Contenu du sommaire : Nicaragua : sandinismo 2.0 ?
Revue | Cahiers des Amériques Latines |
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Numéro | no 87, 2018 |
Titre du numéro | Nicaragua : sandinismo 2.0 ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique
- « El Relevo », poème de Gioconda Belli - Gioconda Belli p. 7-10
Dossier. Nicaragua : sandinismo 2.0 ?
- Introduction. Sandinismo 2.0 : reconfigurations autoritaires du politique, nouvel ordre économique et conflit social - Maya Collombon, Dennis Rodgers p. 13-36
- Les « sandalistes » recyclés : de la révolution aux stations balnéaires dans le nouveau Nicaragua - Florence E. Babb p. 37-67 Durant la période post-sandiniste, le Nicaragua s'est adapté à la nouvelle donne de l'économie néolibérale en faisant du tourisme une industrie de premier plan. Pour transformer le pays en destination sûre et attrayante pour les touristes, les autorités se sont efforcées de dissimuler les stigmates de son récent passé révolutionnaire. Mais dans le même temps, des images et des souvenirs de la révolution sont délibérément réactualisées aujourd'hui comme autant d'arguments de vente pour nourrir le tourisme. Dans cet article, nous défendrons l'idée que ces processus apparemment antagonistes servent à la fois les visées du néolibéralisme et celles du nationalisme. Dans une époque marquée par la mondialisation, l'exemple nicaraguayen illustre bien la manière dont l'histoire d'un pays postrévolutionnaire peut concourir à sa transformation en destination touristique branchée.In the post-Sandinista period, Nicaragua has adjusted to the new terms of a neoliberal economy by turning to tourism development as a leading industry. As the nation is refashioned as a safe and desirable tourist destination, efforts have been made to conceal evidence of the recent revolutionary past that might discourage visitors from traveling to the country. Nevertheless, there are indications that selected images and memories of revolution are making a reappearance and may prove marketable for tourism. This article argues that the twin projects of neoliberalism and nationalism may be served by this seemingly contradictory process. The Nicaraguan case offers an example of how the past figures in the remaking of postrevolutionary nations for tourism in the era of globalization.
- Gender-based violence and the patrimonial state in Nicaragua: The rise and fall of Ley 779 - Pamela Neumann p. 69-90 Au cours des dernières décennies, les défenseurs des droits des femmes et les groupes conservateurs et religieux mobilisés au nom de ce qu'ils considèrent être des « valeurs familiales » s'affrontent un peu partout dans le monde. Cette confrontation s'est révélée au grand jour au Nicaragua autour de l'adoption, en 2012, de la Loi 779, initialement la loi la plus complète sur la violence de genre jamais adoptée dans le pays. Cependant, en réponse aux réactions négatives d'organisations religieuses locales, la plupart des éléments les plus progressifs de cette législation ont été atténués. Le soutien initial du président Daniel Ortega et de ses alliés à la Loi 779 s'est réduit suite aux critiques des groupes conservateurs. Ce recul s'inscrit dans un conflit historique entre Ortega et les mouvements féministes, et une alliance avec les groupes religieux conservateurs du pays. Les implications de cette alliance vont bien au-delà des particularités de la Loi 779. La suppression de la dissidence et l'intégration d'idéologies religieuses au sein des institutions étatiques contribuent à créer un État patrimonial-autoritaire caractérisé par la personnification de l'autorité patriarcale, limitant très sévèrement les droits des femmes au Nicaragua.For the last several decades, a global ideological struggle has been taking place between organizations and institutions that promote women's rights and a parallel countermovement of conservative and religious groups defending so-called “family values”. The recent political struggle over gender-violence law in Nicaragua is a microcosm of these dynamics. In 2012, the Nicaraguan government passed its most comprehensive law on gender-based violence to date (Ley 779). However, following a backlash by local conservative religious groups, many of the law's major provisions were substantially weakened. This article analyzes how President Daniel Ortega's initial support for Ley 779 was undone by the conservative outcry against it. The author argues that the seeming reversal of Ortega and his allies on Ley 779 is better understood as a continuation of Ortega's longstanding tensions with the country's feminist movement and his alliance with conservative religious groups. The implications of this alliance go well beyond the particulars of Ley 779. Through his suppression of dissent and integration of religious ideologies into state institutions, Ortega's actions have created a patrimonial-authoritarian state characterized by the personalization of patriarchal authority that severely undermines women's rights in Nicaragua.
- Movilización social y tácticas de control en el neosandinismo: el caso de #OcupaINSS - Luciana Chamorro, Emilia Yang p. 91-115 Cet article analyse la relation entre néosandinisme et mouvements sociaux au Nicaragua, notamment celui qui a émergé après les événements du 16 juin au 19 juillet 2013, au cours desquels les membres de l'Unité nationale des personnes âgées (Unidad Nacional del Adulto Mayor-UNAM) s'en sont pris aux installations de l'Institut national de sécurité sociale (INSS) après avoir demandé pendant cinq ans la restitution de leurs droits à une pension de vieillesse. Au cours de ces événements, face à l'injustice et à la répression policière du gouvernement, une alliance intergénérationnelle entre les membres de la UNAM et des étudiants universitaires autoorganisés a été créée à travers les médias sociaux sous le hashtag #OcupaINSS. Notre analyse s'intéresse à la logique de contrôle social mise en place par les néosandinistes et les principales tactiques qu'ils utilisent pour faire face à l'émergence de revendications sociales sur la scène nationale.In this article we aim to contribute to the analysis of the relationship between neosandinismo and emerging social movements in Nicaragua, drawing in particular on the events that occurred between 16-19 June 2013, when members of the National Unit for Senior Citizens (UNAM) occupied the facilities of the Nicaraguan National Institute of Social Security (INSS) after a five-year struggle to demand the restitution of their right to a pension. During these events an intergenerational alliance was created between the members of the UNAM and university students who self-convened through social media by means of the hashtag #OcupaINSS following violent police repression of the occupation. Our analysis focuses on deconstructing and making apparent neosandinismo's logic of social control and the main tactics that it uses to deal with social protests at the national context.
- Conflicts about Nicaragua's Interoceanic Canal Project: framing, counterframing and government strategies - Anne Tittor p. 117-140 Cet article explore la relation contemporaine entre le FSLN (Front sandiniste de libération nationale) et les mouvements sociaux, et ce à travers un cas paradigmatique : les mobilisations contre les plans de construction d'un canal interocéanique à travers le pays. Employant la perspective du framing et counterframing, l'article analyse comment différents acteurs formulent leurs expectatives et leurs prédictions à partir des conséquences possibles. L'accent est particulièrement porté sur les stratégies d'argumentation, de menace et de cooptation employées par le gouvernement nicaraguayen. Le gouvernement a pris la décision de construire le canal interocéanique en l'imposant du sommet vers le bas, pour ultérieurement refuser de répondre aux critiques contre le canal. Dans un premier temps, le FSLN a ignoré, puis a ensuite essayé de contrôler ce mouvement ayant émergé de façon autonome. Après l'échec de ces tentatives, le parti a ensuite tenté de réprimer, puis a essayé de coopter différents secteurs du mouvement de protestation.This article explores the contemporary relation between Nicaragua's governing party, the FSLN, and social movements by analyzing a paradigmatic case: the protest movement against the plans to build an Interoceanic canal through the country. By employing the perspective of framing and counterframing, the article analyses how different actors frame their promises and predictions regarding the project's possible consequences. Special emphasis is put on the Nicaraguan government's strategies of argumentation, threatening, and co-optation. The article shows how the government took the decision to build an Interoceanic Canal in a top-down manner and refused to respond to sceptics and critics of the Canal plans. The FSLN first ignored, then tried to control the movement, which emerged autonomously from its party structure and networks. As these attempts failed, it first repressed before then trying to coopt (different parts) of the protest movement.
Études
- Contester en situation post-autoritaire : le « mouvement étudiant » chilien (années 2000) - Marion Di Méo p. 143-160 Plus de quinze ans après la transition à la démocratie, les gouvernements chiliens sont confrontés à d'importantes vagues de mobilisations étudiantes, sans précédent depuis les grandes manifestations des années 1980 contre la dictature d'Augusto Pinochet. Cet article analyse ces événements en les réinsérant dans leur contexte, afin de saisir l'importance de la question générationnelle dans le renouvellement des comportements protestataires des étudiants chiliens. La diversité des éléments constituant le répertoire des étudiants est révélatrice de la nature des discussions stratégiques au sein d'un mouvement qui apparaît comme très hétérogène.More than fifteen year after the democratic transition, the Chilean governments have to face considerable waves of student protests, unprecedented since the large 1980s demonstrations against Augusto Pinochet dictatorship. We propose to report on those protest events putting them back into their context, to understand the importance of the generational issue in the renewal of the Chilean student protest. The diversity of the strategies of action put in place by the students reveals the nature of the tactical evaluations made by a very heterogeneous movement.
- L'utilisation politique de la catastrophe dans les médias : Chili, 1906-2010 - Mauricio Onetto Pavez p. 161-180 Cet article analyse l'utilisation des catastrophes par les autorités chiliennes – État, autorités politiques, économiques et religieuses – pour construire un référent identitaire propre au Chili et à ses habitants, à l'image de l'élite chilienne. En effet, le sous-sol chilien est traversé par des plaques tectoniques dont les mouvements provoquent des catastrophes telluriques de très grande ampleur. Les élites ont doté ces événements d'une signification particulière qui, en outre de conforter leur pouvoir, diffuse l'idée que tous les Chiliens sont victimes d'une nature indomptable. En se fondant sur une consultation exhaustive d'articles de presse écrits entre 1906 et 2010, cet article montre comment le traitement médiatique de catastrophes naturelles participe au projet néolibéral porté par les élites, politiques et économiques.This article analyzes how catastrophes were used by Chilean authorities—State, political, economic and religious—in order to build an identity reference for the country and its inhabitants, in the image of what is proposed by their élites. In fact, the Chilean soil is crossed by several tectonic plates that cause catastrophes of great impact. The élites have endowed these events with a particular significance that, in addition to strengthening their power, has spread the idea that all Chileans are victims of Nature's indomitable effects. Based on the thorough research of press articles written between 1906 and 2010, this article shows how the media's treatment of earthquakes has been part of the liberal project sought by the political and economic élite.
- Les relations Venezuela-Cuba : au-delà des discours, du poids de l'histoire et des réalités étatiques (1958-2015) - Xavier Calmettes p. 181-198 L'étude de la situation politique extérieure du Venezuela et de Cuba est rendue difficile par l'extrême polarisation de ce terrain d'enquête. Les travaux de la plupart des chercheurs insistent sur la rupture que représenterait le chavisme dans l'histoire diplomatique bilatérale. Les condamnations répétées de Rómulo Betancourt, Jaime Lusinchi ou Rafael Caldera contrastent avec les déclarations d'amitié prononcées par les présidents de la Ve République. Des accords bilatéraux et régionaux ont été conclus entre Cuba et le Venezuela (Petrocasas, Misión Milagro, Alba…). Ils ont permis à l'État cubain de trouver des ressources financières et de sortir de l'isolement diplomatique des années 1990. Richard Gott, Gregory Wilpert ou Claudio Katz décrivent la naissance d'un nouveau type de relation bilatérale qui ne serait plus défini par les égoïsmes nationaux mais par l'idéologie politique des acteurs. Nous montrerons comment l'alliance entre le mouvement chaviste et Cuba a été construite et déterminée par d'importants enjeux géostratégiques.The study of the external political situation of Venezuela and Cuba is made difficult by the extreme polarization of this field of inquiry. The work of most scholars emphasizes the break that Chavism would represent in bilateral diplomatic history. The repeated convictions of Rómulo Betancourt, Jaime Lusinchi and Rafael Caldera contrast with the declarations of friendship made by the Presidents of the Fifth Republic. Bilateral and regional agreements have been concluded between Cuba and Venezuela (Petrocasas, Misión Milagro, Alba…). They allowed the Cuban state to find financial resources and get out of the diplomatic isolation of the 1990s. Richard Gott, Gregory Wilpert or Claudio Katz describe the birth of a new type of bilateral relationship that would no longer be defined by national selfishness but by the political ideology of the actors. We will show how the alliance between the Chavista movement and Cuba was built and determined by the major geostrategic issues.
- Contester en situation post-autoritaire : le « mouvement étudiant » chilien (années 2000) - Marion Di Méo p. 143-160
Lectures
- Compte rendu croisé : Paula López Caballero et Christophe Giudicelli (dir.), Régimes nationaux d'altérité : États-nations et altérités autochtones en Amérique latine, 1810-1950 | Jean-Frédéric Schaub, - Romain Robinet p. 201-204
- Lenita Perrier, Couleur de peau et reconnaissance sociale : l'expérience vécue des Afro-brésiliens émigrés à Paris - Oscar Quintero p. 204-207
- Nicolas Terrien, « Des patriotes sans patrie » : histoire des corsaires insurgés de l'Amérique espagnole (1810-1825) - Pierre Ragon p. 207-211
- Ignacio Del Valle Dávila, Le nouveau cinéma latino-américain, 1960-1974 - Julie Amiot-Guillouet p. 211-213
- Eve Anne Bühler, Martine Guibert et Valter Lúcio de Oliveira (dir.), Agriculturas empresariais e espaços rurais na globalização: Abordagens a partir da América do Sul - Éric Sabourin p. 213-218
- François-Michel Le Tourneau (dir.), Amazonie brésilienne : usages et représentations du territoire, coll. « Travaux et mémoires », no 88 - Christian Girault p. 218-219