Contenu du sommaire
Revue | NECTART |
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Numéro | no 7, 2ème semestre 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Édito
- Les invisibles - Éric Fourreau p. 3-5
L'invité
- Robin Renucci - Robin Renucci, Éric Fourreau p. 12-25
Place des artistes
- « Réponse punk : l'art est une drogue » : Deux questions et mille et une réponses - Maroussia Diaz Verbèke p. 26-30
- « De l'inattendu » - Philippe Mouillon p. 31-33
Dossier - Un New Deal culturel ?
- Présentation - p. 34-35
- Étendre et réformer la commande publique - Emmanuel Wallon p. 36-43 Au-delà du dispositif du 1 % (un centième du coût de la construction d'un bâtiment neuf consacré par les maîtres d'ouvrage publics à la commande ou l'acquisition d'une œuvre d'un artiste vivant), dont l'application souffre encore trop d'exceptions, il importe que les artistes de toutes disciplines – et pas seulement les plasticiens – puissent s'impliquer dans la réflexion sur l'urbanisme et l'aménagement en relation avec les habitants d'un territoire, comme cela a par exemple été expérimenté dans le programme des « Nouveaux commanditaires » de la Fondation de France. Qu'il s'agisse de bâtiments publics, de grandes infrastructures de transport ou de mobilier urbain, des zones commerciales périurbaines aux centres-villes délaissés, il s'agit rien de moins que d'améliorer l'architecture, de réconcilier l'urbanisme et l'environnement, enfin d'inclure les arts et leur pratique dans les décors de la vie quotidienne.
- Pour une plate-forme nationale décentralisée - Christine Bolze p. 44-48 Qu'elle soit développée en milieu scolaire ou éducatif, ou bien projetée tout au long de la vie, l'éducation artistique et culturelle est apparue depuis quelques années comme un incontournable levier d'émancipation et d'intégration sociale. Elle est devenue une priorité visible de la puissance publique. Or, étrangement, elle ne dispose d'aucun référent national fédérateur et souffre d'une dispersion des données qui, pourtant, existent. Les collectivités publiques et les structures culturelles et de l'éducation populaire produisent des ressources et des données qui sont fragmentées et circulent trop peu. L'EAC a besoin d'une coordination nationale et décentralisée, qui pourrait prendre la forme d'un archipel de plates-formes corrélées à un observatoire.
- Une éducation populaire 2.0 ? - Lionel Arnaud p. 50-57 Les nouvelles technologies numériques posent de nombreux défis à l'éducation populaire, ne serait-ce que parce qu'elles semblent réaliser l'utopie d'une démocratisation des arts et des savoirs, en même temps qu'elles permettent à chacun de s'exprimer et de participer librement à leur création et à leur diffusion. Mais en s'insinuant toujours plus dans notre temps libre, ces outils posent aussi d'immenses défis qui tiennent à la capacité d'émancipation de l'éducation populaire. C'est pourquoi cet article entend rappeler que les enjeux de l'éducation populaire vont bien au-delà d'un accès libre et gratuit à la culture et aux savoirs et s'inscrivent dans la possibilité de tout un chacun de disposer de son temps pour se réinventer.
- Banlieue : appliquer les droits culturels pour réaffirmer le droit commun - Christophe Blandin-Estournet p. 58-64 Reléguées aux marges de la métropolisation, les banlieues appartiennent à la France périphérique, présentant de nombreuses difficultés. Sur ces territoires, le sentiment d'abandon, la défiance à l'égard de l'ensemble de l'appareil institutionnel (école, logement, emploi, police, justice, politique…), les fortes inégalités locales et le tissu social dégradé laissent prospérer un sentiment de déclinisme collectif. Pour sortir de cette assignation socioterritoriale, l'analyse et l'étude de la situation sont nécessaires à la mise en œuvre d'une politique culturelle participant à un travail de reconnaissance. De préférence à un énième plan banlieue, les quartiers populaires ont besoin d'être reconnus dans leurs propres usages et leurs cultures diversifiées, et de voir le droit commun se réinstaller sur leurs territoires, via les droits culturels.
- Pour une prise en compte de l'ESS culturelle croisée avec les droits culturels ! - Colin Lemaître p. 66-71 De déclarations en lois, bientôt deux décennies se seront écoulées qui auront vu l'émergence, la reconnaissance et le renforcement des droits culturels. Sur cette même période, marquée par la crise de 2008, l'état socio-économique du secteur culturel s'est détérioré, soumis à un effet ciseau redoutable entre surdimensionnement et progression constante de l'offre et stagnation voire baisse de la demande publique et privée. L'économie sociale et solidaire (ESS) peut apparaître comme un cadre pour redéfinir une forme d'économie de la culture adaptée à ces enjeux. Mais comment dépasser l'approche utilitariste d'une ESS culturelle en construisant du récit autour de l'appropriation et du développement d'un référentiel basé sur les formes et les valeurs de l'économie sociale, de l'entrepreneuriat solidaire ?
- Relancer le projet européen grâce à la mobilisation des forces culturelles - Pascale Bonniel Chalier p. 72-78 L'Union européenne, sous influence anglo-saxonne et trop bonne élève du capitalisme ultralibéral, éprouve des difficultés à développer une politique culturelle désintéressée, solidaire et interculturelle. Pour interroger aujourd'hui le modèle d'intervention qu'elle a adopté, cet article retrace les récentes étapes qu'elle a traversées et tente de qualifier ses conceptions, programmes et contradictions. En s'appuyant sur les réseaux transnationaux, déjà mobilisés, l'État et les collectivités territoriales pourraient relancer le projet européen et lui donner un autre cap que celui du dogme libéral et de l'obsession de la croissance, en encourageant plutôt la coopération et la mobilité des acteurs culturels.
- Un « rêve chinois » savamment diffusé ! - Emmanuel Lincot p. 80-87 Système politique hybride ou « démocrature », la Chine a fait sien le double usage d'un « hard » et d'un « soft » powers en axant ses priorités sur la nécessaire mise en place d'une « sécurité culturelle » (wenhua anquan). Celle-ci répond au besoin de créer ses propres industries culturelles dans les domaines de l'audiovisuel et du numérique, mais aussi de forger un discours permettant de réinterpréter l'histoire au service de la puissance, chinoise s'entend. Dans ce contexte, la politique des Nouvelles Routes de la soie, initiée à partir de 2013 par Xi Jinping, est à la fois une stratégie de nature commerciale et un projet culturel à vocation mondiale. Elle vise à exploiter des gisements dans les potentialités qu'offre par exemple l'éducation supérieure destinée aux élites africaines ou centrasiatiques. Elle repose sur un postulat culturaliste selon lequel la Chine a ses propres valeurs, néoconfucéennes notamment. Elles ont une vocation universelle que l'État-Parti entend promouvoir par une diplomatie culturelle à large spectre. En comprendre les enjeux est l'une des clés de notre siècle.
- Justin Trudeau : volontarisme politique et ambition culturelle au Canada - Maryse Paquin, Gaëlle Lemasson p. 88-94 Moins de deux ans après leur élection, le Premier ministre Justin Trudeau et sa ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, ont présenté le Cadre stratégique du « Canada créatif ». Inspiré de politiques culturelles en vigueur en Europe, celui-ci mise sur la culture et la création afin de stimuler l'innovation et la croissance économique du pays. Pour y parvenir, le gouvernement Trudeau propose un investissement financier massif (2,29 milliards de dollars) dans la création et les industries créatives, au regard de la nouvelle donne numérique. Du jamais vu depuis les politiques culturelles de Trudeau père !
- Politique culturelle canadienne : une entente avec Netflix qui pose question ! - Gaëlle Lemasson, Maryse Paquin p. 95-98 Décidé à soutenir la production de contenu canadien sur les nouvelles plates-formes numériques de diffusion, le gouvernement de Justin Trudeau a récemment négocié une entente de gré à gré avec l'un des géants du Web, Netflix. Première du genre, celle-ci a suscité de vives critiques et une levée de boucliers, du moins au Québec car, tandis que toutes les entreprises de diffusion en ligne du pays sont tenues de payer taxes et impôts, la multinationale américaine, elle, en est dispensée, en échange d'un investissement de 500 millions de dollars dans des productions canadiennes. Alors que la France, la Norvège, le Japon et bien d'autres pays exigeraient de soumettre ces géants américains du Web aux mêmes règles de fiscalité numérique que leurs compagnies nationales, le Canada fait-il fausse route ?
- Les tiers-lieux et les cafés associatifs, laboratoires des territoires ruraux - Jean-Yves Pineau p. 100-109 Depuis quelques décennies, les territoires ruraux retrouvent une attractivité démographique certaine et voient s'implanter des cafés associatifs toujours plus nombreux, souvent à tonalité culturelle, écologiste, militante, ainsi que des tiers-lieux, espaces de coworking, etc. Quel sens peut-on donner à ce phénomène ? De quoi les tiers-lieux et les cafés associatifs sont-ils le nom ? Sont-ils une expression « punk », cassant les schémas organisationnels traditionnels, ou plus sagement l'expression d'une vision libérale qui promeut l'innovation sociale et l'individualisme re-grégarisé par goût et par nécessité ? Sont-ils des rogatons d'une économie tenue par des multinationales, ou les outils modernes d'une transition heureuse ? Les territoires ruraux sont-ils des nigauds qui courent après les nouvelles tendances de la ville pour ne pas paraître trop ringards ?
- L'innovation dans les territoires périurbains ou ruraux ? : Pour un changement de paradigme ! - Raphaël Besson, Julien Brouillard p. 110-121 Les quartiers prioritaires de la politique de la ville ainsi que de nombreux territoires périurbains et ruraux se positionnent comme des lieux d'innovation et d'invention de solutions alternatives en matière de services publics, de développement agricole, de mobilité, de technologies et d'usages numériques ou de gestion des ressources. Ils s'approprient toute une « culture de l'innovation », avec comme perspective la transformation des politiques d'innovation territoriale. Des démarches récentes entérinent le fait que ces territoires peuvent devenir des places fortes numériques, dès lors qu'ils sont appréhendés non pas du point de vue de leurs handicaps, mais de leurs atouts. C'est le cas par exemple de la ville de Vitry-sur-Seine, étude à l'appui.
- Pourquoi si peu de structures à statut coopératif dans le domaine culturel ? - Philippe Henry p. 122-129 La nécessité de mieux coopérer s'amplifie de nos jours, entre autres pour les entreprises culturelles de petite taille au vu de leurs conditions de fonctionnement. Mais alors, pourquoi si peu d'entre elles optent-elles pour des statuts explicitement coopératifs, en dehors de l'utilisation massive de l'association type loi de 1901 ? L'observation montre que des formes telles que la coopérative d'activité et d'emploi ou le groupement d'employeurs peuvent être le support de solutions entrepreneuriales innovantes, tout en butant sur des difficultés structurelles propres à l'économie culturelle. Reste qu'il ne faudrait pas évacuer la question plus contextuelle des possibilités actuelles de régulation dans un sens davantage solidaire des pratiques entrepreneuriales.
- Les politiques culturelles, entre gel et réchauffement budgétaires - Hélène Girard p. 130-138 Contrairement aux années précédentes, tous les voyants financiers ne sont pas au rouge. Mais le flou demeure. À ce stade, le ministère n'avance aucun chiffre quant aux crédits qui seront consacrés aux nouveaux contrats culturels destinés aux collectivités. Il lui est reproché d'encourager des politiques culturelles territoriales et, dans le même temps, de les inciter au désendettement. Les signaux budgétaires varient d'une collectivité à l'autre. Les départements, contraints de se recentrer sur leurs dépenses obligatoires, continuent de baisser leurs budgets culturels, avec toutefois de grandes disparités entre eux. Une progression globale des budgets dédiés à la culture est en revanche à noter dans les régions. Les communes, premier contributeur financier de la culture, montrent globalement un bon degré de résistance, tandis qu'il faut signaler la montée en puissance de l'intercommunalité, avec toutefois un flou entourant l'engagement des métropoles.
- Où est la chanson contestataire ? - Cécile Prévost-Thomas p. 140-149 Cinquante ans après les événements de Mai 68, qui ont vu la contestation sous toutes ses formes (chansons, affiches, slogans, manifestations, grèves, happenings, occupations…) exprimer une « remise en question de l'ordre établi », où est la chanson contestataire ? Quel est son langage ? Quelles formes a-t-elle adoptées selon les différents contextes politiques et sociaux des années 1970 à aujourd'hui, en France et au-delà ? Qui sont ses représentants ? Dans quels espaces s'expriment-ils ? Quelle est leur place dans le paysage musical contemporain ? De qui sont-ils les héritiers ? Quelles fonctions une telle chanson exerce-t-elle en 2018 : sociale, politique, utopique, de contre-pouvoir, de résistance, de réminiscence ? Est-elle désormais marginalisée, à une époque qui privilégie le divertissement et l'égotisme de l'hégémonique esthétique pop ?
- Le cheminement d'une pièce de théâtre en arabe écrite par un auteur israélien - Guy Elhanan, Anne Gonon p. 159-162