Contenu du sommaire : La réalité face aux mythes
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
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Numéro | no 240, 2010/4 |
Titre du numéro | La réalité face aux mythes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : La réalité face aux mythes
- Introduction - Chantal Metzger p. 3-4
- Les pompons rouges à Dixmude : l'envers d'une légende - Jean-Christophe Fichou p. 5-21 Le 15 octobre 1914, une brigade bien particulière monte au front pour protéger la retraite de l'armée belge. Commandée par un officier de marine, l'amiral Ronarc'h, elle est constituée de deux régiments composés uniquement d'inscrits maritimes qui n'ont, pour la plupart d'entre eux, aucune expérience des combats terrestres. Ils sont rapidement engagés dans les marais de l'Yser et les pertes sont très lourdes. Très rapidement la presse s'empare de ce fait d'arme, la bataille de Dixmude. Encouragés par le ministère de la Marine, les journalistes et publicistes de l'époque bâtissent la « geste » de ces marins en omettant certains points, mais l'épopée arrange toujours l'Histoire à sa façon. Qu'il soit ici possible de rétablir quelques éléments de vérité.On 15 October 1914, a quite particular brigade was sent to the front line to cover the retreat of the Belgian army. Commanded by a naval officer, Admiral Ronarc'h, it consisted of two regiments of naval conscripts who had, for the most part, no experience of combat on land. They were quickly sent into action in the swamps of Yser and their losses were very high. The press at once seized upon the action, and with the encouragement of the Ministry of the Navy it became known as the “Battle of Dixmude.”. Journalists and propagandists, while overstepping certain points, built the action of these sailors into a legend. Once again truth fell casualty to war. The purpose here is to introduce some elements of truth.
- Le développement de la puissance militaire allemande dans l'entre-deux-guerres : entre mythes et réalité - Philippe Garraud p. 23-42 Instrument du régime nazi et de sa politique expansionniste, la puissance militaire allemande a été rapidement mise en scène et célébrée à grand renfort d'impressionnants défilés. Au début de la guerre et jusqu'en 1941, l'accumulation rapide de succès foudroyants n'a fait que renforcer cette image d'une armée pourvue d'une supériorité irrésistible et écrasante. Et après la guerre elle-même, cette réputation a perduré. Le réarmement allemand n'a cependant pas été aussi efficace qu'on a bien voulu l'affirmer et il serait erroné de considérer l'armée allemande comme dotée d'emblée d'une supériorité intrinsèque. Pour mieux apprécier la part du mythe dans la reconstruction de l'armée allemande dans les années 1930 et sa perception, il est nécessaire d'évaluer la portée et l'étendue des évolutions et transformations qu'elle a connues en quelques années seulement. Apparaît alors la réalité beaucoup plus mitigée et nuancée d'une armée constituée de manière précipitée et non exempte de faiblesses.To serve the Nazi regime and its expansionist policy, the power of the German army was rapidly shown and celebrated in many an impressive parade. At the beginning of the war and up to 1941, the number of easy and stunning victories served only to reinforce the image of an Army endowed with an irresistible and crushing superiority. This reputation even outlasted the war. Nevertheless, German rearmament was not as efficient as some people claimed, and it would be a mistake to consider the German army endowed by nature with superiority. In order to better understand the role of myth in the reconstruction of the German army in the 1930s, one must take into account the impact and extent of the transformations it had to go through in so short a time. It is then possible to reach a much more balanced viewpoint about an army formed in a hurry and not without elements of weakness.
- Le contrôle de l'industrie française du caoutchouc par l'Allemagne nazie (1940-1944) - Francis Kœrner p. 43-61 Un des aspects de la Deuxième Guerre mondiale fut la lutte pour le caoutchouc. Forte de sa supériorité technique, l'Allemagne propose son buna, son caoutchouc artificiel et, en compensation, exigea d'entrer dans le capital des sociétés Dunlop, Bergougnou et Michelin. Au nom de la solidarité européenne, face à l'Amérique, elle envisagea aussi de créer une usine de « buna » en France dans le département de l'Ain, sans succès.One of the aspects of the Second World War was the struggle for rubber. By dint of its technical superiority, Germany came out with its artificial rubber known as buna, and to cover its costs Germany demanded access, with some success, to the markets controlled by Dunlop, Bergougnou and Michelin. Face to face with America, and in the name of European solidarity, Germany envisaged the construction of a buna factory in France in the department of Ain, but without success.
- Les opérations de l'automne 1947 dans le haut Tonkin : les incertitudes d'une stratégie - Jacques Valette p. 63-79 L'opération lancée à l'automne 1947 au Tonkin avait été voulue par le gouvernement et préparée depuis plus d'un an pour capturer Ho Chi Minh et son équipe. Ce fut un échec car les plans tactiques ne correspondaient pas à la nature de la guerre en Indochine.Operations in Upper Tonkin in the autumn of 1947: strategic uncertainties. The operation launched in Tonkin in the autumn of 1947, with the aim of capturing Ho Chi Minh and his staff, had been planned by the French authorities for over a year. It failed because the tactical plans did not correspond to the nature of the war in Indo-China.
- Les débuts de la guerre d'Algérie : errements et contradictions d'un engagement - Frédéric Médard p. 81-100 Les conditions dans lesquelles l'armée française entreprit de réprimer l'insurrection algérienne à partir de novembre 1954, sont indissociables de l'issue de ce conflit de décolonisation. À la fois parce que l'Indochine était jusque-là le sujet majeur de préoccupations, et parce qu'elles déniaient l'existence d'une identité nationale chez les Algériens de souche, les autorités françaises ont négligé la menace d'un soulèvement, puis interprété cette guérilla comme une simple révolte tribale, tel que l'Algérie en avait déjà connu précédemment. Souffrant d'une impréparation matérielle et humaine, les forces de l'ordre ont de fait peiné à reprendre l'initiative sur l'Armée de Libération Nationale, expression militaire du Front éponyme, mouvement politique qui entre-temps, avait légitimé son action sur la scène internationale.The conditions under which the French Army began its repression of the Algerian uprising in November 1954 are directly related to the outcome of the decolonization conflict. In the first place, France's main concern until this moment was Indochina. Then, in denying the Algerians a national identity, the French authorities downplayed the threat of insurrection and interpreted this guerrilla warfare as a simple tribal uprising, such as Algeria had already known in the past. Unprepared in matériel and human resources, the French armed forces had difficulty in regaining the initiative over the Army of National Liberation formed by the National Liberation Front (fln), a political movement which had meanwhile legitimized its action on the international scene.
Varia
- Le conflit arméno-azerbaïdjanais : l'impuissance ou l'indifférence de la communauté internationale ? - Dilaver D. Gasimov p. 101-111 Le conflit du Haut-Karabagh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, bien que nommé conflit gelé, n'en est aucunement un. En effet, malgré le cessez-le-feu en vigueur, les tirs à la frontière continuent, faisant plusieurs morts chaque mois des deux côtés. Les habitants des deux pays belligérants vivent toujours en état de guerre, une guerre qui a de graves répercussions sur leur vie. La situation actuelle n'est aucunement favorable pour la région et la guerre risque d'éclater à tout moment.The conflict over Nagorno-Krabakh, between Azerbaijan and Armenia, is commonly called frozen, but in fact it is far from frozen. Indeed, despite the ceasefire in force, gunfire at the border continues, resulting in several deaths each month on both sides. The inhabitants of the two sides in conflict continue to live in a state of war, which has a negative impact upon their life. The current situation is in no way to the advantage of the region, and war threatens to break out at any moment.
- Le conflit arméno-azerbaïdjanais : l'impuissance ou l'indifférence de la communauté internationale ? - Dilaver D. Gasimov p. 101-111
Témoignages pour l'histoire
- De la résistance aux Forces françaises libres : (Entretien avec Claude Collin) - Claude Collin p. 113-139 Au cours de l'année 1939-1940, Fernand Laporte est contacté par les Jeunesses communistes au sein desquelles il milite jusqu'à l'été 1942. Ayant perdu le contact avec son organisation, il envisage de rejoindre la France Libre, via l'Espagne. Arrêté par la police franquiste, il se retrouve enfermé au « campo de concentracion de Miranda de Ebro » où il séjourne jusqu'à l'été 1943. Libéré et confié à la Croix-Rouge, il gagne Setubal au Portugal d'où il embarque pour l'Afrique du Nord. Il intègre alors les Forces françaises libres avec lesquelles il participe à la Libération de la Corse en septembre 1943. De retour en Algérie, il subit un entraînement de commando, ce qui lui vaudra d'être parachuté en juillet 1944 sur les maquis de la Drôme où il prend la tête d'un corps franc, puis d'une compagnie de ftp (Francs-tireurs et partisans). En septembre 1944, il est affecté comme instructeur à l'école militaire de cadres d'Uriage (Isère), chargée d'organiser l'amalgame entre les ffi (Forces françaises de l'intérieur) et l'armée de métier. Dans ce cadre, il participe à la campagne d'Alsace. Intégré à l'armée de métier en 1945, il en démissionne en avril 1947.In the period 1939-1940, the Communist Youth Movement made contact with Fernand Laporte, who then served the organization until the summer of 1942. After losing contact with the movement, he decided to join the Free French by way of Spain. He was arrested by Franco's police and found himself detained in the concentration camp at Miranda de Ebro. When released in the summer of 1943, he was placed in the care of the Red Cross. He then made his way to Setubal in Portugal and from there took ship to North Africa. There he joined the Free French Forces and took part in the liberation of Corsica in September 1943. Returning to Algeria, he underwent commando training and as a result was sent in July 1944 to the Maquis in the Drôme area. He found himself at the head of a corps franc, and then of a company of ftp (Francs-tireurs et partisans). In September 1944, he was appointed an instructor at the officers' school at Uriage (Isère) whose task was to meld into a single structure the ffi (Forces françaises de l'intérieur) and the regular army. Within this framework, he took part in the Alsace campaign. In 1945 he joined the regular army but in April 1947 resigned his commission.
- Un français à Peenemünde (mai-août 1943) : (Entretien avec Claude Carlier) - Claude Carlier p. 141-151 Au mois de mai 1943, Pierre Deconde, alors âgé de 21 ans, est requis dans le cadre du service du travail obligatoire et envoyé à la base de Peenemünde où sont étudiées, construites et essayées les armes de représailles allemandes V2. Sa présence en un lieu aussi secret lui a permis de constater l'importance de l'effort scientifique et technique, mais aussi la brutalité envers les déportés. Il a pu observer un tir de V2 et était présent lors du bombardement de la base par la Royal Air Force.In May 1943, Pierre Deconde, then twenty-one years old, was enrolled in the Forced Labour Service and sent to the base at Peenemünde, where the German “retaliation” weapon V2 was under study, construction and trial. By being present at such a secret site, it allowed him to see the project's importance to science and technology and, no less, to witness the brutality shown to the prisoner-labourers. He could observe the firing of the V2 and was witness also to a raid on the base by the Royal Air Force.
- De la résistance aux Forces françaises libres : (Entretien avec Claude Collin) - Claude Collin p. 113-139
Compte rendu
- Compte rendu - p. 153-156