Contenu du sommaire : Traverser et utiliser la frontière (Andes/Alpes)
Revue | Revue de Géographie Alpine |
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Numéro | vol. 91, no 3, 2003 |
Titre du numéro | Traverser et utiliser la frontière (Andes/Alpes) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Préface - Anne-Laure Amilhat Szary p. 7-9
- L'origine du Norte Grande du Chili : frontières ouvertes, mentalités fermées / The origin of Chile's Norte Grande : open borders, closed minds - Sergio Gonzalez Miranda p. 11-27 Resume : L'objet de cet article est l'analyse des origines historiques -au XIXe siècle- de la frontière actuelle du Norte Grande du Chili. Jusqu'en 1879, ce territoire faisait partie de la Bolivie (Antofagasta) et du Pérou (Tarapacá). On pose l'hypothèse qu'il y eut antinomie entre la décision économique de maintenir les frontières ouvertes et la décision politique de consolider la souveraineté de ces territoires en conflit. On aborde l'importance de l'activité minière sur le littoral pacifique, pôle d'attraction pour la population des Andes à travers le commerce, le transport du bétail et l'immigration de main-d'œuvre pour les travaux d'exploitation du guano, de l'argent et surtout du salpêtre. La population andine joua un rôle important dans cet essor. Il est fait tout spécialement mention de l'émergence des quatre républiques (le Pérou, la Bolivie, l'Argentine et le Chili), à partir du démantèlement de l'espace colonial andin, ainsi que du conflit autour de la souveraineté sur le désert d'Atacama, actuellement territoire du Norte Grande du Chili. Dans ce travail, nous tenterons de répondre à la question des origines des frontières actuelles du Norte Grande du Chiji, de leur dynamique, et des conflits qui lui ont été associés au cours du XIXe siècle et des premières décennies du XXe siècle.The origin of Chile's Norte Grande: open borders, closed minds. The purpose of this article is to analyse the historical origins, in the 19th century, of the current Norte Grande borderlands of Chile. Until 1879, this region was part of Bolivia (Antofagasta) and Peru (Tarapacá). The hypothesis is put forward that there was a contradiction between the economic decision to maintain open borders and the political decision to consolidate the sovereignty of these territories in conflict. The importance of mining along the Pacific shoreline is examined together with the area's role as a focus for the population of the Andes through trade, the transport of livestock and the arrival of migrant labour to exploit the resources of guano, silver and especially saltpetre. The Andean population played an important part in this development. Particular importance is paid to the emergence of the four republics (Peru, Bolivia, Argentina, and Chile), stemming from the break-up of the Andean colonial area and the conflict concerning the sovereignty of the Atacama desert, currently a part of Chile's Norte Grande. In this paper we will try to answer questions concerning the origins of the present borders of Chiles Norte Grande, the developments affecting them, and the conflicts they have been associated with during the XlXth century and the first decades of the XXth century.
- Transformations sociales et territoriales à la frontière atacaménienne au cours du XXe siècle. Susques : lorsqu'un village « dépeuplé » devient la « Porte des Andes » / Social and territorial changes along the Atacaman border during the 20th century. Susques : when a depopulated village becomes the « Gateway to the Andes » - Alejandro Benedetti, Cristina Arganaraz p. 29-46 en Argentine, la géographie traditionnelle a étudié les frontières exclusivement en rapport avec les territoires nationaux. Dans cette tradition influencée par la géopolitique, les frontières ont été considérées comme des lignes qui séparent et différencient les sociétés, d'autant plus tangibles qu'elles s'appuient sur des accidents géographiques tels que les fleuves ou les chaînes de montagnes. C'est ainsi que s'est constituée une image expansionniste de la frontière. La cordillère des Andes était pensée comme une barrière naturelle qui séparait l'Argentine du Chili. En réponse à cette vision, on en est venu à proposer ces dernières années que les frontières se forment à partir de territorialités multiples et qu'elles ne sont pas associées exclusivement aux territoires nationaux. De nombreuses études postulent que, historiquement, les frontières ont été des espaces d'échanges et de sociabilité intense, et qu'elles peuvent perdurer dans le temps, relativement indépendamment des changements politico- institutionnels. En prenant comme cas la région la Puna de Atacama, on analysera ici la frontière argentino-chilienne, en tant qu'espace de relations internationales et interethniques.Social and territorial changes along the Atacaman border during the 20th century. Susques : when a depopulated village becomes the « Gateway to the Andes ». In Argentine, the traditional geography has studied the frontiers as a part of national territories. Influenced by the geopolitics tradition, the frontiers have been seen as a line that divides and differences societies, more effective if they're geographical accidents, like a river or a range. In the same way, they have constructed an expansionist image of the frontiers. The Andes range has been thought like a natural containing wall that divided Argentina and Chile. In the last years, to response this theory, same studies have suggest new ideas. The frontiers are form in multiple territorialities and they aren't associated exclusively with the national territories. A lot of studies suggest that the frontiers have been, historically, spaces with sociability and intense interchange, and sometimes they can survive with some independence with political and institutional changes. This article, with the Puna de Atacama region as the case, analyses the Argentine-Chilean frontier, like a space for inter-state and inter-ethnic relations.
- L'intégration continentale aux marges du MERCOSUR : les échelles d'un processus transfrontalier et transandin / Continental integration in the peripheral areas of the MERCOSUR : the different scales of a cross-border and trans-Andean process - Anne-Laure Amilhat Szary p. 47-56 On assiste dans les Andes centrales à un processus de rapprochement qui diffère de la dynamique d'intégration commerciale à l'œuvre au sein du MERCOSUR. Des régions périphériques vis-à-vis des pays auxquels elles appartiennent cherchent à s'unir pour lutter contre des faiblesses communes. On explore ici les conditions de ce processus d'intégration liées au contexte historique, politique et commercial de l'évolution du sous-continent latino-américain avant d'en analyser l'impact. L'intégration passe par la multiplication des infrastructures traversantes : celles-ci contribuent-elles à gommer la montagne ou au contraire participent-elles du renouvellement du sens que l'on peut donner à ce type d'espace ?Continental integration in the peripheral areas of the MERCOSUR : the different scales of a cross-border and trans-Andean process Certain areas of the Central Andes are drawing closer together, but this process should not be assimilated with the movement toward greater trade integration, now underway in the MERCOSUR. Different regions, sharing the common characteristic of being peripheral to their respective countries, are attempting to unite to overcome their common limitations. This article explores the historical, political and commercial conditions governing the integration process in the latin American subcontinent as an antecedent to studying its impact. In this case, integration means the multiplication of trans-Andean infrastructures and raises a number of questions : Do such infrastructures help limit the disadvantages of mountain areas or, on the contrary, do they help redefine new possibilities for such areas ?
- Cette montagne que l'on partage. Frontière et montagne dans les coopérations transfrontalières de régions alpines / The sharing of mountain areas : cross-border cooperation in alpine regions - Marie-Christine Fourny-Kober, Ruggero Crivelli p. 57-70 les coopérations transfrontalières constituent une forme de franchissement de frontières dans la mesure où elles nécessitent de penser différemment l'espace voisin. Comme le terme de coopération lui-même l'indique, l'intégrité et la singularité des entités en présence sont maintenues dans les rapports qu'elles développent. La frontière devient le point de départ de la collaboration et la montagne — sa conception et ses pratiques - devient le réfèrent qui oriente le dépassement des différences. Ces modes d'identification nous intéressent en tant que tels mais plus encore dans ce qu'ils peuvent qualifier une relation « transterritoriale » : comment un territoire transfrontalier peut-il se constituer à partir de l'articulation d'identités territoriales distinctes ? Si le rapport entre identités locales ne peut plus se développer selon un mode hégémonique, de domination ou d'assimilation d'un territoire sur l'autre, comme il a pu se faire lors de la formation du territoire national ou lors de regroupements contraints, comment se définissent les qualités communes ? Comment se transforment les referents de l'altérité, dont en particulier la frontière ? Ces questions n'ont pas toutes une réponse, bien sûr, mais des éléments intéressants apparaissent à l'étude des programmes Interreg II des deux départements de Savoie, du Val d'Aoste et du Valais.The sharing of mountain areas : cross-border cooperation in alpine regions Cross-border co-operation constitutes a form of border crossing in so far as it requires thinking differently about the neighbouring space. As the term « co-operation » implies, the integrity and singularity of the entities involved are maintained by the relationships they develop. The border becomes a starting point for collaboration, and the mountains - both the concept and the associated practices - become a frame of reference governing progress beyond the differences. These observations are of particular interest to us because they help qualify trans-territorial relations, and provide insights into a number of questions : How can a cross-border region develop from distinct territorial identities ? If the relationship between local identities cannot develop any further within the framework of a hegemonic mode of domination or assimilation of one territory by another, how are common qualities defined ? How is the external expression of alterity transformed, and in particular the border ? These questions do not have a complete answer, of course, but interesting observations may be made based on the Interreg II programs of the two French departments of Savoie, the Italian Valle d'Aosta and the Swiss county of Valais.
- Les territoires de passage à l'épreuve des aménagements transfrontaliers dans les Andes de la Puna / The impact of a new international highway on the development of cross-border areas in the Puna Andes - Jérôme Petit p. 71-81 Les Andes de la Puna sont généralement décrites comme un territoire marginal par rapport aux Etats qui la partagent. Comment les différents niveaux territoriaux réagissent-ils à un aménagement transfrontalier routier ? On cherche ici à montrer que certains acteurs instrumentalisent le projet pour renforcer des stratégies propres, au sein desquelles l'isolement apparaît comme une ressource. Pour d'autres en revanche, l'isolement est vécu comme un handicap. Enfin, sur les plateaux andins de l'Argentine, le nouvel aménagement ne suscite aucune mobilisation locale. La route tendrait donc à établir une nouvelle hiérarchie entre acteurs territoriaux, selon leur capacité à l'utiliser dans la confortation de leur identité territoriale.The impact of a new international highway on the development of cross-border areas in the Puna Andes. The Puna Andes are generally described as marginal territories of the countries that share them, but how are the different regional administrative levels in these countries reacting to the development of a cross-border highway ? This paper shows that some actors are making the most of such a project to strengthen their own strategies. For some, isolation is seen as a territorial resource, while for others it is considered more of a drawback. For the Puna community of Argentina, the new road does not appear to be linked with any collective local initiative. The road would therefore help create a new hierarchy between local actors, determined largely by their ability to use the infrastructure to strengthen their own territorial identity.
- Le réseau et la frontière : approche comparative des mobilités des espaces montagnards dans les Alpes occidentales et les Andes du sud / Networks and borders : A comparative approach to the study of mobility in the mountain areas of the Western Alps and Southern Andes - Gian Paolo Torricelli p. 83-100 L'article se propose comme réflexion préalable à une théorie des mobilités dans les espaces montagnards, à travers une tentative de comparaison des impacts des processus d'intégration régionale et d'ouverture des frontières sur les mobilités dans les Alpes occidentales et dans les Andes du Tropique du Capricorne. Trois clés de lecture traversent le texte : les échelles spatiales et temporelles des mobilités, les rapports entre le pouvoir et les mobilités et les effets spatiaux des systèmes de transport au XXe siècle. En dépit des grandes différences culturelles, environnementales et territoriales, les mobilités traditionnelles, préindustrielles, pourraient être comprises dans un même modèle général de développement, qui fait des mobilités l'instrument primaire de la vie humaine en montagne et qui, dans ce cas précis, comprend au moins deux dimensions. D'une part il y a la construction d'un réseau de relations bâties sur le couple intérieur/extérieur aux massifs montagneux, principalement pour assurer l'approvisionnement de produits nécessaires à la vie en montagne. D'autre part il y a la dimension des déplacements verticaux (saisonniers) qu'imposent des économies basées essentiellement sur l'élevage. Par contre l'analyse des impacts récents des libéralisations économiques, en dépit d'une situation destinée à évoluer dans les prochaines années, laisse apparaître de grandes différences. Dans les Alpes occidentales, du fait de l'orientation essentiellement transversale des mobilités, l'accessibilité devient un puissant facteur de croissance démographique et de redéploiement des flux sur les régions métropolitaines péri-alpines. Dans les Andes du sud, par contre, l'impact des nouvelles traversées (notamment de l'équipement routier du col de Jama) semble bien moindre, vraisemblablement à cause de la prééminence des relations longitudinales et des distances. Les Alpes occidentales sont ainsi le plus souvent un espace à traverser : cette relation fait de ces montagnes aussi un espace à habiter, avec des relations plus étroites avec les métropoles péri-alpines. Les Andes du Tropique du Capricorne, restent par contre essentiellement un espace à parcourir, jalonné par des « archipels verticaux » orientés sur un réseau de voies de communication essentiellement longitudinales et internes à la Cordillère.Networks and borders : A comparative approach to the study of mobility in the mountain areas of the Western Alps and Southern Andes. The paper represents an attempt to compare the impact of regional integration processes and the liberalization of mobility patterns in the Western Alps and in the Andean region of the Tropic of Capricorn, as a preliminary step in drafting a mobility theory for mountain areas. The paper examines three key themes : the spatial and temporal scales of mobility, the relationship between power and mobility, and the spatial impact of the transport systems in the 20th century. In spite of considerable cultural, environmental and territorial differences, traditional and pre-industrial mobility could be characterized by a similar general development model : on one hand, the construction of a network to link the interior of mountain areas with outside regions, essentially to supply the former with the products needed for life in the mountains, and on the other hand the vertical movements necessary for economic systems based primarily on stock rearing. However, the recent impact of economic liberalization has resulted in several differences in spite of the fact that the situation, especially in the Andes, is expected to change in the coming years. In the Western Alps, because of the mainly horizontal mobility flows, increasing accessibility is becoming a powerful motor for demographic growth and the redirecting of flows to the metropolitan zones of peri-alpine areas. In the Southern Andes, however, the impact of new cross-border routes (in particular the new road of the Paso de Jama, built in the 90s) seems minor, probably because of the pre-eminence of longitudinal relationships and the greater distances involved. The Western Alps are thus generally a space to be crossed (and to live in, with closer ties between mountain areas and the adjacent metropolitan zones). The Andes of the Tropic of Capricorn, however, remain primarily a space in which to travel, characterised by « vertical archipelagos » oriented primarily along longitudinal communication networks within the Cordillera range.
Actualités
Notes de lecture
- Manfred Perlick : Alpenstädte zwischen Metropolisation und neuer eigenständigkeit. - Fourny Marie-Christine p. 105
- Gilles Novarina (sous la direction de) : Plan et projet. L'urbanisme en France et en Italie. - Chalas Yves p. 105-106
- Claude Reichler : La découverte des Alpes et la question du paysage. - Debarbieux Bernard p. 106-107
- Gilles Boëtsch, William Devriendt, Alexandra Piguel (dir) : Permanence et changements dans les sociétés alpines : Etat des lieux et perspectives de recherches. - Fourny Marie-Christine p. 108
- Christine Rendu : La montagne d'Enveig. Une estive pyrénéenne de longue durée. - Fourny Marie-Christine p. 108-109
- Philippe Grenier : Des tyrannosaures dans le paradis. - Gauchon Christophe p. 109-110
- E. Reynard, С. Holzmann, D. Guex , N. Summermatter : Géomorphologie et tourisme. - Gauchon Christophe p. 110-111
- Lieux de mémoire à Chamonix-Mont-Blanc. réalisé et diffusé par la mairie de Chamonix- Mont-Blanc. Textes d'Emmanuelle Petit, avec la collaboration de Claude Marin. - p. 111
- Erratum (RGA 2/2003) - p. 112-116