Contenu du sommaire : Une France des sans voix ?
Revue | Parlement[s] |
---|---|
Numéro | no 27, 2018/1 |
Titre du numéro | Une France des sans voix ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Ralph Schor, Jérémy Guedj p. 11-16
Recherche
- Les immigrés italiens dans la vie politique française : présence et invisibilité - Éric Vial p. 19-40 L'article est un parcours à travers l'histoire politique de la France à la recherche d'Italiens, avec une série d'héritages anciens, de participation au pouvoir politique, largement oubliés mais fixant des stéréotypes dès le Moyen-Âge, et encore présents dans la première moitié du XIXe siècle, même si celui-ci tend ensuite à les réécrire au prisme de la xénophobie. La Troisième République marque un tournant, avec une image révolutionnaire, de Garibaldi aux anarchistes, à peine compensée par la fraternité de la Grande Guerre et prolongée par la présence de nombreux exilés dans l'entre-deux-guerres. La participation à la Résistance est vite oubliée, l'invisibilité semble ensuite de rigueur, jusqu'à ce qu'une amélioration de l'image de l'Italie fasse de racines transalpines un atout politique utilisé dans toutes les familles politiques, même si cela n'exclut pas une italophobie résiduelle.This paper is a course throughout French political history in search of Italians. Ancient legacy of political participation is quite forgotten but we can find stereotypes from the Middle Ages which are significant in the first part of ninetieth century, even if xenophobia leads to rewrite their history. Third Republic is a turning point, with a revolutionary image, from Garibaldi to anarchists, which was hardly compensated by First World War fraternity and which was prolonged by many exiles in the Interwar period. Participation to Resistance has been quickly forgotten and then, invisibility was the rule, until the better image of Italy made that Italian origin became a major political asset shared by all political families. Nevertheless, that did not exclude the remaining of italophobia.
- Louis Renault et ses collaborateurs : Les avocats du libéralisme migratoire (1880-1914) - Philippe Rygiel p. 41-57 Les premières décennies de la troisième république voient s'affronter partisans d'un strict contrôle des migrations et des migrants et défenseurs d'un libéralisme migratoire attachés à la liberté de circulation comme au respect des droits des étrangers. Les thèses et l'identité des premiers sont connues depuis longtemps, les historiens se sont peu intéressés aux seconds. Nous mettons ici en évidence le rôle central joué parmi eux par les jurisconsultes du Quai d'Orsay et les réseaux qu'ils dominent. La multiplicité de leurs interventions, la force de leurs alliances font d'eux des acteurs majeurs, et souvent dominants, de la construction du droit des étrangers et de la régulation des migrations.Intense controversies on migration characterizes the beginning of the Third Republic. Historians have extensively studied social actors and political forces pushing for stricter border control. They have not paid yet much attention to the proponents of a liberal migratory regime. This paper examines the key role of a small group of lawyers grouped around Louis Renault who play a key role in the ideological and political battles of the time. Well linked to international networks, dominating the legal field, connected to the apparatus of the French foreign office they define and impose a liberal agenda, that both wishes to keep borders opened and allows foreigners to enjoy civil rights like those of the nationals.
- Les pouvoirs publics français et les activités politiques des étrangers dans l'entre-deux-guerres - Ralph Schor p. 59-76 Cet article se propose d'étudier l'attitude des pouvoirs publics face à l'immigration dans l'entre-deux-guerres, période pendant laquelle la question se hissa au cœur du débat public. Les craintes face à la politisation – en réalité très limitée – des étrangers étaient nombreuses. Aussi l'État tenta-t-il de la contenir. Dans les faits, les tolérances apparaissaient importantes et la France était toujours une terre où pouvaient s'exprimer les étrangers qui y vivaient, dont beaucoup avaient fui leur pays pour des raisons politiques.This paper aims at focusing on the attitude of public authorities towards immigration in the Interwar period. During this period, this issue raised at the heart of the public debate. Apprehensions concerning foreigner's politicization – which was limited in fact – were widely shared. Indeed, the French state tried to limit this phenomenon. In reality, politics was characterized by tolerance; France was a country where foreigners – whose many left their countries for political reasons – could express themselves.
- Associations étrangères et vie politique sous la IVe République - Jérémy Guedj p. 77-99 Cet article se propose d'étudier une modalité précise de la politisation des étrangers et immigrés, à travers l'exemple associatif. De fait, après la Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle la place des immigrés connut un certain renouvellement en France, des associations d'un nouveau type émergent : elles visent clairement à peser dans la vie politique française et à influencer le débat public. Elles connaissent cependant un bref âge d'or, dans l'immédiat après-guerre, tandis qu'elles peuvent s'enorgueillir de l'effort étranger dans la Résistance, avant d'apparaître comme des agents de subversion après l'éclatement de la Guerre froide.This article aims at focusing on a specific modality of immigrant's politicization through the example of associations. Indeed, after World War II, which is a period of renewal of immigrant's place, associations of a new type are growing up: their goal is to assure their weight in French political life and to influence public debate. Nevertheless, their golden age is brief, during the post-war years, even if they can claim loud and clear that foreigners were involved in French Resistance; in fact, they became, through French eyes, nothing but international subversive, after the beginning of the Cold War.
- Les relations PCF-FLN au prisme de l'émigration algérienne en France (1962-1981) : des rapports « exemplaires » ? - Jean-Charles Scagnetti p. 101-119 La forte présence d'immigrés algériens en France a permis un rapprochement entre FLN et PCF, qui s'est approfondi depuis la Guerre d'Algérie et après la destitution d'Ahmed Bella également, en juin 1965. Après une période de forte opposition, un dégel s'observa en 1972. Cependant, les visites des représentants communistes à Alger étaient de plus en plus éclipsées par la montée du Parti socialiste, mené par l'ancien ministre de l'Intérieur, François Mitterrand. L'élection de Chadli Bendjedid en Algérie, en 1979, le tournant connu par le PCF au tournant des années 1980, comme l'élection de François Mitterrand à la tête de la France, mirent fin à ce compagnonnage.The presence of a strong community of Algerian immigrants in France allowed a rapprochement between the FLN and the PCF that had been stretched thin since the Algerian war and by the destitution of Ahmed Ben Bella in June 1965. After a period of strong opposition, the thaw occurred in 1972. However, the visits by PCF representatives to Algiers were gradually overshadowed by the rise of the PS led by former Minister of the Interior, François Mitterrand. The election of Chadli Bendjedid in 1979 in Algeria, the identity tight undertaken by the PCF at the beginning of the 1980s along with the election of François Mitterrand as President, brought an end to the companionship of the two parties.
- Le droit de vote local des étrangers non communautaires : arlésienne ou irrésistible ascension ? - Catherine Wihtol de Wenden p. 121-136 Le droit de vote des étrangers aux élections locales est un motif récurrent du débat français depuis une trentaine d'années. Cet article souhaite rappeler l'histoire de cette promesse jamais tenue, en replaçant la question dans les discussions générales sur la citoyenneté française mais aussi dans le contexte européen, rarement évoqué.Foreigners right to vote in local elections is a recurring theme in French debate for thirty years. This paper aims at tracing the history of this promise, which has never been kept, by replacing the issue in general discussions about French citizenship and, which is rare, in European context.
- Les immigrés italiens dans la vie politique française : présence et invisibilité - Éric Vial p. 19-40
Sources
- Léon Hudelle, « Les chemises noires dans Toulouse », Le Midi socialiste, 5 février 1926 - Laure Teulières p. 139-145
- « Défendre corps et âme la patrie en danger ». Des témoignages d'étrangers lors de la crise de Munich (septembre 1938) - Emmanuel Debono p. 147-154
- Droit de vote, immigration, héritage algérien : la polysémie d'une affiche électorale (1986) - Rémi Dalisson p. 155-161
Varia
- Sédimentation des expériences politiques et séquelles postrévolutionnaires : les Cent-Jours dans le couloir rhodanien - Nicolas Soulas p. 165-178 Dans le couloir rhodanien, le retour de Napoléon et l'expédition du duc d'Angoulême au cours du printemps 1815 favorisent la résurgence des antagonismes politiques hérités de la décennie révolutionnaire dans un climat de guerre civile. Contrairement à d'autres zones du territoire, les élections municipales et les épurations préfectorales se traduisent par une profonde rupture politique tandis qu'elles contribuent au retour sur le devant de la scène politique des vétérans de la « Terreur » et réactivent les frontières politiques que la Révolution française avait fait naître.In the Rhodanian Valley, the return of Napoléon and the expedition of the duke of Angoulême during the spring of 1815 promote the resurgence of old political antagonism inherited from the French Revolution under conditions that resemble civil war. Unlike the rest of France, municipal elections and political purges cause a great political split, the return of political borders created by the French Revolution while veterans of « the Terror » replay a local political role.
- Scandale à l'Assemblée. Itinéraire d'un imposteur, de la collaboration au Parlement - Gilles Morin p. 179-199 Sept ans après la Libération, un accident automobile mortel révèle un scandale politique : un député élu en 1951 s'avère avoir été un ancien espion des Allemands, collaborateur et déserteur de l'armée française. Après avoir retracé son parcours, l'enquête cherche à comprendre comment cet imposteur a su, en profitant des failles de la démocratie, accumuler des recommandations politiques et policières et tromper les autorités. L'affaire révèle des représentations datées et les dysfonctionnements de la société de la IVe République.Seven years after the Liberation of France, a fatal car accident revealed a political scandal: an MP, elected in 1951 appeared to have been a former German spy, a collaborator and a French army deserter. After a survey of his personnel history, the inquest tries to understand how this impostor could, owing to the limits of democracy, benefit from political and police recommendations and at the same time deceive the authorities. The scandal reveals outdated representations and the dysfunctions of the society during the Fourth Republic.
- Sédimentation des expériences politiques et séquelles postrévolutionnaires : les Cent-Jours dans le couloir rhodanien - Nicolas Soulas p. 165-178
Lectures
- Lectures - p. 205-224