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Revue | Futuribles |
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Numéro | no 422, janvier-février 2018 |
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- Des paroles aux actes - Par JOUVENEL Hugues (de) p. 3
- Dromadaire ou chameau ? À propos de la troisième révolution industrielle - CETTE Gilbert, JULLIEN DE POMMEROL Ombeline p. 5 Dans un dossier spécial paru en mars-avril 2017 ouvrant une série consacrée aux perspectives en termes de productivité et de croissance économique, Futuribles a engagé une réflexion sur les évolutions passées et à venir des gains de productivité, en lien avec le débat en cours, depuis quelques années maintenant, sur les risques d'une « stagnation séculaire ». Dans le prolongement de ces réflexions, Gilbert Cette et Ombeline Jullien de Pommerol examinent ici la diffusion des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les principaux pays développés au cours des dernières décennies, et leur contribution à la croissance économique. Après un pic observé au début des années 2000, ils constatent une stabilisation de la diffusion des TIC comme facteur de production : face à ce constat, doit-on considérer que la troisième révolution industrielle, dont le moteur principal était les TIC, touche à sa fin ? Ce serait là une première hypothèse, dite « du dromadaire » — en référence à l'unique bosse de l'animal : nous serions désormais sur la pente descendante et assisterions à une forme d'épuisement de la contribution des TIC à la croissance des économies développées. Cependant, une deuxième hypothèse est envisageable selon les auteurs, celle du chameau, selon laquelle après cette première bosse viendrait une seconde bosse, potentiellement plus prometteuse que celle de la décennie 1995-2005 sur le plan économique.Cet article présente les évolutions constatées en matière de diffusion des TIC, les facteurs et impacts de cette diffusion dans les principales économies développées. Il montre que l'épuisement des gains de performance des TIC semble avéré, mais qu'après un palier (correspondant à une forme de transition entre la mise au point des TIC et leur déploiement généralisé à toute l'économie), nous pourrions effectivement connaître une nouvelle vague de gains de performance économique, potentiellement plus importante que celle correspondant à la première bosse du chameau.In a special dossier published in March/ April 2017 launching a series of articles on the prospects for productivity and economic growth, Futuribles began a process of thinking on the past and future progression of productivity gains. This was linked to the debate, ongoing for several years now, on the dangers of a “secular stagnation”. Continuing this thinking, Gilbert Cette and Ombeline Jullien de Pommerol examine the dissemination of information and communications technology (ICT) over recent decades in the main developed countries and its contribution to economic growth. After a spike observed in the early 2000s, they note a stabilization of the spread of ICT as a factor of production. Given this finding, should we take the view that the third Industrial Revolution, driven mainly by ICT, is coming to an end? That would be a first — “dromedary” — hypothesis (by reference to that animal's single hump). We might now be said, then, to be on the downslope and seeing a kind of exhaustion of the contribution of ICT to the growth of the developed economies. However, they contend, there is a second possible hypothesis, which they name after the Bactrian camel, where this first hump is followed by a second, which would be more promising in economic terms than the “hump” of 1995-2005.This article presents their findings with regard to the spread of ICT, the underlying factors and the impacts of that spread in the main developed economies. It shows that performance enhancements from ICT do seem to be exhausted, but after a plateau (equating to a sort of transition phase between the development of ICT and its roll-out to the whole of the economy), we might actually see a new wave of improved economic performance on a potentially greater scale than the first hump of the camel.
- Comment travaillerons-nous demain ? Cinq tendances lourdes d'évolution du travail - RICHER Martin p. 19 Les ouvrages, travaux et rapports se multiplient depuis quelques années sur l'avenir du travail à l'ère numérique : « ubérisation » (ou « plate-formisation »), essor du travail indépendant, du travail à la tâche, etc. Sommes-nous à la veille d'une transformation radicale du travail tel que nous le connaissons depuis plus d'un siècle dans son organisation concrète (hiérarchie, taylorisme, etc.) et juridique (contrats à durée indéterminée, mobilité très limitée…) ?Martin Richer, qui observe et accompagne les évolutions du travail et du management dans les entreprises, examine ici les perspectives possibles en la matière. Il relève ainsi cinq grandes tendances : l'extrême fragmentation du travail (décomposition en de nombreuses tâches, recours à de multiples intermédiaires ou différents types de travailleurs, intensification du travail, modification des chaînes de valeur…) ; l'automatisation (renforcée par la diffusion de la robotique et du numérique) ; la plate-formisation (désintermédiation, nouvelles interfaces entre offre et demande d'emploi…) ; l'individualisation (qui modifie substantiellement le rapport au travail et aux attentes à son égard) ; et l'insubordination (qui découle en partie de ce qui précède et confirme le relâchement du lien à l'entreprise). Ces tendances, qui toutes s'appuient sur les évolutions socio-économiques et technologiques que connaissent les sociétés développées, témoignent à la fois de la pérennité de certains modes d'organisation (néotaylorisme, surveillance accrue…), de la multiplication des statuts et des relations professionnelles, et des aspirations diverses des individus à l'égard du travail. Elles sont, comme le souligne Martin Richer, porteuses de nouveaux risques (précarisation, santé…), mais aussi de nouvelles opportunités. Le défi de cette révolution en cours dans le monde du travail est immense ; il incombe à tous (travailleurs, entreprises, responsables politiques…) d'en saisir l'ampleur pour y répondre de manière optimale.We have seen a proliferation in recent years of books, studies and reports on the future of work in the digital age: “Uberization” (or “platformization”), the rise of self-employment, contract working etc. Are we on the eve of a radical transformation of work as we have known it for more than a century in terms of its organization (hierarchy, Taylorism etc.) and legal framework (permanent contracts, very limited mobility etc.)?Martin Richer, an observer of — and consultant on — change within companies in the fields of work and management, examines the potential prospects in this area. He has identified five major trends: the extreme fragmentation of work (its breakdown into countless tasks, the use of multiple intermediaries or different types of worker, the intensification of work, the modification of value chains etc.); automation (boosted by the spread of robotics and digital technology); platformization (disintermediation, new interfaces between labour supply and demand etc.); individualization (which substantially changes the relation to work and expectations about it); and violation of the duty of loyalty (which flows, in part, from the above and confirms the slackening of ties to the company). These trends, which are all based on socio-economic and technological developments being experienced by developed societies, attest both to the durability of some modes of organization (neo-Taylorism, increased surveillance, etc.), the proliferation of statuses and occupational relationships and the diverse aspirations of individuals with regard to work. As Martin Richer highlights, they all present new risks (casualization, health etc.), but also new opportunities. The challenge of the revolution that the world of work is currently undergoing is immense; it behoves everyone (workers, companies, political representatives etc.) to grasp its scale in order to find the optimal response.
- L'essor des inégalités aux États-Unis. À propos des livres “The Sum of Small Things”, d'Elizabeth Currid-Halkett, et “Dream Hoarders”, de Richard Reeves ? - GRANRUT Charles (du) p. 37 Dix ans après le début de la crise économique déclenchée par l'affaire des subprimes, l'économie mondiale est repartie, mais les inégalités de revenus ne se réduisent pas. Ainsi la Banque mondiale reconnaissait-elle, fin 2016, que les inégalités au sein des pays développés sont plus élevées aujourd'hui qu'il y a 25 ans et qu'elles tiennent notamment à la croissance vertigineuse des revenus dans le haut de l'échelle : le « 1 % » des plus riches a par exemple vu sa part dans le revenu national doubler depuis les années 1980 aux États-Unis, passant de 9 % à 18 %. Au-delà de ce « 1 % », deux ouvrages récemment parus aux États-Unis montrent que c'est la classe moyenne supérieure (soit les 10 % à 20 % les plus riches) qui, dans ce pays, tire son épingle du jeu et contribue à l'accroissement des inégalités. Charles du Granrut a lu ces deux livres (The Sum of Small Things, d'Elizabeth Currid-Halkett, et Dream Hoarders, de Richard V. Reeves) pour Futuribles et en présente ici les principaux enseignements. Il indique quelles sont les caractéristiques de cette classe moyenne supérieure, souligne notamment le caractère multidimensionnel des inégalités et la détermination de cette élite à défendre sa position et à la pérenniser pour ses descendants. Autant d'évolutions à suivre et dont il faut tenir compte dans le contexte de ressentiment croissant dont les élites sont aujourd'hui l'objet, aux États-Unis, mais aussi en Europe.Ten years after the onset of the economic crisis triggered by the sub-prime scandal in the USA, the global economy is taking off again, but income inequality is not decreasing. For example, the World Bank acknowledged in late 2016 that inequality within the developed countries is greater today than 25 years ago, largely on account of meteoric income growth at the upper end of the scale: in the USA, the richest “one percent” have seen their share of national income double since the 1980s, rising from 9 to 18%. Beyond this “one percent”, two books recently published in the USA show that the upper middle class (the richest 10-20%) in that country are doing well and thus contributing to increased inequality. Charles du Granrut has read these two books for Futuribles — Elizabeth Currid-Halkett's The Sum of Small Things and Dream Hoarders by Richard V. Reeves — and draws the central lessons from them here. He points out the characteristics of this upper middle class, particularly emphasizing the multidimensional character of the inequalities and this elite's determination to defend their position and preserve it for their descendants. These are all developments we would do well to watch and take into account in a context of growing resentment against the elites both in the USA and in Europe.
- Trois clefs pour réinventer la politique - VIVERET Patrick p. 47 Futuribles a lancé en 2017 une série d'articles visant à se pencher sur le manque de vision régulièrement dénoncé dans les commentaires de la vie politique. Ce déficit est-il réel, quelles en sont les raisons et comment pourrait-on y remédier ? Trois articles ont déjà été publiés dans le cadre de cette série1, nous poursuivons l'exercice avec Patrick Viveret qui propose ici trois clefs pour réinventer la façon de faire la politique, correspondant à trois piliers institutionnels majeurs : la légitimité de la fonction politique, son rapport à l'économie et son rapport aux citoyens. Il montre ici l'importance de passer du paradigme de puissance dominatrice à celui de puissance créatrice, en particulier dans le contexte actuel d'urgence climatique. Sur le plan économique, il appelle le politique à regarder les finalités (le bien commun) et à se réinventer en s'appuyant sur les métiers, et non sur l'emploi considéré de manière plus globale ; ceci implique évidemment des changements en matière d'éducation, de formation et de temps politique (il faut raisonner à long terme et réhabiliter l'avenir). Enfin, il souligne l'importance pour les hommes politiques, afin de renouer avec des citoyens désabusés ayant perdu confiance en leurs représentants, de cesser de raisonner en chefs et de revenir à leur fonction de ministère au sens premier du terme (accompagner, mettre en relation, bref : favoriser les synergies). Un bien vaste programme attendant sa mise en œuvre…In 2017 Futuribles launched a series of articles aimed at examining the lack of vision that is regularly decried in commentaries on political life. Is this a genuine failing, and, if so, what are the reasons for it and how could it be remedied? Three articles have already appeared in the series. We pursue the matter here with Patrick Viveret, who proposes three key measures for reinventing the way we do politics. These correspond to three major institutional pillars: the legitimacy of the political function, its relation to the economy, and its relation to the citizenry. In this article, he shows the importance of moving from a paradigm of dominating power to a paradigm of creative power, particularly in the current context of climate emergency. At the economic level, he calls on politics to look to ultimate goals (the common good) and reinvent itself by basing itself on occupations, not on employment regarded more generally. This obviously involves changes in education, training and political timescales (we have to think long-term and rehabilitate the future). Lastly, he stresses how important it is — in order to reconnect with disillusioned citizens who have lost faith in their representatives — that politicians stop thinking like bosses and return to their function of ministry in the original sense of the term (supporting, bringing together: in short, promoting synergies). An enormous programme awaiting implementation…
- Vers une prospective des monnaies - GAUDIN Thierry p. 57 La crise économique de 2007-2008, née du scandale des subprimes aux États-Unis et dont les pays développés peinent encore à sortir 10 ans plus tard, a suscité une réelle crise de confiance dans les institutions financières et les banques. Cette question de la confiance envers les institutions qui gouvernent le système financier se pose avec acuité alors que, comme le rappelle ici Thierry Gaudin, les monnaies se sont développées, historiquement, pour garantir les échanges et la confiance des individus dans leurs échanges, et permettre ainsi le développement économique des sociétés… Du moins est-ce ce qui a prévalu jusqu'à ce que la monnaie devienne un instrument objectif de pouvoir, aux mains des banques mais aussi au cœur du pouvoir politique, national puis international. Cette relecture historique du rôle de la monnaie et des institutions en charge de sa gestion, interroge sur les finalités de la communauté financière : participer au développement économique ? Servir les intérêts des puissants ? Enrichir les financiers ? Et compte tenu des évolutions technologiques récentes (cartes de crédit, paiements en ligne ou par téléphone…), quelles sont désormais les perspectives pour l'outil monétaire et ce ou ceux à quoi ou qui il sert ? Inspire-t-il toujours la confiance alors que, périodiquement, resurgit la crainte d'une nouvelle crise majeure ?The economic crisis of 2007-08, which arose out of the subprime mortgage scandal in the USA and which the developed nations are still struggling to overcome ten years later, caused a real crisis of confidence in banks and financial institutions. This question of trust in the institutions that govern the financial system is still critical today. And yet, as Thierry Gaudin reminds us here, money developed historically to ensure the functioning of trade and individuals' confidence in it, and thus enable societies to develop economically. At least, that was the prevailing reality until money became an objective instrument of power — in the hands of the banks, but also at the core of national government policy and international political action. This historical re-reading of the role of money and the institutions responsible for its management raises questions about the ultimate purpose of the financial community: is it to play a role in economic development, to serve the interests of the powerful, or simply to enrich the financiers? And, given recent technological developments (credit cards, payment on line or by phone etc.), what are the prospects now for the monetary instrument and for the ends — or the people — it serves? Does it still inspire confidence at a time when we are seeing recurrent fears of a new major crisis?
- Quel monde en 2050 ? À propos du livre de Michel Camdessus, “Vers le monde de 2050” - TÉNIERE-BUCHOT Pierre-Frédéric p. 69 Nous rappelons régulièrement dans Futuribles que l'avenir n'est pas prédéterminé et qu'il dépend assez largement de ce que nous voulons en faire. Être artisan d'un futur choisi, c'est apparemment ce que préconise Michel Camdessus dans son dernier ouvrage, Vers le monde de 2050, où, après avoir présenté les dynamiques structurantes des 30 prochaines années, l'auteur formule une série de recommandations visant à prendre la voie d'un avenir désirable. L'idée est ici de tenir compte des intérêts des générations à venir et des interdépendances entre pays développés et émergents, qui impliquent de penser le monde de manière plus positive et plus solidaire. Pierre-Frédéric Ténière-Buchot a lu ce livre pour Futuribles et en présente ici les principaux enseignements.We are constantly saying in Futuribles that the future is not predetermined and depends to a considerable extent on what we wish to make of it. To be the architect of a chosen future is, it seems, what Michel Camdessus is advocating in his most recent work, Vers le monde de 2050 [The World in 2050]. After outlining the structuring dynamics of the next 30 years, he frames a series of recommendations aimed at leading us toward a desirable future. The central idea is to give consideration to the interests of future generations and to the interdependencies between developed and emerging countries. This means viewing the world more positively and with a greater sense of solidarity. Pierre-Frédéric Ténière-Buchot has read the book for Futuribles and outlines its main lessons here.
- L'émergence des économies africaines. Un nouveau cadre d'analyse des ressorts et performances socio-économiques - NDIAYE Victor G., DJOGBENOU Ruben B. p. 75 Le concept de pays ou économie émergent(e) est apparu dans les années 1980 et a acquis sa renommée alors que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) semblaient en voie d'accéder à un leadership mondial. Bien que le concept demeure mal défini, il est désormais fréquent de parler d'émergence pour qualifier les pays dont les performances témoignent de progrès importants sur le plan économique et social.Tournant le dos aux nombreux programmes souvent dictés par les agences de développement, tels les programmes d'ajustement structurel, et voulant ainsi témoigner de la volonté des Africains de prendre en main leur destin, on parle aujourd'hui de l'émergence de l'Afrique et des plans d'émergence mis en place dans nombre de pays. Mais la question reste entière de savoir ce que recouvre cette notion, quels sont les principaux ressorts de l'émergence et comment les performances peuvent être appréciées, notamment pour pouvoir comparer les trajectoires différentes des pays africains.Le cabinet Performances Group a mis au point une grille d'analyse du processus d'émergence et élaboré un modèle reposant principalement sur une typologie des facteurs moteurs de l'émergence (ambition collective, leadership et vision, développement du secteur privé…) et des indicateurs en termes de performances économiques et sociales (croissance économique, prospérité partagée…). Son directeur général, Victor Ndiaye, et Ruben Djogbenou exposent ici cette grille d'analyse et la façon dont ont été établis des indicateurs synthétiques qui permettent d'évaluer et comparer l'émergence relative des pays africains. Ils proposent un cadre d'analyse pour ce processus et, sur la base des indicateurs retenus, présentent un classement des pays, ainsi que l'évolution de leurs performances entre 2005 et 2015, qui sans nul doute donnera lieu à bien des débats.The concept of emerging countries or economies appeared in the 1980s and gained currency when the BRICS countries (Brazil, Russia, India, China and South Africa) seemed to be moving into a global leadership role. Though the concept remains ill-defined, “emergence” is frequently applied now to countries that show significant economic and social progress. With the rejection of the many economic programmes that are often dictated by development agencies (e.g. structural adjustment programmes), and echoing a resolve on the part of Africans to take their fate into their own hands, there is much talk today of the emergence of Africa and of emergence plans being drawn up in many countries. But the question remains open as to what emergence means, what the main drivers of emergence are and how performance can be evaluated, particularly when it comes to comparing the different trajectories of African countries. The Performances Group consultancy has developed an analysis grid for the process of emergence and produced a model based largely on a typology of the driving factors of emergence (collective ambition, leadership and vision, development of the private sector etc.) and economic and social performance indicators (economic growth, shared prosperity etc.). Its chief executive, Victor Ndiaye, and Ruben B. Djogbenou explain that analysis grid here and the way composite indicators have been established that make it possible to evaluate and compare the relative emergence of African countries. They propose an analytical framework for this process and, on the basis of the indicators selected, offer a league-table of countries detailing their performance levels between 2005 and 2015, which will no doubt spark considerable debate.
Tribune européenne
- Catalogne, Kurdistan, Écosse, quel droit à l'indépendance ? - DREVET Jean-François p. 87 La crise politique que traverse l'Espagne, suite au référendum d'autodétermination organisé par la Catalogne puis à la mise sous tutelle de cette communauté autonome jusqu'aux élections régionales du 21 décembre 2017 (notre numéro était bouclé avant leur tenue), a contribué à raviver le débat sur les indépendances possibles de certains territoires européens. Le Brexit l'avait ouvert au travers des questions relatives au statut de l'Irlande du Nord ou de l'Écosse ; et le même débat resurgit régulièrement concernant Wallons et Flamands en Belgique, la Corse en France, etc. Cette première tribune européenne de 2018 vise donc à faire le point sur le droit à l'indépendance tel qu'on peut aujourd'hui l'appréhender dans le cadre de l'Union européenne pour des territoires tels que la Catalogne, le Kurdistan ou l'Écosse. Jean-François Drevet s'appuie sur les textes et la jurisprudence de l'Union, ainsi que sur les expériences antérieures, en Europe (Balkans, par exemple) ou outre-Atlantique (Québec). Au-delà des différences d'appréciation selon la communauté concernée (« deux poids deux mesures ? »), il montre bien la complexité de telles questions et la naïveté de ceux qui estiment que l'échelon européen pourrait accélérer ou simplifier le règlement des revendications indépendantistes régionales sur le Vieux Continent.The political crisis Spain is going through after Catalonia's referendum on self-determination and the direct rule imposed on that community until the regional elections of 21 December 2017 (the current issue of Futuribles went to press before that date) has played its part in rekindling debate on the potential independence of some European territories. Brexit had opened up the debate by raising questions over the status of Northern Ireland and Scotland. The same debate flares up regularly between Walloons and Flemings in Belgium or with regard to Corsica's position in France etc. It is the aim of this first European column of 2018 to assess where we are today with the question of the right to independence within the framework of the EU, so far as territories like Catalonia, Kurdistan or Scotland are concerned. Jean-François Drevet draws on the statute and case law of the Union, and also on earlier experiences in Europe (in the Balkans, for example) or across the Atlantic (Quebec). Above and beyond the different ways different communities are assessed (“a double standard”?), he shows how complex such questions are and how naïve it is to assume that the settlement of regional independence demands on the Old Continent could be accelerated or simplified at the European level.
- Catalogne, Kurdistan, Écosse, quel droit à l'indépendance ? - DREVET Jean-François p. 87