Contenu du sommaire : Ubérisation de l'économie, entrepreneuriat et capital humain
Revue | Vie et sciences de l’entreprise |
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Numéro | no 205, juin 2018 |
Titre du numéro | Ubérisation de l'économie, entrepreneuriat et capital humain |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Thibault Cuénoud, Anne Goujon Belghit p. 7-9
Recherches
- Enjeux économiques de l'ubérisation : histoire, innovations, nouvelles frontières du salariat et de la firme, affaiblissement de la croissance économique - Bertrand Blancheton p. 10-22 L'objectif de cet article est d'offrir une analyse exploratoire des enjeux économiques naissants de l'ubérisation. Nous mobilisons comme fil conducteur la théorie de Coase (1937) afin de voir dans quelle mesure les nouvelles technologies constituent une rupture en matière de frontière du salariat, de coûts de transaction et pourraient déplacer les frontières de la firme. Nous éclairons aussi le modèle économique des plateformes de service. Leur course à la taille, l'incertitude sur leurs profits futurs et l'euphorie qui entoure l'ubérisation font planer la menace d'une crise financière dont les plateformes seraient l'épicentre. Nous étudions enfin le faible impact de l'ubérisation sur la croissance potentielle des économies.The goal of the paper is to provide an exploratory analysis of uberization's economic issues. In line with Coase (1937) we refer to cost transaction theory to highlight how new technologies can transform the organizations. What can be the consequences of new technologies on labor market, wage contract and way of life? What can be the consequences of these new services on the optimization of the firm structure and its organization ? How to characterize Uber's economic model? To conclude, a focus is made on the consequences of uberization on global productivity and potential growth.
- Ubérisation des services : les clients sont-ils toujours gagnants ? - Catherine Viot p. 23-47 L'ubérisation, définie comme « la remise en cause du modèle économique d'une entreprise ou d'un secteur d'activité par l'arrivée d'un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres » (Le Petit Larousse, 2018), se propage à des services de plus en plus variés. Ce phénomène d'ubérisation est-il toujours favorable aux consommateurs ? Une réflexion menée selon trois axes permet d'apporter une réponse nuancée à cette question. Le premier axe souligne la difficulté de mesurer la qualité du service ubérisé et dresse le constat d'une généralisation de l'ubérisation. L'accès à ce type d'offre est circonscrit aux consommateurs connectés à Internet. Le second axe questionne la nature disruptive de l'ubérisation en tant qu'innovation tout en reconnaissant une amélioration de l'expérience client. Enfin, le troisième axe montre que le consommateur est relativement gagnant en termes d'appropriation de la valeur par rapport au producteur du service. Néanmoins, les grands gagnants de ce modèle économique sont les plateformes.Uberization, defined as “the rethinking of the business model of a company or a business sector by the entry of a new actor proposing the same services at lesser prices" (Le Petit Larousse, 2018), extends to more and more varied services.Is this phenomenon of uberization always in favor of consumers? A reflection according to three axes brings a balanced answer to this question. The first axis underlines the difficulty in measuring the quality of “uberized” services and notices a generalization of uberization. But the access to this kind of offer is confined to the consumers connected to the Internet. The second axis questions the disruptive nature of uberization in terms of innovation, while recognizing an improvement of the customer experience. Finally, the third axis shows that the consumer is relatively winning in terms of appropriation of value, compared with the producer of the service. Nevertheless, the big winners, in this business model, are platforms.
- Rémunération du principal dirigeant sous forme d'options d'achat d'actions et mécanismes de gestion des connaissances et des compétences : cas de sociétés cotées à la Bourse de Paris - Jimmy Feige p. 48-70 Dans cette étude, les effets de la rémunération du dirigeant sous forme d'options d'achat d'actions sont examinés (stock-options) sur le déploiement d'outils et de pratiques qui permettent de gérer les connaissances et les compétences. Ces dernières sont analysées au niveau du dirigeant mais également des collaborateurs et plus largement, au niveau organisationnel et inter organisationnel. Le cadre conceptuel s'appuie sur la théorie de l'agence. Nous avons constitué un échantillon de 56 dirigeants de sociétés cotées à la Bourse de Paris. Les résultats du test des hypothèses montrent que les dirigeants qui détiennent des options d'achat d'actions favorisent les réunions entre salariés de services différents, le transfert de personnel au sein de services et le déploiement des logiciels de travail collaboratif (management transversal). De manière exploratoire, d'autres déterminants sont mis en évidence dont le profil du dirigeant et la nature de l'actionnariat.In this article, the stock-options attributing effects to a CEO upon the use of tools and practices which allow to manage knowledge and skills are examined. The latter are scrutinized at the manager's level and at the colleagues' level and largely at the organizational and interorganisational level. The conceptual framework of the study is grounded on the Agency Theory. Based on a rich methodological approach (questionnaire, interviews with professionals), a sample of 56 CEOs of Paris Stock Exchange-quoted firms was built. The empirical findings suggest that CEOs holding stock-options are involved in the management of knowledge in their organizations. That is, they organize more meetings between employees of different services, transfer more frequently people between services and deploy more actively groupware tools (horizontal management). Beyond the tests of hypotheses, light is shed on other determinants related to the profile of the CEOs and the nature of the shareholding.
- Les limites de l'étude du capital humain dans le champ de l'entrepreneuriat : une analyse critique de l'influence des formations en entrepreneuriat sur la réussite future - François Renon p. 71-85 Les recherches dans le champ de l'entrepreneuriat ont été traversées par différents courants qui ont, pour la plupart, poursuivi un objectif de normalisation de règles et de comportements, censés assurer la réussite d'un projet d'entreprise. Bien souvent, ces études ont omis de prendre en compte toute la complexité de la personnalité de l'entrepreneur. De même, dans l'étude du capital humain entrepreneurial, les chercheurs n'ont eu de cesse de tenter de mesurer et d'évaluer le phénomène, au risque d'adopter des logiques réductionnistes. Il est étonnant que l'apport de l'effectuation n'ait pas été pris en compte dans les études portant sur l'influence des formations en entrepreneuriat vis-à-vis de leur réussite future. Cet article pointe les risques émanant de la poursuite d'une telle logique, tout en insistant sur la nécessité de s'intéresser à l'expérience de l'entrepreneur, pour mener de nouvelles études dans le domaine du capital humain entrepreneurial. A ce titre, nous esquissons une proposition conceptuelle du capital humain entrepreneurial par l'approche de l'agir entrepreneurial.Research in the field of entrepreneurship has been crossed by different streams that have, for the most part, pursued a goal of standardization of rules and behaviors, supposed to ensure the success of a business project. Most of the time, these studies have failed to take into consideration the complexity of the entrepreneur's personality. Similarly, in the studies devoted on entrepreneurial human capital, researchers have constantly tried to measure and evaluate the phenomenon, at the risk of adopting reductionist logics. It is surprising that the contributions never take in consideration the influence of entrepreneurship training on their future success. This article points out the risks arising from the pursuit of such a logic, while insisting on the need to focus on the entrepreneur's experience, to conduct new studies in the field of entrepreneurial human capital. As such, we sketch a conceptual proposition of entrepreneurial human capital through the approach of entrepreneurial action.
- Capital humain spécifique de dirigeants de PME et mesure de l'activité entrepreneuriale : vers un permis d'entreprendre - Jean-Claude Lopez, Marie-Noëlle Jubenot, Jimmy Feige p. 86-100 Dans cet article, il est proposé, grâce à une approche théorique et pluridisciplinaire, de mieux rendre compte des compétences entrepreneuriales d'un dirigeant de PME et de jeter les bases d'un modèle d'évaluation de la capacité à entreprendre à partir de l'analyse des cycles d'exploitation. Une estimation pertinente de la capacité à entreprendre pourrait rendre possible une meilleure évaluation de la valeur ajoutée des dirigeants de PME et une esquisse plus précise de la stratégie de soutien aux actions entrepreneuriales. Au niveau macro-économique, la mesure de la performance des dirigeants d'entreprises pourrait être un indicateur pertinent de la croissance économique et de l'évolution de l'emploi. Cette mesure pourrait alors permettre la construction de politiques économiques spécifiques au service de la performance et l'élaboration d'un « permis d'entreprendre », qui nous semble nécessaire à l'intensification de l'activité entrepreneuriale.Using a theoretical and multidisciplinary approach, this article allows to give a better representation of the entrepreneurial skills of an SME executive. We propose to lay the foundation for a model to assess the entrepreneurial capacity using the operating cycle's analysis. A relevant model should make possible a better assess the added value of SME managers. A more precise strategic outline could be identified to support entrepreneurial actions at different levels. At macroeconomic level, for example, the evaluation of the entrepreneurial performance could be an appropriate indicator of economic growth, employment trends and should allow to define specific economic performance policies and to create a kind of “entrepreneurship permit”, which seems necessary to intensify entrepreneurial activity.
- Complexité des relations entre capital social et capital humain - Marie-Noëlle Jubenot p. 101-115 Le lien entre le capital humain et l'activité économique a fait l'objet de nombreuses analyses, théoriques ou empiriques en sciences économiques et en sciences de gestion (Schultz, 1959 ; Becker 1993 ; Lucas 1988). La capacité à innover représente la principale explication de ce lien : des acteurs de l'entreprise avec un haut niveau d'éducation auraient une plus forte proportion à innover. Le capital social, notion encore très polysémique, constituerait une autre forme de capital immatériel pour les entreprises. Plusieurs travaux principalement dans le domaine des ressources humaines ont montré l'importance du climat social, de l'organisation du travail dans l'activation des performances individuelles et collectives. Nous soutenons et nous démontrons ici que le lien entre le capital social et la performance des entreprises passe par le jeu d'interactions existant entre capital social et capital humain. Ces deux facteurs influent l'un sur l'autre à travers différentes modalités. Nous étudions dans une première étape les différentes définitions données à ces deux formes de capital immatériel selon les auteurs, et analysons leurs propriétés associées. A partir de cette analyse conceptuelle, nous tentons ensuite de déterminer et de mettre en évidence la variété des interactions (en termes de complémentarités ou de substitutions) entre ces deux formes de capital, ainsi que la dynamique de ces interactions.The link between human capital and economic activity has been the subject of numerous theoretical and empirical analyzes in economics and management (Schultz, 1959, Becker 1993, Lucas 1988). Innovation capacity could be the main explanatory factor : highly skilled players in firms would have a higher proportion to innovate. Social capital, again a very polysomic notion, would constitute another form of intangible capital for companies. Several works mainly in the field of human resources have shown the importance of the social climate, the organization of work in the activation of individual and collective performances. We argue that the link between social capital and firm performance lies in the interaction between social capital and human capital. These two factors influence each other in different ways. We will first study the different definitions given to these two forms of immaterial capital according to the authors, and analyze their associated properties. From this conceptual analysis, we will then try to determine and highlight the variety of interactions (in terms of complementarities or substitutions) between these two forms of capital and the dynamics of these interactions.
- La stratégie des ressources humaines dans les entreprises sénégalaises - Assane Ndao p. 116-127 Construire une stratégie RH est un impératif pour tout DRH. L'objectif est de comprendre les facteurs qui conduisent les entreprises sénégalaises à considérer la fonction RH comme source de création de valeur et non pas comme un support administratif. A la suite de l'enquête sur une quinzaine d'entreprises, nos résultats mettent en évidence un engagement des DRH pour la construction d'une stratégie RH. Pour autant, celle-ci n'est pas alignée sur la culture souhaitée. En outre, cette stratégie est construite simplement sur une prise de conscience de l'importance de la fonction RH, une identification des pratiques RH pour gérer le quotidien et une mise au point d'un plan d'exécution. En réalité, la GRH dans notre contexte reste malheureusement encore à l'état de gestion administrative et opérationnelle.Building an HR strategy is an imperative for any HR directors. The objective is to understand the factors that lead Senegalese companies to consider the HR function as a source of value creation and not as an administrative support. Following the survey of about fifteen companies, our results highlight a commitment of HRDs to the setting up of an HR strategy. However, it is not aligned with the desired culture. In addition, this strategy is built simply on an awareness of the importance of the HR function, an identification of HR practices to manage the daily and a development of an implementation plan. In reality, HRM in our context unfortunately still remains in the state of administrative and operational management.
- Enjeux économiques de l'ubérisation : histoire, innovations, nouvelles frontières du salariat et de la firme, affaiblissement de la croissance économique - Bertrand Blancheton p. 10-22
Tribune libre
- Le rapport au temps : un critère d'évaluation clé dans l'accompagnement d'entrepreneurs, activateur de sens et générateur de transformation - Maud Louvrier-Clerc, Vanessa Mendez p. 128-153 La création d'entreprise est souvent motivée par une volonté d'autonomie et de sens. De nombreux individus décrivent leur engagement dans l'entrepreneuriat comme un véritable projet de vie, au-delà du cadre professionnel. Force est de constater que l'entrepreneur n'est pas toujours en mesure de contrôler la place qu'occupe le travail dans sa vie. Il court souvent après le temps. A force de vouloir atteindre ses objectifs, il frôle l'épuisement, n'a plus de capacité de discernement, perd sa vision de long-terme. Mais, la course au temps n'est pas une fatalité. L'entrepreneur doté de courage introspectif peut changer la donne. Il peut choisir consciemment de piloter le temps, celui de sa vie et de son entreprise. L'accompagnement entrepreneurial est un outil fort pour révéler le rapport qu'il entretient au temps et, par ricochet, lui permettre de prendre conscience de son équilibre personnel et générer des changements dans son écosystème et ses pratiques managériales.Starting a business is often prompted by the will to acquire autonomy and find purpose. Many individuals consider their commitment to entrepreneurship as a genuine life project beyond working life. It is obvious that entrepreneurs cannot always control the role and importance of work in their lives. Often, they run after time. In an attempt to reach their objectives, entrepreneurs are on the verge of exhaustion, lose their capacity to exercise sound judgment and long term vision. However, running after time is not inevitable. Entrepreneurs who have the courage to look inside can create a better situation for themselves. They can make a conscious decision to manage their time in work and private life. Coaching entrepreneurs is a powerful tool to unravel their relationship to time and, in turn, help them raise awareness about their personal balance and wellbeing and trigger changes in their ecosystem and management practices.
- Le nouveau classement des revues d'économie-gestion du CNRS - Luc Marco p. 154-157
- Le rapport au temps : un critère d'évaluation clé dans l'accompagnement d'entrepreneurs, activateur de sens et générateur de transformation - Maud Louvrier-Clerc, Vanessa Mendez p. 128-153
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 159-175