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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol. 36, no 3, septembre 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les centres de remise en forme « réservés aux femmes » : une injonction à la santé d'un nouveau genre ? - Cindy Louchet, Oumaya Hidri Neys p. 5-30 En France, depuis 2004, certains centres de remise en forme sont interdits aux hommes. Cela leur permettrait de présenter une organisation matérielle, spatiale et humaine supprimant tout enjeu de normalisation corporelle. C'est ce que nous avons mis à l'épreuve des faits en nous appuyant sur une enquête menée par observations et entretiens semi-directifs. On observe finalement que le corps demeure le lieu d'imposition privilégié de normes de genre. Des formes de contrôle social s'instaurent et contribuent à sanctionner tout écart aux normes corporelles dominantes ; leur originalité tient au fait qu'elles sont portées par les représentant-e-s de ces institutions, et non plus par les pairs, et qu'elles sont justifiées à des fins de santé.“Women only” fitness centres: a new kind of health injunction ?
Since 2004, in France, fitness centres exclusively dedicated to women are emerging. They are supposed to propose a material, spatial and human organization eliminating all kind of physical normalisation. We challenged this affirmation with an inquiry made of observations and semi-structured interviews. In these places the body remains largely subjected to gendered physical norms. Some forms of social control are established and contribute to penalize every deviation from dominant physical standards ; their originality lie in the fact that these are developed no more by peers but by representatives of these institutions, and by the fact they are justified by health objectives. - Le paradoxe du sport : entre injonctions de santé et performance de genre : Commentaire - Hélène Joncheray p. 31-36
- Deux processus de sanitarisation. L'action publique contre les violences dans le couple dans deux cantons de Suisse romande - Pauline Delage, Marta Roca i Escoda p. 37-62 Historiquement, et dans les politiques publiques internationales, la question des violences conjugales est entendue comme l'un des produits et l'un des leviers des rapports de genre et des inégalités entre femmes et hommes. Or, avec l'institutionnalisation du problème public, ce mode de formulation est l'objet de luttes définitionnelles entre les acteurs de l'action publique contre les violences. Cet article propose d'étudier les évolutions de la compréhension de la violence conjugale par le secteur médical et de la santé. En comparant deux cantons de la Suisse romande, Genève et Vaud, cet article traite de la construction des catégories de l'action publique et propose d'analyser comment des professionnel le s de la santé de chaque canton ont pu façonner, voire transformer, la définition de la violence conjugale.Two processes of sanitarization. Domestic violence policy in two cantons of Francophone Switzerland
Historically and in international public policies, the issue of domestic violence has been understood as a product and a mechanism of gender relations and inequalities between men and women. Yet, as the public problem of domestic violence became institutionalized, this understanding became the focus of definitional struggles between public policy actors. This article considers this shift by specifically highlighting the ways in which descriptions and explanations of domestic violence have been shaped by the health and medical sector. By comparing two cantons located in French-speaking Switzerland, Geneva and Vaud, this article looks at the construction of this public action category and shows how health-care professionals have transformed the definition of domestic violence. - Violences dans le couple : sanitariser sans dégenrer ? : Commentaire - Laurent Bègue p. 63-68
- De la biopolitique à la discipline du corps. Les dynamiques de savoir-pouvoir dans les politiques de lutte contre l'obésité de l'enfant - Andrea Lutz p. 69-92 Cet article étudie, dans une perspective critique, les politiques de lutte contre l'obésité de l'enfant, en s'inspirant de la théorie du biopouvoir de Michel Foucault. À partir de l'analyse des discours produits par différentes organisations actives dans le domaine de la promotion de la santé en Suisse, l'auteur décrypte les mécanismes de savoir-pouvoir qui fondent l'architecture politique des différentes mesures sanitaires visant à lutter contre l'obésité de l'enfant qui ont émergé au cours des années 2000 dans ce contexte. Il montre comment ces politiques parviennent à construire un contrôle autour du corps des enfants, en mettant en place des mécanismes de gestion de la santé à l'échelle collective, ainsi que des pratiques d'autosurveillance du corps à l'échelle individuelle.From biopolitics to body discipline. Knowledge-power dynamics in childhood obesity policies
This article studies in a critical perspective childhood obesity policies, by relying on the theory of biopower developed by Michel Foucault. Based on the analysis of the discourses produced by various organisations working in the field of health promotion in Switzerland, the author decrypts the knowledge-power mechanisms underlying the political architecture of the various health measures that developed in this context during the 2000s with the aim of fighting childhood obesity. He shows how these policies achieve to build a control around children's bodies, by implementing health management mechanisms on a collective level, as well as self-monitoring practices at the individual level. - Les politiques d'éducation alimentaire au prisme des pratiques de terrain : Commentaire - Patrick Berry, Rémi Gagnayre p. 93-101
- Note de lecture - p. 103-106