Contenu du sommaire : Intermittence
Revue | Multitudes |
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Numéro | no 17, été 2004 |
Titre du numéro | Intermittence |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Playgrounds extrait .1995-2000, série de diapositives. - Peter Friedl p. 1-222
En tête
- Journées de mars en Espagne - Raúl Sánchez p. 5-12
Majeure : L'intermittence dans tous ses états
- L'intermittence : réappropriation de la mobilité, production du commun - Maurizio Lazzarato p. 13-20
- Ils ont une proposition à faire - La Commission des mots de la CIP-IdF p. 21-29 Loin de simplement refuser la réforme en cours, la coordination des intermittents et précaires propose un projet de réforme axé sur la réalité de la discontinuité de l'emploi. Il ne s'agit pas de revendiquer mélancoliquement la création d'hypothétiques " vrais emplois ", mais d'exiger les moyens nécessaires à la pérennisation des pratiques de l'intermittence. Le modèle d'indemnisation-chômage proposé devrait permettre de pérenniser ces pratiques et garantir ainsi l'agencement de différentes temporalités comme condition pour pouvoir agir sur le sens et le contenu de l'activité , et cela par des formes de mutualisation attribuant des indemnités à ceux qui ont des revenus plus faibles et sacrifiant ceux à plus haut revenu . Ce qui suppose la création d'un réel plafond d'indemnisation mais aussi l'introduction d'un plancher définit sur la base du SMIC . Reste à penser d'autres formes de financement qui rendraient justice à la production de richesse souvent non comptabilisée qu'induisent les activités de l'intermittence.
- La constitution intermittente de l'activité - Pascal Nicolas-Le Strat p. 31-42 Les régimes singuliers des activités propres aux champs du social, de la science et de l'art semblent se recouper en deux points remarquables : d'une part ce que l'on nommera un " régime " d'intermittence sous lequel l'activité se réalise, d'autre part l'existence d'un " bassin de travail immatériel " susceptible d'en cristalliser la portée comme d'en moduler les " dimensions ". Jeunes chercheurs, intervenants sociaux recrutés sur mission, artistes du Festival Off Permanent que requiert le capitalisme post-fordiste : le repérage de ses " exilés de l'intérieur " qui oscillent entre l'extrême précarisation et l'accès aux protections sociales est essentiel. En dénier la spécificité reviendrait à rêver l'impossible retour de l'emploi stable propre au régime fordiste, ou accepter les désastres de la précarité. Or une politique de l'intermittence doit prendre sa source dans ce que le travail de l'intermittence " constitue ", au sens fort du terme, comme mode de vie.
- Les coordinations, des métiers au territoire de la ville - Thierry Baudouin p. 43-50 La ville, dans un contexte étatique fort, est un espace public essentiel à conquérir pour le contrôle de la mondialisation lorsque des coordinations de travailleurs permettent aux citoyens d'investir politiquement son développement économique.
- Travail intermittent et production de la ville post-fordiste - Arnaud Le Marchand p. 51-56 Le travail intermittent est entre le fractionnement des temps et celui de la ville. L'étalement urbain autant que les contraintes de production crée des intervalles que comblent les salariés intermittents. Du secteur immatériel comme des activités de production, ceux-ci tissent un réseau urbain et compensent sa fragmentation. Le revenu social garanti est une reconnaissance de leurs rôles et une alternative à la gestion répressive des problèmes urbains.
- Contrôle des engagements et productivité sociale - Philippe Zarifian p. 57-67 Nous changeons depuis la fin des années 80 de régime de contrôle du travail salarié. Au contrôle disciplinaire de facture taylorienne se substitue un contrôle par modulation qui introduit une véritable liberté laissée au salarié pour moduler ses actes de travail, et, pour partie, ses déplacements et l'usage de son temps. Mais ce nouveau contrôle est d'abord un contrôle d'engagement subjectif du salarié, sur des résultats de performance, qui tend à assimiler fictivement ce dernier à un micro-capital, chargé lui-même de se valoriser économiquement et de justifier le maintien de son emploi.Mais il faut voir la face positive de cette mutation : l'auto-engagement du salarié est aussi prise d'initiative sur des situations à charge événementielle et production de service pour des publics, qui engagent, au sens fort de ce terme, un parti pris éthique sur la conduite des actes de travail et une nouvelle évaluation de leur productivité. Derrière la perspective personnelle se joue la constitution, réelle ou potentielle, de communautés d'engagement. C'est autour de cette mutation qu'aussi bien l'usage du temps que les modalités de rémunération demandent à être profondément repensées.
- L'intermittent de la recherche, un chercheur d'emploi qui n'existe pas - Franck Beau p. 69-74 Les métiers de la recherche et de la connaissance évoluent aussi avec leur temps et les mutations en cours. Les chercheurs intermittents en situation de précarité sont de plus en plus nombreux. Or, ils ne sont pas seulement des « hors statut » par déficit de postes. Ce sont aussi, parfois, des électrons libres par souci d'indépendance, et par nécessité impérieuse de regarder les objets et les questions autrement, de rester mobile, de sortir des sentiers battus pour avancer dans la recherche et la connaissance. La situation d'indépendance vis-à-vis du milieu académique et des statuts d'enseignant-chercheurs ou de chercheurs tout court, peut donc aussi être issue de volontés délibérées, se trouvant en phase avec les transversalités qui restent largement à opérer entre les disciplines, les objets et les métiers de la recherche et du savoir. Pourtant la violence de la précarité, qu'implique le plus souvent cette posture, reste subie, et appelle de nouvelles questions, mais aussi des réponses politiques et sociales. Récit d'un travailleur de la connaissance indépendant : une erreur écosystémique pour les uns, l'un des symptomes évident de la mutation en cours pour les autres.Abstract The scholarly and scientific professions are undergoing changes like any other profession, also due to the ongoing mutations of the labor market. Intermittent scholars and researchers in a situation of economic uncertainty (or « precariousness ») are increasingly numerous. These individuals are not just « deprived of status » as civil servants, but are also independent « free age n t s » , with a different point view stemming partly from the necessity of remaining mobile, of leaving the familiar path in order to progress intellectually. Their independence in relation to the academic environment and the professional status of professors or researchers, can be the result of a voluntary decision, which puts them into the forefront of the transversality which does not yet fully exist between the disciplines, objects and professions of scholarship, science and research. Yet the violence of this economically precarious situation is not something one chooses ; it forces us to ask new questions, which must be approached from a social and political standpoint. The following article tells the tale of an independent cognitive laborer :an ecosystemic mistake in the eyes of some, an obvious symptom of ongoing mutations for others.
- Dériver dans les circuits de la précarité féminine - Precarias a la deriva p. 75-78 Quelle fonction et quel sens peut aujourd'hui recouvrir le terme de grève, lorsque la précarité, loin de toucher simplement la sphère du travail, engage la totalité de notre existence ? C'est de cette question qu'est né le projet, d'initiative féminine, Precarias a la Deriva. Lorsque la précarité devient une " tendance " et non plus une " condition ", lorsque le lien social et les modalités du combat déborde le lieu de travail pour innerver l'ensemble des territoires métropolitains, la grève doit perdre la fixité de son " piquet " pour devenir une véritable enquête. Une investigation ouverte à l'errance dans les territoires urbains, capable de mettre en commun ce qui ne peut pourtant être unifié par aucun sujet collectif, et qui portera la question pour laquelle il n'est que des réponses à chaque fois singulières : " quelle est ta grève " ?Abstract What can the function or meaning of the term « strike » be today, when precarious economic conditions, far from being restricted to the sphere of labor, now affect the totality of our existence? This question is at the root of the women's project Precarias a la Deriva. When precarity becomes a « tendency » and no longer a « condition » ,when the social bond and the modalities of struggle extend beyond the workplace and flow into all metropolitan territories, the strike must do away with its fixed « p i ck e t » to become a true « inquiry » .An investigative inquiry that wanders through urban territories can bring together that which no collective subject can unify, in the form of a question which can only be answered in singular fashion, every time: « what's your strike? »
- Videolab - p. 79-85 Le videolab met en oeuvre un dispositif de production d'énonciation collective fonctionnant régulièrement à la CIPIDF (Coordination des Intermittents et Précaires d'Ile de France) depuis janvier 2004. Se développant à partir de déambulations, c'est tout à la fois, indistinctement, un dispositif vidéo d'auto-enquête, de production d'images, de partage d'expériences, de fabrication de publics. Ouvert à tous ce dispositif s'enrichit continuellement des questionnements de chacun sur la forme-coordination, les pratiques qu'on y conduit, les conditions d'existence et d'emploi qui sont les nôtres
- IJ = OK - Laurent Guilloteau p. 87-95 Après l'adoption du Pare qui avait suivi la défaite du mouvement des chômeurs de 1998, les luttes des chômeurs trouvent avec la victoire des recalculés de l'Unedic un point d'appui inespéré alors qu'un nouveau mouvement d'intermittents et de précaires construit une expertise collective où s'élabore un « modèle d'indemnisation du chômage des salariés intermittents ». Les circulations et les liens qui s'établissent progressivement parmi ces forces en lutte contre la précarisation dessinent les linéaments d'une réforme soutenable dont une indemnité journalière minimale serait un des pivots.
- L'intermittence, la richesse et l'impôt. Sur la crise de l'UNEDIC et au-delà - Yann Moulier-Boutang p. 97-104 La lutte des intermittents est la réponse à la mise en cause par la droite, du troisième volet de la protection sociale : l'assurance chômage, après les retraites et l'assurance maladie. Mais faute de placer au centre de ses réflexions la construction sociale du plein emploi des ressources de l'intelligence et de l'invention, la gauche est dans l'incapacité de proposer une protection sociale de l'emploi à la hauteur des nécessités du « capitalisme cognitif. » Plutôt que du chômage et du droit à l'emploi, il faut parler du temps de vie productif pour la formation de soi et du droit à l'emploi de son intelligence en vue d'augmenter la richesse collective, ce qui devrait renforcer le droit à la « formation tout au long de la vie » et le droit à un revenu inconditionnel. La crise de L'Unedic est double : « recalculés » du régime général et intermittents, mais plutôt que de chercher à financer ses déficits et celui de la protection sociale en général par le recours accru à la « cotisation sociale » l'auteur préconise la création d'un impôt nouveau sur la richesse qui circule lors des transactions financières.
- La forme politique de la coordination - Maurizio Lazzarato p. 105-114 Fondé sur le mode de la " coordination ", la lutte des " intermittents et précaires d'Ile de France " est un véritable laboratoire susceptible de mettre en lumière la péremption du schème politique issu de la tradition socialiste et communiste. Là où cette dernière insiste sur une logique de la contradiction, de la représentation politique d'un tort qui met en scène des identités remarquables, la forme politique " coordination " se veut résolument expressive, transformiste, attentive à la dynamique instable des identités post-identitaires qui tissent la réalité de notre monde. La coordination ne vise pas tant la constitution d'un collectif unitaire recherchant à tous prix l'égalité de ses membres que le devenir des singularités qu'elle compose au sein d'une multiplicité instable, en réseau, amoureuse du patchwork - excédant toute définition théorique comme tout repérage syndical ou étatique. Politique de l'expérimentation qui dépose les savoirs préalables et s'ouvre à l'inconnu sans lequel nulle vie nouvelle n'est envisageable.
Insert : Mayotte
- Kou s'na kirtassi ? Andra Bahari ni - p. 115-118
- La France et l'Union des Comores : saboter et protéger - Pierre Caminade p. 119-122
Mineure. Villes : fractures et mouvements
- La ville, la rue et le commencement de la politique. Le monde rêvé de Chloé - Michel Agier p. 139-146
- Le Tacheles, histoire d'un « squart » berlinois - Boris Grésillon p. 147-155
- Afrique du Sud : à la recherche de la ville perdue - Philippe Gervais-Lambony p. 157-164
- Jérusalem-Est : Les sinistrés de la ville-monde - Sylvaine Bulle p. 165-173
- Prométhée contre la fragmentation urbaine - Thierry Lulle p. 175-182
Hors champs
- Malentendus en chantier - Jean-Pierre Rehm p. 183-192 Loin de simplement refuser la réforme en cours, la coordination des intermittents et précaires propose un projet de réforme axé sur la réalité de la discontinuité de l'emploi. Il ne s'agit pas de revendiquer mélancoliquement la création d'hypothétiques " vrais emplois ", mais d'exiger les moyens nécessaires à la pérennisation des pratiques de l'intermittence. Le modèle d'indemnisation-chômage proposé devrait permettre de pérenniser ces pratiques et garantir ainsi l'agencement de différentes temporalités comme condition pour pouvoir agir sur le sens et le contenu de l'activité , et cela par des formes de mutualisation attribuant des indemnités à ceux qui ont des revenus plusfaibles et sacrifiant ceux à plus haut revenu . Ce qui suppose la création d'un réel plafond d'indemnisation mais aussi l'introduction d'un plancher définit sur la base du SMIC . Reste à penser d'autres formes de financement qui rendraient justice à la production de richesse souvent non comptabilisée qu'induisent les activités del'intermittence.
Liens
- Spinozisti gioiosi - Antonio Negri p. 193-199 Les régimes singuliers des activités propres aux champs du social, de la science et de l'art semblent se recouper en deux points remarquables : d'une part ce que l'on nommera un " régime " d'intermittence sous lequel l'activité se réalise, d'autre part l'existence d'un " bassin de travail immatériel " susceptible d'en cristalliser la portée comme d'en moduler les " dimensions ". Jeunes chercheurs, intervenants sociaux recrutés sur mission, artistes du Festival Off Permanent que requiert le capitalisme post-fordiste : le repérage de ses " exilés de l'intérieur " qui oscillent entre l'extrême précarisation et l'accès aux protections sociales est essentiel. En dénier la spécificité reviendrait à rêver l'impossible retour de l'emploi stable propre au régime fordiste, ou accepter les désastres de la précarité. Or une politique de l'intermittence doit prendre sa source dans ce que le travail de l'intermittence " constitue ", au sens fort du terme, comme mode de vie.
- Nous, les enfants de l'espoir : Par l'Union Générale des Étudiants de Palestine - p. 201-203 La ville, dans un contexte étatique fort, est un espace public essentiel à conquérir pour le contrôle de la mondialisation lorsque des coordinations de travailleurs permettent aux citoyens d'investir politiquement son développement économique.