Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°79

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 79, octobre 2001
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°79
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : perspectives 2001-2002

    • Un monde si fragile... - p. 9-108 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les attentats du 11 septembre 2001 ont frappé une économie mondiale déjà plongée dans l'incertitude par la fin de la bulle financière et technologique des années 1996-2000. Cette prévision est soumise à une triple incertitude. La première est politique. Nous avons supposé que la riposte américaine serait parfaitement ciblée, autorisant une détente rapide de la tension et des incertitudes politiques. La deuxième concerne les effets du choc sur l'évolution conjoncturelle. Les États-Unis ont subi une baisse directe de leur activité. Les marchés financiers ont surréagi aux événements. Les dépenses des ménages et des entreprises pourraient être affectées, tant par la chute de la Bourse que par la hausse de l'incertitude. Le risque est grand de voir s'enclencher un processus récessif auto-validant. En sens inverse, la Fed a baissé quasi immédiatement son objectif de taux d'1 point et la BCE de 0,5 point. Aux États-Unis, la politique budgétaire est devenue nettement expansionniste ; les secteurs en difficulté seront soutenus. La troisième incertitude porte sur les caractéristiques du nouveau sentier de croissance. Autant en 2000 l'économie mondiale avait été entraînée par la bulle de la « nouvelle économie », des TIC et des valeurs boursières, autant en 2001, elle est globalement frappée par l'éclatement de cette bulle. Le ralentissement américain s'est étendu à l'échelle mondiale, non pas tant par des effets commerciaux directs que par la simultanéité des révisions des anticipations des entrepreneurs. L'économie globalisée moderne est fortement instable puisque les cycles sont synchronisés et que les marchés financiers sont des facteurs de résonance des chocs. Nous avons retenu un scénario où l'économie mondiale ne connaîtrait qu'une crise de croissance et où, très vite, les facteurs favorables (« nouvelle économie », fin de l'euro-sclérose, dynamisme des zones émergentes) reprendraient le dessus. Les attentats amènent à reporter d'environ six mois la reprise qui se dessinait début septembre. En 2001, la croissance mondiale ralentirait nettement à 2 % et remonterait à 2,5 % en 2002. Les secteurs innovateurs connaîtraient un long passage à vide, qui jouerait fortement aux États-Unis, en Europe et dans l'Asie en développement rapide. Ce choc plongerait le Japon encore plus dans la récession. Puis, progressivement, la désinflation fournirait du pouvoir d'achat aux ménages ; l'économie américaine bénéficierait d'une politique budgétaire expansionniste ; les taux d'intérêt particulièrement faibles et la reprise des innovations permettraient une reprise de l'investissement privé. La croissance atteindrait 3 % l'an au second semestre 2002 dans la zone euro et aux États-Unis. La baisse du chômage reprendrait à la mi-2002 dans la zone euro. Le solde public américain serait tout juste équilibré en 2002, tandis que celui de la zone euro connaîtrait un déficit de 1,5 point de PIB. L'Amérique latine connaît à nouveau un retournement brutal d'activité. Si les ajustements des fondamentaux (finances publiques, inflation) depuis la crise de 1998 sont pris en compte par les marchés et si la situation argentine se stabilise, l'Amérique latine pourrait croître de 0,4 % en 2001 et de 1,9 % en 2002. Au premier semestre 2001, l'Asie en développement a accusé un très net fléchissement de son activité. Néanmoins, à la différence de 1997, la récession actuelle ne se double pas de nouvelles tensions financières. La croissance en Asie repartirait avec celles des principaux pays industrialisés et du cycle de l'électronique au premier semestre 2002. La croissance de la région hors Chine avoisinerait 2,3 % en 2001 et 3,5 % en 2002. La Chine croîtrait encore à 8 % l'an prochain. Après une période de vigoureux rattrapage, la croissance de la Russie ralentirait quelque peu. Les Pays d'Europe centrale et orientale, à l'exception de la Pologne, réussiraient à maintenir une croissance forte mais inflationniste, financée par des investissements directs étrangers. Après une très forte croissance en 2000, le commerce mondial de marchandises s'est nettement replié au cours de l'année 2001 ; il retrouverait une croissance en glissement de 6,6% fin 2002. Malgré le ralentissement économique, l'OPEP avait été capable de maintenir des prix du pétrole relativement élevés jusqu'aux attentats. Depuis, la réduction de la consommation du transport aérien et les craintes de récession ont fait baissé les prix. Avec la reprise de la croissance mondiale, les prix reviendraient dans la fourchette souhaitée de l'OPEP et avoisineraient 26 dollars en 2002.
      The September attacks have strengthened the uncertainties surrounding activity prospects at a time when output was already decelerating world-wide, first of all in the US where output growth was being driven down by the burst of the financial and « new economy » bubbles, as were Asian emerging economies. We expect the attacks to have temporary macroeconomic effects only. US output will start to recover from early 2002, boosted by monetary and fiscal policies. Fiscal policies will be slightly restrictive in the Euro area, where declining inflation will however support activity. The Japanese economy will remain in the doldrums. Oil prices will remain around $25, within the OPEC target. The appreciation of the Euro against the dollar will be limited. World GDP is expected to accelerate from 2 percent in 2001 to 2.5 in 2002.
    • Retour sur investissement. Perspectives 2001-2002 pour l'économie françaises - p. 109-159 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La prévision de croissance de l'OFCE est de 2,0 % pour l'année 2001 et 2,2 % pour 2002. Elle est fortement révisée depuis le dernier exercice du printemps 2001. Les attentats du 11 septembre 2001 expliquent en partie cette révision, mais les économies française et européenne sont frappées par un choc similaire à celui qui touche les États-Unis : un repli de l'investissement qui fait suite à une période d'exubérance. Le cycle engagé est autonome et la reprise devrait s'engager au deuxième semestre 2002. Le ralentissement induit de l'économie se transmet au marché du travail et interrompt la baisse du chômage. Compte tenu des échéances électorales proches, la politique économique en France serait contracyclique à la fin 2001 et en 2002, au prix d'un déficit public plus important.
      After three years of steady growth, France's economy slows down to 2.0 % in 2001 and 2.2 % in 2002. In 2001, the world-wide slowdown pulled down exportations and rising oil and food prices boosted inflation. These two shocks fuelled an unexpectedly sharp decline of investment, which also suffered from a drastic downturn in expectations on telecommunication returns. Consumption remained firm because household income was sustained by the dynamics of employment and by lower taxes. French economy bounces back in the second quarter of 2002. The household income accelerates thanks to tax cuts, public sector job creations and diminishing inflation. Firms investment is driven by needs for capacities and technology changes. The French labour market, and the economy as a whole, are becoming more flexible. Slowdowns are more rapid and deep, but upturns as well.
  • Dossier : Perspectives pour 2001-2003

  • Dossier : Perspectives pour 2001-2004

    • Un indicateur de croissance à court terme aux Etats-Unis. - Françoise Charpin p. 171-189 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif est de montrer comment exploiter une information conjoncturelle mensuelle pour prévoir la croissance du PIB en volume à un horizon de deux trimestres. On commence par constater que les indicateurs traditionnels américains (indicateurs composites coïncident et avancé) ne permettent pas d'obtenir une prévision chiffrée satisfaisante, ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'ils n'ont pas été construits pour cela. Par contre, il est possible d'utiliser des séries mensuelles coïncidentes et avancées, en particulier celles entrant dans ces indicateurs, pour prévoir la croissance à l'aide d'équations économétriques. La démarche proposée comporte deux étapes. Dans la première, on estime une équation donnant le taux de croissance trimestriel du PIB en fonction de séries coïncidentes et avancées. Dans la seconde, on estime des modèles VAR mensuels afin de prévoir les séries coïncidentes et les séries avancées dont l'avance est inférieure à six mois. On peut alors en déduire la croissance du PIB à un horizon de deux trimestres. On vérifie que le fonctionnement de cet outil sur les dix derniers trimestres aurait été convenable.
      The paper shows how to exploit monthly data to forecast the growth of real GDP over the two next quarters. We first notice that the well-known coincident and leading composite indicators don't permit to obtain a reliable forecast, which is not surprising because they have not been built for that. On the other hand, it is possible to use monthly coincident and leading series, especially those entering these composite indicators, to forecast GDP growth using econometric relations. The procedure consists of two steps. First, we estimate an equation giving the quarterly GDP growth according to coincident and leading series. Second, we estimate monthly VAR models to forecast the coincident variables and the leading ones the lead of which is less than six months. We verify that the instrument would have produced acceptable forecasts over the last ten quarters.
  • Dossier : perspectives à moyen-long terme

    • De l'utilité des projections à moyen-long terme. - Philippe Sigogne p. 193-194 accès libre
    • Le retour au plein emploi ? - Valérie Chauvin p. 195-233 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De 1997 à 2001, le taux de chômage a diminué de presque 4 points en France, faisant du retour au plein emploi un sujet d'actualité. Nous montrons qu'une baisse supplémentaire du taux de chômage jusqu'à 5 % est possible d'ici à 2005, moyennant des hypothèses favorables mais néanmoins réalistes. La détente des taux d'intérêt permet une hausse du taux d'investissement, qui resterait toutefois inférieur à son niveau des années 1960. Cette hausse expliquerait 1,1 point de baisse du taux de chômage. Le commerce extérieur contribue positivement à la croissance et à la baisse du taux de chômage à hauteur de 0,9 point, y compris en prenant en compte un ralentissement de la demande adressée à la France. La réduction du temps de travail et une politique budgétaire neutre sont les autres principales hypothèses de notre scénario. Par ailleurs, ce retour au plein emploi nécessite la baisse du NAIRU, supérieur à 9 % selon les estimations actuelles. Nous envisageons des scénarios alternatifs de retour plus lent au plein emploi, au cas où l'ensemble des pays croîtrait moins vite, et de baisse du taux de chômage à seulement 7 % en l'absence d'une baisse du NAIRU.
      From 1997 to 2001, the French unemployment rate fell by around 4 points. We show it can reach 5 % in 2005 under favorable but realistic assumptions. Lower interest rates could imply a higher investment rate, which would however remain under its level in the 60s. This would allow a 1.1 point fall of the unemployment rate. The external trade could contribute positively to growth and account for a 0.9 point fall of the unemployment rate, despite a slowing down international trade. Working time reduction and a neutral Fiscal Policy are also important assumptions. More over, the NAIRU, estimated at 9 % at least, should fall. We draw alternative scenarios where full employment is reached later because of an less favorable international environment and where the unemployment rate remains over 7 %, because the NAIRU doesn't diminish.
    • 2000-2040 : population active et croissance. - Valérie Chauvin et Mathieu Plane p. 235-259 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le vieillissement de la population française va avoir des conséquences sur l'économie et en particulier sur l'évolution de la population active. Les générations nombreuses du baby boom vont quitter progressivement le marché du travail et ne pourront être remplacées que partiellement par les nouvelles générations. Ce décalage de taille des générations aura un impact sur le ratio de dépendance (inactifs/actifs) et donc sur la croissance potentielle par tête et sur l'équilibre des régimes de retraite. Un des moyens de combler ce déficit de main-d'œuvre serait une remontée des taux d'activité, notamment aux âges extrêmes de la vie active. La suppression progressive des dispositifs de cessation anticipée d'activité permettrait une hausse du taux d'activité des plus âgés et le cumul emploi-formation une augmentation de celui des plus jeunes. D'après notre scénario central, la population active française (au sens du BIT) devrait croître à un rythme assez soutenu entre 2000 et 2010, grâce à une démographie encore assez dynamique, à la baisse du chômage et à la diminution du nombre de préretraités et dispensés de recherche d'emploi. De 2010 à 2016, le nombre d'actifs devrait être quasiment stable. De 2016 à 2035, les générations du baby-boom vont progressivement passer à des âges d'inactivité ou d'activité faible, ce qui devrait accélérer le rythme de décroissance de la population active. À partir de 2035, la baisse du nombre d'actifs devrait ralentir, tous les baby boomers ayant atteint l'âge de la retraite.
      We explore the consequences of ageing on the French labour force. Baby-boom generations are going to leave gradually the labour market and will be partially replaced by younger ones. Differences in generations size will have an impact on the dependence ratio and therefore on the potential growth of output per head and on the balance of pension schemes. One of the remedy to labour force deficit could be an increase in participation rates, especially in the oldest and youngest. The progressive suppression of early retirement schemes could rise the participation rate of the oldest, while job-training association could increase the youngest one. According to our central projection, labour force would grow until 2016, before it will fall and reach in 2040 the level it has been in 2000.
    • Vieillissement et protection sociale. Comparaison de six pays de l'Union Européenne - Élisabeth Algava et Mathieu Plane p. 261-314 accès libre
    • Le retour des classes sociales ? - Louis Chauvel p. 315 à 359 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La fin des classes sociales semblerait une évidence pour de nombreux auteurs contemporains, au point que cette question a disparu de la production des sciences sociales, en France particulièrement. L'objectif de cet article est de revenir sur le problème empirique des classes sociales et sur leur évolution au cours des dernières décennies. En revenant sur la question des inégalités économiques et sociales structurées, et sur les éléments culturels et subjectifs susceptibles de sous-tendre les classes sociales, deux périodes historiques s'opposent nettement. D'une part, la période de croissance rapide de l'après-guerre a vu l'effacement d'une partie du contenu objectif des classes sociales. D'autre part, depuis la fin des années 1970, au contraire, des inégalités structurées se reconstituent et déterminent objectivement les conditions de vie de groupes sociaux repérables. Néanmoins, ces inégalités structurées, renaissantes, ne sont guère organisées par une conscience capable d'animer un mouvement collectif durable et de donner une expression aux rapports sociaux sous-jacents, ce qui n'est pas sans poser problème pour l'identité sociale des membres des classes populaires, au travers d'un phénomène de dyssocialisation. Objectivement visibles mais subjectivement désarticulées, les classes sociales sont porteuses d'un avenir plus ouvert qu'on ne le conçoit généralement.
      For many sociologists, the death of class is an obvious process: the question of classes has almost disappeared from contemporary social sciences for the last two decades, particularly in France. The aim of this paper is reassess the empirical aspects of this problem. Two different periods clearly appear. On the one hand, the period of fast growth of the post-war era saw a decline of the objective disparities between social classes. On the other one, since the end of 70s the evolution has been unclear, because of restructuring inequalities in a context where no collective consciousness seems about to organize classes. The split between the two aspects, the objective and the subjective ones, could create a phenomenon of "dyssocialization", say a double bind problem undermining the popular class identity. Objectively visible but subjectively unstructured, the future of social classes remains open.
  • Cahier de graphiques