Contenu du sommaire : Enjeux et apports des recherches en humanités numériques

La profusion du numérique, tant au niveau de la sphère privée que publique, affecte les pratiques et les usages informationnels. Les humanités numériques constituent un champ que l'on peut saisir à travers l'accélération du mouvement des innovations technologiques au service de l'humain pour la production, la gestion et la transmission des savoirs. À l'aide de regards croisés, nous souhaitons mieux comprendre comment les humanités numériques permettent de faire converger les usages et les pratiques au regard de l'environnement numérique. Nous aborderons une démarche prospective à travers deux pôles de réflexion : la création de communauté et l'intelligence collective ainsi que l'interaction avec l'environnement. Nous nous intéressons également aux enjeux et aux défis inhérents aux humanités numériques.

Suite au succès des digital humanities dans le monde anglo-saxon, les pays francophones ont connu un engouement similaire pour ce qui fut d'abord un désir d'évolution avant de constituer un véritable champ de recherche. Contemporains et acteurs de ce « mouvement scientifique », nous avons développé une réflexion autant théorique que méthodologique qui a abouti au développement d'un logiciel de constitution d'archives numériques enrichies. Le but de cet article est de tester les méthodes d'analyse réseau et de cartographie des humanités numériques francophones qui s'appuient sur une collecte de documents numériques liés par des liens de citations qualifiés avec le logiciel My Web intelligence. L'objectif est de mettre à l'épreuve notre méthodologie qui vise à faire une sociologie numérique des acteurs à travers leurs stratégies d'éditorialisation. La problématique ici est de comprendre comment le développement de publications en ligne, de nature très hétérogène, peut révéler une spécificité du mouvement francophone des humanités numériques au regard d'une sociologie des sciences humaines. Nous proposons une interprétation des résultats ainsi qu'une réflexion critique quant à la méthodologie employée. Nous mettons en avant le rôle de la communication web pour comprendre les stratégies des acteurs du domaine étudié.

L'objectif de cet article est d'interroger la logique d'instrumentation numérique qui équipe la dimension opérationnelle du travail scientifique. La démarche choisie consiste à mettre l'accent sur les opérations de médiation, et leur matérialité dans les outils pour comprendre ce qu'elles font aux pratiques. Cette proposition nous semble utile pour appréhender les enjeux de ces pratiques de recherche et contribuer au débat épistémologique en cours sur le développement d'une instrumentation numérique des SHS. En effet, ce type de recherche, et les discours qui accompagnent son avènement, postulent que ces nouveaux outils engagent des transformations majeures sur les pratiques scientifiques, en considérant qu'ils permettraient un renouvellement « positif » des SHS. Toutefois, au-delà de ces propositions enthousiastes, les acteurs n'interrogent pas systématiquement et pas précisément la rationalité embarquée dans ces nouveaux outils et ce qu'ils font « réellement » à la pratique de recherche.

Cet article défend l'idée qu'un des enjeux importants des humanités numériques est l'explicitation d'une épistémologie de l'analyse des textes. En effet, les humanités numériques, conçues comme la mobilisation de techniques informatiques pour traiter des problématiques de sciences humaines et sociales, ont affaire à de grands corpus numériques. Dans ce contexte, les outils statistiques peuvent apparaître comme des méthodes d'analyse économiques et efficaces. Or, traiter automatiquement des grandes masses de données sémiotiques n'est pas trivial et demande une réflexion aboutie sur ce que sont les textes, sur les problématiques qui peuvent leur être posées, et sur les méthodologies appropriées pour les aborder. Cet article développe ces questions en interrogeant les soubassements théoriques de l'analyse statistique des données textuelles. Ce faisant, il plaide en faveur de la reconnaissance de la dimension herméneutique des humanités numériques.

Un nouveau domaine de recherche a vu le jour récemment au travers d'un manifeste rédigé en 2010 : les humanités numériques. Ces dernières ont comme objectif de combiner les sciences humaines et sociales (SHS) avec les méthodes du numérique. Or, ce mariage semble difficile au premier abord car chaque discipline possède son propre univers sémantique ainsi que ses propres méthodologies : la communication n'est pas toujours évidente. Malgré ces difficultés, nous souhaitons montrer dans cet article que les méthodes du numérique en se mettant à l'écoute des problématiques des SHS peuvent apporter davantage de légitimité aux résultats des recherches en SHS. Nous présentons un exemple de recherche entre chercheurs en mathématiques-informatique et chercheurs en psychologie qui a consisté à réaliser un contrôle négatif sur une expérience sur le thème de la mémoire.

Compte tenu de la quantité, de la variété et de la vitesse de production des données à l'ère du numérique, les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont un élément central des pratiques info-communicationnelles actuelles. Cet article se propose d'étudier le concept de « pratiques info-communicationnelles » qui, d'après une première lecture exploratoire non exhaustive de la littérature scientifique, ne semble pas avoir suffisamment fait l'objet de travaux dédiés. Nous rapportons le commencement d'un travail de thèse (en cours) qui examine le rôle joué par les dispositifs numériques dans la construction des pratiques info-communicationnelles des usagers. Cette étude utilise le cadre conceptuel de la théorie de l'acteur-réseau (ANT) et explore les aspects sociotechniques importants du développement des connexions entre les dispositifs numériques et les individus, afin de mieux comprendre leurs pratiques d'information et de communication à l'ère des humanités numériques. Dans un contexte sociotechnique comme celui-ci, les contributions des acteurs humains (les usagers, les concepteurs, etc.) et les acteurs non humains (les objets connectés, les plateformes en ligne, les langages de programmation, etc.) doivent être prises en compte.

Dans le contexte actuel des humanités numériques, nous présentons une vision de la place qu'occupe actuellement et que pourrait occuper prochainement le numérique dans l'activité scientifique du chercheur en SHS. Après avoir décrit les humanités numériques comme étant essentielles dans le développement de la recherche, nous positionnons notre travail d'une part dans la perspective de la genèse instrumentale et, d'autre part, dans le contexte de l'accompagnement de l'activité du chercheur en sciences humaines et sociales. Puis, nous présentons les résultats d'une enquête réalisée auprès de scientifiques. Cette enquête vise à spécifier leurs besoins et leurs attentes en matière de solutions techniques. Nous présentons ensuite une expérience menée dans le cadre du colloque TICE 2014. Les résultats de cette enquête et de cette expérience nous amènent à discuter le rôle des outils technologiques dédiés au développement d'une activité cognitive augmentée.

La question complexe et vive de la perspective transhumaniste suppose une approche plurielle. Il importe d'abord de cerner les enjeux philosophiques. Dès avant les promesses scientifiques d'un homme augmenté, prolongé voire amortel ou immortel, la confrontation à l'épreuve de la mort peut être perçue soit comme un vecteur d'intensification de la vie, soit comme une limite à dépasser (de façon d'abord imaginaire). L'étude des discours – notamment médiatiques – permet ensuite de situer le statut de la perspective transhumaniste, ceci aussi bien d'un point de vue culturel que dans l'information diffusée.