.
Notes de lecture
- La Suisse face à la Chine : une continuité impossible ? 1946-1955 de Michele Coduri - Nicole Françoise Stuber p. 113
- Karl Radek (1885-1939). Biographie politique de Jean-François Fayet - Andrea Panaccione p. 115
- Les usages politiques du passé, sous la direction de François Hartog et Jacques Revel - Samir Saul p. 118