Contenu du sommaire : Recherches en sciences humaines sur l'Asie du Sud-Est

Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est Mir@bel
Numéro no 31, 2018
Titre du numéro Recherches en sciences humaines sur l'Asie du Sud-Est
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - Louise Pichard-Bertaux p. 7-9 accès libre
  • Articles

    • Jean Baffie, savant interdisciplinaire et passeur de savoir - Pierre Le Roux p. 11-21 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pierre Le Roux retrace dans cet article la carrière de Jean Baffie, chercheur transdisciplinaire spécialisé sur l'Asie du Sud-Est et plus particulièrement sur la Thaïlande. S'attachant à montrer comment J. Baffie a construit sa vie de chercheur et de passeur de savoir, P. Le Roux nous entraîne sur les pas de cet infatigable érudit, passionné et passionnant, des études montpelliéraines jusqu'à la retraite du CNRS. L'auteur présente également à la suite de cet article une bibliographie quasiment exhaustive des travaux de J. Baffie.
      In this article, Pierre Le Roux gives a very complete view on Jean Baffie's career. This French transdisciplinary researcher is specialized on Southeast Asia, and more particularly on Thailand. P. Le Roux is taking us along Baffie's life, from his studies in South of France (Montpellier) to is retirement from his position in CNRS. This biography shows a scholar passionate and really amazing. P. Le Roux presents also after this article a quite complete bibliography of J. Baffie.
    • Principaux travaux de Jean Baffie - Pierre Le Roux p. 23-47 accès libre
    • Marcheur de villes, passeur de mots : Jean Baffie initiateur à la lecture de Bangkok - Charles Goldblum p. 49-63 avec résumé avec résumé en anglais
      Quelles connaissances pour explorer les villes d'Asie du Sud-Est ? Dans ses travaux et publications sur Bangkok et les villes thaïlandaises, Jean Baffie multiplie les angles de vue, les échelles de temps et d'espace, usant d'une érudition peu commune pour mettre en résonance les toponymes et les termes désignant la ville, les récits de fondation et l'imagerie populaire, les espaces physiques et les pratiques sociales. Le présent article invite à un parcours singulier à travers ces fragments de textes, pour y découvrir, à travers l'exploration d'une ville particulière, de ses lieux, de ses pratiques et de ses mots, la construction originale d'un savoir analytique sur les espaces sociaux de l'Asie du Sud-Est contemporaine.
      Which kind of knowledge requires the investigation on the Southeast Asian City? In his writings on Bangkok and the Thai cities, Jean Baffie multiplies the viewpoints, the scales of time and space, using his unusual erudition in order to put in resonance the words for city and those naming a city, founding narratives and popular imagery, physical space and social practices. Following Jean Baffie's steps in exploring the Thai city, its places and words, the reader of this article is invited to discover, with this singular itinerary through fragments of texts, the original construction of a body of analytical knowledge on the social spaces in contemporary Southeast Asia.
    • Le Poème de la prédiction sur la fin d'Ayudhya (เพลงยาวพยากรณ์กรุง ศรีอยุธยา /phle:ŋ ja:w pháʔja:kɔ:n kruŋ sǐ: ʔàʔjúʔtháʔja:/) - Gilles Delouche p. 65-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le Poème de la prédiction sur la fin d'Ayudhya pose un double problème. Il s'agit d'abord de se poser la question de sa datation et de son auteur, puis de sa nature. Ayant examiné sa forme et les différentes hypothèses proposées par les rares chercheurs qui s'y sont intéressés, nous penchons pour une composition postérieure à la chute d'Ayudhya. Ensuite, nous considérons que nous ne sommes pas en présence d'une prédiction mais plutôt d'un texte de morale destiné aux monarques, inspirée du mahāsupinajātaka.
      The Poem of the Prediction on the Fall of Ayudhya poses a double question. It is first of all the questions of its datation and of its author, and then of its nature. Having examined its poetic form and the different hypotheses proposed by the few researchers interested in it, we are inclined to a composition subsequent to the fall of Ayudhya. Next, we consider that we are not in presence of a prediction but rather of a moral text intended for monarchs, inspired by the mahāsupinajātaka.
    • Ethnogenèse des Thaïs-Ko-Kong : une « ethnie-frontières » dans un espace transfrontalier. Hommage à Jean Baffie, mon achan - Thanida Boonwanno p. 93-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La délimitation des frontières entre le Siam et la France (l'Indochine française), en 1904, a eu pour effet la séparation des populations siamoises entre ces territoires nouvellement frontaliers. Ko Kong était l'un de ces territoires que les Siamois occupaient depuis l'époque où ces confins, entre le Siam et le Cambodge, étaient mal délimités. Certaines études historiques et géographiques sur l'espace littoral du Cambodge (Pourtier 1969, 1971) montrent que les populations pionnières de Ko Kong sont venues d'endroits divers tels que la Chine, le Siam et le Vietnam. Cette assertion justifie de questionner « qui sont les Thaïs-Ko-Kong ? » puisque l'espace littoral de Ko Kong avant l'époque de la colonisation française n'accueillait pas seulement les Siamois. Cette question simple, posée par mon co-directeur de thèse, Jean Baffie, m'a été indispensable pour étudier ensuite l'ethnogenèse des Thaïs-Ko-Kong.
      The boundary delimitation between Siam and France (Indochina) in 1904 effected amount of the Siamese to be separated and to be left on the exchanged territories. Ko Kong was once one of these ceded territories where the Siamese had ever occupied in the period that both Siam and Cambodia had not concerned yet about fixed boundary. Some historical and geographical studies about coastal space of Cambodia suppose that the pioneers of Ko Kong came from many places such as China, Siam and Vietnam. This assumption is important to rethink by questioning “who are the Thai of Ko Kong?” since the previous studies on littoral space of Ko Kong demonstrate that Ko Kong before French colonial era did not welcome only the Siamese. This question posed by my co-superviser, Jean Baffie, encouraged me to continue to in-depth study the ethnogenesis of the Thai of Ko Kong.
    • Social and Spatial Organization of the Tai Deng of Mai-Châu (Viêt Nam) before 1954 - Bernard Formoso p. 117-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'informations recueillies en 2000, durant un séjour de quinze jours à Mai-Châu, cet article traite de l'organisation socio-politique des Tai de ce district et ancien muong de Hoà-Bình, avant les réformes administratives imposées par le régime communiste en 1954. En complément, il décrit la structuration symbolique de l'habitat (maison, village et cimetière) en lien avec les croyances et pratiques religieuses des Tai Deng.
      From information collected in 2000, during a two-week stay in Mai-Châu, the present article describes the sociopolitical organization of this district and former muong of Hoà-Bình before the administrative reforms implemented by the communist regime in 1954. It also sheds light on the symbolic structuring of the human habitat (village, house, cemetery), in relation with the religious beliefs and practices of the Tai Deng.
    • Papeete et ses shophouses. La sinisation d'un paysage urbain (1900-1970) - Barbara Drouot-Baille p. 135-156 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite des conditions d'émergence d'un quartier chinois dans le centre-ville de Papeete entre la fin du xixe siècle et la seconde moitié du xxe siècle. Il s'agit ici d'analyser le processus de sinisation d'un espace urbain au travers des pratiques d'appropriation de l'espace retenues par les migrants. Privilégiant une approche interculturelle, l'auteur s'attache plus particulièrement à observer les apports mais aussi les aménagements introduits par ces derniers aux plans architectural, domestique, social et publique.
      This article deals with the emergence of a chinese neigborhood downtown Papeete at the turn of the 19th century till late 1970 years. This urban space sinisation process is analysed through space appropriation practices that migrants then favoured. Focusing on cross-cultural perspective, the author more particularly observes the contributions as well as the different changes brought by these latter on the architectural, domestic, social and public levels.
    • La vannerie à Bornéo : fonctions sociales, rituelles, identitaires - Bernard Sellato p. 157-186 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La vannerie des groupes traditionnels de Bornéo est brièvement examinée : les plantes à fibres et à teinture, les techniques, savoirs et savoir-faire et leur transmission, les fonctions pratiques, sociales et rituelles et les motifs décoratifs et le symbolisme associé. Produit de l'histoire culturelle unique d'une communauté, un panier ou un chapeau, par sa création et son usage, possède un sens au-delà de sa forme et de sa fonction primaire et contribue à la construction de la société. Il constitue une référence culturelle pour la communauté qui l'a créé et pour ses voisines et, de ce fait, un fondement important de l'élaboration et du maintien de son identité ethnoculturelle dans un monde mondialisé.
      The basketry of Borneo's traditional ethnic groups is summarily surveyed, from fiber and dye plants, techniques, indigenous knowledge and know-how and their transmission, to practical, social, and ritual functions, decoration and associated symbolism. As the end product of a community's unique cultural history, a basket or a hat, through its manufacture and use, possesses a meaning beyond its form or primary function, and contributes to the construction of society. It constitutes a cultural reference for the community that created it and for its neighbors, and thus an important foundation for the elaboration and upholding of its ethnocultural identity in the globalized world.
    • Mais où sont les rituels d'antan ? Les Aborigènes des Kimberleys (Australie) et la mondialisation - Bernard Moizo p. 187-206 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sur la base de données ethnographiques, collectées dans la région des Kimberleys dans les années 1980, ré-actualisées récemment, cet article se propose d'aborder les relations qu'entretiennent les Aborigènes avec leur passé mythique dans le contexte de la mondialisation. Pour illustrer les changements profonds qu'ont subis les sociétés aborigènes et les dilemmes auxquels elles sont confrontées actuellement, deux types d'évènements ont été privilégiés : les initiations masculines et les festivals. L'impact de la mondialisation est évalué pour les deux avec l'objectif de montrer que si les phénomènes qui lui sont liés pénètrent jusqu'au fond du bush, ces changements globaux ne constituent pas nécessairement quelque chose de nouveau pour les sociétés Aborigènes. Ces dernières, même durant les pires moments de leur histoire récente, ont toujours su s'adapter et faire preuve de résilience en puisant dans leur passé les éléments d'une identité et la force nécessaire à mieux vivre leur présent.
      In this paper, based on ethnographic data collected in the Kimberleys in the mid-1980s and recently updated, I address relationships between Australian Aborigines and their mythical past in the light of globalization. In order to illustrate fundamental changes within Aboriginal societies during the last century and the current dilemma they are facing, I selected initiation ceremonies and festivals. I then look at the globalization impact on both aiming to show that, if indeed globalization has had impact in remote communities, such in-depth changes are not necessarily new to Aborigines. Most of them, even during the darkest part of their recent history, have displayed great adaptive capacities as well as strong resilience to forge a new identity and the needed strength to live their contemporary situation drawing from their mythical past.
  • Notes

    • Traduire le thaï : un exemple littéraire - Louise Pichard-Bertaux p. 207-217 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette note de recherche s'attache à montrer la complexité de la langue thaïe et les difficultés auxquelles se heurtent les traducteurs. Après un rapide rappel de l'histoire du genre « nouvelle » sur la scène littéraire thaïe et un court panorama des traductions publiées en français, quelques exemples, notamment extraits de l'œuvre de Win Lyovarin, seront analysés.
      The aim of this research note is to show how Thai language is difficult to read and translate and what kind of obstacles the translator will have to deal with. First, a brief account of short story in Thailand will be down, followed by a short view on translations of Thai literature published in France. Then some texts will be taken as example specially some written by Win Lyovarin.
    • Les maîtres de la fête : une cérémonie du wai khru de la province de Phetchabun (Thaïlande) - Edouard Degay Delpeuch p. 219-240 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La cérémonie d'hommage au maître ou wai khru a déjà pu faire l'objet d'études approfondies (Wong & Lysloff 1991, Wong 2001), l'enjeu sera ici de comprendre ce qu'elle devient une fois que la transmission de la musique et du rituel n'est plus régie par la relation du maître à l'élève. Fondé il y a un peu moins d'une dizaine d'années à Lomsak dans la province de Phetchabun, à la frontière de la région nord thaïlandaise et de la région isan, le groupe de procession Khun Narin Sin Phin Prayuk voit son destin radicalement changé quand il publie en 2011 une première vidéo sur la plate-forme numérique YouTube. « Trouvée » et diffusée dans la blogosphère musicale indépendante américaine, la troupe est ensuite contactée par une maison de disques indépendante pour l'enregistrement d'un premier album. En 2015, sous le nom de Khun Narin Electric Phin Band, la troupe est invitée à se produire en Europe. Au-delà des changements et de la relation à un maître incarné, le wai khru se profile entre bouddhisme et culte surnaturel, souci du travail bien fait et ivresse de la fête. L'article se propose ainsi d'observer la contribution indispensable de la cérémonie à l'équilibre des forces contraires qui traversent les festivités thaïes.
      The tribute to master ceremony, also known as wai khru, has already raised the interest of several studies (Wong & Lysloff 1991, Wong 2001), the aim here is to understand what the ritual becomes once the transmission of music is no longer ruled by the master-student relationship. Created less than ten years ago in Lomsak, Phetchabun province, at the limit of North and Isan regions of Thailand, the destiny of Khun Narin Sin Phin Prayuk has undergone a considerable turn once it published a first video on YouTube. Found and broadcasted within the American musical blogsophere, the band has then been contacted by an independent music label to record a first album. In 2015, the band was invited to play Western music festival under the name Khun Narin Electric Phin Band. Beyond relationship to an embodied master, wai khru takes place between Buddhism and propitious worship, quality of performance and mindblowing festivities. This paper highlights the significant role this ceremony plays to balance the opposite forces of Thai festivities.
  • Entretien

  • Comptes rendus