Contenu du sommaire : L'économie des télécommunications
Revue | Réseaux (communication - technologie - société) |
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Numéro | no 72-73, juillet-octobre 1995 |
Titre du numéro | L'économie des télécommunications |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
L'économie des télécommunications
- Sur l'économie politique de la réglementation. - Jean-Jacques Laffont Les théoriciens ont au cours de la dernière décennie mis au point les fondements d'une réglementation normative optimale. Se fondant sur l'exemple de la tarification d'une voie de communication, l'article montre qu'il faut aller plus loin et rechercher un arbitrage entre deux maux : l'inefficacité économique et l'arbitraire politique. Les modes tarifaires sophistiqués imaginés par la théorie laissent en effet plus de liberté au politique de les détourner au profit de ses intérêts propres ou de ceux du groupe qui le soutient. C'est un arbitrage identique qui est à prendre en compte pour fixer les règles constitutionnelles gouvernant la réglementation et les privatisations.During the past decade theoreticians have laid the foundations of optimum normative regulation. Taking as an example the pricing of a communication channel, the article shows the need to go even further and to choose the lesser of two evils: economic inefficiency or political arbitrariness. In theory, sophisticated modes of pricing grant considerable latitude to policy makers to divert them in their own interests or in those of the group supporting them. Exactly the same type of choice has to be made in establishing constitutional rules governing regulation and privatization.
- Déréglementation des services publics : problèmes de transition et solutions. - Alfred E. Kahn
- Au-delà de la libéralisation : la fin imminente du transport pour tiers. - Eli N. Noam Cet article soutient que l'institution du transport pour tiers, qui historiquement est à la base du mode de distribution des télécommunications, ne survivra pas. L'article étudie tout d'abord la signification du transport pour tiers et la manière avec laquelle il est apparu. Puis il analyse les pressions présentes et à venir exercées sur le système du transport pour tiers. Enfin, il s'interroge sur ce que pourrait être un futur sans transport pour tiers et quel en serait l'impact sur la libre circulation de l'information.This article argues that the institution of the common carrier, which historically is the basis of telecommunications distribution, will not survive. First, it analyses the meaning of common carrier and the way in which it appeared. It then considers current and future pressures on the common carrier system. Finally, it reflects on a future without the common carrier and the likely impact of this on the free circulation of information.
- De la télécommunication à la distribution de trafic - Laurent Gille Les télécommunications connaissent depuis quinze ans des mutations importantes sur le plan technologique comme sur les plans économique et réglementaire. Notamment, l'élargissement de la gamme des services offerts et la multiplication et l'interconnexion des réseaux produisent une dissociation de plus en plus forte entre les abonnés d'un réseau et les trafics que celui-ci véhicule ; le réseau est de moins en moins un monde clos qui relie des abonnés dont il « produit » le trafic ; les réseaux, notamment les réseaux de télédistribution, les réseaux mobiles et de transmission de données, écoulent des trafics qui ne sont plus générés uniquement par leurs abonnés. L'économie des réseaux devient alors très proche de l'économie de la distribution : à l'introduction massive d'une intelligence du service qui s'apparente par de nombreux aspects à l'intelligence de la distribution, et qui caractérise de plus en plus la valeur ajoutée du secteur, correspond une mutation de la valeur financière de l'activité.Telecommunications have undergone profound technological, economic and regulatory change over the past fifteen years. In particular, the widening range of services offered and the proliferation and interconnection of networks result in increasing dissociation between subscribers and traffic on a network. The network is less and less a closed sphere linking subscribers whose traffic it "produces". Networks, and specifically télédistribution, mobile, and data transmission networks, carry traffic which is no longer generated by their subscribers alone. The network economy is thus becoming increasingly similar to the distribution economy. The massive introduction of an intelligent service - resembling, in various respects, intelligent distribution and increasingly characteristic of the added value of the sector - corresponds to a mutation in the financial value of the activity.
- Concertation et pouvoir de marché : la télévision par câble aux Etats-Unis entre 1984-1992. - Jérôme Perani
- Quelques enseignements de la théorie des jeux pour les técommunications. - Etienne Turpin
- Les relations verticales : développements théoriques récents et quelques enseigements pour les télécommunications. - Laurent Benzoni
- Evaluation d'un progamme public de recherche : le cas de RACE. - Geoffroy Dang N'Guyen
Varia
- Le feint du monde. - François Jost Le paradigme fiction-réalité, aujourd'hui au cœur de nombreux discours sur les médias, est peu efficace dès qu'il s'agit de l'appliquer à l'analyse des programmes télévisuels. C'est, d'abord, que cette opposition binaire ne rend pas compte des mélanges subtils du factuel, du fictif et du fictionnel, qui souvent coexistent dans un même document, mais c'est surtout qu'elle omet un troisième terme, opératoire pour les penser sous l'angle de la représentation, la feintise. Celle-ci se caractérise, notamment, par la difficulté, pour le téléspectateur, à faire le départ entre histoire inventée et témoignage. De quelle façon un programme donne-t-il le sentiment du vécu ? C'est à répondre à cette question que s'emploie cet article à travers les différents types de feintise repérés dans ces histoires de Français, qui pourraient constituer une généalogie des reality-shows.The fiction-reality paradigm, today the focus of much discourse on the media, is hardly effective when applied to the analysis of TV programmes. This binary opposition fails to take into account the subtle blend of factual, fictive and fictional often found in a single document. More importantly, it overlooks a third term whereby they could be seen from a representative point of view, i.e. pretence. The latter is characterized primarily by the difficulty, for the TV viewer, to differentiate between an invented and a true story. In what ways does a programme give the feeling of reality? An answer to this question is sought through the different types of pretence identified in these Histoires de Français which could constitute a genealogy of reality shows.
- Famille et télévision- 1950-1986. - Marie-Françoise Lévy Cette étude porte sur les programmes de télévision qui prennent la famille pour sujet entre 1950 et 1986. Il s'agit de montrer quand, à quel rythme et sous quelles formes, la télévision française rend compte des transformations de la vie familiale et conjugale, d'une part, et des relations intergénérationnelles, d'autre part. La mise en œuvre d'une périodisation permet ainsi de circonscrire et d'analyser les processus et les modes de participation de la télévision aux changements intervenus au sein de la famille. Elle contribue à s'interroger sur le rôle et la fonction de la télévision comme acteur du débat social. Ces sources, considérées comme objet d'histoire, éclairent, par ailleurs, les articulations fluctuantes du privé et du public et renseignent sur une histoire récente de l'intimité.This study focuses on television programmes on the family between 1950 and 1986. It shows relationships between the generations, on the one hand, and the time, pace and forms of French television's account of transformations in family and conjugal life, on the other. The implementation of a periodization thus allows to circumscribe and analyse the processes and modes of participation of television in changes within the family. It contributes to reflection on the role and function of television as an actor in social debate. Moreover, these sources, considered as an historical subject, illuminated both the fluctuating articulation between public and private, and a recent history of intimacy.
- Régions, réseaux et fluides : l'anémie et la topologie sociale. - Annemarie Mol et John Law Cet article traite des présupposés topologiques qui encadrent la réalisation de la similitude et de la différence sociales. Il démontre que le social, au lieu d'exister en tant que type spatial unique, s'accomplit de façon recursive et topologiquement hétérogène. S'appuyant sur des recherches portant sur la manière dont des médecins tropicaux abordent l'anémie, il explore trois topologies sociales différentes. En premier lieu, il s'agit de « régions » dans lesquelles sont groupés des objets, chaque groupe étant entouré d'une frontière. Il s'agit, ensuite, de « réseaux » dans lesquels la distance est une fonction de relation entre les éléments, et la différence une question de variété relationnelle. Ces deux conceptions de l'espace sont d'ailleurs souvent mobilisées en théorie sociale. Toutefois, il existe d'autres types d'espace social et l'auteur examine le caractère éventuel d'un troisième, celui de « spatialité fluide ». Ici, les lieux ne sont ni démarqués par des frontières, ni liés par des relations stables ; au contraire, des entités peuvent être semblables ou divergentes selon leur localisation dans l'espace fluide et peuvent, en outre, se transformer sans créer de différence.This paper considers the topological presuppositions that frame the realization of social similarity and difference. It argues that "the social" does not exist as a single spatial type, but rather is achieved in a recursive and topologically heterogeneous manner. Using material drawn from a study of the way in which tropical doctors handle anaemia, it explores three different social topologies. First, there are "regions" in which objects are clustered together with boundaries drawn around each cluster. Second, there are "networks" in which distance is a function of relations between elements, and difference a matter of relational variety. These two conceptions of space are often mobilized in social theory. There are, however, other kinds of social space, and the authors consider the possible character of a third, that of "fluid spatiality". Here, places are neither delineated by boundaries, nor linked through stable relations; instead, entities may be similar or dissimilar, depending on their location in fluid space. Moreover, they may transform themselves without creating any difference.
- Le feint du monde. - François Jost
Le point sur
- L'économie mondiale des télécommunications. - Philippe Lachat
- Sur l'économie politique de la réglementation. - Jean-Jacques Laffont