Contenu du sommaire
Revue | NECTART |
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Numéro | no 6, premier semestre 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Édito
- Le pire n'est jamais certain - Éric Fourreau p. 3-5
L'invitée
- Aminata Traoré - Aminata Traoré, Éric Fourreau p. 12-19
Place des artistes
- « Pour Chantal Goya » - Carole Thibaut p. 20-25
- « Comme la vie, le théâtre est : sans finalité, sans but, sans sens » - Éric Lacascade p. 26-28
- « Faire face à mon époque » - Myriam Marzouki p. 29-30
Dossier - La culture, aux mains du privé ?
- Présentation - p. 32-33
- La culture est-elle soluble dans la concentration économique ? - Emmanuel Négrier p. 34-43 Cet article analyse les enjeux de la concentration économique dans le secteur culturel et pointe la nouveauté de l'ampleur de l'intervention de groupes marchands en son sein. Il en examine l'étendue et les manifestations, en s'appuyant essentiellement sur le spectacle vivant. La concentration renvoie à plusieurs formes simultanément à l'oeuvre dans les filières culturelles. La motivation financière est loin de constituer une explication convaincante et unique à ces phénomènes. L'article s'attache ensuite aux conséquences de l'inaction, et aux pistes de nature à redéfinir une action publique adaptée à ce nouveau contexte.
- La culture, un service public ? - Jean-Claude Pompougnac p. 44-51 La référence au service public présente, en France, un double registre : politique et juridique. Au volontarisme du premier (tradition républicaine) répondent les nuances et variations du second (poids de la jurisprudence). De fait, notre conception de l'intérêt général et les trois principes de continuité, d'égalité et d'adaptabilité ou mutabilité se retrouvent, malgré eux, en face des approches plus pragmatiques portées par l'Europe ou le monde anglo-saxon. Les politiques publiques de la culture n'échappent pas à ces défis : une grande variété de formes juridiques y sont à l'oeuvre (régies, établissements publics, délégations de service public, associations…). En outre, qu'est-ce qui fait bien public dans des activités aussi variées que celles d'une compagnie, d'un musée, d'une école de musique ? De l'idée que la culture est un service public comme les autres (Jean Vilar) à l'exception, à la diversité puis aux droits culturels, les tensions internes à l'action publique la rendent plus vulnérable encore aux ambitions commerciales des industries du divertissement.
- Et si on libéralisait la culture ? - Olivier Babeau p. 52-60 Les produits culturels, chacun le sait, ne sont pas des produits comme les autres. Leurs caractéristiques, amplement décrites par la théorie économique, fournissent autant d'arguments aux défenseurs d'une production centralisée – et donc étatisée – de « biens » très particuliers. Cet article propose de mettre en regard les limites réelles de la production « publique » de la culture et ses dérives de népotisme, clientélisme, favoritisme ou corruption avec les possibilités, trop souvent ignorées, d'un épanouissement culturel issu de la seule dynamique privée. Cela passe, entre autres, par le mécénat et les incitations fiscales.
- Et si les politiques d'attractivité des industries créatives étaient contreproductives ? - Elsa Vivant p. 62-69 La notion d'industries créatives n'a pas été forgée dans un cadre académique comme un concept analytique, même si elle tend actuellement à le devenir. Proposée par des acteurs politico- administratifs, elle s'est imposée aujourd'hui pour qualifier les activités économiques qui partageraient un lien fort à la création artistique comme modalité de production de valeur. Fortement décriée dans le champ académique pour son manque de rigueur scientifique, elle a très rapidement été adoptée dans la sphère technique du développement économique local.Il ne s'agira pas ici de préjuger de l'enjeu en termes de création artistique, mais plutôt de comprendre comment les acteurs du développement économique s'en saisissent et pourquoi. Cet article renvoie à la notion controversée de classe créative, selon laquelle attirer les « créatifs » sur un territoire serait un levier de développement économique. Il pointe les limites de ce qui semble être une croyance territoriale dans les industries créatives en rappelant que les processus disruptifs dans l'économie mondiale se jouent également dans les secteurs créatifs (redistribution dans la chaîne de valeur, précarisation, délocalisation et dumping fiscal). Il interroge ainsi la pertinence de stratégies de développement territorial tourné vers le soutien aux industries créatives.
- L'économie créative, un nouveau récit des territoires qui conforte l'idéologie néolibérale - Bruno Lefèvre p. 70-78 Associer les notions d'industrie et de créativité apparaît a priori peu intuitif. Certes, la production industrielle s'appuie, notamment lors de la phase de conception, sur un ensemble, diffus, de tâches et de moments de création, d'invention, d'innovation. Cependant, alors que l'industrie renvoie à l'idée de rationalisation de la production, rendue notamment nécessaire par les exigences de reproductibilité et de standardisation, la créativité nous apparaît comme une incertaine possibilité de créer, comme une capacité à produire de l'unique, de l'inédit, voire de l'éphémère. La promotion des industries créatives est inscrite depuis les années 1990 dans une multitude de rapports, conventions, directives, plans d'action et autres stratégies territoriales, à l'échelle internationale comme à celle des métropoles. Un rapide parcours historique nous permet d'associer à la notion d'industries créatives non seulement un ensemble de métiers, de secteurs d'activité, de tâches, mais aussi un cadre idéologique et un ensemble de valeurs, de référents matériels et symboliques. Par cette double approche socio-économique, trois critères principaux nous permettent de caractériser ces relations : la place et le rôle du « créateur » dans le processus industriel de la conception à la consommation, la répartition de la valeur produite sur les marchés, et la capacité d'acteurs et de pratiques émergentes à être visibles et à constituer durablement un vivier.
- Blanche, la scène française ! - Gerty Dambury p. 80-87 Depuis plusieurs années, le monde de l'art et de la culture est pressé de répondre à cette question : la monotone uniformité de ses représentants peut-elle le laisser indifférent ? Manifeste au vu du faible nombre d'artistes noirs, maghrébins ou asiatiques mis en valeur, aisément vérifiable au sein des personnels de direction, administratifs et techniques des lieux culturels, criante parmi les comités d'experts qui attribuent bourses, aides et subventions, choquante chez les formateurs ou les ambassadeurs de la culture française à l'étranger, cette homogénéité s'affiche sans interroger sur le fond.Qu'est-ce qui constitue ce « monde de l'art et de la culture » ? Que révèle-t-il de notre société ? D'autre part, que nomme-t-on précisément par « minorités issues de l'immigration » ? Ce terme atteste de limites imaginées à la communauté française. À ces populations, une place est assignée, dans les marges. Le monde de la culture contribue à les y maintenir en consacrant dans son organisation une hiérarchie sociale et ethnique, et en faisant montre d'une extrême réticence face aux questionnements que leurs récits pourraient faire émerger.
- La culture peut-elle mélanger les torchons et les serviettes ? - Bernard Lahire p. 88-96 Dans son usage le plus lâche, la notion de culture peut être utilisée pour nommer tout ensemble plus ou moins organisé de savoirs, de codes, de valeurs ou de représentations associés à des domaines réguliers de pratiques. Définition « anthropologique », précise-ton alors souvent, qui permet de parler aussi bien de cultures professionnelle, technique, culinaire ou vestimentaire que de cultures scolaire, littéraire ou artistique. Le terme désigne en ce cas davantage une dimension – symbolique – de toute pratique sociale, des plus ordinaires et matérielles aux plus savantes, qu'un domaine spécifique de pratiques distinct d'autres domaines.Mais un autre usage, plus restrictif, plus valorisant et, du même coup, plus polémique, réserve le qualificatif de « culturel » ou attribue le mot de « culture » à une partie seulement des pratiques sociales. La question sociale et politique qui se pose alors est de savoir où commence la culture et où elle se termine, ce qui mérite d'être considéré comme relevant de la culture et ce qui doit être renvoyé à de la « sousculture » ou de la « non-culture ».
- Peut-on encore vivre de sa musique aujourd'hui ? - Gildas Lefeuvre p. 98-107 C'est dans un contexte en mutation permanente qu'il faut appréhender la question. On n'a jamais écouté autant de musique mais elle n'a jamais rapporté si peu : en témoignent les revenus unitaires du streaming qui s'impose comme le modèle dominant. Les détenteurs de gros catalogues s'en sortent, mais les autres ?C'est en fait un changement de vision qu'il convient d'adopter en cette période disruptive. Alors que les opportunités de signature en label se raréfient pour les artistes (moins de budget, d'équipes, de temps pour les développer), ceux-ci sont de plus en plus amenés à fonctionner par eux-mêmes pour émerger. La pratique du do-it-yourself s'étend et s'organise. On parle d'artistes entrepreneurs et de développement de la fan base. S'agissant du streaming, il est – pour la grande majorité – à considérer comme un enjeu de visibilité davantage qu'un enjeu économique. C'est aussi un report d'intérêt sur le spectacle vivant : le live n'a jamais été aussi central. Les droits d'auteur et les droits voisins prennent également une tout autre importance. L'économie des projets n'est plus centrée sur la seule musique enregistrée mais se fait plurielle. C'est bien dans l'addition des revenus et leur complémentarité que les artistes peuvent aujourd'hui espérer vivre de leur musique.
- Les « nouveaux commanditaires » : la création comme enjeu démocratique - Jean-Damien Collin p. 108-115 Lorsqu'il a formulé le protocole des Nouveaux commanditaires en 1991, l'artiste François Hers est parti du constat simple que, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, l'être humain a besoin d'art, et en particulier de l'art de son temps. Ce principe a alors pris à revers les débats de l'époque selon lesquels les citoyens rejetteraient l'art, et en particulier la forme de la commande. Le protocole des Nouveaux commanditaires repose sur trois acteurs : le commanditaire, le médiateur et l'artiste. Chacun doit s'en tenir à son rôle, en fonction de sa propre expertise et de son vécu. Le commanditaire a une problématique et souhaite faire appel à l'art pour la résoudre ; le médiateur est un professionnel qui a une connaissance approfondie du secteur, de ses réseaux, de ses acteurs contemporains, de son économie ; l'artiste répond à cette commande en apportant son univers de création.Cet article montre comment cette démarche réinterroge la place de l'art sur un territoire pour ceux qui y vivent et y agissent, et repose ainsi les enjeux de la création dans une démocratie d'initiatives.
- Non, la France n'a plus le monopole du cirque contemporain ! - Stéphane Segreto-Aguilar p. 116-123 Les chiffres en témoignent, le développement et la structuration des arts du cirque en France ont de quoi faire pâlir tous ses voisins, proches ou lointains : un nombre élevé de compagnies, de créations de spectacles, de festivals ; 14 institutions dédiées à la production et à la diffusion, le plus ancien centre de ressources, des écoles à la renommée internationale, un syndicat spécifique ; une politique culturelle et des financements publics fléchés. Cet article s'emploie à montrer que la France, considérée depuis trois décennies comme l'épicentre du cirque contemporain, n'est plus seule au monde. Il faut en effet compter avec l'influence grandissante depuis plusieurs années d'artistes, de structures et de festivals dans toutes les régions de la planète, bien au-delà du continent européen (Éthiopie, Chine, Taiwan, Japon, Mexique, Argentine…).
- Comment les adolescents construisent leur identité avec Youtube et les médias sociaux - Claire Balleys p. 124-133 YouTube est une mine d'or. Quels que soient vos intérêts, vos goûts musicaux, vos croyances religieuses, votre appartenance de genre, vos interrogations (culinaires, mécaniques, informatiques…), vos passions (pour un sport, un mouvement artistique…), vos attentes (se détendre, se divertir, s'instruire…), vous trouverez sur la plateforme de quoi satisfaire votre curiosité et votre appétit. Les adolescents sont de très grands consommateurs de YouTube, aujourd'hui site préféré des jeunes âgés de 14 à 18 ans. Ce qui est nouveau et particulièrement intéressant sociologiquement, c'est le fait qu'ils ne jouent pas seulement un rôle de spectateurs sur la plate-forme, mais sont aussi créateurs de contenus et de communautés.À partir des pratiques observées sur les médias sociaux et d'une enquête ethnographique menée sur YouTube en 2015 et 2016, nous proposons de poser un regard sociologique sur les pratiques culturelles adolescentes en ligne, en particulier sur la constitution des publics et des communautés, la création d'un sentiment d'appartenance identitaire commune et le besoin de reconnaissance sociale.
- Et si l'amateur se réalisait dans la société numérique ? - Lionel Arnaud p. 134-140 Depuis les années 1970, les figures du « créateur », de l'« autodidacte » et de l'« amateur » sont de plus en plus valorisées et, avec elles, leurs dispositions à « bricoler » avec des formes de savoirs différents, à faire des liens inédits, à mettre en relation des savoirs dispersés. L'avènement des nouvelles technologies numériques semble toutefois marquer une nouvelle étape. Le renouvellement des pratiques culturelles, particulièrement évident dans les cas de la photographie, de la musique ou de la vidéo, dont la pratique a presque entièrement basculé dans le numérique en moins d'une décennie, favorise ce qui s'apparente à une réappropriation de l'action culturelle en faveur du plus grand nombre. Et si cette réalité n'est pas entièrement nouvelle, cet article s'emploie à souligner les transformations à l'oeuvre dans nos rapports aux biens culturels, aujourd'hui accentuées par la démocratisation des outils numériques, le développement des hackerspaces, fab labs, makerspaces et autres lieux de fabrication « ouverts » et de partage des savoirs culturels, qu'ils soient d'ordre scientifique, artis
- Bande dessinée - Sarah Gully p. 148-153
- Je vais vous raconter… : Un concert de smartphones à Abbeville - Pascale Bonniel Chalier p. 160-162