Contenu du sommaire : Renseignement et espionnage en 1914-1918
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
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Numéro | no 232, 2008/4 |
Titre du numéro | Renseignement et espionnage en 1914-1918 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Chantal Antier, Marianne Walle p. 3-4
- Le renseignement allemand en guerre : structures et opérations - Markus Pöhlmann p. 5-24 Le renseignement allemand en guerre : structures et opérationsL'organisation et les résultats du renseignement militaire allemand pendant la Grande Guerre souffrent de l'absence d'un développement cohérent avant guerre. La nature statique de la guerre de position a déterminé le développement ultérieur du système. Dès le début, le renseignement militaire s'est orienté vers les champs d'application de la police politique et de la propagande. L'occupation de la majeure partie de l'Europe de l'Ouest, comme de l'Europe centrale, explique également l'importance prise par le contre-espionnage. Au seuil de 1917, l'expérience acquise par la pratique, l'innovation technique (renseignement acquis par l'écoute des transmissions, analyse des images) et l'accent mis sur les mesures de déception à l'échelon tactique étaient la conséquence de la montée en puissance d'un service de renseignement intégré. Néanmoins, la prépondérance des militaires et le manque d'experts civils constituaient une déficience structurelle en matière de recueil du renseignement stratégique.Le renseignement allemand en guerre : structures et opérations
The organization and performance of German military intelligence during the Great War is characterized by a lack of coherent pre-war development. The nature of static warfare determined the following build-up of the apparatus. From the beginning, the responsibility of military intelligence was reaching into the spheres of political policing and propaganda. The occupation of major parts of Western and Central Europe made counter-intelligence another important dimension. From 1917 onwards, practical experience, technological innovation (signal and imagery intelligence) and a focus on tactical/operational deception resulted in the rise of an integrated intelligence machine. Nevertheless, the preponderance of the military and a lack of civilian expertise remained a structural deficiency for a strategic intelligence assessment. - Patriotes désintéressés ou espions vénaux ? : Agents et argent en Belgique et en France occupées, 1914-1918 - Emmanuel Debruyne p. 25-45 Patriotes désintéressés ou espions vénaux ? Durant toute la Grande Guerre, des réseaux de renseignement opèrent en Belgique et en France occupée pour le War Office et les grands quartiers généraux français, britannique et belge. Des officines établies aux Pays-Bas réceptionnent leurs courriers et leur font parvenir des fonds, essentiellement destinés à la rétribution des agents. Ces derniers agissent pour la plupart par patriotisme, mais leur engagement désintéressé doit s'accommoder de la dure réalité socio-économique des territoires occupés. Quelques-uns sont cependant guidés par l'appât du gain, qui peut les conduire jusqu'au détournement de fonds. La question pécuniaire s'inscrit en outre dans les rivalités entre services secrets alliés. Elle contribuera à ce que le service secret du War Office, mieux financé, impose en 1918 sa suprématie sur le terrain de la guerre secrète.Patriotes désintéressés ou espions vénaux ? During the whole of the Great War, intelligence networks operated in occupied France and Belgium for the War Office and the French, British and Belgian supreme headquarters. Spy nests operating in the Netherlands received their reports and sent them funds, essentially intended for the payment of agents. Most of these agents acted out of patriotism, but they had no choice but to adapt their disinterested commitment to the harsh socioeconomical reality of the occupied territories. A few were however driven by the lure of money, which could result in embezzlement. The financial question was a component of the rivalries between allied secret services. It will lead, in 1918, to the supremacy of the better-funded War Office's secret service on the battleground of the secret war.
- Fräulein Doktor Elsbeth Schragmüller - Marianne Walle p. 47-58 Fräulein Doktor Elsbeth SchragmüllerElsbeth Schragmüller – docteur en sciences politiques – n'était pas une espionne ; elle était formatrice d'espionnes à l'école d'espionnage d'Anvers, réservée à l'élite des agents, et responsable du Service des renseignements « France » pendant toute la durée de la guerre. Elle a, entre autres, formé Mata-Hari, l'agent H 21. Le commandant Walter Nicolai, chef du département IIIb (services secrets) en Belgique, fut impressionné par « sa haute conception du devoir dans la pure tradition militaire allemande et son sens des responsabilités ». Comme Elsbeth Schragmüller a brouillé les pistes sur sa vie, les histoires les plus fantaisistes ont circulé sur son compte parmi les militaires et les civils alliés. Symboles d'une sensualité insatiable, les fausses « Mademoiselle Docteur » furent légion jusque sous le IIIe Reich.Fräulein Doktor Elsbeth Schragmüller
Elsbeth Schragmüller – doctor of political science – never was a spy, she only formed especially female spies in the school of Antwerpen, destined to the elite of agents. She was responsible of the Intelligence Corps « France » during the whole war. She formed for one Mata-Hari, agent H 21. Major Walter Nicolai, commanding officer of German Secret Service in Belgium was impressed by « her high notion of duty in authentic tradition of German militarism, her sense of responsibility ». Because « Lady Doctor » embroiled the trails about her life, the most fanciful and fantastic stories circulated about her among Allied officers and soldiers. As symbols of an insatiable sensuality, the false « Lady Doctors » proliferated until under the Third Reich. - Espions, saboteurs, propagandistes et les relations germano-américaines dans la Première Guerre mondiale - Michael Wala p. 59-72 Espions, saboteurs, propagandistes et les relations germano-américaines dans la Première Guerre mondialeEntre 1914 et l'entrée en guerre des États-Unis, en 1917, en violation permanente de la neutralité américaine les Allemands entreprirent de nombreuses activités de sabotage. L'ambassade d'Allemagne à Washington DC mit tous les moyens humains et financiers en œuvre pour acheter la presse américaine, faire de l'espionnage, de la propagande, inciter à fabriquer des bombes (cachées dans les navires à destination des Alliés), influencer l'opinion publique des États-Unis. Mais la plupart des activités furent menées avec une désinvolture et une maladresse telles – étonnant de la part des Allemands – que les services secrets les dévoilent rapidement et en informèrent la presse, notamment le New York Times. Au lieu de tenter de préserver le plus longtemps possible la neutralité des États-Unis, les Allemands semblaient souhaiter leur entrée en guerre.Espions, saboteurs, propagandistes et les relations germano-américaines dans la Première Guerre mondialeBetween 1914 and the entrance of the US into war, April 1917, Germans broke constantly the US neutrality : they set criminal intrigues everywhere against national unity, industries and commerce. The intrigues which have more than once come perilously near to dislocating the industries of the country have been carried on the instigation, with the support, and even under the personal direction of official agents of the Imperial Government accredited to the Government of United States. But most of the intrigues failed, because of the stupidity with which pro-German campaign has been conducted from the beginning. Instead of trying to maintain US neutrality as long as possible, Germans seemed to hope US entrance into war.
- Les services du renseignement habsbourgeois ont-ils échoué ? : La défaite des services du renseignement austro-hongrois dans la Première Guerre mondiale - Siegfried Beer p. 73-85 Les services du renseignement habsbourgeois ont-ils échoué ? La monarchie austro-hongroise avait certainement le meilleur service d'informations en Europe : dès 1850, l'Evidenzbureau était un véritable service central du renseignement civil et militaire, mais a toujours eu des moyens financiers insuffisants. L'auteur analyse l'évolution des multiples services, bureaux et sections qui l'ont composé jusqu'à l'effondrement de l'empire des Habsbourg, et nous explique que les causes de la défaite militaire ne sont pas imputables aux défaillances des services du renseignement, qui ont parfaitement fonctionné jusqu'au bout.Les services du renseignement habsbourgeois ont-ils échoué ? The Austrian-Hongarian monarchy was the European country which had the first and probably the best Intelligence organisations. Since 1850, the Evidenzbureau was an authentic center of Intelligence : information was properly received, processed, handed on and understood, but financial means were constantly insufficient. The author analyses the evolution of the multiplicity of the services, but Intelligence did not contribute to the disaster of the monarchy in World War I.
- L'équipement spécifique des espions français membres de la « Section de renseignements » et de la « Section de centralisation des renseignements » en 1914-1918 - Olivier Lahaie p. 87-103 L'équipement spécifique des espions français membres de la « Section de renseignements » et de la « Section de centralisation des renseignements » en 1914-1918En 1914, les agents de la SR possèdent un matériel hérité en grande partie des siècles passés. Le conflit impose l'adoption d'équipements à la pointe de la technique sans pour autant faire disparaître ceux qui ont fait leurs preuves. La fracture s'opère avec la guerre de position, puisqu'elle accroît les difficultés pour traverser les lignes ou les frontières.Les espions de la SR et de la SCR sont donc dotés d'un matériel varié et spécifique qui améliore leur discrétion tout en les aidant à berner l'adversaire. Faux papiers, déguisements, objets truqués, appareils photographiques et télégraphiques permettent ainsi aux agents de remplir plus facilement leur mission de renseignement, mais signent immanquablement leur perte en cas de découverte par le contre-espionnage ennemi.L'équipement spécifique des espions français membres de la « Section de renseignements » et de la « Section de centralisation des renseignements » en 1914-1918In 1914, the agents of the SR possessed equipments largely inherited from last centuries. The conflict imposed the adoption of equipments on the headland of the technique, but without removing those who proved their accuracy. The fracture took place with the War of Position because it increased the difficulties to cross front lines or borders.Consequently, the spies of the SR and SCR were endowed with varied and specific equipment which improved their discretion while helping them to fool the enemy. False papers, disguises, forged objects, cameras and telegraphic apparatus allowed them to fill their mission more easily, but signed inevitably their death sentence in case of discovery by German counter-intelligence.
- De l'art de la reconnaissance au livre jaune : le renseignement militaire britannique, 1902-1915 - Jim Beach p. 105-127 De l'art de la reconnaissance au livre jaune : le renseignement militaire britannique, 1902-1915Le 23 juin 1917, le Tribunal militaire italien condamnait à la prison à perpétuité, par contumace, Rudolph Gerlach, prélat bavarois, camérier secret du pape Benoît XV et personnage haut en couleur. Il était accusé d'espionnage au profit des Empires centraux et d'avoir financé les milieux neutralistes. Il était aussi soupçonné d'être complice du sabotage de deux navires de guerre italiens qui coûta la vie à plus de 700 marins. Le tribunal fit en sorte de mettre explicitement hors de cause le Saint-Siège. Car, au-delà de la stricte dimension militaire, cette affaire reposait la lancinante « question romaine » en suspens depuis la prise de Rome par les Italiens, en 1870. Or il fallait éviter à tout prix tout ce qui pût remettre en cause le fragile équilibre italo-Vatican qui s'était instauré.De l'art de la reconnaissance au livre jaune : le renseignement militaire britannique, 1902-1915June 23th, 1917, the Italian military Court condemned to the prison with perpetuity, by contumacy, Rudolph Gerlach. This Bavarian prelate, private chamberlain of Pope Benedict XV, was accused of spying for the benefit of Central Empires. He was too suspected to be accomplice of two Italian warships'sabotage, in which 700 sailors died. However the Court cleared explicitly the Holy See. This affair asked the difficult « Roman question » too.
- Un espion du Kaiser au Vatican : l'affaire Gerlach - Francis Latour p. 129-141
- Résister, espionner : nouvelle fonction pour la femme en 1914-1918 - Chantal Antier p. 143-154 Résister, espionner : nouvelle fonction pour la femme en 1914-1918L'espionnage des femmes n'est pas recensé dans les fonctions civiles et nouvelles au service de la Première Guerre mondiale. Pourtant, dans les pays ou régions envahis par les Allemands, des résistantes se manifestent pour aider les Alliés. Mais les services de renseignement demandent plus d'informations, d'où l'organisation de réseaux d'espionnes. Les agents doubles françaises travaillent différemment mais toutes souffrent d'une ambiguïté et de rester ignorées après les manifestations officielles des années 1920.Résister, espionner : nouvelle fonction pour la femme en 1914-1918Espionage is less familiar for women in World War I than other civilian new works. However, many Belgians and French women are involved in resisting German occupation and helping the allied armies. But, secret services ask more information's and organize networks with many women. French double agents work differently but, all of them suffer of an ambiguity and to remain a hidden group after official ceremonies in 1920.
- Comptes rendus - p. 155-161