Contenu du sommaire : Politiques environnementales et New Public Management
Revue | Pôle Sud |
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Numéro | no 48, 2018/1 |
Titre du numéro | Politiques environnementales et New Public Management |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Thema
- Introduction. Que fait le New Public Management aux politiques environnementales ? - Sylvain Barone, Pierre-Louis Mayaux, Joana Guerrin p. 5-25 Quels rapports les politiques environnementales entretiennent-elles avec le New Public Management ? Plus précisément, en quoi ces politiques sont-elles désormais structurées par les réformes et les principes néo-managériaux ? La question constitue le fil rouge de ce numéro spécial, qui rassemble quatre contributions originales sur le cas français. Dans cet article introductif, nous dressons un panorama du New Public Management et des politiques environnementales en France, avant de passer en revue la littérature sur les effets du New Public Management sur les politiques environnementales. Nous présentons ensuite les principaux apports des textes qui constituent ce volume. Nous apportons enfin quelques éléments de réflexion sur ce que change le New Public Management aux politiques environnementales.What is the relationship between environmental policies and New Public Management ? More specifically, to what extent are these policies currently structured by neo-managerial reforms and principles ? These questions provide the common thread running through this special issue, which brings together four original contributions on the French case. In this introductory article, we first propose an overview of New Public Management and environmental policies in France, before briefly reviewing the literature on the effects of New Public Management on environmental policies. We then present the main contributions of the texts that make up this volume. Finally, we bring some elements of reflection on what the New Public Management changes to environmental policies.
- Le New Public Management au concret : nouvelles recettes pour vieux problèmes ? : Le cas de l'inspection des installations classées - Laure Bonnaud, Emmanuel Martinais p. 27-42 Cet article analyse la mise en place des indicateurs de performance, éléments emblématiques du « puzzle doctrinal » du New Public Management (NPM), par l'administration chargée de la politique de contrôle et de suivi des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Fondé sur de nombreuses observations de terrain, il montre comment ces instruments sont définis par les services centraux du ministère de l'Environnement puis comment ils sont appropriés tout au long de la chaîne hiérarchique de l'inspection, dans les directions régionales et les unités départementales. En suivant cette perspective longitudinale et sectorielle, l'analyse permet de rendre compte de la façon dont la logique managériale de l'indicateur est en partie redéfinie par les logiques de métier des inspecteurs. Ce faisant, elle invite à ne pas envisager le NPM comme une liste de prescriptions ou de recettes « prêtes à l'emploi » conçues par une haute fonction publique gestionnaire en surplomb des services administratifs considérés, mais plutôt à considérer comment l'administration sélectionne, traduit et adapte ces outils néo-managériaux pour résoudre de façon opportuniste les problèmes d'organisation auxquels elle fait face.This article analyses the implementation of performance indicators, which are important parts of the New Public Management (NPM) “doctrinal puzzle”, by the regulatory authorities of the industries at risk. Based on a long-term fieldwork, it shows how these instruments are defined by the central administration of the Ministry of the Environment and how they circulate throughout the environmental Inspectorate, from the central to the regional and departmental units. By following this longitudinal and sectoral approach, the paper demonstrates how the managerial rationality of the indicators is partly redefined by the inspectors' professional rationales. In doing so, it suggests that the New Public Management should not be viewed as a “ready-to-use” list of recipes designed by senior officials overhanging inspection services. One rather considers how the administration as a whole selects, translates and adapts these neo-managerial tools to opportunistically solve organi zational problems.
- La perte de biodiversité au prisme du New public management : les angles morts des indicateurs écologiques - Clémence Guimont p. 43-56 Le New Public Management traduit la montée en puissance des politiques par objectifs et des indicateurs de suivi et d'évaluation au sein des politiques des parcs naturels régionaux (PNR). Dans le souci de répondre à la nécessité de suivre et d'évaluer leurs résultats, les PNR ont recours aux indicateurs écologiques. Ces indicateurs deviennent obligatoires. Leur diffusion produit un cadrage fixiste de la biodiversité, auquel le vivant n'est pas réductible. La diffusion de ces indicateurs contribue finalement à une forme d'euphémisation de la crise de biodiversité territoriale au profit de ce que ces indicateurs sont en mesure de chiffrer.New Public Management induces the growing influence of policies by objectives inside regional natural parks (RNP). In order to legitimize their choices of biodiversity management, RNPs resort to ecological indicators. These indicators become mandatory. Their dissemination produces a fixist framing of biodiversity, to which the living cannot be reduced. The dissemination of these indicators contributes to minimize the crisis of territorial biodiversity for the benefits of these indicators.
- L'action publique environnementale et le New Public Management en régime de croisière - Nicolas Maisetti, Ludovic Halbert p. 57-72 Cet article explore les activités du Plan Bâtiment créé par le gouvernement à la suite du Grenelle de l'environnement pour assurer une concertation continue avec les acteurs de l'immobilier. Il interroge la fabrique des règles environnementales alors que le New Public Management constitue le régime de croisière de l'action publique. L'article qualifie des caractéristiques et effets d'un tel régime. Premièrement, il nourrit la critique de la gestion publique par une institution encastrée dans l'appareil d'État, le Plan Bâtiment, elle-même produit de la mise en œuvre du « puzzle doctrinal » constitutif du New Public Management. Deuxièmement, ce régime s'approfondit en accueillant un entrepreneur de cause porteur d'un projet politique de réforme de la gestion publique. Troisièmement, il est caractérisé par un fonctionnement qui routinise l'importation des intérêts et préconisations d'acteurs professionnels auxquels une arène est dédiée. Enfin, la bienveillance de l'appareil politico-administratif à l'égard de ces recommandations s'explique, en régime de croisière, par des injonctions et dispositifs concrets inspirés par le New Public Management qui guident la rédaction des règles d'action publique environnementale.This paper explores the Plan Bâtiment, a parastatal agency created after the Grenelle de l'environnement round-tables by the national government and which organizes policy discussions with real estate professionals. It questions the making of environmental rules in a context where New Public Management (NPM) has reached its cruise regime whose main features and effects are analysed. Firstly, the Plan Bâitment, itself a product of the implementation of New Public Management precepts, supports a continuous NPM-inspired critic towards the state. Secondly, this regime is further entrenched as it welcomes a policy entrepreneur seeking to promote NPM. Thirdly, this regime paves the way to the routine importation of interests and recommendations emanating from professionals having found a dedicated arena for them. Lastly, the political-administrative apparatus is all the more benevolent towards such recommendations that, in a cruise regime, NPM-inspired injunctions and concrete mechanisms guide the day-to-day making of environmental rules.
- La monétarisation des services écosystémiques comme référence d'action publique : institutionnalisation d'une norme « performante » de l'action publique environnementale - Rémy Petitimbert p. 73-89 Les « services écosystémiques » (SE) s'institutionnalisent au sein des politiques environnementales françaises par le travail de définition qui en est fait au sein d'un réseau d'action publique. Les membres de ce réseau confrontent et mettent en concurrence leurs cadres cognitifs et techniques au cours de luttes définitionnelles qui participent à faire des services écosystémiques une référence de politique publique. L'article analyse ces luttes, qui se font à la faveur d'une définition normative des services écosystémiques via la monétarisation. Cette dernière, enjeu de positionnement et de légitimation pour ces acteurs, correspond aux principes des cadres de performance et d'efficacité du New Public Management en place au sein de l'action publique et auxquels les acteurs se confrontent.The ecosystem services (ES) institutionalized within the biodiversity policies as a result of the constitution and intervention of a network. In the course of definitional struggles, these members' technical frameworks are confronted and compete with each other. Thus, ecosystem services become a reference for public action. The aim of the proposal is to assess the conditions of these struggles which are based on a normative definition of ecosystem services via monetarization. The latter, an issue of positioning and legitimation for these players, corresponds to the principles of the public action framework of performance and effectiveness that characterizes New Public Management.
- Introduction. Que fait le New Public Management aux politiques environnementales ? - Sylvain Barone, Pierre-Louis Mayaux, Joana Guerrin p. 5-25
Arena
- Les limites de la coopération transfrontalière : l'exemple catalan - Jordi Gomez p. 91-112 Cet article analyse les obstacles sur lesquels vient buter la coopération entre autorités locales se situant de part et d'autre d'une frontière. La multiplication des réseaux de territoires infra-étatiques et des liens politiques et institutionnels transfrontaliers engage à repenser les zones d'action publique situées à cheval entre deux États. Si différentes formes d'interaction s'affranchissant des limites territoriales ont proliféré depuis les années 1990, plusieurs limites semblent obérer leur institutionnalisation. Le projet de construction d'un Eurodistrict dans la zone orientale de la frontière franco-espagnole apparaît comme un cas idoine pour explorer celles-ci.This article analyzes the obstacles over which comes to stumble the cooperation between local authorities being situated on both sides of a border. The proliferation of sub-national territories networks and cross-border political and institutional links lead us to rethink public policy areas situated between two states. If various forms of interaction across the territorial limits have proliferated since the 1990s, several limitations seem to compromise their institutionalization. The construction project of a Eurodistrict in the eastern part of the Spanish-French border appears as an appropriate case for exploring these ones.
- Les limites de la coopération transfrontalière : l'exemple catalan - Jordi Gomez p. 91-112
Chroniques électorales
- Deux régions politiques en une ? : Les élections 2017 en Occitanie - Arnaud Huc, Emmanuel Négrier, Jean-Paul Volle, Stéphane Coursière p. 113-135
- Élections présidentielles et législatives 2017 : la Nouvelle-Aquitaine en marche ? - Viviane Le Hay p. 136-148
- Les élections territoriales de 2017 en Corse : un triomphe et de lourdes incertitudes - André Fazi p. 149-161
- République de Chypre : l'élection présidentielle de 2018 en perspective historique : Victoire des partisans des négociations intercommunautaires et maintien d'une forte abstention - Gilles Bertrand p. 162-174
Lectures
- Lectures - p. 175-186