Contenu du sommaire : Risque et économie
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 69, no 3, mai 2018 |
Titre du numéro | Risque et économie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Renoncer aux soins périnataux : quelles conséquences sur l'état de santé du nourrisson ? - Lydie Ancelot, Liliane Bonnal, Marc-Hubert Depret p. 373-405 De nombreuses études ont mis au jour les mécanismes intergénérationnels à l'œuvre dans la construction des inégalités de santé. Ces travaux convergent vers l'idée que l'état de santé d'un individu est en grande partie lié aux comportements adoptés par ses parents, parfois avant même sa naissance. Cette contribution vient compléter cette idée et ces études. Notre objectif est d'étudier l'impact du renoncement aux soins de la future mère sur l'état de santé de son nourrisson à la naissance. Pour ce faire, nous utilisons les données de l'Enquête nationale périnatale réalisée en 2010. Nous montrons que la probabilité qu'un nourrisson naisse avec un problème de santé augmente si sa mère a, durant sa grossesse, à la fois rencontré un problème de santé et renoncé à des soins.Classification JEL : I12, I14, P36.Unmet needs for health care during pregnancy: what consequences for the infant's health
Many studies have uncovered the intergenerational mechanisms at work in the construction of health inequalities. These studies point to the idea that an individual's health status is related to behaviors adopted by his/her parents, sometimes even before birth. This research complements this idea and these studies by focusing on the study of the impact of unmet needs for health care during pregnancy on the infant's heath status at birth. This article relies on and uses data from the Ministry of Health's 2010 National Perinatal Survey. We show that the probability that an infant is born with a health problem increases if his/her mother has, during pregnancy, both encountered a health problem and unmet needs for health care. - Généralisation de la complémentaire santé d'entreprise : Une évaluation ex ante des gains et des pertes de bien-être - Aurélie Pierre, Florence Jusot, Denis Raynaud, Carine Franc p. 407-441 Depuis le 1er janvier 2016, les employeurs du secteur privé ont obligation de proposer et de financer partiellement une complémentaire santé à tous leurs salariés. Dans ce travail, nous simulons les gains et les pertes de bien-être à attendre de cette réforme sur l'ensemble de la population en mobilisant la théorie de l'utilité espérée. Les résultats montrent que la réforme augmente le bien-être collectif si et seulement si les salaires et les primes des contrats restent inchangés. En considérant que les primes des contrats individuels augmentent du fait de l'accord national interprofessionnel (ANI), l'impact de la réforme est quasi nul sur le bien-être collectif. Le gain en bien-être des salariés qui bénéficient de la réforme est alors contrebalancé par la perte de bien-être subie par les personnes couvertes en individuel ou que la réforme oblige à s'assurer. En considérant en sus que les employeurs intègrent le montant de leur subvention aux salaires, l'ANI réduit fortement le bien-être collectif.Classification JEL : I13, D63.Employer-mandated complementary health insurance in France: the likely effects on social welfare
The ANI reform mandates all private sector employers to offer sponsored Complementary Health Insurance (CHI) to all of their employees beginning on January 1st, 2016. This research simulates the likely effects of this mandate on the welfare of the population considering the Expected utility theory framework. The results show that the ANI reform may induce an increase in social welfare only if wages and CHI's premiums remain the same. Assuming that premiums of individual CHI contracts increase because of the new risks segmentation, the reform may hardly impact the social welfare. The gain in welfare that benefit private sector employees is therefore offset by the loss of welfare that suffer the individuals insured by an individual CHI contract or who chose to be uninsured before the reform. Considering in addition that employers will include their subsidy amount into wages, the reform may greatly reduce the social welfare. - Du MEDAF avec risque systémique à la détermination des institutions financières d'importance systémique - Jean-Charles Garibal, Patrick Kouontchou, Bertrand Maillet p. 443-475 Dans cet article, nous nous proposons de tester une extension du modèle d'évaluation des actifs financiers (MEDAF), dans lequel nous ajoutons un facteur de risque systémique, mesuré par une agrégation des principales mesures de risques systémiques, comme proposée récemment par différents auteurs, dans le cadre d'une analyse en composantes principales parcimonieuse (ACPP). Il ressort de nos analyses empiriques menées sur le marché américain que le risque systémique est effectivement une composante importante de la rémunération sur certains titres. Nous proposons finalement une application originale servant à l'identification et au classement des institutions financières d'importance systémique (IFIS).Classification JEL : C45, C53, C58, G01, G11.From the CAPM with systemic risk to the designation of the systemically important financial institutionsWe propose herein to test an extension of the traditional capital asset pricing model (CAPM), in which is added a factor of systemic risk, build thanks to a sparse principal component analysis (SPCA) of a large set of systemic risk measures, as recently proposed by several authors. Empirical tests show that, on the American equities market, the new systemic risk factor is highly significant when pricing assets. At the end, we propose an original application in order to detect and rank systemically important financial institutions (SIFI).
- Diversification des institutions financières et risque systémique : la prise en compte des risques extrêmes - Noëlle Duport, Éric Fina, Daniel Goyeau p. 477-504 Cet article s'intéresse aux effets de la diversification sur le risque systémique, ainsi qu'à ses implications en termes de fonds propres réglementaires dans une optique macroprudentielle. Le risque systémique étudié est celui qui découle d'une exposition commune des établissements bancaires : lorsque ces derniers diversifient leurs activités, les compositions de leur actif convergent, ce qui les rend donc sensibles aux mêmes chocs. Dans ce cadre, l'apport de cet article est triple : premièrement, il analyse l'évolution des fonds propres qui permettrait de compenser l'augmentation du risque d'une crise généralisée ; deuxièmement, il suppose que le rendement de l'actif bancaire suit une loi de Gumbel, ce qui permet de mieux modéliser les risques extrêmes (en particulier sur la queue de distribution gauche) que ne le fait la loi normale ; troisièmement, il analyse l'arbitrage en termes de fonds propres pour risque individuel vs risque systémique résultant de la diversification. Nous pointons ainsi le fait que, dans ce cadre, le régulateur ne peut gérer avec un seul instrument les risques individuel et systémique. En effet, la diversification permet à un établissement bancaire de diminuer son risque individuel et donc, dans une optique microprudentielle, de diminuer son niveau de fonds propres réglementaires. Mais, comme cette stratégie conduit dans le même temps à une augmentation du risque systémique, en vertu de la réglementation macroprudentielle, il devrait en détenir davantage. Les objectifs micro et macroprudentiels peuvent ainsi diverger, et nécessiteraient donc deux instruments de régulation.Classification JEL : G11, G21, G28.Diversification at financial institutions and systemic risk: consideration of extreme tail risks
This article examines the effects of diversification on systemic risk, and its implications for regulatory capital from a macro-prudential perspective. The systemic risk studied is that resulting from a common exposure of banking institutions : when the latter diversify their activities, the compositions of their assets converge, making them therefore susceptible to the same shocks. In this context, the contribution of this article is threefold : firstly, it analyzes the evolution of capital that would compensate for the increased risk of a generalized crisis ; secondly, it assumes that the return on banking asset follows a Gumbel distribution, allowing for better modeling of extreme risks (especially on the left tail) than does a gaussian distribution ; thirdly, it analyzes arbitrage in terms of regulatory capital for individual risk vs. systemic risk resulting from diversification. We point out that, in this context, the regulator cannot manage individual and systemic risks with a single instrument. Indeed, diversification allows a bank to reduce its individual risk and therefore, from a micro-prudential perspective, to reduce its level of regulatory capital. However, as this strategy leads to an increase in systemic risk, under the macro-prudential regulation, it should hold more. The prudential micro and macro objectives may thus diverge, and thus require two instruments of regulation. - La stratégie de désinvestissement graduel des marchés financiers sécurise-t-elle réellement l'épargne ? - Alexis Direr, Éric Yayi p. 505-531 Cet article étudie la validité empirique du mécanisme de sécurisation de l'épargne fondé sur le désinvestissement graduel en actifs risqués. Nous comparons ce mécanisme à une politique de constance de la part investie en actifs risqués à partir des données financières de cinq pays, pour des horizons variant de 5 à 30 ans. Nous utilisons différentes définitions du risque : l'écart type du rendement cumulé final, son degré de dissymétrie, la probabilité de perte ou la prime de risque réclamée par un investisseur pour passer d'une stratégie à l'autre. Contrairement aux recommandations habituelles des conseillers financiers, nos résultats ne montrent pas d'avantages tangibles de la stratégie de désinvestissement graduel en termes de réduction du risque à l'échéance du placement. L'hypothèse jointe d'épargne progressive et d'imperfection des marchés financiers rend la politique de désinvestissement graduel préférable à celle de constance de la part risquée mais d'une marge quantitativement faible.Classification JEL : G11, D14, D91, J14.Does gradual disinvestment from financial markets make savings safer?
This paper evaluates the empirical validity of gradual selling mechanism of risky assets. We compare this strategy with another one whose share invested in risky assets remains constant during the life of the investment by using financial data from 5 countries and for horizons ranging from 5 to 30 years. We use various risk measures including the standard deviation of the final cumulative return, its degree of dissymmetry, the probability of loss and the risk premium claimed by an investor to switch from one strategy to another. Compared to usual recommendations of financial advisors, the results do not show tangible benefits from the gradual disinvestment strategy in terms of risk reduction. When savings is progressively accumulated, the policy of gradual disinvestment is however slightly better than a constant share of risky assets.