Contenu du sommaire : Guerre de rue, guerre dans la rue
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
---|---|
Numéro | no 206, 2002/2 |
Titre du numéro | Guerre de rue, guerre dans la rue |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Jacques Valette p. 3-10
- L'armée italienne et le maintien de l'ordre dans les villes de 1871 à 1915 d'après les attachés militaires français - Hubert Heyriès p. 11-28 L'armée italienne et le maintien de l'ordre dans les villes de 1871 à 1915 d'après les attachés militaires français. De 1871 à 1915, les attachés militaires français en poste à Rome analysèrent dans plus d'une centaine de rapports adressés au ministère français de la Guerre, le rôle dissuasif et répressif de l'armée italienne, chargée de maintenir l'ordre politique, social et dynastique dans les villes. Témoins privilégiés, ils montrèrent les défauts et les qualités d'une armée confrontée aux mêmes difficultés que l'armée française, sans éviter toutefois de formuler des critiques sévères, parfois injustifiées.L'armée italienne et le maintien de l'ordre dans les villes de 1871 à 1915 d'après les attachés militaires français. Between 1871 and 1915, the various French military attachés assigned to Rome analysed, in more than a hundred reports sent to the French Ministry of War, the deterrent and repressive operations of the Italian Army in its function of maintaining political, social and dynastic order in the towns and cities. As privileged witnesses, they pointed out the shortcomings and the qualities of this army, confronted with the same difficulties that the French Army had to face. They were not averse to formulating some harsh critiques, some of them unjustified.
- « La guerre par d'autres moyens » : réflexions sur la guerre du Viêt Minh dans le Sud-Vietnam de 1945 à 1951 - Christopher E. Goscha p. 29-57 « La guerre par d'autres moyens » : réflexions sur la guerre du Viêt Minh dans le Sud-Vietnam de 1945 à 1951Cet article s'appuie sur une documentation vietnamienne inédite pour étudier un cas précis de la guerre franco-vietnamienne : comment la République démocratique du Vietnam a employé des moyens très divers pour mener sa guerre dans le Sud-Vietnam d'août 1945 à 1951, année de la mort du chef des armées du Sud, le général Nguyen Binh. Ce stratège militaire si méconnu domina la conduite de la guerre et les questions militaires dans le Sud. Il joua le rôle primordial dans la mise sur pied, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d'une armée sudiste qu'il va organiser en régiments plus modernes à partir de 1949. Il se distinguait particulièrement parce qu'il n'hésitait pas à faire la guerre par d'autres moyens. La guerre urbaine lui fut une arme militaire et politique à employer en même temps que la guerre plutôt « classique ». Les deux pouvaient aller de pair.« La guerre par d'autres moyens » : réflexions sur la guerre du Viêt Minh dans le Sud-Vietnam de 1945 à 1951This article uses unpublished Vietnamese sources to study a special aspect of the Franco-Vietnamese War : how the Democratic Republic of Vietnam used various methods in waging war in South Vietnam between August 1945 and 1951, when the leader of the South's army, Nguyen Binh, died. This little known military strategist dominated the waging of the war and military matters in the South. He played a key role, after the Second World War, in forming the South's army, one which he would transform from 1949 into more modern units. He stands out in particular because he did not hesitate to wage war by other means. Urban warfare was a military and political weapon for him, to be used simultaneously with « classical » warfare. The two could go together.
- Les européens dans la rue pendant la guerre d'Algérie - Marie Dumont p. 59-85
- La manifestation du FLN à Paris le 17 octobre 1961 : Le témoignage du lieutenant-colonel Montaner - p. 87-93
- Villes et combats urbains au XXe siècle - Jean-Louis Dufour p. 95-109 Villes et combats urbains au XXe siècle. Le soldat a toujours répugné à se battre dans les agglomérations alors que la ville n'a jamais cessé de constituer un objectif tactique et même stratégique. Pourtant, la guerre en ville a longtemps été exceptionnelle, y compris lors de la Seconde Guerre mondiale, en dépit des Stalingrad, Varsovie, Berlin... Les « guerres d'après-guerre » ont encore lieu en rase campagne, là où le soldat ne poursuit pas d'autre objectif que la neutralisation de son adversaire. Mais depuis 1980, les conflits internes se sont généralisés et la ville est devenue un lieu privilégié d'affrontement, pour y conquérir un pouvoir, piller des biens, brimer des populations. C'est donc en ville que les armées des pays démocratiques sont désormais contraintes d'aller rétablir la paix.Villes et combats urbains au XXe siècle
The soldier has always felt repugnance about fighting in urban areas, while the city has never ceased to be a tactical and even strategic objective. The fact remains that urban warfare has for a long time been the exception, even during the Second World War, in spite of Stalingrad, Warsaw, and Berlin. After-the-battle engagements are still fought in open country, where the soldier's only purpose is the neutralisation of his adversary. Since 1980, however, civil conflicts have become general, and the city has become a favourite place of engagement, to overthrow a ruler, seize property and crush populations. It is into the city, therefore, that the armies of democratic nations are henceforth compelled to move to restore peace. - La zone urbaine : nouveau théâtre d'opérations ? - Emmanuel De Richoufftz De Manin p. 111-119 La zone urbaine : nouveau théâtre d'opérations ?Aucun continent, ni l'État n'échappent au phénomène croissant d'urbanisation. L'environnement des villes et de leurs banlieues s'impose comme l'horizon tactique des forces engagées. Le contrôle des localités demeure un objectif essentiel, bien qu'il soit coûteux en hommes, en matériel et en temps, expliquant les difficiles rapports armées-agglomérations. Il apparaît nécessaire de revoir la conception des opérations en milieu urbain.Un entraînement spécifique doit être adopté pour la préparation des soldats. Épargner les civils, limiter les destructions, combattre les seuls porteurs d'armes, voici ce qu'il convient d'obtenir. Ce défi nécessite une maîtrise des techniques d'observation, de topographie, de déplacement, indispensables pour se repérer et éviter que la ville ne devienne un dédale. Dans ce milieu hostile, l'usage des armes revêt un caractère différent, nécessitant une tactique spécifique et un entraînement plus réaliste, avec l'acquisition de moyens « high tech » et d'armes non létales, pour « domestiquer » l'environnement urbain.La mise hors de combat d'un ennemi doit être l'ultime phase d'un processus constitué d'actes coordonnés impliquant medias, actions psychologiques, démonstration ostensible de force. L'objectif étant d'isoler l'ennemi dans son milieu, puis de l'« encager » en interdisant tout repli ou renfort, ne lui laissant qu'un choix entre reddition ou destruction. Mais la conduite d'une guerre propre ne s'envisage que dans un environnement sécuritaire plus large, en créant une « zone d'exclusion terrestre » autour de la zone des combats. Désormais, la victoire ne résulte plus uniquement de l'effet des armes mais de la bonne utilisation des armes immatérielles : gagner le combat de l'adhésion.La zone urbaine : nouveau théâtre d'opérations ?
Every continent, every State is involved in the increasing phenomenon of urbanization. Urban environment has emerged as the inevitable tactical horizon of forces in combat. The control of cities remains a major objective even though it consumes staff, equipment and time, which explains the difficult relationship between armies and cities. Special training must be adopted in order to prepare the soldiers. Sparing civilians, limiting the destruction, fighting only those who bear arms are the present demands. This challenge requires the mastery of observation, topography, liaison and logistics if the city is not to become a maze to the invader. In this hostile environment the use of weapons takes on a new character, requiring specific tactics and more realistic training in the use of high-tech and non-lethal weapons in order to pacify the urban environment.The defeat of an enemy must be the last stage of a process of coordinated action involving the media, psychological warfare and a patent show of force. The aim is to isolate the enemy in his environment and then cage him in, denying him any means of retreat or reinforcement and leaving him with no choice except surrender or destruction. A clean war, however, can be envisaged only in a wider framework of security requiring a « ground exclusion zone » around the combat zone. Victory is henceforth to be achieved not only by standard weapons but also by the effective use of other weapons to win the battle for hearts and minds. - Le commissariat à la lutte contre le chômage en zone sud - Marie-Antoinette Maux-Robert p. 121-146 Le commissariat à la lutte contre le chômage en zone sud. Au retour d'une périlleuse mission dans la Chine en guerre contre les Japonais, l'ingénieur des Ponts et Chaussées coloniaux, Henri Maux, débarque en France en août 1939. Mobilisé sur la Ligne Maginot puis dans le réduit breton, il se met, en août 1940, aux ordres de son ministère, à Vichy. Le ministre du Travail le charge de créer un Commissariat à la lutte contre le chômage pour la zone sud. À ce poste social, il peut mener son entreprise à son idée et avec les hommes de son choix. Parvenu à mettre sur pied un service original, efficace et généreux, il s'efforce de secourir les chômeurs français, ainsi que nombre d'exclus et d'étrangers. Pendant deux ans, il va livrer d'opiniâtres combats pour faire reconnaître à ses protégés, le droit au travail et un statut égal pour tous. Fin 1942, son service devient très suspect aux yeux du gouvernement et disparaît dans la tempête du STO. Maux donne sa démission et choisit, à Paris, une position de retrait volontaire, d'où il continue à participer à la Résistance. Il est l'un des seuls hauts fonctionnaires à avoir refusé le serment au maréchal Pétain.Le commissariat à la lutte contre le chômage en zone sud
On his return from a dangerous mission to China (then at war with the Japanese), Henri Maux, an engineer with the French Department of Bridges and Highways, landed in France in August 1939. Mobilized on the Maginot Line, then assigned to the Brittany redoubt, he placed himself, in August 1940, at the service of his Ministry in Vichy. The Ministry of Labour instructed him to set up an employment office in the Free Zone. In this post he was free to follow his bent and employ the men of his choice. Having built an inventive, efficient and generous department, he strove to help the French unemployed as well as many minority groups and foreigners. For two years he fought stubbornly to win for his protégés the right to work and a statute of equality for all. At the end of 1942, his organization became suspect in the eyes of the Government and it disappeared in the turmoil of the Forced Labour programme (STO). Maux resigned and chose to live a life of retirement in Paris, where he continued to work for the Resistance. He was one of the very few high officials to refuse the oath of allegiance to Marshal Pétain.